Hashimoto : ces aliments potentiellement interdits au quotidien

L'hypothyroïdie d'Hashimoto est une maladie auto-immune fréquente sur laquelle l'hygiène de vie peut avoir un impact important. Comment l'alimentation peut-elle jouer un rôle dans le déclenchement ou l'intensité des manifestations ? Explorons dans cet article les causes, les symptômes et les aliments dits "interdits" dans le cadre de cette pathologie.

Par Christine Barris
Mis à jour le 16/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce que la maladie d'Hashimoto ?

La maladie d'Hashimoto est une hypothyroïdie d'origine auto-immune. La thyroïde est une glande endocrine en forme de papillon située au niveau de la gorge, sous le larynx. Elle produit deux hormones, la T3 (triiodothyronine) et la T4 (thyroxine) qui régulent de nombreuses fonctions de l'organisme comme le métabolisme, la croissance, la température corporelle ou le rythme cardiaque. Cette maladie se caractérise par un déficit des hormones thyroïdiennes ayant pour conséquence un ralentissement de certaines fonctions de l'organisme comme la régulation de la température corporelle ou le métabolisme de base (quantité d'énergie consommée pour le fonctionnement du corps au repos). La différence avec une hypothyroïdie classique réside dans le fait qu'elle appartient à la catégorie des maladies auto-immunes, c'est à dire causées par un dérèglement du système immunitaire qui attaque ses propres cellules, ici celles de la thyroïde. Mais les maladies auto-immunes peuvent concerner d'autres systèmes, comme les intestins dans le cas de la maladie de Crohn ou les articulations pour la polyarthrite rhumatoïde. Elles ont toutes un caractère inflammatoire, ce qui n'est pas forcément le cas pour une hypothyroïdie classique. Il n'existe pas de traitement à proprement parler pour la maladie d'Hashimoto, mais un suivi médical est indispensable pour stabiliser la thyroïde à l'aide de la prise d'hormones thyroïdiennes. Le diagnostic se fait sur la base du dosage sanguin de la TSH, anormalement élevée dans le cas d'une hypothyroïdie. Le caractère auto-immun peut être confirmé par le dosage des anticorps anti-thyroïdiens et par une échographie de la thyroïde.

Quelles peuvent-être les causes ?

Les causes de la thyroïdite d’Hashimoto ne sont pas encore parfaitement élucidées, mais plusieurs facteurs, souvent combinés, pourraient favoriser son apparition. Comme pour de nombreuses maladies auto-immunes, une prédisposition génétique jouerait un rôle important, mais d'autres éléments liés au mode de vie ou à l’environnement pourraient également intervenir.

Des prédispositions génétiques

Certaines personnes seraient génétiquement plus susceptibles de développer Hashimoto, notamment celles ayant des antécédents familiaux de maladies auto-immunes (thyroïdite, lupus, polyarthrite…). Les femmes sont aussi plus souvent touchées, en particulier après 40 ans ou autour de la ménopause, probablement en lien avec les fluctuations hormonales.

Un dérèglement du système immunitaire

Dans la thyroïdite d’Hashimoto, le système immunitaire se dérègle et produit des anticorps dirigés contre les cellules de la thyroïde, perturbant progressivement son fonctionnement. Ce processus auto-immun pourrait être favorisé par une hyperperméabilité intestinale, un déséquilibre du microbiote ou des agressions chroniques de la muqueuse digestive, qui entraîneraient une activation répétée du système immunitaire.

Des facteurs environnementaux et d'hygiène de vie

Des facteurs environnementaux comme des infections virales ou bactériennes, des perturbateurs endocriniens, ou une exposition chronique au stress pourraient contribuer au déclenchement de la maladie.

L’alimentation occidentale moderne, riche en produits ultra-transformés, en sucres raffinés, en gluten ou en additifs pro-inflammatoires, est aussi mise en cause dans certains cas, de même que des carences nutritionnelles (en Sélénium, Zinc, vitamine D, Fer ou Iode). La consommation régulière d’alcool, de tabac ou certains médicaments pourrait également augmenter le risque de dérégulation immunitaire, bien que le lien de causalité reste encore à confirmer.

Quels sont ses symptômes associés ?

Les symptômes de la thyroïdite d’Hashimoto sont le plus souvent ceux d’une hypothyroïdie progressive, car l’inflammation chronique de la glande thyroïde finit généralement par en altérer la capacité de production hormonale. Ce déficit hormonal entraîne un ralentissement global du métabolisme, avec des manifestations physiques et psychiques variées, parfois insidieuses.

  • Fatigue persistante : la baisse des hormones thyroïdiennes réduit la production d’énergie cellulaire, ce qui peut provoquer une fatigue chronique, non soulagée par le repos ou le sommeil. Cette fatigue est souvent l’un des premiers signes ressentis.

  • Frilosité inhabituelle : les hormones thyroïdiennes régulent aussi la température corporelle. Leur déficit peut entraîner une sensation de froid constante, même dans un environnement tempéré.

  • Transit intestinal ralenti : le péristaltisme intestinal — c’est-à-dire les contractions qui permettent la progression des selles — est stimulé par la thyroxine. En cas de carence, on observe souvent une constipation ou un ballonnement persistant.

  • Prise de poids inexpliquée : le ralentissement du métabolisme de base peut se traduire par une prise de poids modérée, malgré une alimentation équilibrée. Cela ne concerne pas tous les cas, mais peut constituer un signal d’alerte. Il est alors utile d’adapter l’alimentation pour soutenir la fonction thyroïdienne (sans pour autant parler d’"aliments interdits", sauf en cas d’intolérances spécifiques).

  • Perte de cheveux : une chute de cheveux diffuse, parfois accompagnée de cheveux secs, cassants ou ternes, est fréquente. Elle est liée au ralentissement du renouvellement cellulaire et à la moindre irrigation du cuir chevelu, deux conséquences de l’hypothyroïdie.

  • Douleurs musculaires et raideurs : certaines personnes souffrant d’Hashimoto peuvent ressentir des douleurs diffuses, une raideur musculaire ou des crampes, souvent plus marquées le matin. Cela pourrait être lié à l’inflammation de fond typique des maladies auto-immunes.

  • Goitre : un gonflement visible à la base du cou, appelé goitre, peut apparaître. Il résulte d’un élargissement de la glande thyroïde, parfois en réponse à la baisse hormonale ou à l’inflammation chronique. Ce signe n’est pas systématique mais mérite un avis médical lorsqu’il est présent.

Quelles solutions naturelles pour les soulager ?

Les symptômes de la thyroïdite d’Hashimoto sont étroitement liés au ralentissement du fonctionnement de la glande thyroïde. Il est donc essentiel de stabiliser la fonction thyroïdienne grâce à un suivi médical régulier et, si nécessaire, un traitement hormonal substitutif.  En parallèle, certaines approches naturelles peuvent aider à améliorer le bien-être général et à atténuer certains symptômes au quotidien.

Une alimentation saine, variée et riche en nutriments essentiels peut contribuer à soutenir le métabolisme, limiter l’inflammation de fond et améliorer la digestion, souvent ralentie dans les cas d’hypothyroïdie.

On recommande de privilégier les aliments riches en omégas-3 (petits poissons gras, graines de Lin ou de Chia), les protéines maigres (poisson, œufs, légumineuses), les fruits et légumes frais (notamment ceux riches en antioxydants) et les sources de Fer, de Zinc, de Sélénium et de vitamine D — des nutriments essentiels à la fonction thyroïdienne. À limiter : les aliments ultra-transformés, très sucrés, ou trop gras. Les charcuteries, viandes en sauce, crème, et autres sources de graisses saturées difficiles à digérer peuvent alourdir la digestion et aggraver certains symptômes. En cas de troubles digestifs ou de sensibilité intestinale, un accompagnement individualisé peut être utile pour identifier les aliments inflammatoires à réduire (ex. : gluten, lactose, soja… selon les cas).

Pratiquer une activité physique douce et régulière

Bouger, même de façon modérée, contribue à stimuler le métabolisme, limiter la prise de poids liée au ralentissement hormonal, améliorer l’humeur grâce à la production d’endorphines, favoriser le transit intestinal, souvent paresseux en cas d’hypothyroïdie. Des pratiques comme la marche active, le yoga, la natation douce ou le stretching sont particulièrement indiquées pour éviter la fatigue excessive tout en apportant de l’énergie.

Apprendre à mieux gérer le stress

Le stress chronique est un facteur reconnu d’aggravation des maladies auto-immunes : il favorise l’inflammation, la fatigue et peut perturber l’équilibre hormonal. La pratique régulière de techniques de relaxation telles que la cohérence cardiaque, la méditation, la sophrologie ou le yoga doux peut avoir un effet positif sur l’ensemble des symptômes, en plus d’améliorer le sommeil et le moral.

Quels sont les aliments potentiellement interdits en cas d'hypothyroïdie d'Hashimoto ?

En cas de thyroïdite d’Hashimoto, certaines catégories d’aliments pourraient accentuer l’inflammation ou interférer avec le fonctionnement de la glande thyroïde. Bien qu’il n’existe pas de régime unique et universel, certaines recommandations alimentaires peuvent aider à mieux gérer les symptômes, en complément d’un traitement médical. Voici les aliments les plus souvent déconseillés, à évaluer au cas par cas selon les sensibilités individuelles.

Les céréales contenant du gluten : le gluten, présent notamment dans le Seigle, le Blé ou l’Orge, pourrait chez certaines personnes favoriser l’inflammation de la muqueuse intestinale, en particulier en cas de perméabilité intestinale. Ce mécanisme est parfois évoqué comme facteur déclenchant dans les maladies auto-immunes. Un essai d’alimentation sans gluten, encadré, peut être envisagé chez les personnes sensibles. Le Riz, le Quinoa, l’Amarante et le Millet sont naturellement sans Gluten et bien tolérés.

Les produits laitiers : le lait de vache, ses dérivés (fromages, yaourts) et la caséine pourraient accentuer l’inflammation intestinale chez certaines personnes. En cas d’intolérance ou de sensibilité avérée, il peut être pertinent de privilégier des boissons végétales (Amande, Riz, Noisette, Coco – selon tolérance individuelle), en veillant à choisir des versions sans sucres ajoutés ni additifs. L'Avoine contient généralement du gluten, sauf si elle est spécifiée sans.

Les aliments contenant des goitrogènes : le Soja (lait, yaourt, tofu) et les crucifères crus comme le Chou-Fleur, le Brocoli, le Navet, le Chou Kale ou le Chou Blanc contiennent des goitrogènes, des substances susceptibles de freiner la production des hormones thyroïdiennes. Ces aliments ne sont pas forcément à bannir, mais à limiter, surtout s’ils sont consommés crus et en grande quantité. La cuisson permet de réduire significativement leur effet goitrogène.

L'alcool : l’alcool, même à faibles doses, peut accentuer l’inflammation, perturber le microbiote intestinal et nuire au bon fonctionnement du foie, un organe clé dans la conversion de la T4 (thyroxine) en T3 (forme active de l’hormone). Il est donc conseillé de limiter ou d'éviter sa consommation dans le cadre d’une prise en charge globale d’Hashimoto.

Les produits industriels : les plats préparés, biscuits industriels, céréales sucrées, sauces prêtes à l’emploi ou sodas contiennent souvent des additifs, sucres raffinés et graisses trans, tous reconnus pour leur effet pro-inflammatoire. Ils peuvent également perturber le microbiote et favoriser la prise de poids, deux facteurs aggravants en cas d’hypothyroïdie.

Comment prévenir au mieux l'apparition de maladies auto-immunes ?

Voici les principales recommandations, issues des dernières recherches, pour réduire le risque de développer des maladies auto-immunes :

  1. Veillez à une hydratation suffisante tout au long de la journée, en privilégiant une eau filtrée et dépolluée : pour limiter l’ingestion de substances indésirables et soutenir l’ensemble des fonctions métaboliques et immunitaires.

  2. Adopter une alimentation anti-inflammatoire : privilégiez les aliments riches en omégas-3 (petits poissons gras comme sardine et maquereau), en antioxydants (fruits rouges, baies, légumes colorés), en fibres (légumes, fruits, légumineuses) et en bonnes graisses (huile d’Olive extra vierge, Noix). Intégrez régulièrement des aliments fermentés (choucroute, kéfir, kombucha) pour soutenir la diversité du microbiote intestinal, un facteur clé dans la régulation du système immunitaire. Consommez régulièrement des légumes-feuilles et des Champignons pour leurs propriétés anti-inflammatoires et leur richesse en vitamines et minéraux.

  3. Couvrir les besoins en micronutriments essentiels : veillez à un apport suffisant en vitamines A, D, B, ainsi qu’en minéraux comme le Zinc, le Sélénium, le Fer et l’Iode, qui jouent tous un rôle dans la modulation de l’immunité. Privilégiez les sources naturelles : foie, œufs, poissons gras, fruits de mer, abats, fruits à coque, légumes variés. En cas de réduction des produits laitiers, compensez l’apport en Calcium par des aliments comme les sardines, les amandes, les légumes verts à feuilles.

  4. Favoriser la santé intestinale : protégez la barrière intestinale avec des aliments riches en fibres, en probiotiques et du bouillon d’os, qui apportent des acides aminés et du collagène bénéfiques pour les tissus et la paroi intestinale. Évitez les irritants intestinaux (excès de gluten, additifs, alcool, aliments ultra-transformés) pour limiter la perméabilité intestinale, facteur de risque de l’auto-immunité.

  5. Adopter un mode de vie globalement équilibré : pratiquez une activité physique régulière adaptée à vos capacités, domptez le stress, dormez suffisamment et évitez l’exposition aux toxines environnementales.

Précautions d'usage

Une bonne hygiène de vie peut aider à limiter les symptômes d'Hashimoto mais ne se substitue pas à un suivi médical. 

Conseil de l'expert

Les symptômes de l'hypothyroïdie d'Hashimoto n'apparaissent pas tous forcément en même temps et peuvent être confondus avec ceux d'autres troubles car ils ne sont pas spécifiques à cette maladie. C'est le cas par exemple pour la fatigue chronique qui peut avoir une multitude de causes (carences, anémie, stress, dépression...). C'est pourquoi, en cas de doute, il est recommandé de consulter un médecin qui pourra prescrire un bilan sanguin avec un dosage des hormones thyroïdiennes afin de pouvoir établir un diagnostic précis.

En savoir plus

Alimentation et hypothyroïdie : quel lien ?

L'alimentation peut jouer un rôle dans l'apparition des maladies auto-immunes, notamment si elle est industrielle, donc riche en additifs et carencée en vitamines et en minéraux. La consommation de certains aliments pro-inflammatoires est fortement déconseillées dans le cadre d'Hashimoto, car ils peuvent renforcer la perméabilité intestinale, l'un de ses facteurs déclencheurs. A contrario, la consommation de certains nutriments aux vertus anti-inflammatoires comme les omégas-3 peut aider, dans le cadre d'une bonne hygiène de vie globale.

Quels aliments privilégier en cas d'hypothyroïdie ?

Le métabolisme fonctionnant au ralenti, il est recommandé de privilégier une alimentation facile à digérer, comme les fruits et les légumes qui ont aussi l'avantage de contenir des vitamines et des minéraux. Ces apports en micro-nutriments peuvent être complétés par des oléagineux comme les Noix, les Amandes ou les Noisettes ou encore les Noix du Brésil, riches en Sélénium. 

L'Iode est-il interdit sous Hashimoto ?

Pas forcément, mais la prudence est de mise. En cas d’Hashimoto, un excès d’Iode peut parfois aggraver la réponse auto-immune. L’idéal est donc de ne jamais supplémenter sans bilan préalable, et de viser un apport modéré, régulier, issu de l’alimentation (poissons, algues, oeufs, etc.) plutôt que par compléments.

Zoom sur Christine Barris, Naturopathe, Sophrologue et formatrice

Après un Master en Management, puis une vingtaine d'années passées au sein d'entreprises renommées des secteurs des compléments alimentaires et des cosmétiques naturels, j'ai décidé de faire de ma passion, la nature, mon métier.

Je pratique à présent la naturopathie humaine et animale, ainsi que la sophrologie. Et j'accompagne de futurs naturopathes et sophrologues au sein de différentes écoles.

Bibliographie

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