Hormones de grossesse : tout comprendre pour mieux vivre cette période

Pendant la grossesse, le corps change à toute vitesse. Derrière ces bouleversements, ce sont les hormones qui mènent la danse. Les différentes hormones qui peuvent apparaitre en début de grossesse et pendant la grossesse sont là pour assurer son bon déroulement, mais peuvent aussi chambouler le quotidien : fatigue, nausées, sautes d’humeur, hypersensibilité. Le point de départ pour mieux vivre tout ça ? Comprendre. En apprenant à décoder les effets des hormones de grossesse, vous pourrez ajuster votre routine, apaiser certains inconforts et choisir des solutions naturelles vraiment adaptées.

Par Eloise Dubois
Publié le 06/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Quelles sont les hormones en question ?

Dès les premières semaines, une véritable cascade hormonale se met en place dans l’organisme. Ces hormones ne sont pas là par hasard, elles créent un environnement favorable pour accueillir et faire grandir le futur bébé. Mais elles influencent aussi de nombreux systèmes : digestion, sommeil, humeur, peau... ce qui explique les montagnes russes que certaines ressentent. Focus sur les principales hormones impliquées pendant la grossesse.


La progestérone

C’est l’une des toutes premières à entrer en scène. Sécrétée dès l’ovulation, la progestérone prépare l’utérus à accueillir l’embryon, puis permet de maintenir la grossesse. Elle détend les muscles de l’utérus pour éviter les contractions trop précoces, mais cette action “relaxante” concerne aussi d’autres muscles, comme ceux du tube digestif. Les conséquences ne se font pas attendre : une digestion plus lente, des ballonnements, voire de la constipation. Elle peut aussi être liée à une sensation de grande fatigue, surtout en début de grossesse.


Les œstrogènes

Avec la progestérone, ils forment un duo essentiel. Les œstrogènes (surtout l’oestriol pendant la grossesse) favorisent le développement de l’utérus, la croissance des seins, l’augmentation du volume sanguin… Bref, ils préparent le corps à accueillir la vie. Mais ils peuvent aussi rendre les seins sensibles, accentuer les sautes d’humeur ou encore modifier l'aspect de la peau (avec parfois l’apparition du fameux “masque de grossesse”).


La gonadotrophine chorionique humaine (hCG)

C’est l’hormone que les tests de grossesse urinaire et sanguin détectent. Produite très tôt par le placenta, elle stimule la production de progestérone et d’œstrogènes. Elle est aussi impliquée dans les fameuses nausées du premier trimestre. Sa production augmente rapidement, puis diminue une fois que le placenta prend le relais.


L’ocytocine et la prolactine en fin de grossesse

L’ocytocine joue un rôle clé au moment de l’accouchement : c’est elle qui déclenche les contractions utérines. La prolactine, elle, prépare l’organisme à l’allaitement en stimulant la production de lait. Ces deux hormones influencent aussi les émotions : elles favorisent l’attachement, l’apaisement, et peuvent accentuer la sensibilité émotionnelle.

Pourquoi les hormones influencent-elles autant l’humeur et le bien-être ?

On parle souvent des nausées ou de la fatigue du premier trimestre… mais les bouleversements hormonaux jouent aussi un rôle majeur sur l’émotionnel. En voici les principales raisons :

  • Les hormones modifient la chimie du cerveau : les œstrogènes et la progestérone influencent la production de neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine ou le GABA, qui régulent l’humeur. Quand leur taux varie rapidement, cela peut entraîner des hauts et des bas émotionnels.

  • Le système nerveux devient plus sensible : la grossesse rend l’organisme plus réceptif aux stimuli comme les bruits, lumière, tensions… Le corps se met en mode “vigilance accrue” pour protéger le fœtus, mais cela peut aussi favoriser l’irritabilité ou la fatigue mentale.

  • Le sommeil est perturbé par les changements hormonaux : la progestérone a un effet sédatif, mais elle peut aussi fragmenter le sommeil. Moins de repos = plus de vulnérabilité émotionnelle.

  • Le rapport au corps évolue sous l’effet des hormones : avec les modifications corporelles, les hormones influencent la perception de soi, de son image, de sa place. Cela peut fragiliser la confiance en soi ou générer des questionnements identitaires.

  • L’ocytocine amplifie l’émotionnel : souvent appelée “hormone de l’attachement”, l’ocytocine joue un rôle fondamental en fin de grossesse. Elle favorise la connexion, mais accentue aussi la sensibilité affective.



Bon à savoir

Ce qui est important à retenir, c’est que vous n’êtes pas “trop émotive” ou “capricieuse” : ces réactions sont normales, biologiques et transitoires. Le corps s’adapte, le mental aussi et vous pouvez être vraiment fière de vous.

Quels sont les effets des hormones sur la femme enceinte ?

Chaque grossesse est unique, mais certains effets reviennent souvent au fil des semaines. Ce sont les hormones qui orchestrent ces changements, avec des répercussions visibles ou ressenties au quotidien :

  • Fatigue intense, surtout au premier trimestre : le corps consomme énormément d’énergie pour soutenir les transformations en cours. Cette fatigue peut être soudaine, difficile à anticiper, et accentuée par des nuits hachées.

  • Nausées matinales : particulièrement fréquentes en début de grossesse, les nausées peuvent parfois survenir à tout moment de la journée. Chez certaines, elles s’accompagnent aussi d’une sensibilité accrue aux odeurs. Une étude randomisée publiée dans The Journal of Maternal-Fetal & Neonatal Medicine met en lumière l’efficacité du Gingembre pour soulager les nausées chez la femme enceinte. L’acupression, notamment au niveau du poignet, est également citée comme méthode naturelle complémentaire.

  • Troubles digestifs : ballonnements, constipation, brûlures d’estomac… La digestion ralentit, sous l’effet de certaines hormones qui détendent les muscles du tube digestif.

  • Seins tendus et douloureux : ils gonflent dès les premières semaines, sous l’effet des œstrogènes. Cela peut provoquer une gêne, voire une douleur au toucher.

  • Changements de l'aspect de la peau : certaines femmes voient leur peau s’illuminer (et c'est tant mieux !), d’autres doivent faire face à de l’acné, des taches pigmentaires (masque de grossesse) ou une peau plus sèche.

  • Rétention d’eau : jambes lourdes, gonflement des chevilles ou des mains… Ces sensations peuvent s’intensifier au fil des mois.

  • Poussées d’appétit ou fringales spécifiques : le corps demande plus d’énergie, mais certaines envies alimentaires peuvent aussi être influencées par les variations hormonales.

Les conséquences de la baisse des hormones de grossesse

Après l’accouchement, on pourrait croire que la danse des hormones va enfin se calmer… que le corps va retrouver peu à peu son équilibre. Et pourtant, une nouvelle vague hormonale s’amorce. En quelques jours, les taux de progestérone, d'œstrogènes chutent brutalement, laissant place à d’autres hormones comme l’ocytocine et la prolactine. Cette dernière joue un rôle clé dans la montée de lait et le déclenchement de l’allaitement, mais influence aussi l’équilibre émotionnel. Son taux reste élevé tant que l’allaitement se poursuit, puis diminue progressivement. Et même si l’on n’allaite pas, cette chute hormonale peut entraîner une période de fragilité émotionnelle, à accompagner avec douceur.


Quelles sont les manifestations du post-partum ?

Cette transition peut s’accompagner de fatigue intense, de sautes d’humeur, d’hypersensibilité, voire d’un baby blues dans les premiers jours. Le corps se remet doucement de la grossesse, tandis que le mental s’adapte à un nouveau rythme, entre émotions fortes et besoins de récupération. Ces réactions sont normales, biologiques et transitoires. Dans cette période sensible, prendre soin de soi avec bienveillance, s’accorder du repos (pas toujours possibles on le sait bien) et se faire accompagner si besoin peut vraiment faire la différence. En revanche, si cet état de mal-être persiste au-delà de quelques semaines, ou s’intensifie, il peut s’agir d’une dépression post-partum, qui nécessite une écoute attentive et une prise en charge adaptée. Pour aller plus loin, n'hésitez pas à lire notre article : Dépression post-partum : comment la reconnaître et mieux la vivre ?.

Précautions d'usage

Pendant la grossesse, l’usage des produits naturels doit toujours se faire avec prudence. Nous vous recommandons de demander l’avis de votre professionnel de santé (gynécologue, médecin, sage-femme) avant toute utilisation.

Conseil de l'expert

Si vos émotions font le yo-yo et que les hormones vous jouent des tours, pensez aux techniques de relaxation. Simples à mettre en place, elles permettent de relâcher les tensions et d’apaiser rapidement les variations d’humeur. Pratiquées quelques minutes par jour, elles s'intègrent parfaitement dans une petite routine du matin ou du soir.

En savoir plus

Quand est le pic d'hormones de grossesse ?

Le pic hormonal a généralement lieu au cours du premier trimestre, entre la 8ème et la 12ème semaine de grossesse. C’est durant cette période que le taux de hCG, mais aussi ceux de progestérone et d’œstrogènes, atteignent des niveaux très élevés, ce qui explique la fréquence des nausées, de la fatigue et des variations d’humeur.

Quels sont les symptômes associés ?

Les symptômes les plus courants sont la fatigue, les nausées, les troubles du sommeil, la sensibilité des seins, les variations d’humeur et les troubles digestifs. Ils varient d’une femme à l’autre, mais sont généralement plus marqués au premier trimestre, lorsque les taux hormonaux évoluent rapidement.

Zoom sur notre rédactrice naturopathe, Eloïse Dubois-Gaché

Eloïse est certifiée « praticien naturopathe » par l’institut supérieur de naturopathie (ISUPNAT) et exerce la naturopathie depuis plus de 5 ans. Grâce à sa solide expérience au sein de différentes herboristeries, Éloïse inclut, si nécessaire, des conseils complets et précis en phytothérapie, aromathérapie, gemmothérapie et micro-nutrition lors de la mise en place d'un programme d'hygiène de vie personnalisé et adapté à chacun.

Bibliographie

1

Muñoz, J. L. (2024, 12 juillet). Physiologie de la grossesse. Édition Professionnelle du Manuel MSD.

2

Bessaguet, F., & Desmoulière, A. (2023b). Physiologie de la grossesse. Actualités Pharmaceutiques, 62(628), 18‑21.

3

Saberi, F., Sadat, Z., Abedzadeh-Kalahroudi, M., & Taebi, M. (2013). Acupressure and Ginger to Relieve Nausea and Vomiting in Pregnancy : a Randomized Study. Iranian Red Crescent Medical Journal, 15(9).