Nutri-Score : Tout ce qu'il faut savoir

Quels produits sont vraiment bons pour votre santé ? Comment s’y retrouver parmi les étiquettes ? Le Nutri-Score, ce logo coloré présent sur de nombreux emballages, promet d’éclairer nos choix en un coup d’œil. Mis en place pour guider vers une alimentation plus équilibrée, il suscite autant d’adhésion que de débats. À quoi sert-il réellement ? Décryptons ensemble son fonctionnement, ses atouts et ses limites.

Par Marie Anne Vion
Temps de lecture : +4 min.

Nutri-Score : Qu'est-ce c'est ?

Le Nutri-Score est un logo nutritionnel simplifié, conçu pour aider chacun à évaluer en un coup d’œil la qualité nutritionnelle d’un produit alimentaire transformé. Développé par des équipes de recherche publique françaises, il a été adopté en 2017 comme outil de santé publique, avec un objectif clair : faciliter les choix alimentaires, en particulier lors des achats en grande surface.

Ce système s’appuie sur les travaux de l’équipe du Pr. Serge Hercberg, en lien avec l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) et le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Son développement repose sur une base scientifique rigoureuse, dans le cadre d’une politique nutritionnelle accessible à tous.

Le Nutri-Score repose sur une échelle de cinq lettres, de A (vert foncé) à E (rouge), en fonction de la composition globale du produit. Plus un aliment est équilibré, plus sa note se rapproche du A vert.

Ce score prend en compte à la fois les éléments à valoriser (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coque) et ceux à limiter (sucres, acides gras saturés, sel, énergie). Il ne s’agit pas d’un jugement définitif sur un aliment, mais d’un repère objectif, particulièrement utile pour comparer plusieurs produits d’une même catégorie.

Depuis son lancement en France, plusieurs pays européens ont choisi de recommander son utilisation : Belgique, Allemagne, Espagne, Suisse, Pays-Bas et Luxembourg. Le Nutri-Score s’inscrit ainsi dans une dynamique européenne de promotion d’une alimentation plus lisible, équilibrée et transparente.

Il ne remplace pas l’étiquette nutritionnelle détaillée, mais en facilite la lecture, notamment pour les personnes souhaitant améliorer leur alimentation au quotidien sans expertise nutritionnelle spécifique.

À quoi sert le Nutri-Score ?

Le Nutri-Score a été conçu pour accompagner chacun dans ses choix alimentaires quotidiens, en apportant une information claire et immédiate sur la qualité nutritionnelle des produits transformés. Face à des rayons parfois complexes à décrypter, il agit comme un repère visuel : une simple couleur et une lettre permettent de comparer facilement deux produits similaires.

Son objectif est de guider sans culpabiliser, en donnant les moyens de repérer, au sein d’une même catégorie (céréales, plats cuisinés, biscuits…), les options les plus favorables à l’équilibre alimentaire. C’est un outil particulièrement utile lorsqu’on souhaite améliorer son alimentation sans suivre de régime strict, mais en restant attentif à la qualité des produits consommés.

Le Nutri-Score ne dit pas si un aliment est « bon» ou « mauvais » en soi. Il permet simplement de faire des choix plus éclairés, en tenant compte de la composition globale du produit, et non d’un seul critère (comme le sucre ou les calories).

Utilisé de façon consciente, il s’inscrit dans une démarche plus large : mieux manger au quotidien, en préservant sa santé et son bien-être.

Comment il fonctionne et quels sont ses critères ?

Le Nutri-Score repose sur un calcul scientifique qui évalue la qualité nutritionnelle d’un produit transformé selon une formule standardisée, identique pour tous les fabricants. Ce calcul prend en compte 100 grammes ou 100 millilitres de produit, et s’appuie sur un système de points attribués à différents éléments de sa composition.

Deux grands types de critères sont pris en compte :

  • Les éléments à favoriser : Ce sont ceux dont la présence est jugée bénéfique pour l’équilibre alimentaire. On y retrouve notamment la teneur en fibres, en protéines, en fruits, légumes, légumineuses, ainsi qu’en fruits à coque.

  • Les éléments à limiter : Ce sont ceux dont un excès peut nuire à la santé s’ils sont consommés trop fréquemment. Il s’agit principalement des acides gras saturés, du sel, des sucres et de la densité énergétique (calories).

En fonction de l’équilibre entre ces deux groupes, le produit obtient un score final, converti ensuite en lettre (de A à E) et en couleur (du vert foncé au rouge). Plus la teneur en nutriments favorables est élevée, plus le score s’oriente vers le A vert, et inversement.

Depuis sa création, le Nutri-Score a évolué pour s’ajuster aux données scientifiques les plus récentes, afin de mieux refléter les recommandations nutritionnelles actuelles.

Dans quel cadre l'utiliser ?

Le Nutri-Score n'est pas un label de qualité ni un indicateur absolu, mais un outil d’aide à la décision, utile pour comparer objectivement des produits au sein d’une même catégorie (par exemple deux types de biscuits ou deux sauces).

Il prend tout son sens dans une démarche de consommation informée et responsable, mais ne remplace pas la lecture complète de l’étiquette, surtout pour les consommateurs attachés à la qualité des ingrédients, à la naturalité ou à l'origine des produits. Le Nutri-Score n’est pas toujours pertinent pour les produits bruts ou peu transformés (fruits, légumes, huiles, farines…), qui ne portent pas toujours de logo mais restent essentiels dans une alimentation saine.

Enfin, il peut être un repère intéressant pour initier une transition vers une alimentation plus équilibrée, sans imposer de restrictions, mais en encourageant des choix plus favorables à la santé sur le long terme.

Un étiquetage volontaire mais encadré

L’attribution du Nutri-Score repose sur une base scientifique et un calcul standardisé. Pour qu’un fabricant puisse apposer ce logo sur ses produits, il doit en faire la demande officielle et s’engager à l’utiliser sur l’ensemble de ses produits, selon une charte définie par les autorités sanitaires.

La démarche reste volontaire, mais le cadre réglementaire est strict : la licence d’utilisation est délivrée par les autorités compétentes de chaque pays, après vérification de la conformité. Des contrôles sont également effectués pour éviter les utilisations abusives ou trompeuses.

En parallèle, des réflexions se poursuivent au niveau européen autour de la mise en place d’un étiquetage nutritionnel harmonisé, dans une logique de transparence accrue envers les consommateurs. Aucune décision définitive n’a encore été prise à ce stade.

Certaines catégories de produits, comme les compléments alimentaires, les produits non transformés ou les boissons alcoolisées, restent pour l’instant exclues du dispositif.

Avantages et limites du « Nutri-score »

Les avantages du Nutri-Score

  • Permet de comparer rapidement la qualité nutritionnelle de produits d’une même catégorie (ex. : céréales, plats cuisinés, snacks…).

  • Facilite les choix en grande surface grâce à un système visuel simple (lettre + couleur).

  • Encourage à réduire la consommation de produits trop gras, trop sucrés ou trop salés.

  • Aide à mieux équilibrer son alimentation, sans connaissances nutritionnelles complexes.

  • Repose sur une base scientifique actualisée, ajustée aux recommandations de santé publique.

Ses limites à connaître

  • Ne prends pas en compte la qualité des ingrédients (origine, transformation, additifs).

  • Ignore le mode de production (bio, local, éthique…) et la présence d’ultra-transformés.

  • N’intègre pas la taille des portions réellement consommées.

  • Peut pénaliser certains aliments naturellement caloriques mais intéressants (ex. : huile d’olive, purée d’amandes, graines…).

  • Ne remplace pas une lecture attentive de la liste des ingrédients et du contexte global de consommation.

  • Le Nutri-Score n’est pas obligatoire et certains produits très transformés ou mal notés peuvent ne pas l’afficher, ce qui limite la transparence et peut induire en erreur lors du choix.

À retenir : le Nutri-Score est un outil d’orientation utile, mais il doit être utilisé avec recul et discernement, dans une démarche plus large de bien-être et d’écoute de soi.

Les bonnes pratiques pour mieux comprendre les étiquettes

Le Nutri-Score est un repère utile, mais il ne remplace pas une lecture attentive des étiquettes. Pour mieux comprendre ce que vous consommez, voici quelques réflexes simples à adopter :

  • Commencez par la liste des ingrédients : plus elle est courte, simple et composée d’aliments bruts, mieux c’est. Privilégiez les produits sans additifs, sans arômes artificiels ni ingrédients ultra-transformés.

  • Observez l’ordre des ingrédients : ils sont classés du plus présent au moins présent. Si le sucre ou l’huile de palme apparaissent en premier, soyez vigilant.

  • Soyez attentif aux additifs : une longue liste de codes (E...) ou d’ingrédients difficilement identifiables peut signaler un produit très transformé. Plus les additifs sont nombreux, plus la qualité nutritionnelle est souvent dégradée.

  • Repérez les apports nutritionnels clés : les teneurs en fibres, protéines, lipides (et leur qualité), glucides, sucres et sel donnent une vision plus précise de l’intérêt nutritionnel d’un produit.

  • Adaptez l’analyse à votre besoin : un produit riche en énergie peut être pertinent après un effort, mais moins adapté en collation sédentaire. Pensez à replacer l’aliment dans votre contexte de consommation.

  • Ne vous fiez pas uniquement aux mentions marketing (« léger », « naturel », « source de... ») : elles peuvent masquer une composition déséquilibrée.

À noter : dans certaines listes d’ingrédients, le sucre peut apparaître sous plusieurs formes (sirop de glucose, sucre inverti, maltodextrine…), ce qui dilue sa présence réelle. En réalité, l’ensemble peut représenter l’ingrédient principal, sans apparaître en première position.

Quels compléments au Nutri-Score utiliser ?

Le Nutri-Score est un outil utile pour mieux choisir parmi les produits transformés, mais il ne résume pas à lui seul la qualité globale d’un aliment. D’autres systèmes d’évaluation existent et peuvent offrir un éclairage complémentaire, notamment sur le degré de transformation ou la naturalité des produits.

  • Yuka est une application indépendante qui permet de décrypter les étiquettes alimentaires en toute transparence. Sa notation repose sur trois critères : la qualité nutritionnelle (basée sur le Nutri-Score), la présence d’additifs, et la part d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Chaque produit est évalué de façon globale pour aider à faire des choix plus éclairés au quotidien.

  • La classification NOVA, développée par des chercheurs brésiliens, classe les aliments en quatre groupes, du brut à l'ultra transformé, selon leur composition et leur traitement industriel.

  • Les labels qualité (Agriculture Biologique, AOP, Label Rouge…) peuvent apporter des garanties sur l’origine, la méthode de production, ou encore le respect de critères environnementaux et sociaux. Ils n’évaluent pas la qualité nutritionnelle, mais renseignent sur la traçabilité et l’engagement du producteur.

Enfin, le meilleur repère reste souvent le plus simple : préférer les produits bruts ou peu transformés, cuisiner soi-même quand c’est possible, et privilégier des recettes courtes, et adaptées à vos besoins. Aucun score ne remplacera votre bon sens et l’écoute de votre corps.

Ce qui change en 2025

Depuis mars 2025, le Nutri-Score a évolué pour mieux refléter les recommandations nutritionnelles actuelles. La nouvelle version du calcul prend en compte de façon plus fine certaines catégories d’aliments, comme les matières grasses ajoutées, les féculents, les produits laitiers ou les boissons, afin de mieux distinguer leur qualité nutritionnelle.

Les fabricants disposent d’un délai jusqu’à mars 2027 pour adapter leurs emballages à cette nouvelle version. Les produits encore en stock pourront continuer à être vendus avec l’ancien logo jusqu’à épuisement. Pour plus de transparence, un encadré « Nouveau calcul » est apposé sur les produits utilisant la version actualisée du Nutri-Score.

Ce changement vise à renforcer la pertinence de l'information fournie au consommateur, tout en encourageant une démarche d’amélioration continue des produits.

FAQ - Mythes et réalité

« Le Nutri-Score est un label bio ou qualité ? » Faux. Le Nutri-Score évalue uniquement la composition nutritionnelle (graisses, sucres, sel, fibres, etc.) sur 100 g ou 100 mL. Il ne prend pas en compte l’origine, le mode de culture ou la certification bio. Un produit A peut être ultra-transformé, tout comme un produit bio peut avoir un score C ou D selon sa composition.

« Un produit noté A est toujours meilleur pour la santé » Pas nécessairement. Le score reflète une moyenne nutritionnelle, pas la naturalité, la qualité des ingrédients ni le degré de transformation. Il permet surtout de comparer des produits similaires, mais ne remplace pas une alimentation fondée sur des produits bruts, variés et peu transformés.

« Le Nutri-Score pénalise certains aliments sains » Oui, il peut effectivement donner une note défavorable à des produits naturellement riches en graisses (comme les huiles végétales) ou en calories (comme les fruits secs), même s’ils sont bénéfiques en quantité raisonnable. C’est pourquoi il convient d’interpréter le Nutri-Score dans son contexte, sans oublier les bienfaits de ces aliments dans une alimentation équilibrée.

« Tous les produits doivent obligatoirement afficher le Nutri-Score » Non. En France et dans la majorité des pays européens, l’affichage du Nutri-Score est volontaire, même s’il est fortement encouragé par les autorités de santé. Certaines grandes marques ou catégories de produits choisissent de ne pas l’indiquer, ce qui peut limiter la comparaison et créer des zones d’ombre pour le consommateur.

À noter : les produits vendus en vrac ou très peu transformés (comme les fruits, légumes, farines, etc.) ne sont pas concernés par cette notation.

Précautions

Le Nutri-Score, bien qu’appuyé scientifiquement, a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment concernant sa pertinence pour certains produits naturels ou traditionnels (fromages, huiles, produits fermentés, etc.). En réponse, l’algorithme a été révisé à plusieurs reprises, avec des ajustements visant à mieux prendre en compte la qualité des graisses, la teneur en sucres ajoutés, la présence de céréales complètes ou encore à s'adapter aux spécificités de certaines catégories d'aliments.

Ces évolutions vont dans le sens d’une meilleure lisibilité nutritionnelle, mais ne corrigent pas tous les biais : le système reste inadapté à certains aliments bruts, et ne prend toujours pas en compte l’origine, les additifs ou l’impact environnemental.

Il est donc important de considérer le Nutri-Score comme un outil parmi d’autres, utile pour comparer certains produits, mais à croiser avec d’autres critères (composition, transformation, provenance) pour faire des choix vraiment éclairés.

Conseil de l'expert

Le Nutri-Score peut être un outil d’orientation utile, mais il ne doit pas devenir l’unique critère de choix. Il est essentiel de prendre le temps de lire les étiquettes dans leur ensemble, de s’intéresser à la qualité des ingrédients, à leur origine, à leur mode de transformation, et à leur impact global sur la santé et l’environnement.

Pour tendre vers une alimentation vraiment équilibrée et consciente, le fait maison reste la meilleure option : il permet de maîtriser les apports, d’éviter les additifs superflus et de renouer avec des ingrédients simples, bruts, de saison. Le Nutri-Score peut donc servir de point de repère ponctuel, mais il doit s’inscrire dans une démarche plus globale : naturelle, variée, et guidée par l’écoute du corps et le plaisir de manger.

En savoir plus

À quoi correspondent les lettres du Nutri-Score ?

Les lettres de A à E indiquent la qualité nutritionnelle globale d’un produit transformé, calculée sur 100 g ou 100 ml. A (vert foncé) correspond aux produits les mieux équilibrés, E (rouge) aux moins favorables.

Un bon Nutri‑Score = aliment sain ?

Pas forcément. Le Nutri-Score évalue une composition nutritionnelle, mais ne prend pas en compte le degré de transformation, les additifs ou la qualité des ingrédients.

Le Nutri-Score est-il obligatoire ?

Non, son affichage reste volontaire. Certains produits très transformés ou mal notés peuvent donc ne pas le faire apparaître.

Zoom sur notre notre experte en nutrition et alimentation, Marie-Anne Vion

Confrontée à des troubles digestifs comme le SII et le SIBO, Marie-Anne s’est tournée vers la nutrition et les solutions naturelles. Passionnée par le bien-être, elle se forme désormais en diététique et nutrition. Elle partage son expertise à travers des articles, offrant conseils et analyses accessibles. Séduite par l’approche naturelle de la marque, elle contribue à promouvoir une alimentation équilibrée et une autonomie en matière de santé.

Bibliographie

1

Nutri-Score | Santé Publique France :

2

Nutri-Score : The Most Efficient Front-of-Pack Nutrition Label to Inform Portuguese Consumers on the Nutritional Quality of Foods and Help Them Identify Healthier Options in Purchasing Situations | PubMed :

3

Ce qu'il faut savoir sur le nouveau Nutri-Score | Service Public :

4

Harmonised and mandatory nutrition labelling in the EU | Europarl :

5

The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-processing | PubMed :