La peau est physiologiquement dotée d’une capacité de régénération cellulaire et de cicatrisation. Quelques fois, dans certaines circonstances extrêmes et pour certains individus en particulier, la peau garde en mémoire les traces de blessure. Plaies d’intervention chirurgicale ou de technique de laser, ou bien traumatisme par effraction, ou encore acné sévère ou brûlure peuvent laisser des traces inesthétiques. La nature met à disposition des actifs aromatiques soutenant les processus d’autoréparation de l’organisme.
La peau constitue, en poids, l’organe le plus lourd du corps. Richement vascularisée, innervée, elle assure différentes fonctions vitales pour l’organisme comme l’élimination, la respiration ou la protection des tissus. Lorsqu’une plaie survient, débutent instantanément les processus d’inflammation et de cicatrisation. Ces processus reflètent les défenses que l’organisme met en œuvre pour assurer le retour d’intégrité. Il est important, surtout pour les plaies les plus profondes, que tout soit mis en œuvre pour que la brèche se gomme le mieux possible. Après 6 à 12 mois, il sera trop tard et la cicatrise gardera son aspect. La gravité d’une plaie s’envisage d’après son origine (égratignure, brûlure, coupure ou morsure), sa localisation (zone fragile du visage ou de la main) et son étendue ou profondeur qui peut justifier de la pose de points de suture. Lorsque les structures profondes de la peau sont touchées, à savoir le derme ou l’hypoderme, la plaie va non seulement saigner mais également faire mal. Huiles essentielles et huiles végétales sont véritablement efficaces pour accompagner l’organisme vers la restauration des tissus.
Les huiles essentielles ont une très grande affinité pour l’épiderme. Si l’on dépose une goutte d’essence sur la peau, celle-ci, en quelques instants même si elle n’est pas massée, pénètre dans les couches de l’épiderme et va même jusqu’au sang. Cette capacité de pénétration tient au fait que les huiles essentielles sont lipophiles, c’est-à-dire qu’elles sont attirées par les corps gras. Les huiles végétales, qui sont utilisées comme supports de dilution, sont des excipients aussi très intéressants et même incontournables en matière de restructuration cutanée. Une synergie aromatique bien choisie, diluée avec de belles huiles végétales adaptées à la régénération cellulaire, constituera un allié de choc pour tous les problèmes de peau. Les huiles végétales, à la différence des huiles essentielles, contiennent des lipides que l’on appelle acides gras essentiels. « Essentiels » car l’organisme ne sait pas les fabriquer lui-même. Il est un acide gras particulièrement intéressant pour restaurer l’épiderme, c’est l’acide alphalinolénique ou Omega 3.
En effet - même si les huiles essentielles apportent des propriétés étonnantes en rapport avec la régénération cellulaire, l’inflammation et la restructuration des tissus - ces actifs aromatiques sont dépourvus d’acide gras. Ces derniers, et en particulier les acides gras type Omega 3, sont les constituants majeurs des membranes cellulaires. Ainsi, les huiles végétales comme celles de Rose musquée et d’Argan s’associent volontiers aux huiles essentielles quand il faut réparer un épithélium. Il est aussi une règle d’or en matière d’accompagnement à visée dermatologique : patience et longueur de temps ! Les cellules de l’épiderme ont une durée de vie de 28 jours. Il faut donc attendre environ 1 mois pour observer les premiers effets des traitements. Et bien souvent il faut attendre plusieurs cycles de renouvellement de 3 mois à 1 an, selon l’ancienneté des cicatrices, pour espérer aboutir à un résultat satisfaisant.
Quand la peau est blessée par effraction et que le sang coule, la précocité et la qualité d’intervention sont essentielles pour optimiser les processus de reconstruction et de cicatrisation. En premier lieu, le maître mot est la détersion. Elle consiste à décoller de la plaie les corps étrangers (poussières, cailloux…). C’est d’ailleurs tout le rôle de l’hémorragie. Par écoulement vers l’extérieur, le flux sanguin débarrasse l’épiderme de tout élément indésirable et potentiellement dangereux. Le lavage à l’eau et au savon de Marseille est vivement recommandé pour ces raisons-là. Et pour une plaie profonde, comme geste de désinfection, on fera couler quelques gouttes d’huiles essentielle de Tea tree pure sur la zone.
Cette première étape fait place nette en poursuivant la détersion et en délogeant d’éventuelles bactéries pathogènes. Si la plaie saigne abondamment, on peut opérer dans un deuxième temps une compression mécanique avec une compresse stérile. Et c’est là ensuite que l’huile essentielle de Géranium intervient comme un trésor aromatique pour la peau. La prouesse de cette huile essentielle réside dans le fait qu’elle accélère la temporalité en soutenant l’organisme dans la cinétique des processus physiologiques de cicatrisation : à savoir détersion (pour nettoyer efficacement), puis coagulation (pour stopper l’hémorragie) et restructuration de l’épiderme pour effacer les traces. En effet, une fois appliquée pure, elle va dans un premier temps accélérer le flux sanguin (effet détersif) puis, d’un coup, ce flux s’arrêtera de lui-même. C’est l’effet hémostatique. Cette huile essentielle garantit d’autre part la réparation des épithéliums par régénération des cellules.
Dès les premières applications, le bourgeonnement s’opère, dans la juste mesure. Cette huile essentielle est tout dans le balancement et le juste milieu. Elle régénère sans non plus faire proliférer le tissu. Ses propriétés astringentes permettront au tissu épidermique de retrouver son équilibre en termes de tonicité, mais aussi d’hydratation, d’aspect et de texture. Selon les principes de la médecine traditionnelle chinoise, la peau appartient à l’élément métal, cela signifie que ses qualités intrinsèques sont l’éclat et la fraîcheur. En d’autres termes, et a fortiori si la peau souffre de cicatrices, cette huile essentielle est indispensable pour entretenir ou réparer : protection, régénération et restructuration du grain de peau sont assurées.
Certains phénomènes s’observent parfois dans les processus de cicatrisation, comme si le corps choisissait de fabriquer trop, plutôt que pas assez. Le tissu cutané prolifère plus que de mesure, la cicatrice « déborde » laissant une marque disgracieuse et rebelle. La nature est toujours dans le juste milieu et nous offre des molécules pour gommer les excès, les accumulations. Les huiles essentielles à cétones notamment sont très douées pour ce genre de mission. Les huiles essentielles de Romarin à verbénone, de Lavande aspic, d’Hélichryse italienne, de Romarin à camphre sont excellentes sur le sujet. Pour réparer les dégâts, ces huiles essentielles peuvent être utilisées en synergie et incorporées à un gel d’aloe vera. Appliquée quotidiennement, elle contribuera à ce que le tissu cutané retrouve petit à petit un aspect physiologiquement normal. L’ancienneté du problème sera proportionnelle à la durée du traitement. 6 mois à 1 an peuvent parfois être nécessaires. Pour le gel en question, voici une formule adéquate :
Pour se mettre à l’abri de ces phénomènes prolifératifs, au moins l’une de ces huiles essentielles est vivement conseillée pour accompagner un phénomène de cicatrisation, ce qui justifie sa présence dans la formule proposée.
Si l’huile essentielle de Géranium est l’huile essentielle du juste milieu, celle de l’équilibre de la peau et de sa texture, il en est deux autres qui s’associent volontiers en synergie dans les situations les plus délicates. En cas de plaies profondes, ou selon l’origine de la cicatrice (morsure, brûlure profonde, radiothérapie), l’huile essentielle d’Hélichryse italienne et celle de Ciste ladanifère offrent des propriétés uniques. Le buisson de Ciste, présent dans le bassin méditerranéen, présente sur ses rameaux une résine collante et visqueuse. L’huile essentielle qui en est extraite est à la même image, elle sert de « colle » pour colmater les brèches de l’épiderme. Rides, ridules ou plaies sont comblées par ses actifs épais et riches, les bords sont rapprochés en vitesse accélérée. Excellente huile essentielle anti-rides et anti-âge, c’est un actif de luxe en dermocosmétique et une huile essentielle à la dimension thérapeutique quand la peau est profondément blessée. Cette huile essentielle possède un bras droit, à savoir celle d’Hélichryse italienne.
La synergie des deux amène une dimension inégalée dans les situations délicates. Si le Ciste est la plante qui repousse le plus vite après le passage du feu (plante pyrophile, qui a besoin du feu pour la germination), la fleur d’Hélichryse italienne ne fane jamais. Cette immortalité est symboliquement transmise au travers de la matière extractive aromatique puisque l’huile essentielle d’Hélichryse italienne a pour particularité de réparer tous les tissus de l’organisme lorsqu’ils ont perdu leur intégrité. Tissu osseux, tissu conjonctif, tissu vasculaire, nerveux, musculaire ou encore cutané, quelque soit l’épithélium la belle italienne sait restaurer. Avec un tropisme vasculaire, elle s’astreint à assurer la microcirculation, la mobilité des tissus et la cohérence des cellules. Cicatrisante, anti-inflammatoire, désclérosante elle est un gage de réparation parfaite de l’épiderme.
Il est important de ne pas utiliser de ouate, mais de préférer des compresses stériles non tissées (plus douces que les tissées). Le geste se fera du centre vers la périphérie, sans frotter, en tamponnant. Les antiseptiques type ammonium quaternaire, iode ou alcool ne sont pas les plus recommandés du fait de leur cytotoxicité. On préfèrera l’hypochlorite de sodium (dakin), la chlorhéxidine ou bien encore l’eau oxygénée active sur les germes anaérobies (par exemple en cas de morsure). Les huiles essentielles offrent une alternative naturelle et tout aussi efficace sur les bactéries, champignons ou encore virus susceptibles de surinfecter la plaie. L'huile essentielle Tea tree est vraiment l’huile essentielle en plein dans le mille dans ces situations. Appliquée pure sur la plaie, elle ne pique pas et son caractère détersif garantit le nettoyage des poussières ou des éléments indésirables. Ses propriétés puissantes anti-infectieuses poursuivent l’action menée en lysant toute bactérie ou microbe potentiellement pathogène.
Les huiles essentielles sont dans le respect de la flore de défense car elles soutiennent et renforcent les bactéries saprophytes. D’autre part, elles secondent le processus inflammatoire, le "cadrent", le guident pour éviter trop de douleur, trop de chaleur et de rougeur. Magnifique Tea tree, à glisser dans la trousse d’urgence sans hésitation. Si des adénopathies (ganglions) apparaissent à proximité de la blessure, un traitement antibiotique par voie orale est conseillé. L’huile essentielle d’origan compact en oléocapsules sera le traitement adéquat, à raison de 2 capsules 3 à 4 fois par jour, pendant 7 jours.
Praticienne et diplômée en aromathérapie scientifique, réflexologie plantaire et olfactothérapie, Aude Maillard a une approche très complète des huiles essentielles, à la fois scientifique et énergétique. C’est aussi et avant tout une passionnée des huiles essentielles avide de transmettre son savoir. Aude Maillard anime aujourd’hui des ateliers d’Aromathérapie Aroma-Zone et est également à votre disposition pour des consultations personnalisées : pour davantage d’informations, connectez-vous sur www.aude-maillard.fr