Depuis des millénaires, les hommes utilisent les plantes pour leurs bienfaits thérapeutiques. La phytothérapie est l’art d’utiliser les végétaux pour leurs propriétés anti-infectieuses, anti-inflammatoires, antispasmodiques, antalgiques et antipyrétiques. Une alternative à l’utilisation de médicaments qui intéresse les scientifiques depuis ces dernières années.
Bien comprendre ce qu’est la phytothérapie
Le terme "phytothérapie" dérive du grec, où "phyton" signifie "plante" et "therapeia" signifie "traitement". Ainsi, la phytothérapie se définit comme l'utilisation des plantes dans le traitement des maladies. La phytothérapie implique l'utilisation des plantes dans le but de traiter ou prévenir les maladies, en utilisant diverses parties telles que les feuilles, les fleurs, les racines, ou la plante entière. Ces plantes peuvent être spontanées ou cultivées, mais il est essentiel de respecter les conditions réglementaires de culture. Les plantes sont utilisées de différentes manières, soit par ingestion interne, soit par application externe, à travers des formes telles que tisanes, gélules, alcoolats, teintures, ou extraits.
Les plantes contiennent une diversité de constituants qui interagissent de manière synergique, formant le totum de la plante, contrairement à l'allo-thérapie qui se concentre en grande quantité sur une ou quelques molécules. À noter que depuis 1987, l'Académie de médecine reconnaît pleinement la phytothérapie. Il est crucial de ne pas confondre cette pratique avec la phytopharmacie, qui englobe l'ensemble des substances employées pour traiter les plantes, telles que les pesticides, fongicides, herbicides et insecticides.
Phytothérapie vs homéopathie, quelles différences ?
La distinction entre la phytothérapie et l'homéopathie est souvent mal interprétée, et quelques différences notables méritent d'être soulignées. La phytothérapie, existant depuis des millénaires, se base sur l'utilisation des plantes à des fins alimentaires et médicinales, tandis que l'homéopathie a été introduite par Hahnemann il y a environ deux cents ans. De plus, la phytothérapie se limite au règne végétal, tandis que l'homéopathie utilise également les règnes animal, minéral et végétal.
En termes de posologie, la phytothérapie utilise des mesures courantes telles que les centigrammes et les grammes, alors que l'homéopathie recourt à des doses infinitésimales, qualifiées d'"homéopathiques". Dans l'approche du patient, le phytothérapeute adopte une approche classique, mettant l'accent sur le terrain (soigner l'ensemble plutôt qu'un symptôme isolé), tandis que l'homéopathie a une approche du patient très différente.
Finalement, tandis que l'homéopathie a suscité des réserves de l'Académie de médecine, la phytothérapie et la diététique ont été considérées comme des composantes intégrales et indiscutées de la thérapeutique depuis toujours.
La phytothérapie au fil des siècles
La phytothérapie est loin d’être une technique moderne. Il y a 60 000 ans, les hommes de Néandertal utilisaient déjà les plantes, et les chamans ont joué un rôle crucial dans l'acquisition, l'apprentissage de l'utilisation, et la transmission des connaissances sur les plantes au cours de l'évolution d'Homo Sapiens. Les plantes étaient largement employées pour l'alimentation, la gestion de certaines maladies, et même pour atteindre des états plus spirituels.
Par la suite, les Grecs avec des figures telles qu'Hippocrate, Aristote, Théophraste, Galien, Dioscoride, et les Romains ont contribué à l'enseignement de l'art du traitement par les plantes, répertoriant plus de 500 plantes médicinales. En 529, le pape Grégoire le Grand interdit l'enseignement de la médecine par les plantes en France. Ce n'est que vers le début du IXe siècle que le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, et l'Espagne, notamment avec l'université de Cordoue, ont repris l'enseignement de ces connaissances. Au début du XIXe siècle, des composés tels que la morphine, la strychnine, et la quinine ont été isolés respectivement de l'opium, de la noix vomique, et de l'écorce de quinquina. Actuellement, certaines civilisations (chinoise, ayurvédique, arabe, tibétaine, indienne, etc.) continuent de s'appuyer sur ces systèmes thérapeutiques ancestraux, reconnus pour leur coût moindre.
Phytothérapie : comment sont utilisées les plantes ?
Les méthodes d'utilisation des plantes varient en fonction de leur prescription, que ce soit par voie interne (absorption orale, gargarisme, bains de bouche) ou externe (cataplasme, lotion, bain, injection dans les cavités naturelles, fumigation).
Les principaux principes d'extraction des éléments actifs sont les suivants :
L'infusion, qui utilise l'eau pour solubiliser les sels minéraux, pectines, mucilages et alcaloïdes. L'extraction se fait en mettant en contact de l'eau chaude portée à ébullition avec des plantes sèches ou fraîches, suivie d'un refroidissement spontané. Les plantes plus ligneuses nécessitent un temps d'infusion prolongé.
La décoction, consistant à faire bouillir les plantes, est appliquée aux écorces, racines, tiges et fruits. Le temps d'ébullition varie généralement de 10 à 30 minutes.
La fumigation utilise les vapeurs ou fumées issues de l'ébullition ou de la combustion des plantes.
La teinture est obtenue en laissant macérer les plantes dans de l'alcool à 95° (éthanol) pendant trois semaines, suivi de décantation, pression et filtrage.
Les extraits fluides classiques ou glycérinés sont obtenus par extraction des principes actifs dans des mélanges successifs d'alcool à concentrations croissantes, puis ils sont éventuellement remis dans une solution neutre glycérinée.
Les gélules, une forme récente, sont composées d'enveloppes 100% végétales permettant une concentration élevée de produits actifs. Cependant, la quantité de plante dans une gélule est limitée à 500/750 mg de plante séchée, pouvant nécessiter la prise d'un nombre important de gélules.
Les poudres sont obtenues par séchage et broyage. La qualité du broyage, effectué par marteau, ciseau ou disque, est cruciale pour assurer une poudre fine de qualité.
Nous vous déconseillons de consommer vous-mêmes les plantes sous l’une de ces formes sans avoir demandé conseil au préalable à un professionnel de santé.
La phytothérapie : les deux différents types
La phytothérapie se divise en deux catégories distinctes. Voici leurs différentes :
La phytothérapie traditionnelle est une approche qui vise à traiter les symptômes d'une affection en se basant sur l'utilisation empirique de plantes aux vertus découvertes au fil du temps. Elle est souvent ancienne et offre des solutions pour divers maux, allant des troubles psychosomatiques légers aux problèmes hépatobiliaires.
La phytothérapie clinique quant à elle adopte une approche médicale centrée sur le patient plutôt que sur la maladie. Cette approche à long terme agit sur le système neuro-végétatif et complète ou renforce l'efficacité des traitements conventionnels pour des pathologies aiguës d'importance modérée.
Quelles sont les raisons du succès de la phytothérapie ?
La phytothérapie ne doit pas être perçue comme marginale. Les praticiens de la phytothérapie, tout en ayant la possibilité de recourir à des molécules de synthèse au besoin, préfèrent souvent choisir la phytothérapie en raison de son efficacité équivalente et de son impact réduit sur les effets secondaires. Cette approche étend considérablement le champ d'efficacité du médecin phytothérapeute, agissant sur un large éventail de conditions, des affections fonctionnelles aux maladies organiques, seul ou en association avec l'allopathie. La phytothérapie offre une polyvalence thérapeutique incomparable, agissant à la fois sur les grands équilibres physiologiques et sur des organes spécifiques, tout en tenant compte du patient dans sa globalité. L'avantage majeur de la phytothérapie réside dans la tolérance exceptionnelle des plantes médicinales, évitant ainsi les effets secondaires et les problèmes associés aux médicaments synthétiques. La modernité de la phytothérapie repose sur les avancées scientifiques, la standardisation des extraits actifs conduisant aux phytomédicaments, et la réglementation rigoureuse régissant leur mise sur le marché. Cependant, il est crucial de reconnaître que la phytothérapie, loin d'être anodine, nécessite une connaissance approfondie de la matière médicale pour une utilisation thérapeutique appropriée.
Gipsy est diplômée de l’ESJ Paris. Après 10 ans d’expérience en presse généraliste et féminine, elle a décidé de s’orienter vers l’écriture de sujets santé et bien-être. Une certification de yin yoga en poche, elle marie désormais habilement la plume à son tapis de yoga. Son objectif va bien au-delà des simples mots. Son engagement est profond : aider les lecteurs à intégrer au quotidien de petites astuces qui les aident à prendre soin d'eux-mêmes et de leur environnement. Chaque mot est une invitation à adopter un mode de vie équilibré et épanouissant.
Article publié le 22 novembre 2023
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LA PHYTOTHERAPIE
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/091e4a8f17aa064d00ee3520841c3099.pdf
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Phytothérapie – Principes généraux
https://www.cairn.info/revue-hegel-2015-1-page-29.htm
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TES MÉDICINALES ET FORMES PLANTES MÉDICINALES ET FORMES D’UTILISATION EN PHYTOTHÉRAPIE
https://docnum.univ-lorraine.fr/public/SCDPHA_T_2010_CHABRIER_JEAN_YVES.pdf