Andropause chez l'homme : qu'est-ce que c'est ?

L’andropause chez l’homme demeure méconnue, souvent reléguée au second plan face à la ménopause féminine. Loin d’être un simple mythe, l’andropause est une réalité biologique qui mérite une attention particulière. Avec l’âge, de nombreux hommes constatent des changements physiques, émotionnels ou sexuels, sans toujours en comprendre l’origine. Loin d’être une fatalité, elle peut être reconnue, accompagnée et vécue sereinement, à condition d’en comprendre les mécanismes. Dans cet article, nous vous proposons un éclairage complet pour identifier les signes de l’andropause et adopter les bons réflexes au quotidien.

Par Stéphanie Catrysse
Mis à jour le 18/07/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce que l'andropause ?

L’andropause désigne la baisse progressive du taux de testostérone circulante chez l’homme, généralement à partir de 45-50 ans. Contrairement à la ménopause féminine, cette diminution hormonale n'est ni brutale ni systématique : il s’agit d’un processus lent, variable d’un individu à l’autre, qui s’inscrit dans le vieillissement naturel. On parle aussi de « déficit androgénique lié à l’âge » (DALA) ou d’« hypogonadisme partiel du sujet âgé ». La testostérone, hormone clé de la masculinité, influence non seulement la fonction sexuelle (libido, érections, production de spermatozoïdes), mais aussi la masse musculaire, la densité osseuse, l’énergie générale, l’humeur et les fonctions cognitives. Avec l’âge, sa production par les cellules de Leydig, situées dans les testicules, diminue progressivement. Cette baisse peut entraîner un ensemble de symptômes physiques, psychologiques et sexuels, parfois discrets, parfois plus marqués. Il est important de souligner que tous les hommes ne traversent pas l’andropause de la même façon : certains ne ressentiront que très peu de changements, tandis que d’autres seront plus affectés. La fertilité masculine, quant à elle, n’est pas systématiquement altérée, car la production de spermatozoïdes peut perdurer, même en cas d’andropause. L’andropause est donc un ralentissement endocrinien naturel, lié à l’âge, mais son impact sur la qualité de vie peut être important. Un diagnostic médical permet de mieux comprendre ce phénomène et d’envisager un accompagnement adapté si besoin.

Quelles en sont les causes ?

L’andropause résulte de plusieurs facteurs physiologiques, environnementaux et médicaux qui interagissent entre eux. Cette combinaison explique pourquoi certains hommes sont plus concernés que d’autres, et à des degrés variables. Les principales causes sont :

Le vieillissement naturel

C’est la cause principale de l’andropause. Dès l’âge de 30 ans, la production de testostérone commence à diminuer progressivement, à raison d’environ 1 % par an. Vers 50 ou 60 ans, ce déclin peut s’accentuer. Cette baisse s’explique notamment par une réduction de l’activité des cellules de Leydig, situées dans les testicules, qui répondent de moins en moins aux stimulations hormonales.

L’augmentation de la SHBG

Avec l’âge, le taux de SHBG (Sex Hormone Binding Globulin) augmente. Cette protéine de transport se lie à la testostérone, réduit alors la proportion de testostérone libre, c’est-à-dire biologiquement active. Ce phénomène aggrave le déficit androgénique, même si le taux total de testostérone peut paraître normal.

Les facteurs liés au mode de vie

Certains comportements ou habitudes peuvent favoriser ou aggraver la chute hormonale :

La sédentarité : le manque d’activité physique favorise la baisse du taux de testostérone.

Le surpoids et l’obésité abdominale : le tissu adipeux, notamment autour du ventre, transforme une partie de la testostérone en œstrogènes via l’enzyme aromatase, accentuant ainsi le déséquilibre hormonal.

La consommation excessive d’alcool : l’alcool agit à la fois sur le cerveau et les testicules, perturbant la production hormonale.

Le tabagisme : le tabac altère la fonction testiculaire et accélère le vieillissement cellulaire.

Le stress chronique : le cortisol, hormone du stress, inhibe la production de testostérone.

Le manque de sommeil : un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité accentue les perturbations hormonales.

Les pathologies chroniques

Certaines maladies métaboliques ou chroniques peuvent perturber l’équilibre hormonal ou amplifier les symptômes de l’andropause. C’est notamment le cas du diabète de type 2, du syndrome métabolique, de l’hypertension artérielle, de l’apnée du sommeil, ainsi que diverses affections hépatiques, rénales, prostatiques, auto-immunes ou infectieuses (comme le VIH ou le lupus).

Les traitements médicaux

Certains traitements médicaux peuvent contribuer à l’apparition de l’andropause. C’est le cas des opioïdes, des corticoïdes, de certains antidépresseurs, des antiépileptiques, de certains médicaments utilisés contre la chute de cheveux ou encore des traitements hormonaux prescrits dans le cadre du cancer de la prostate.

Les lésions testiculaires

Les lésions testiculaires, liées à un traumatisme ou à une chirurgie, peuvent également altérer durablement la capacité des testicules à produire des hormones.

Quels sont les symptômes de l'andropause chez l'homme ?

Les manifestations de l’andropause sont diverses, et leur intensité varie d’un homme à l’autre :

  • Diminution de la libido : baisse du désir sexuel, moins de pensées érotiques, perte d’intérêt pour la sexualité.

  • Altération de la fonction érectile et de la qualité des orgasmes : érections moins fréquentes, moins rigides et plus difficiles à maintenir ; orgasmes perçus comme moins intenses

  • Infertilité possible : bien que la production de spermatozoïdes puisse se poursuivre, la fertilité peut être réduite

  • Humeur instable, anxiété : Moins de tolérance au stress, irritabilité inhabituelle, sensation de déprime, voire d’anxiété persistante

  • Perte de confiance en soi, baisse de la motivation : diminution de l’élan vital, retrait progressif des initiatives personnelles ou professionnelles

  • Difficultés de concentration et mémoire moins performante : moins d’initiative, ralentissement intellectuel, difficultés à se concentrer ou à mémoriser des informations

  • Fatigue persistante, baisse d’énergie : sensation d’épuisement malgré un sommeil suffisant, baisse de l’endurance physique

  • Sommeil perturbé : difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, sommeil moins réparateur, parfois accompagné de sueurs nocturnes

  • Bouffées de chaleur (plus rares) : sensation soudaine de chaleur corporelle, parfois accompagnée de transpiration excessive

  • Augmentation de la masse grasse : surtout localisée au niveau abdominal, parfois associée à une gynécomastie (développement mammaire)

  • Réduction de la masse musculaire et du tonus : perte de force et de volume musculaire, même en cas d’activité physique régulière

  • Diminution de la pilosité : rareté de la barbe, diminution de la pilosité corporelle, chute de cheveux plus marquée

  • Fragilité osseuse accrue : baisse de la densité osseuse, risque accru d’ostéopénie ou d’ostéoporose

  • Réduction du volume testiculaire : les testicules peuvent perdre légèrement en volume, sans impact systématique sur la fertilité.

Bon à savoir : il est essentiel de rappeler que ces signes ne sont pas spécifiques à l’andropause : ils peuvent aussi être liés à d’autres pathologies ou au vieillissement général. Seule une évaluation médicale permet d’en identifier la cause exacte et de mettre en place une prise en charge adaptée.

Quelles recommandations ?

Lorsque les symptômes évoqués deviennent persistants ou affectent significativement la qualité de vie, il est essentiel de consulter un médecin, idéalement un généraliste, un endocrinologue ou un andrologue. Seul un professionnel de santé est en mesure de poser un diagnostic différentiel, d’écarter d’autres causes possibles (comme une dépression, un dysfonctionnement thyroïdien, un syndrome métabolique…) et de proposer une prise en charge adaptée.

Bilan médical recommandé

Un bilan complet est indispensable pour confirmer un déficit androgénique lié à l’âge. Il repose généralement sur les examens suivants : dosage de la testostérone totale et libre, réalisé le matin, à jeun, à deux reprises à un mois d’intervalle, dosage de la SHBG, de la LH et de la FSH, pour évaluer l’axe hypothalamo-hypophyso-testiculaire, bilan prostatique (toucher rectal, taux de PSA), bilan sanguin global : NFS, glycémie, cholestérol, triglycérides, fonctions hépatique et rénale et dosage complémentaire éventuel de la DHEA, de l’estradiol ou de la prolactine, selon les cas cliniques.

Traitements possibles

La substitution androgénique : dans les cas de déficit androgénique confirmé associé à des symptômes significatifs, une thérapie de substitution à la testostérone (TRT) peut être envisagée. Ce traitement vise à restaurer un taux hormonal adéquat et à soulager les troubles associés (fatigue, troubles sexuels, perte musculaire, etc.). Il doit cependant être prescrit avec discernement : la TRT n’est pas systématique et son rapport bénéfice/risque doit être évalué individuellement. Elle se présente sous différentes formes (gels transdermiques, injections, patchs…) et nécessite un suivi médical rigoureux en raison de ses nombreuses contre-indications (cancer de la prostate, apnée du sommeil sévère, insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale avancée).

Les alternatives à la TRT : dans les cas légers, des mesures hygiéno-diététiques (nutrition, phytothérapie, activité physique ciblée) peuvent parfois suffire à améliorer le confort et la vitalité, sans recourir d’emblée à la substitution hormonale.

Comment prévenir l'andropause et prendre soin de soi ?

Bien que le déclin hormonal lié à l’âge soit inévitable, il est tout à fait possible d’en freiner les effets et d’en atténuer les conséquences grâce à une hygiène de vie adaptée. Nos 10 conseils ci-dessous :

  1. Pratiquez une activité physique régulière : l’exercice (musculation, marche rapide, natation…) stimule la production de testostérone, renforce la masse musculaire et limite la prise de poids

  2. Adoptez une alimentation riche en bons acides gras et en micronutriments : le Zinc, le Magnésium, les omégas-3, les vitamines B6, D et E soutiennent l’équilibre hormonal. Privilégiez les fruits, légumes, protéines maigres, poissons riches en oméga-3 (saumon, sardines, maquereau), fruits de mer, œufs, oléagineux, graines de lin, huiles végétales (colza, olive). Évitez les aliments ultra-transformés, trop salés ou sucrés

  3. Gérez le stress au quotidien : la méditation, la cohérence cardiaque, la respiration consciente, le yoga ou les activités créatives contribuent à réduire le cortisol, hormone qui inhibe la testostérone

  4. Maintenez un poids santé : l’excès de graisse abdominale favorise le déséquilibre hormonal. Une alimentation équilibrée et une activité physique régulière sont vos meilleurs alliés

  5. Priorisez un sommeil de qualité : le sommeil profond favorise la sécrétion nocturne de testostérone. Visez 6 à 8 heures de sommeil par nuit, dans des conditions propices à la récupération

  6. Réduisez votre exposition aux toxines environnementales : privilégiez les produits biologiques, limitez l’usage de plastiques, solvants, pesticides ou cosmétiques contenant des perturbateurs endocriniens

  7. Limitez votre consommation d’alcool et de tabac : ces substances affectent directement la production hormonale et accélèrent le vieillissement

  8. Entretenez une vie sexuelle épanouie : une sexualité régulière, épanouie et adaptée soutient la libido et participe au maintien du bien-être général

  9. Consultez régulièrement votre médecin : un suivi médical permet de dépister précocement d’éventuels déséquilibres ou pathologies associées

  10. Faites surveiller régulièrement vos apports en micronutriments : avec l’âge, l’absorption intestinale de certains nutriments diminue. Un bilan biologique ciblé peut permettre de corriger des déficits subtils (Zinc, Fer, Magnésium, Vitamine D…) qui impactent la fonction hormonale.

Précautions d'usage

Avant d’entreprendre toute démarche de supplémentation ou de traitement naturel, il est indispensable de consulter un professionnel de santé. Certaines plantes adaptogènes ou compléments peuvent interagir avec des traitements médicamenteux ou aggraver certaines pathologies. Un suivi médical est toujours nécessaire en cas de symptôme persistant ou d’automédication prolongée.

Conseil de l'expert

Si vous sentez que quelque chose a changé sans pouvoir mettre de mots dessus, ne minimisez pas ces ressentis. L’andropause n’est pas un tabou ni une faiblesse. Échanger librement avec un professionnel de santé peut vous aider à y voir plus clair, poser un diagnostic et retrouver équilibre et vitalité.

En savoir plus

Andropause : combien de temps ça dure ?

La durée varie d’un homme à l’autre, mais les symptômes peuvent s’étendre sur plusieurs années, souvent entre 5 et 10 ans, avec une évolution progressive.

Qu'est-ce qui change à 50 ans chez un homme ?

À partir de 50 ans, nous pouvons observer une diminution de la testostérone, une baisse de la vitalité, des changements dans la composition corporelle et parfois des troubles sexuels ou de l’humeur.

Quel est l'âge moyen pour l'andropause ?

L’andropause débute en moyenne entre 45 et 55 ans, mais certains hommes peuvent en ressentir les effets plus tôt ou plus tard.

Zoom sur notre rédactrice Naturopathe, Stéphanie Catrysse

Stéphanie Catrysse est naturopathe (certifiée par la FENA), praticienne en massage bien-être et drainage lymphatique et conseillère en développement personnel. 

Passionnée de médecine douce, elle exerce avec une approche holistique de la santé.

Bibliographie

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