Tyrosine : rôle, apports et prévention des déficiences

La tyrosine est un acide aminé méconnu, aux multiples facettes. Elle nourrit en silence nos neurones, module la production d’hormones et participe même à la coloration de la peau. Si l’alimentation couvre l’essentiel de nos besoins, certaines situations limitent son apport ou sa synthèse endogène. Comprendre ses fonctions aide à décrypter des symptômes parfois discrets, à choisir les bons aliments et à envisager, si nécessaire, une supplémentation raisonnée.

Par Stéphanie Le Guillou
Mis à jour le 31/07/2025Temps de lecture : +4 min.

Définition

La tyrosine est un acide aminé aromatique : elle comporte un noyau benzénique qui lui confère des propriétés chimiques spécifiques. On la dit « non essentielle » car l’organisme peut la fabriquer à partir de la phénylalanine, mais cette conversion reste limitée chez les nourrissons ou en cas de maladie génétique. D’un point de vue biochimique, elle sert de matière première à la synthèse de plusieurs catécholamines – adrénaline, noradrénaline, dopamine – qui véhiculent l’influx nerveux et orchestrent la réponse au stress. Elle intervient aussi dans la fabrication des hormones thyroïdiennes (thyroxine, triiodothyronine) et de la mélanine, pigment protecteur de la peau.

Quel est son rôle ?

Dans le cerveau, la tyrosine franchit la barrière hémato-encéphalique, où l’enzyme tyrosine-hydroxylase la transforme en L-DOPA, première étape vers la dopamine. Une disponibilité adéquate soutient l’éveil, la motivation et la régulation de l’humeur. Au niveau thyroïdien, deux résidus iodés s’assemblent pour former la thyroxine, chef d’orchestre du métabolisme basal. Enfin, par l’action de la tyrosinase, la tyrosine se polymérise en mélanine, filtre solaire naturel des kératinocytes. Une alimentation riche en tyrosine soutient la synthèse des neurotransmetteurs lors d’examens, de gardes de nuit ou d’activités sportives intenses – contextes où la dopamine chute plus vite qu’à l’accoutumée. Plusieurs études contrôlées montrent une meilleure flexibilité cognitive et une vigilance maintenue malgré la privation de sommeil. Sur le plan dermatologique, un apport suffisant favorise une production harmonieuse de mélanine ; la peau tolère mieux l’exposition solaire modérée. Enfin, chez les patients soumis à un régime pauvre en phénylalanine pour traiter la phénylcétonurie, la correction d’un déficit en tyrosine améliore l’attention et l’humeur. Chez l’adulte sain, la tyrosine influence indirectement la dépense énergétique : en participant à la synthèse des hormones thyroïdiennes, elle soutient un métabolisme basal normal, tandis que son rôle dans la production de dopamine renforce la motivation à l’exercice. Pourtant, aucune méta-analyse contrôlée n’a montré d’effet tangible sur la réduction de la masse grasse lorsque l’apport alimentaire est déjà suffisant.

Quelles peuvent-être les causes d’un manque ?

Une carence en tyrosine peut avoir plusieurs origines, qu’elles soient génétiques, enzymatiques, nutritionnelles ou liées au mode de vie. Voici les principales causes identifiées :

Une origine héréditaire (phénylcétonurie)

La phénylcétonurie est une maladie génétique rare causée par une mutation du gène codant pour la phénylalanine-hydroxylase. Cette enzyme permet normalement de convertir la phénylalanine (un acide aminé essentiel) en tyrosine. En cas de mutation, cette conversion devient inefficace, ce qui entraîne une accumulation toxique de phénylalanine et une carence secondaire en tyrosine. Le traitement repose sur un régime alimentaire très strict, pauvre en phénylalanine.

Un déficit enzymatique

Dans certains cas, c’est la tyrosine elle-même qui ne peut être correctement métabolisée en raison d’un déficit en tyrosine-hydroxylase. Cette enzyme transforme la tyrosine en L-DOPA, un précurseur des catécholamines (dopamine, noradrénaline, adrénaline). Un tel déficit peut provoquer une dystonie (mouvements involontaires), une rigidité musculaire et un retard du développement moteur chez l’enfant.

Des apports protéiques insuffisants

La tyrosine est un acide aminé non essentiel, c’est-à-dire que l’organisme peut le synthétiser à partir de la phénylalanine — mais cela suppose des apports suffisants en protéines. Les régimes végétaliens mal équilibrés, les troubles du comportement alimentaire ou une dénutrition sévère peuvent entraîner une baisse des apports en phénylalanine et, par conséquent, en tyrosine.

Un stress métabolique ou psychologique important

En situation de stress chronique (physique ou émotionnel), le corps augmente la production de catécholamines, ce qui puise davantage dans les réserves de tyrosine. Si les apports alimentaires ne suffisent pas à compenser cette consommation accrue, une carence fonctionnelle peut apparaître, affectant la concentration, l’humeur ou la résistance au stress.

Quels sont les symptômes d’une carence ?

Ci-dessous les principaux symptômes décrits en cas de carence : 

  • Fatigue persistante et baisse de vigilance : le cerveau manque de substrat pour synthétiser dopamine et noradrénaline

  • Humeur instable, irritabilité voire dystonie légère : la diminution de dopamine se traduit par des fluctuations psychomotrices

  • Hypopigmentation cutanée ou cheveux prématurément blancs : la mélanogenèse tourne au ralenti, surtout chez les sujets à phototype clair

  • Symptômes pseudo-hypothyroïdiens (frilosité, bradycardie, prise de poids) : la thyroxine, dérivée de tyrosine, baisse légèrement

  • Retard psychomoteur chez le nourrisson : signe d’un déficit congénital sévère (PKU non dépistée ou TH-déficience).

Où trouver de la tyrosine dans l’alimentation ?

Les meilleures sources alimentaires de tyrosine sont les produits riches en protéines, en particulier ceux d’origine animale : produits laitiers, viandes blanches, poissons gras ou encore œufs. Du côté végétal, on retrouve les graines de Courge, les Lentilles, l’Avoine, mais aussi certains fruits comme l’Avocat ou la Banane.

À titre d’exemple, une portion de 120 g de poulet fournit environ 1 g de tyrosine, soit plus de 15 % des apports journaliers recommandés pour un adulte de 70 kg.

Poudre de Banane BIO

Protéines d'Avoine BIO

Quelle routine adopter ?

Voici une proposition de routine pour ne jamais manqueer de tyrosine : 

  1. Petit-déjeuner (7 h) : porridge d’Avoine + lait végétal + Banane tranchée

  2. Déjeuner (12 h30) : filet de poulet rôti, Lentilles vertes, Brocoli vapeur

  3. Collation (16 h) : poignée de graines de Courge et yaourt nature

  4. Dîner (19 h30) : pavé de saumon, riz complet, Avocat assaisonné

  5. Hydratation continue : 1,5 L d’eau pour optimiser le métabolisme des acides aminés

  6. Sommeil suffisant (22 h30) : 7–8 h pour reconstituer les stocks de neurotransmetteurs

  7. Gestion du stress : 10 min de respiration diaphragmatique après la journée de travail, afin de relâcher les tensions.

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Ingrédients avec balance

Préparation

1

Mettre le beurre en pommade en le faisant chauffer doucement au micro-ondes.

2

Tamiser la farine et la poudre d'amande, puis ajouter le sucre. Mélanger.

3

Ajouter les blancs d'œufs et mélanger.

4

Ajouter le beurre en pommade à la préparation, mélanger.

5

Beurrer un moule avec des petites empreintes rectangulaires (un moule à madeleine peut également convenir).

6

Remplir chaque empreinte, et faire cuire 12 à 15 mn à 190°C, dans votre four en mode traditionnel.

7

Ils sont prêts à être dégustés !

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Faites le plein de fibres et d'antioxydants avec ce délicieux smoothie fruité, qui peut servir de collation apaisante.


Ingrédients avec balance

Préparation

1

Mélangez la poudre de banane avec le lait de coco en poudre et la poudre de baobab.

2

Ajoutez la pomme épluchée en morceaux avec l'eau minérale ou le lait végétal.

3

Mixez le tout afin d'obtenir une préparation onctueuse et homogène.

4

Versez dans un verre.

5

C'est prêt à être dégusté !


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Précautions d’usage

Les compléments spécifiques sont déconseillés aux personnes sous traitement thyroïdien ou sous inhibiteurs de la monoamine-oxydase. Demandez conseil à votre pharmacien avant toute supplémentation prolongée.

Conseil de l’expert

Veillez d’abord à diversifier vos sources protéiques ; une assiette équilibrée couvre, dans la majorité des cas, l’ensemble des besoins en tyrosine. La complémentation ne se justifie qu’en contexte clinique précis – phénylcétonurie, stress opérationnel majeur ou régime hypoprotéique sévère – et toujours sous suivi professionnel pour éviter les déséquilibres entre acides aminés aromatiques.

En savoir plus

La cuisson dégrade-t-elle cet acide aminé ?

Liée aux chaînes protéiques, la tyrosine supporte sans difficulté les températures internes habituelles des aliments. Chez le porc, une viande chauffée à 60, 75 ou 95 °C conserve sa digestibilité et son profil en acides aminés – tyrosine comprise. Les premières pertes notables n’apparaissent qu’au-delà de 170 °C, zone du grill prolongé et des fritures intenses. En cuisine domestique, l’apport reste donc quasi intact, surtout avec des méthodes douces comme la vapeur ou la cuisson mijotée.

Cet acide aminé améliore-t-il vraiment la mémoire ?

La tyrosine stimule surtout lamémoire de travail – la capacité à retenir et manipuler l’information quelques secondes – lorsque le cerveau est mis à l’épreuve. Des essais randomisés conduits sous froid intense, multitâche ou privation de sommeil montrent qu’une prise unique de 100 à 150 mg/kg accélère et fiabilise les performances aux tests n-back. À l’inverse, au repos, aucun avantage n’apparaît ; chez les seniors, des doses trop élevées peuvent même ralentir l’inhibition proactive. L’acide aminé agit donc comme « secours dopaminergique » uniquement lorsqu’une déplétion transitoire survient.

Faut-il limiter la caféine quand on prend un complément de tyrosine ?

La caféine bloque les récepteurs A₂A de l’adénosine, messager du besoin de repos, et lève ainsi le frein sur les neurones dopaminergiques où intervient la tyrosine-hydroxylase. Cet effet s’additionne à celui de la tyrosine, d’où une vigilance accrue. Problème : la sur-stimulation masque les signaux d’excès dopaminergique – nervosité, tachycardie – et complique l’ajustement posologique. Rester sous 300 mg/jour, soit deux grands cafés filtres, permet de bénéficier de la synergie sans dépasser la zone de confort.

Cet acide aminé est-il intéressant pour les cheveux ?

Au niveau du follicule pileux, la tyrosine sert de substrat à la tyrosinase, enzyme inaugurale de la voie de la mélanine. Une disponibilité adéquate favorise donc la synthèse des pigments eumélaniques et phéomélaniques qui déterminent la couleur et la photoprotection de la tige pilaire. En revanche, aucune étude clinique n’a montré qu’un apport supra-physiologique stimule la kératinisation ou accélère la pousse. Une alimentation équilibrée suffit : l’intérêt d’un complément se limite aux hypopigmentations secondaires à un déficit objectivé cliniquement au préalable.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

Anses. Les compléments alimentaires destinés aux sportifs.

Novembre 2016.

2

Remmington T, Smith S. Tyrosine supplementation for phenylketonuria.

Cochrane Database Syst Rev. 2021 Jan 4;1(1):CD001507.

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Furukawa Y, Kish S. Tyrosine Hydroxylase Deficiency.

2008 Feb 8 [updated 2017 May 11]. GeneReviews®.

4

Leyton M, Young SN, Pihl RO, Etezadi S, Lauze C, Blier P, Baker GB, Benkelfat C. Effects on mood of acute phenylalanine/tyrosine depletion in healthy women.

Neuropsychopharmacology. 2000 Jan;22(1):52-63.