Cicatrice douloureuse : quelles solutions naturelles ?

La cicatrisation est un processus naturel qui permet à la peau de refermer une plaie. Lorsqu’elle se déroule correctement, la cicatrice reste plate, d’une couleur proche de celle de la peau et surtout non douloureuse. Cependant, il arrive que la phase de remodelage ne se réalise pas de manière optimale, ce qui peut entraîner des problèmes, notamment l’apparition de cicatrices douloureuses. Pour éviter cette situation, il est essentiel de comprendre les mécanismes de cicatrisation et de différencier les divers types de cicatrices pouvant devenir douloureuses. Ainsi, il est plus facile de mettre en place des stratégies de prévention adaptées et des soins ciblés pour soulager les cicatrices douloureuses.

Par Auriane Oline
Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce qu'une cicatrice ?

Une cicatrice est le résultat visible du processus naturel de réparation de la peau après une blessure, qu’il s’agisse d’une coupure, d’une brûlure, d’une chirurgie ou d’une lésion inflammatoire comme l’acné. La cicatrisation est un phénomène complexe, organisé en plusieurs phases successives.

Les phases de la cicatrisation

  1. Phase inflammatoire (ou exsudative) : immédiatement après la blessure, la peau réagit en envoyant des cellules immunitaires sur la zone lésée pour éliminer bactéries, débris cellulaires et tissus endommagés. Cette étape s’accompagne souvent de rougeur, chaleur et douleur (en fonction de la gravité de la blessure), signes d’inflammation normale.

  2. Phase proliférative : les fibroblastes (cellules présentes dans les couches inférieures de la peau) se multiplient et produisent du collagène pour reconstruire le tissu, tandis que les kératinocytes migrent pour reformer l’épiderme. Des vaisseaux sanguins se développent également pour nourrir le tissu en réparation. C’est à ce stade que la cicatrice commence à se former réellement, souvent en relief ou en rougeur.

  3. Phase de remodelage : le collagène nouvellement formé est réorganisé pour renforcer et stabiliser la peau. La cicatrice devient plus souple et sa couleur tend à s’éclaircir avec le temps. Cependant, si le remodelage est déséquilibré, des cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes peuvent apparaître, parfois douloureuses ou adhérentes aux tissus sous-jacents.

Ainsi, une cicatrice n’est pas seulement un défaut esthétique : elle reflète l’activité cellulaire et moléculaire qui a permis à la peau de se réparer. La qualité de la cicatrisation dépend de nombreux facteurs, comme la profondeur de la lésion, l’inflammation initiale, la génétique, la nutrition, et les soins apportés pendant la réparation. Comprendre ces mécanismes permet de mieux prévenir et traiter les cicatrices douloureuses ou disgracieuses.

Les différents types de cicatrices

  • Cicatrice normale

La cicatrice normale, ou physiologique, est plate, fine et de la couleur de la peau environnante. Elle peut rester sensible quelques semaines à quelques mois, mais la douleur disparaît généralement avec le temps. Ce type de cicatrice résulte d’une cicatrisation équilibrée, où la production et l’organisation du collagène sont optimales, l’inflammation contrôlée et le remodelage tissulaire efficace. Elle représente le modèle idéal de cicatrice, reflétant une réparation cutanée réussie. 

  • Cicatrice atrophique

Les cicatrices atrophiques apparaissent en creux, donnant à la peau un aspect légèrement déprimé. Elles surviennent le plus souvent après l’acné, la varicelle ou d’autres lésions inflammatoires profondes. La douleur est rare, mais la zone cicatricielle peut rester fragile et sensible aux traumatismes. Ces cicatrices résultent d’une perte de tissu cutané et d’une faible production de collagène lors de la phase proliférative de la cicatrisation. La peau peut donc manquer de soutien structurel, ce qui explique la dépression visible de la cicatrice et sa vulnérabilité. 

  • Cicatrice indurée ou hypertrophique : gonflée et rouge 

Les cicatrices indurées ou hypertrophiques se caractérisent par une épaisseur excessive, une couleur rougeâtre et une sensibilité accrue au toucher. Elles restent limitées à la zone de la plaie initiale, mais peuvent provoquer douleur, démangeaisons et inconfort lors des mouvements. Ce type de cicatrice résulte d’une prolifération excessive de fibroblastes et de collagène, accompagnée d’une inflammation persistante qui retarde le remodelage optimal du tissu. Les traitements peuvent inclure des massages, des pansements en silicone ou des thérapies physiques pour réduire la densité du tissu et améliorer la souplesse. 

  • Cicatrice chéloïde : boursouflée et douloureuse

Les cicatrices chéloïdes dépassent largement les limites de la plaie initiale, formant des excroissances fibreuses proéminentes. Elles peuvent être très douloureuses, rouges, inflammatoires et présenter un risque élevé de récidive après traitement. Ce phénomène est lié à une prolifération désorganisée des fibroblastes, à une synthèse excessive de collagène de type III, et à une dérégulation des cytokines inflammatoires. Les chéloïdes sont plus fréquentes chez certaines populations et zones corporelles, et nécessitent souvent une prise en charge combinant soins topiques, injections ou interventions physiques.

  • Cicatrice rétractile (ou adhérente)

La cicatrice rétractile se forme lorsque le tissu cicatriciel se fixe aux structures sous-jacentes, créant un tiraillement qui limite la mobilité des articulations ou des muscles proches. Elle est fréquente après les brûlures profondes ou certaines chirurgies. La rétraction est due à une contraction excessive des myofibroblastes et à la formation de fibres de collagène rigides pendant le remodelage. Les douleurs et limitations fonctionnelles sont souvent proportionnelles à la profondeur et à la taille de la cicatrice, et le traitement repose sur des massages, étirements doux et techniques de physiothérapie.

Pourquoi peuvent-elles entraîner des douleurs ?

La douleur cicatricielle peut résulter de plusieurs phénomènes :

Douleur nociceptive : causée par l’inflammation et la stimulation des récepteurs cutanés suite à la lésion.

Douleur neuropathique : liée à une lésion ou une perturbation des nerfs, qui provoque des sensations de brûlure, picotements ou tiraillements même sans pression directe.

Sensibilisation périphérique et centrale : amplification des signaux douloureux au niveau des nerfs périphériques et de la moelle épinière, rendant la cicatrice hypersensible.

Quels sont les symptômes associés ?

  • Sensibilité accrue au toucher : une cicatrice peut rester plus sensible que le reste de la peau environnante, réagissant de manière disproportionnée à une simple pression ou à un frottement léger (vêtements, bijoux, drap).

  • Démangeaisons ou prurit : assez fréquents lors de la phase de cicatrisation, ils sont liés à la régénération cutanée et à la réorganisation des fibres de collagène. Ces sensations peuvent être temporaires mais parfois persistantes.

  • Tiraillements ou tension locale : la peau cicatricielle étant moins souple, elle peut provoquer une impression de tension, surtout lors des mouvements. Cela se manifeste souvent sur les zones articulaires ou très sollicitées.

  • Rougeur, épaississement ou inconfort prolongé : une cicatrice peut rester rouge ou légèrement gonflée pendant plusieurs mois. Dans certains cas, elle peut devenir hypertrophique ou prendre un aspect dur au toucher, ce qui entraîne un inconfort durable.

  • Restriction des mouvements si la cicatrice est adhérente : lorsque la cicatrice adhère aux tissus sous-jacents, elle peut limiter l’amplitude des mouvements, particulièrement sur des zones mobiles comme le coude, le genou ou l’abdomen. Cette rigidité peut gêner le quotidien et nécessiter un suivi adapté.

Quelles sont les solutions naturelles pour soulager les cicatrices douloureuses ?

Contrairement aux cicatrices pigmentaires et atrophiques, il n’est pas recommandé d’utiliser des exfoliants chimiques ou mécaniques, ni des soins favorisant directement le renouvellement des fibroblastes et la production de collagène sur les cicatrices douloureuses de type chéloïdes ou hypertrophiques. En effet, l’exfoliation agit uniquement en surface, sans atteindre la zone profonde où s’organisent les fibres de collagène, et risque d’aggraver l’inflammation déjà présente. Par ailleurs, la problématique principale de ce type de cicatrice n’est pas un déficit de production de collagène, mais une désorganisation des fibres de collagène de type III, entraînant un épaississement et une rigidité des tissus. Voici des solutions naturelles qui peuvent aider à soulager la douleur et améliorer l’aspect de ces cicatrices :

Apaiser la cicatrice

L’inflammation est l’une des principales problématiques des cicatrices douloureuses. Il est donc recommandé d’utiliser des soins spécifiquement apaisants pour réduire rougeurs, tiraillements et douleurs.

Oléosérum Apaisant Céramides & Phytostérols

Ce sérum associe des céramides végétales et des phytostérols, deux molécules biomimétiques de la barrière cutanée. Les céramides renforcent l’hydratation et la cohésion cellulaire, tandis que les phytostérols ont une action anti-inflammatoire et calmante. Utilisé régulièrement, ce soin permet de réduire les sensations de tiraillement, d’atténuer la douleur liée à l’inflammation persistante et de rendre la cicatrice plus souple. Il constitue une base intéressante pour apaiser le terrain inflammatoire des cicatrices hypertrophiques.



Equilibrer la production de collagène

La problématique de ce type de cicatrices douloureuses ne réside pas dans une sous‑production de collagène, mais dans son organisation désordonnée. Il est donc nécessaire d’utiliser des actifs capables de réguler et réorganiser la production de collagène.

Poudre de Centella

La Centella asiatica est une plante médicinale bien documentée en dermatologie. Elle contient des molécules actives (asiaticoside, madecassoside) qui régulent le remodelage du collagène et stimulent une meilleure organisation des fibres dans le derme. En cataplasme, la poudre de Centella contribue à réduire l’inflammation et à limiter l’épaississement anarchique de la cicatrice. Elle favorise également la microcirculation, ce qui peut améliorer la cicatrisation fonctionnelle et atténuer la douleur locale.


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Massages

Les massages doux, pratiqués régulièrement, aident à assouplir les tissus cicatriciels et à réorganiser progressivement les fibres de collagène.

Huile de soin Massage apaisant

Cette huile est formulée avec des huiles végétales riches en acides gras essentiels et des extraits calmants. Elle offre une bonne glisse pour le massage tout en apportant un effet nourrissant et apaisant. Les massages réalisés avec cette huile peuvent réduire la rigidité, améliorer la mobilité de la peau autour de la cicatrice et diminuer les sensations douloureuses ou de tension.



Comment prévenir leur apparition ?

  1. Maintenir la plaie propre et hydratée pendant la phase de cicatrisation

  2. Éviter les tensions excessives ou traumatismes sur la zone

  3. Protéger du soleil pour limiter l’inflammation et la pigmentation

  4. Commencer les massages et soins topiques dès que la plaie est fermée pour favoriser un remodelage optimal.

Nos recettes adaptées

Baume anti-coups, bleus, cicatrices et vergetures

Préparation

1

Si vous n’avez pas de balance :

Faites fondre au bain-marie à feu doux deux cuillères à soupe de beurre de karité. Retirez du feu puis transférez le volume nécessaire et précis de beurre avec une éprouvette dans un bol.

Si vous avez une balance :

Faites fondre au bain-marie à feu doux la quantité exacte de beurre de karité puis retirez du feu.

2

Transférez la quantité ou le volume nécessaire d’huile de rose musquée et de macérât d’arnica dans le beurre fondu puis mélangez le tout soigneusement à l’aide du mini-fouet.

3

Laissez tiédir 5 minutes puis mettez la préparation au congélateur quelques minutes en mélangeant de temps en temps. Retirez du congélateur uniquement lorsque la préparation commence à se figer sur les bords du bol.

4

Ajoutez enfin le reste des ingrédients en mélangeant entre chaque incorporation afin de former une pâte de couleur homogène.

5

Transférez votre préparation dans son pot (faites légèrement réchauffer votre préparation si cette dernière est devenue trop épaisse) puis laissez refroidir à température ambiante (si au contraire votre préparation a du mal à se solidifier, placez-la dans son pot au congélateur quelques minutes).

Stockez votre pot à l’abri de la lumière et de la chaleur.

* Conservation : bien conservé et fabriqué dans des conditions d’hygiène optimales, votre produit pourra se conserver au moins 6 mois.

Gel apaisant à la lavande

Ingrédients (avec balance)

~50 ml

Ingrédients (sans balance)

Préparation

1

Transférez le volume ou la quantité nécessaire de phase A (eau minérale + hydrolat de lavande) dans un bol.

2

Transférez la quantité nécessaire de phase B (gomme guar) dans une coupelle.

3

Ajoutez en une seule fois et d'un seul coup la phase B dans la phase A puis agitez très vigoureusement au batteur mousseur ou au mini-fouet sans attendre afin d'éviter la formation de grumeaux.

4

Continuez d'agiter environ 2 minutes, un gel homogène se forme.

5

Ajoutez enfin la phase C (le reste des ingrédients) en mélangeant entre chaque incorporation.

6

Transférez la préparation dans votre flacon à l'aide de votre pipette si nécessaire.

Note : le pH de cette préparation est d'environ 5,5-6.

Stockez votre flacon à l'abri de la lumière et de la chaleur.

* Conservation : bien conservé et fabriqué dans des conditions d'hygiène optimales, votre produit pourra se conserver au moins 1 mois.

Précautions d'usage

Avant d’appliquer tout produit sur une cicatrice, il est essentiel de s’assurer que la plaie est bien refermée et en phase de cicatrisation. Il est strictement déconseillé d’appliquer des huiles, baumes ou remèdes naturels sur une plaie ouverte, car cela peut favoriser l’infection ou retarder la guérison. Toujours consulter un professionnel de santé si la cicatrice présente une rougeur importante, un écoulement, une douleur inhabituelle ou une inflammation persistante. Même pour des cicatrices fermées, il est recommandé de tester les produits sur une petite zone afin de vérifier la tolérance cutanée et d’éviter tout risque d’allergie. Une application douce et régulière, associée à un massage léger, est généralement suffisante pour favoriser la souplesse et le confort sans agresser la peau.

Conseil de l'expert

Le massage doux associé à une bonne hydratation est la méthode naturelle la plus efficace pour améliorer la souplesse et réduire la douleur des cicatrices. La persistance de la douleur ou du prurit au-delà de quelques mois peut nécessiter une prise en charge médicale spécialisée pour évaluer une composante neuropathique.

En savoir plus

Pourquoi ma cicatrice me tire-t-elle ?

La sensation de tiraillement sur une cicatrice douloureuse est généralement liée à la contraction des myofibroblastes, des cellules responsables de refermer la plaie en tirant sur les bords de la peau. Cette contraction, combinée à la formation de fibres de collagène rigides pendant le remodelage, peut provoquer une sensation de tension, surtout lorsque la cicatrice est située sur une articulation ou une zone mobile. Même après la fermeture de la plaie, la cicatrice peut rester sensible et donner l’impression de « tirer » pendant plusieurs semaines à plusieurs mois, le temps que le tissu cicatriciel devienne plus souple et que l’inflammation diminue.

Qu'est-ce que la douleur neuropathique cicatricielle ?

La douleur neuropathique cicatricielle est une douleur prolongée ou anormale liée à une lésion ou une perturbation des nerfs lors de la formation de la cicatrice douleureuse. Elle se manifeste par des brûlures, picotements, fourmillements ou hypersensibilité à la pression, parfois même sans contact direct avec la cicatrice. Cette douleur survient lorsque les fibres nerveuses se régénèrent de manière désorganisée ou restent hyperactives après la blessure, créant une hyperexcitabilité des circuits nerveux. Ce type de douleur est fréquent dans les cicatrices hypertrophiques, chéloïdes ou rétractiles et peut nécessiter une prise en charge spécifique par un professionnel de santé.

Combien de temps une cicatrice est-elle douloureuse ?

La durée de la douleur d’une cicatrice dépend de son type et de son évolution. Pour les cicatrices normales, la sensibilité et le tiraillement disparaissent généralement en quelques semaines à quelques mois, à mesure que le collagène se réorganise et que le tissu cicatriciel devient plus souple. En revanche, les cicatrices douloureuses commes les hypertrophiques, les chéloïdes ou les rétractiles peuvent rester douloureuses pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, surtout si l’inflammation ou la contraction tissulaire persiste. La persistance de la douleur au-delà de quelques mois peut indiquer une composante neuropathique et justifie une évaluation médicale.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Auriane Oline

Titulaire de masters, en phytochimie et en formulation cosmétique, Auriane met son expertise scientifique au service de la peau. Passionnée par le pouvoir des plantes, elle collabore avec des marques engagées pour proposer des contenus fiables, pédagogiques et bienveillants. Spécialisée dans les problématiques de peau sensible et atopique, elle décrypte avec clarté les actifs cosmétiques et les mécanismes cutanés pour rendre l’information accessible à tous. Elle partage également ses conseils sur son compte Instagram @phytophileae.

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