Résistance à l'insuline : causes et symptômes

Fatigue persistante, fringales sucrées, prise de poids abdominale… Ces signes discrets peuvent traduire une résistance à l’insuline. Souvent silencieux au départ, ce trouble métabolique joue pourtant un rôle central dans le développement du diabète de type 2 et d’autres troubles chroniques. De plus en plus répandue, la résistance à l’insuline reste encore trop méconnue, alors qu’une détection précoce permettrait souvent d’agir efficacement. Comprendre ses mécanismes, repérer les signes d’alerte et adopter les bons réflexes au quotidien peut faire toute la différence. Définition, causes, symptômes, conseils de prévention et de prise en charge : dans cet article, faisons le point sur l’essentiel pour mieux comprendre et agir.

Par Stéphanie Catrysse
Mis à jour le 10/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

La résistance à l'insuline : qu'est-ce que c'est ?

La résistance à l’insuline, ou insulinorésistance, désigne une diminution de la sensibilité des cellules de notre organisme à l’action de l’insuline, une hormone essentielle produite par le pancréas. L’insuline a pour rôle principal de permettre au glucose (le sucre issu de l’alimentation) de pénétrer dans les cellules, notamment musculaires, hépatiques et adipeuses, pour y être utilisé comme source d’énergie ou stocké. Lorsqu’il y a résistance, cette sensibilité diminue, cette "porte d’entrée" au glucose se referme en partie, celui-ci a plus de mal à entrer dans les cellules et reste en excès dans la circulation sanguine. Pour compenser cette inefficacité, le pancréas réagit alors en produisant davantage d’insuline afin de forcer l’entrée du glucose. Cette surproduction s'appelle l'hyperinsulinémie. Sur le court terme, cette adaptation permet de maintenir une glycémie normale. Mais à long terme, cette surproduction épuise le pancréas et favorise l’apparition de troubles métaboliques tels que le prédiabète, le diabète de type 2, la stéatose hépatique (foie gras), ou encore des complications cardiovasculaires. Ces déséquilibres s’accompagnent fréquemment d’autres anomalies biologiques ou cliniques : surcharge graisseuse au niveau abdominal, élévation des triglycérides, baisse du “bon” cholestérol HDL ou encore élévation de la tension artérielle. Ce tableau global constitue un terrain propice au développement de pathologies chroniques.  La résistance à l’insuline devient alors un signal d’alerte qu’il ne faut pas ignorer. Elle s’installe souvent de façon insidieuse, sans symptôme évident, ce qui explique qu’elle puisse évoluer pendant des années avant d’être détectée. Elle représente aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique, tant elle est impliquée dans les désordres métaboliques les plus fréquents des sociétés occidentales.

Quelles en sont les causes ?

La résistance à l’insuline est multifactorielle. Elle ne résulte pas d’un seul élément isolé, mais bien d’un ensemble de facteurs génétiques, métaboliques, hormonaux et environnementaux, qui interagissent souvent entre eux :

Une alimentation déséquilibrée

Une consommation excessive de sucres rapides, de produits raffinés, d’aliments ultra-transformés et de graisses saturées ou trans entraîne une surstimulation de la production d’insuline. Ce type d’alimentation favorise le stockage des graisses, en particulier au niveau abdominal, tout en entretenant une inflammation chronique qui altère la sensibilité des cellules à l’insuline.

Le surpoids et l’obésité abdominale

L’excès de tissu adipeux, en particulier au niveau viscéral (autour des organes), sécrète des substances pro-inflammatoires qui perturbent la signalisation de l’insuline. Le surpoids devient ainsi à la fois une cause et une conséquence de la résistance à l’insuline, créant un cercle vicieux difficile à rompre.

La sédentarité

Le manque d’activité physique diminue la capacité des muscles à capter le glucose, alors même qu’ils en sont les principaux consommateurs. Cette réduction de la captation du glucose favorise l’accumulation du sucre dans le sang et aggrave l’insulinorésistance.

Le stress chronique

Une exposition prolongée au stress stimule la sécrétion de cortisol, une hormone qui élève la glycémie, inhibe l’action de l’insuline et favorise le stockage des graisses abdominales. Ce déséquilibre hormonal peut durablement altérer la sensibilité des cellules à l’insuline.

Le manque de sommeil

Un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité dérègle plusieurs hormones impliquées dans la régulation du métabolisme du glucose et de l’appétit, notamment la leptine, la ghréline et l’insuline. Ces perturbations favorisent la prise de poids, les fringales et une utilisation moins efficace du glucose par l’organisme.

Une prédisposition génétique

Certaines personnes présentent une sensibilité génétique accrue à l’insulinorésistance, en particulier lorsque plusieurs membres de leur famille sont atteints de diabète de type 2. Cette composante héréditaire rend la prévention d’autant plus essentielle.

Les déséquilibres hormonaux

Chez la femme, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est fréquemment associé à une résistance à l’insuline. Chez l’homme, une baisse du taux de testostérone peut également contribuer à altérer cette sensibilité. D'autres troubles hormonaux, comme l’hypothyroïdie, la ménopause ou l’andropause, peuvent également influencer le métabolisme du glucose.

Le vieillissement

Avec l’âge, la sensibilité à l’insuline tend à diminuer. Cette baisse est liée à plusieurs facteurs, dont la perte de masse musculaire, les modifications hormonales et une réduction de l’activité métabolique globale.

Les polluants et toxiques environnementaux

L’exposition chronique à certains perturbateurs endocriniens et polluants persistants, présents dans l’alimentation, l’air ou certains plastiques, a été associée à une diminution de la sensibilité à l’insuline. Ces substances peuvent altérer le fonctionnement hormonal et augmenter le risque de déséquilibres métaboliques.

L’inflammation chronique et le stress oxydatif

Une inflammation de bas grade, liée à une alimentation déséquilibrée et à un mode de vie sédentaire, nuit à l’action de l’insuline sur les cellules. Le stress oxydatif, quant à lui, endommage les récepteurs de l’insuline, et réduit ainsi l’efficacité de cette hormone.

Certains médicaments

L’utilisation prolongée de corticoïdes, d’antipsychotiques ou encore de traitements antiviraux contre le VIH peut perturber la régulation de l’insuline et entraîner une insulinorésistance.

Quels peuvent-être les symptômes ?

La résistance à l’insuline évolue souvent de manière silencieuse, sans symptôme évident dans les premiers temps. Néanmoins, certains signes peuvent alerter et doivent inciter à consulter, en particulier lorsqu’ils s’associent :

  • Fatigue persistante, même après une nuit de repos. L’organisme peine à utiliser le glucose comme source d’énergie

  • Somnolence ou baisse d’énergie après les repas dite somnolence postprandiale

  • Faim fréquente, en particulier pour les aliments sucrés. Le glucose n’entrant pas correctement dans les cellules, le corps réclame davantage d’énergie

  • Fringales répétées, malgré des apports caloriques suffisants

  • Prise de poids, surtout au niveau de l’abdomen. L’insuline favorise le stockage des graisses viscérales, difficiles à perdre malgré les efforts

  • Augmentation du tour de taille, supérieur à 88 cm chez la femme et 102 cm chez l’homme, un marqueur du syndrome métabolique

  • Difficulté à perdre du poids, malgré une alimentation adaptée et une activité physique régulière. Le métabolisme se ralentit et la lipolyse (utilisation des graisses) est freinée

  • Rétention d’eau et gonflements (œdèmes), parfois localisés aux extrémités

  • Hypoglycémies réactionnelles, survenant après des repas riches en glucides : fatigue soudaine, sueurs, tremblements, faiblesse ou irritabilité

  • Hyperglycémie i.e un taux de glucose sanguin élevé

  • Hyperinsulinémie i.e un taux d’insuline élevé pour compenser

  • Hypertension artérielle, souvent associée à l’insulinorésistance

  • Stéatose hépatique non alcoolique (foie gras), fréquemment liée aux troubles du métabolisme

  • Zones de peau épaissies et sombres (acanthosis nigricans), au niveau de la nuque, des aisselles ou de l’aine

  • Petites excroissances cutanées (acrochordons), souvent observées autour du cou et des aisselles

  • Troubles de la concentration ou brouillard mental, avec parfois des troubles de la mémoire. Le cerveau, moins bien alimenté en glucose, fonctionne plus lentement

  • Risque accru de neurodégénérescence, lié à l’inflammation chronique et au stress oxydatif

  • Problèmes de sommeil : insomnie ou réveils nocturnes fréquents, qui aggravent les déséquilibres métaboliques

  • Cycle menstruel irrégulier chez la femme, en lien avec le SOPK ou une perturbation hormonale induite par l’insuline

  • Baisse de testostérone chez l’homme, pouvant entraîner fatigue, perte musculaire et baisse de libido

  • Augmentation des triglycérides et diminution du HDL, le « bon » cholestérol

  • Inflammation chronique de bas grade, avec élévation de marqueurs tels que la CRP (protéine C-réactive).

Bon à savoir

La résistance à l’insuline peut rester asymptomatique pendant des années. C’est souvent lors d’un bilan sanguin ou à l’apparition de complications (diabète de type 2, hypertension, stéatose hépatique) qu’elle est découverte.

Que faire en cas d’insulinorésistance ?

La résistance à l’insuline nécessite un accompagnement médical adapté. 

La réalisation d’un bilan sanguin complet : incluant la glycémie à jeun, l’insulinémie à jeun, le profil lipidique (cholestérol total, HDL, LDL, triglycérides), la protéine C-réactive (CRP), l’hémoglobine glyquée (HbA1c) et les enzymes hépatiques (comme la Gamma GT).

Le calcul de l’indice HOMA-IR : cet indice, obtenu à partir de la glycémie et de l’insulinémie à jeun, permet d’évaluer la résistance à l’insuline. Un score HOMA-IR supérieur à 2,4 est généralement évocateur.

La réalisation d’examens complémentaires si nécessaire : tels qu’une épreuve d’hyperglycémie provoquée, une échographie abdominale (en cas de suspicion de stéatose hépatique), ou un bilan hormonal (notamment en cas de SOPK).

L’analyse des antécédents familiaux et du mode de vie : indispensable pour évaluer les facteurs de risque et guider les axes de prévention.

La mise en place d’un suivi médical régulier : pour surveiller les paramètres métaboliques et ajuster la prise en charge au fil du temps. 

Le contrôle de la tension artérielle et du tour de taille : deux indicateurs étroitement liés au syndrome métabolique.

Une prise en charge globale : un accompagnement pluridisciplinaire (médecin, diététicien, naturopathe, professionnel de l’activité physique) est souvent bénéfique pour optimiser la prise en charge, au-delà des traitements conventionnels. Un tel accompagnement permet de ralentir, voire d’inverser l’évolution de l’insulinorésistance, et de prévenir les complications comme le diabète de type 2 ou les troubles cardiovasculaires.

Comment prévenir ce trouble ?

Voici nos conseils pour préserver ou restaurer la sensibilité à l’insuline et prendre soin de votre santé métabolique :

  1. Adoptez une alimentation équilibrée, à index glycémique bas : privilégiez les aliments riches en fibres (légumes, fruits, céréales complètes), en protéines végétales, en bons gras (oméga-3 issus des oléagineux, de l’Avocat ou de l’huile d’Olive) et en antioxydants. Préférez les aliments à index glycémique bas : légumes verts, légumineuses, fruits peu sucrés, céréales complètes. Limitez les sucres rapides, les produits industriels transformés, les farines raffinées et l’alcool, qui perturbent la régulation de la glycémie et sollicitent excessivement le pancréas. Le régime cétogène, riche en lipides et très pauvre en glucides, est parfois utilisé pour améliorer la sensibilité à l’insuline. Il réduit les pics glycémiques et limite la sécrétion d’insuline. Cette approche ne convient pas à tous les profils et doit toujours être encadrée par un professionnel de santé.

  2. Fractionnez les repas si besoin : réduire la taille des portions et éviter le grignotage aide à mieux contrôler les pics d’insuline et la régulation de la glycémie.

  3. Pratiquez une activité physique régulière : bouger chaque jour, même de façon modérée (marche rapide, natation, vélo, renforcement musculaire), stimule les récepteurs à l’insuline dans les muscles, favorise la combustion des graisses viscérales et améliore la sensibilité à l’insuline.

  4. Apprenez à gérer le stress : le stress chronique augmente le taux de cortisol, ce qui nuit à la régulation de la glycémie. La méditation, la respiration profonde, le yoga ou la cohérence cardiaque permettent de limiter ces effets.

  5. Veillez à la qualité de votre sommeil : dormir entre 7 et 8 heures par nuit dans un environnement calme, respecter un rythme régulier et limiter les écrans avant le coucher permet de normaliser les hormones impliquées dans le métabolisme du glucose.

  6. Maintenez un poids de forme : même une perte de poids modérée (5 à 10% du poids corporel) peut améliorer significativement la sensibilité à l’insuline et réduit le risque de complications métaboliques.

  7. Limitez votre exposition aux polluants : choisissez des aliments issus de l’agriculture biologique, évitez de chauffer des aliments dans des contenants plastiques, et pensez à aérer régulièrement votre intérieur.

  8. Prenez soin de votre santé intestinale : un microbiote équilibré participe à une meilleure gestion de la glycémie. Consommez régulièrement des sources naturelles de probiotiques et de prébiotiques : les légumes lactofermentés, les yaourts, le kéfir, les fibres végétales.

  9. Soutenez votre organisme avec des  compléments naturels (en accord avec un professionnel de santé) : certains nutriments et plantes peuvent contribuer à réguler la glycémie : le Chrome, le Magnésium, le Zinc, les vitamines B et D, les omégas-3 (issus des poissons gras ou de sources végétales comme le Lin et le Chia), ainsi que certaines plantes comme le Gymnema, la Cannelle, l’Olivier ou l’Ail. Ces nutriments sont présents dans l’alimentation, mais peuvent aussi être proposés sous forme de compléments alimentaires, dans un cadre adapté.

  10. Consultez régulièrement un professionnel de santé : un suivi médical personnalisé permet un dépistage précoce, une prise en charge individualisée et une surveillance des paramètres métaboliques.

Précautions d'usage

Les conseils mentionnés dans cet article sont donnés à titre informatif et ne remplacent en aucun cas une consultation médicale. En cas de suspicion de résistance à l’insuline, de symptômes persistants ou de facteurs de risque, il est impératif de consulter un professionnel de santé qualifié. L’auto-diagnostic ou l’automédication ne sont pas adaptés à ce trouble complexe. Chaque situation étant unique, seul un bilan personnalisé permettra d’adapter la prise en charge à vos besoins spécifiques.

Conseil de l'expert

Et si vous marchiez un peu après le repas ? Le saviez-vous ? Dix à quinze minutes de marche post-prandiale suffisent à activer les récepteurs à l’insuline et limiter le pic glycémique.

En savoir plus

Quels sont les signes à surveiller ?

Fatigue après les repas, prise de poids au niveau du ventre, envies fréquentes de sucre, taches foncées sur certaines zones de la peau, difficultés à perdre du poids, troubles du sommeil et problèmes de concentration figurent parmi les signes les plus fréquents. La résistance à l’insuline peut toutefois rester silencieuse au début.

Comment se débarrasser de cette problématique ?

Il s'agit plutôt d'améliorer progressivement la sensibilité à l’insuline grâce à une hygiène de vie adaptée, la gestion du stress, l’activité physique, une alimentation adaptée et, si besoin, des traitements médicaux sous supervision d’un professionnel de santé.

Comment maigrir quand on est concerné ?

La perte de poids passe par une alimentation à index glycémique bas, une activité physique régulière et un accompagnement médical pour adapter les stratégies à votre profil métabolique.

Article rédigé par Stéphanie Catrysse, Naturopathe

Stéphanie Catrysse est naturopathe (certifiée par la FENA), praticienne en massage bien-être et drainage lymphatique et conseillère en développement personnel. 

Passionnée de médecine douce, elle exerce avec une approche holistique de la santé.

Bibliographie

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