À court terme, la sensation de faim semble être principalement contrôlée par l’intestin qui sécrète diverses hormones : la ghréline est sécrétée par l’estomac en réponse au jeûne et augmente l’appétit, le peptide YY est sécrété par l’iléon et le côlon en réponse à la consommation alimentaire et réduit l’appétit, l’insuline est sécrétée par le pancréas en réponse à l’hyperglycémie et supprime également l’appétit (pour ne citer que les principales). Les études montrent qu'à long terme, l’appétit peut être contrôlé par la composition du corps : par exemple, la leptine sécrétée par les cellules graisseuses inhibe l'appétit. Pour autant, le mécanisme de la faim est complexe, car de simples signaux de « plaisir », comme l'odeur d'un plat ou son aspect, peuvent venir perturber ces sécrétions hormonales. La machinerie est encore bien complexe, et la science investigue encore sur le sujet.
Perte d'appétit : comment le retrouver ?
Le manque d'appétit peut être une situation temporaire en cas de stress, d'infection passagère ou de troubles digestifs. Quand la perte d'appétit s'installe, les conséquences peuvent avoir un impact négatif sur le métabolisme ou le bien-être. Tour d'horizon sur ce qu'est la perte d'appétit et comment le retrouver.

Qu'est-ce que la perte d'appétit ?
Le terme médical le plus approprié pour désigner un manque ou une diminution de l’appétit est hyporéxie. Quand l’absence d’appétit est totale, on parle parfois d’anorexie. L’hyporéxie quant à elle correspond à une envie diminuée de manger ou à une sensation de faim réduite, sans nécessairement de refus conscient de s’alimenter.
Comment se manifeste-t-elle ?
La perte d’appétit peut se manifester de différentes façons selon les personnes et les contextes. Parmi les manifestations typiques :
Absence ou diminution temporaire de la sensation de faim.
Impression de satiété très rapide.
Dégoût ou écœurement à l’idée de manger.
Manque d'intérêt pour la nourriture.
Quelles sont les causes possibles ?
Du point de vue physiologique, l’appétit et l’équilibre alimentaire sont régulés par un réseau complexe impliquant le système nerveux central (notamment l’hypothalamus), des hormones (comme la ghréline, l'insuline, la leptine, le peptide YY), et des signaux venant du tube digestif. Mais l’hyporéxie peut avoir des origines très variées, d'ordre physiologiques en effet, mais également d'ordre psychologique ou liées à des pathologies.
Lors d'infections aiguës ou chroniques : quand nous sommes malades, il n'est pas rare de ne pas avoir l’appétit, en particulier en cas d'infections digestives.
Troubles digestifs : les troubles intestinaux, inflammations, reflux, douleurs abdominales, troubles digestifs chroniques, constipation ... mettent à rude épreuve notre système digestif, ce qui peut couper facilement la sensation de fin.
Problèmes dentaires : avoir mal aux dents ou aux gencives peut rendre la mastication douloureuse, et alors décourager l'envie de manger.
Dérèglement hormonal ou métabolique : un déséquilibre des hormones régulatrices de la faim et de la satiété (en particulier la leptine et la ghréline) peuvent perturber l'appétit.
Facteurs psychologiques : stress, anxiété, dépression ou état émotionnel perturbé peuvent diminuer l’envie de manger.
Âge avancé : chez les personnes âgées, l’appétit peut diminuer naturellement.
Effets secondaires de médicaments ou traitements : certains traitements médicaux peuvent altérer l’appétit.
Conditions particulières (manque d’oxygène, altitude, etc.) : certaines recherches indiquent qu’une exposition à l’hypoxie peut réduire l’appétit, possiblement via des effets sur des hormones de l’appétit.
Quelles sont les conséquences associées ?
La perte d’appétit peut avoir des conséquences métaboliques, psychologiques et sociales. Elles sont très liées à la cause de l'hyporéxie et à sa durée :
Perte de poids involontaire : elle peut même être rapide si l’hyporéxie dure.
Fatigue, faiblesse : une baisse d’énergie, une perte de force musculaire peuvent se faire ressentir du fait de la pauvreté d'apport en vitamines, minéraux, protéines, acides gras ...
Risque de carences : un manque d'apport en vitamines, minéraux, protéines... peut affecter le système immunitaire et l'état de santé en général.
Troubles digestifs : quand on mange moins, qu'on grignote, l'estomac tourne à vide ce qui peut avoir pour conséquence des troubles du transit.
Impact sur la santé mentale : la perte d'appétit est souvent associée à des troubles de l'humeur et à un brouillard mental, du fait du manque de nutriments.
Isolement : un repas se partage et perdre l'envie de manger coupe progressivement le lien social (aller au restaurant, être invité à diner chez des amis, aller à des déjeuners professionnels, des afterworks, etc) ce qui peut affecter la qualité de vie globale.
Déshydratation possible : les personnes qui s'alimentent moins peuvent également avoir tendance à moins boire, comme c'est souvent le cas chez les personnes âgées. Il faut être très vigilant au manque d'hydratation, pouvant avoir des conséquences délétères rapides sur l'état de santé.
Lorsque la perte d’appétit se prolonge, il est indispensable et urgent de consulter un médecin.
Quelles sont les recommandations ?
Si la perte d’appétit est passagère et survient dans un contexte connu (rhume, stress, période de fatigue…), il suffit généralement de garder une alimentation légère, privilégier des repas simples, fractionnés, et faciles à digérer.
En cas de perte d’appétit persistante, inexpliquée ou accompagnée de perte de poids importante, de fatigue, de malnutrition, consulter un médecin doit être fait dans les meilleurs délais.
Il sera important de corriger la cause identifiée (infection, trouble digestif, stress intense), et de combler les carences générées par l'hyporéxie.
Le recours à des compléments alimentaires bien ciblés, voire éventuellement à des régimes enrichis peut être envisagé.
Comment retrouver naturellement l'appétit ?
Voici quelques conseils hygiéno-diététiques pouvant aider à stimuler l’appétit, en l’absence de cause pathologique grave :
Optez pour des repas peu copieux, mais plus fréquents : fractionner l’alimentation (5–6 petits repas par jour) plutôt que 2 ou 3 gros repas. Cette façon de s'alimenter limite les nausées et peut-être plus facile à tolérer si l’appétit est faible.
Choisissez des aliments appétissants, variés, faciles à digérer : misez sur ce qui vous fait plaisir et ce qui pourrait éveiller votre appétit (odeur, aspect visuel).
Pensez à maintenir une hydratation suffisante : en plus d'hydrater votre corps, elle hydrate votre bouche. En effet, une bouche sèche n'encourage pas à manger (surtout chez les personnes âgées).
Continuez à vous activer : même si vous vous sentez fatigué, maintenir une activité physique adaptée (même modérée) est primordial pour votre équilibre. Elle pourrait en plus stimuler votre appétit.
Chouchoutez votre sommeil : des perturbations comme la fatigue, le stress ou le manque de sommeil peuvent altérer les signaux de faim. Hormones du sommeil, du bien-être et de la faim (ghréline, leptine, insuline, sérotonine) sont très liées et un bon équilibre global peut favoriser une régulation normale.
Créez un environnement agréable autour des repas : manger dans un cadre plaisant, sans stress, varier les textures et les saveurs, prendre le temps, éviter les distractions. Parfois le contexte influe énormément sur l’appétit, comme c'est le cas en mangeant devant son ordinateur au travail entre midi et deux !
Consultez un professionnel de santé : les recommandations précédentes sont généralement celles retenues en première ligne. Mais si vous constatez une perte de poids, d’énergie, ou des troubles digestifs ou psychologiques qui s'accentuent, consultez rapidement votre médecin traitant.
Conseil de l'expert
L'hyporéxie est fréquente chez les personnes âgées (15% à 30% d'entre elles) et peut avoir des conséquences lourdes sur leur état de santé. Voici quelques conseils simples pour leur redonner l'envie de s'alimenter : les encourager à boire régulièrement, car beaucoup de personnes âgées ont la bouche sèche, ce qui les empêche de déglutir correctement. Maintenir une bonne hygiène buccale et traiter la constipation si elle est présente sont deux choses essentielles. Si la personne a l'odorat ou le goût altéré, l’appétit peut être amélioré en rehaussant la saveur des aliments. L’ajout de sel et de sucre supplémentaires n’est pas recommandé, mais le poivre, les herbes et les épices peuvent tous être utilisés en toute sécurité selon les préférences personnelles.
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Quels sont les mécanismes de la sensation de faim ?

Quels sont les mécanismes de la sensation de faim ?
Quels sont les mécanismes de la sensation de faim ?

Comment expliquer la perte d'appétit chez les personnes âgées ?

Comment expliquer la perte d'appétit chez les personnes âgées ?
Comment expliquer la perte d'appétit chez les personnes âgées ?
Les modifications du système digestif sont une première explication : une mauvaise dentition ou le port de dentiers les empêchant de bien mâcher ; une détérioration de leur santé bucco-dentaire réduisant le goût, une vidange gastrique plus lente prolongeant la sensation de satiété, la constipation ralentissant la digestion, ou une production de salive amoindrie sont autant de causes qui concourent à une perte d'appétit.
Le métabolisme général des personnes âgées est également au ralenti : les niveaux de certaines hormones impliquées dans le contrôle de l’appétit sont dérégulés, les douleurs, les modifications de l’odorat, du goût et de la vision, ainsi qu’une diminution du besoin d’énergie sont également en cause.

Quel lien entre perte d'appétit et nausées ?

Quel lien entre perte d'appétit et nausées ?
Quel lien entre perte d'appétit et nausées ?
La nausée crée uninconfort digestif qui rend la perspective de manger désagréable. Au niveau neuronal, il existe des circuits cérébraux qui « coupent » l’appétit en cas de nausée : l’organisme interprète la nausée comme un signal d’alerte. Une étude de 2024 (Ding, Wenyu et al.) prouve l’existence d’un circuit cérébral spécifique reliant la nausée à la suppression de l’appétit, distinct de celui de la satiété normale.
Bibliographie
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Ding, Wenyu et al. Nausea-induced suppression of feeding is mediated by central amygdala Dlk1-expressing neurones Cell Reports, Volume 43, Issue 4, 113990 April 23, 2024.













