Mycose qui ne part pas malgré traitement : comprendre pourquoi

Vous suivez un traitement antifongique prescrit par votre médecin et pourtant votre mycose ne part toujours pas ? C'est une situation frustrante qui touche bon nombre de personnes et peut avoir plusieurs explications possibles. Une mycose récalcitrante nécessite une approche différente et une compréhension des mécanismes qui permettent aux champignons de résister aux traitements classiques. Dans cet article,  retrouvez les causes de cette persistance et nos conseils pour retrouver un équilibre durable.

Par Guillaume Renaud
Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce qu'une mycose persistante ?

Une mycose persistante est une infection fongique qui résiste au traitement initial ou qui récidive rapidement après un traitement qui a semblé efficace. Pour qu'une mycose soit qualifiée de résistante, il faut qu'elle ne disparaisse pas après 4 à 6 semaines de traitement bien exécuté ou qu'elle réapparaisse dans les 3 mois suivants.

Cette résistance peut concerner différents types de mycoses. On retrouve des mycoses cutanées comme le pied d'athlète, l'onychomycose ou encore des mycoses de la bouche ou des candidoses vaginales récidivantes.

Chaque localisation présente ses propres défis thérapeutiques et ses facteurs de résistance spécifiques. Une mycose qui ne part pas malgré un traitement adapté est le résultat d'une association de facteurs comprenant d'une part la mise en cause de certaines souches particulièrement résistantes aux antifongiques, que ce soit par mutation génétique ou adaptation métabolique des levures, et d’autre part des facteurs environnementaux locaux qui restent favorables à la prolifération fongique. Cela crée un cercle vicieux où l'infection persiste ou récidive.

Les statistiques indiquent que 10 à 20 % des mycoses ne répondent pas favorablement à la mise en place d'un traitement. Et dans le cadre des candidoses vaginales, ce ne sont pas moins de 30 % des cas qui récidivent au bout de trois mois après une guérison temporaire. Ces chiffres soulignent l'importance d'une bonne compréhension des mécanismes de résistance de ces levures pour adapter la prise en charge.

La notion de biofilm est majeure dans la prise en charge des mycoses persistantes. On utilise le terme de biofilm pour désigner l'ensemble des micro-organismes (bactéries, champignons, levures, etc.) qui sont présents à la surface de notre organisme (notre peau, nos muqueuses, mais également l'intérieur des organes comme le tube digestif), lequel est peuplé lui aussi de micro-organismes.

Lorsque l'équilibre du biofilm est sain, il reste stable. Mais des facteurs externes et internes liés à notre mode de vie peuvent venir fragiliser cet équilibre et favoriser l'émergence de pathologies ou la survie des champignons (mycoses).

Contrairement aux mycoses aiguës qui répondent bien aux traitements, les mycoses résistantes nécessitent une prise en charge globale nécessitant non seulement le traitement de la mycose, mais également des actions pour restaurer la flore locale qui joue sur la persistance du champignon.

Pourquoi une mycose ne part pas malgré un traitement ?

Comme nous l'avons évoqué, une mycose persistante est le résultat d'un ensemble de facteurs qui, seuls ou combinés, expliquent l'échec d'un traitement antifongique classique.

Les erreurs thérapeutiques

De nombreux patients interrompent leurs traitements. Et c'est humain : dès que les symptômes s'améliorent, il est tentant d'arrêter le traitement qui peut être parfois contraignant selon la localisation de la mycose. Mais malheureusement, une interruption prématurée du traitement permet aux champignons survivants de coloniser à nouveau la zone concernée et de développer une future résistance.

Dans d'autres cas, on observe un sous-dosage des molécules prescrites, ce qui limite l'efficacité du traitement.

La résistance microbienne

Les champignons et les bactéries peuvent développer des mécanismes de résistance aux antifongiques. Cette résistance se développe notamment lors de traitements répétés ou inadaptés. Certaines souches de Candida albicans présentent ainsi une résistance naturelle ou acquise aux azolés, une famille d'antifongiques couramment utilisés.

Lorsque le champignon est soumis à une faible quantité de médicament, il est attaqué par celui-ci, mais développe une résistance due à sa capacité d’adaptation. Ainsi, lors du prochain traitement, le champignon sera moins impacté si c'est la même molécule qui est utilisée. C'est le principe de la sélection naturelle des micro-organismes.

Enfin, le biofilm, présent au niveau de la peau, peut également jouer un rôle de bouclier pour les champignons. Cette structure devient protectrice pour les champignons, leur permettant de survivre et de résister dans un environnement hostile. Le biofilm limite la pénétration des traitements et facilite la communication entre les micro-organismes.

Les facteurs favorisants

L'environnement local joue un rôle déterminant dans la persistance des mycoses. Un pH déséquilibré, une humidité excessive, une irritation chronique ou une mauvaise circulation sanguine sont autant de facteurs locaux qui peuvent favoriser la persistance des champignons.

Des troubles immunitaires, même minimes, peuvent compromettre l'efficacité des traitements. Le stress chronique, la fatigue persistante et certaines carences nutritionnelles ou des pathologies sous-jacentes comme le diabète affaiblissent le système immunitaire et permettent aux mycoses de résister facilement.

Des infections répétées

Dans certains cas, il ne s'agit pas de résistance au traitement, mais de réinfections successives. C'est particulièrement le cas dans les mycoses des ongles de pieds récidivantes. C'est principalement dû à l'environnement qui reste contaminé (chaussures, chaussettes).

Dans le cas d’une mycose génitale persistante malgré un traitement, il est possible que la cause soit liée à des partenaires sexuels non traités, pouvant entraîner des réinfections.

Il est également essentiel de considérer les risques de contaminations croisées entre différentes zones du corps. Par exemple, une mycose localisée sur les mains peut contaminer à nouveau les pieds déjà traités, créant ainsi un cercle vicieux difficile à interrompre.

Les causes hormonales

Les fluctuations hormonales, notamment chez les femmes, peuvent favoriser la récidive des mycoses vaginales. On parle par exemple de mycose vulvaire qui ne part pas malgré un traitement initial efficace. Sont en cause les périodes prémenstruelles, la grossesse ou encore la ménopause, qui bouleversent le système hormonal, modifient l'équilibre local et créent un terrain favorable aux récidives.

Ces variations hormonales influencent le pH vaginal, la composition de la flore locale et l'immunité des muqueuses. Autant de facteurs qui peuvent expliquer pourquoi une mycose persiste malgré un traitement.

Quels sont les symptômes associés à une mycose persistante ?

Les symptômes d'une mycose persistante diffèrent souvent de ceux d'une infection dite aiguë. Ils se caractérisent par leur nature chronique et leur résistance aux traitements habituels.

Des démangeaisons tenaces : C'est le principal symptôme. Contrairement aux mycoses classiques où les démangeaisons diminuent rapidement sous traitement, les formes persistantes se traduisent par un prurit constant qui peut s'intensifier lors des traitements médicamenteux prescrits par votre médecin. Cette sensation peut devenir obsédante et perturber la qualité de vie du patient.

Une inflammation chronique : On observe une rougeur persistante, elle est souvent moins vive que lors des poussées aiguës, mais constante.

Des symptômes fluctuants : Contrairement aux infections aiguës qui évoluent de manière classique jusqu'à la guérison, les formes chroniques alternent entre phase de poussée et phase d'amélioration. L'évolution en dent de scie rend le diagnostic difficile et peut également décourager les patients dans la poursuite d'un traitement adapté.

Un épaississement des tissus : C'est un symptôme qui apparaît assez tardivement. La peau peut s'épaissir et se fissurer ou présenter des zones d'hyperpigmentation due à la mycose. Par exemple, une onychomycose qui ne part pas malgré un traitement va s'épaissir, se déformer, ce qui rend l'efficacité des traitements encore plus limitée.

Une extension progressive : Cela constitue l'un des signes d'alarme de la mycose récalcitrante. Les formes persistantes ont tendance à s'étendre aux zones adjacentes, signe que le système immunitaire ne parvient pas à lutter contre la prolifération des champignons.

Une surinfection bactérienne : C'est l'un des risques majeurs en cas de mycoses récidivantes. Le grattage chronique associé à l'inflammation crée des brèches dans la barrière cutanée, ce qui favorise la pénétration d'agents pathogènes. Cela se manifeste le plus souvent par l'apparition de pus, une odeur nauséabonde ou encore une aggravation de la douleur.

Un impact psychologique : La chronicité des symptômes associée à un échec des traitements mis en place avec le médecin peut avoir un impact émotionnel non négligeable chez le patient. Cette dimension psychologique fragilise le système immunitaire, ce qui peut entretenir la persistance de l'infection. Nous insistons sur le fait qu'il est important de se rapprocher de son médecin pour assurer un suivi adapté et mettre en place une thérapeutique efficace avec lui.

Pour des formes sévères et selon la durée de la persistance, d'autres symptômes généraux peuvent apparaître. On observe par exemple une fatigue qui peut devenir chronique, des troubles digestifs, des maux de tête récurrents ou une irritabilité due à l'échec thérapeutique répétée et aux symptômes invalidants comme le prurit.

Quelles recommandations en cas de mycose qui ne part pas malgré un traitement ?

Face à une mycose persistante, il est essentiel de consulter rapidement votre médecin pour réévaluer la situation. Cette consultation permet de confirmer le diagnostic, d'identifier d'éventuelles résistances et d'adapter la stratégie thérapeutique. Selon le besoin, le médecin peut effectuer des prélèvements pour un diagnostic plus précis et la mise en place de solutions plus efficaces selon votre situation.

Comment prévenir l'apparition d'une mycose persistante

La prévention des mycoses persistantes repose sur une approche globale combinant mesures d'hygiène, renforcement de l'immunité et correction des facteurs de risque.

  1. Respectez la prescription médicale : Il est important de suivre les recommandations de votre médecin, que ce soit sur la quantité ou sur la durée du traitement. Même si les symptômes disparaissent avant la fin de la période prescrite, un arrêt précoce pourrait engendrer une récidive dans les semaines qui suivent et favoriser la résistance du champignon aux molécules habituellement efficaces.

  2. Maintenez un environnement défavorable : Gardez les zones à risques propres et sèches. Pour les pieds par exemple, n'hésitez pas à alterner les paires de chaussures d'une journée à l'autre pour permettre un séchage complet. Privilégiez des vêtements et sous-vêtements en coton pour limiter la transpiration due aux matières synthétiques. Utilisez des sprays adaptés pour nettoyer régulièrement l'intérieur de vos chaussures. Vous pouvez également réaliser des bains de pieds en cas de mycose pour assainir la peau et prévenir le risque de développement de champignons.

  3. Renforcez votre immunité : C'est l'une des bases de la prévention des mycoses. Renforcez votre immunité, que ce soit par le biais de l'alimentation ou en intégrant des compléments alimentaires comme le zinc ou la vitamine D. Ce sont deux solutions complémentaires pour soutenir le système immunitaire en période de fatigue, laquelle peut impacter à la baisse vos défenses immunitaires.

  4. Gérez les facteurs de risque : Identifiez vos facteurs de risque avec votre médecin pour agir plus facilement sur ce terrain. Par exemple, chez les personnes diabétiques, il est important de maintenir un taux glycémique équilibré. En cas de prises d'antibiotiques, compensez par la mise en place d'une alimentation riche en probiotiques ou par la prise de compléments alimentaires adaptés. Nous vous recommandons de faire une cure adaptée à vos besoins.

  5. Surveillez les signes de récidives : Inspectez régulièrement les zones précédemment infectées et consultez dès l'apparition des premiers symptômes. Un traitement précoce permettra de limiter les risques d'installation d'une forme chronique résistante.

  6. Adoptez une hygiène adaptée : Utilisez des savons doux sans agents irritants, séchez soigneusement les plis cutanés après la toilette et évitez le partage d'objets personnels (serviettes, chaussures, accessoires de manucure).

  7. Traitez l'entourage si nécessaire : Avec l'accord de votre médecin, selon la situation, il est parfois nécessaire de traiter également l'entourage. Cela peut être le cas par exemple d'une mycose vulvaire récidivante, parfois parce que le compagnon n'a pas été traité également. Ce sera à votre médecin d'en déterminer la nécessité et la molécule adaptée.

Précaution d'usage

Il est important de ne jamais interrompre un traitement antifongique sans avis médical, même en cas d'amélioration des symptômes. Cette interruption prématurée favorise les résistances et les récidives. En cas de mycose persistante, évitez l'automédication et consultez votre médecin pour une réévaluation complète de votre situation.

Conseil de l'expert

Une mycose qui persiste malgré les traitements doit vous alerter sur l'état de votre terrain. Cette résistance traduit souvent un déséquilibre plus profond qu'il convient d'identifier et de corriger. N'hésitez pas à tenir un journal de vos symptômes et des facteurs déclenchant pour aider votre médecin à adapter la prise en charge. Parfois, un changement d'approche, l'association de plusieurs traitements ou la correction de carences nutritionnelles permettent de venir à bout d'infections récalcitrantes. La patience et la persévérance sont essentielles : les mycoses chroniques nécessitent souvent plusieurs mois de traitement pour une guérison durable.

En savoir plus

Pourquoi une mycose ne se guérit-elle pas malgré un traitement ?

Il est important dans un premier temps de se poser la question si le traitement a été suivi scrupuleusement (quantité et durée). Si la mycose ne part pas malgré un traitement adapté, il est possible de penser à une résistance du champignon à la thérapeutique utilisée. Dans ce cas, ce sera au médecin d'adapter le traitement et de déterminer avec le patient les mesures médicales à mettre en place.

Comment soigner une mycose qui persiste ?

Le médecin pourra réaliser un prélèvement afin de faire une analyse qui permettra de déterminer quelle molécule est efficace sur le champignon. Le traitement d'une mycose récidivante peut être long, mais il est important de s'appuyer sur le corps médical et des mesures de prévention évoquées plus haut. Nous avons un dossier complet qui détaille les choses à savoir sur les infections fongiques. Comprendre sa pathologie est la base pour assurer un traitement adapté.

Zoom sur notre rédacteur spécialisé, Guillaume RENAUD

Guillaume est préparateur en pharmacie et spécialisé en dermocosmétique. Fort de plus de dix ans d'expérience en pharmacie, il accompagne aujourd'hui les marques de santé et cosmétiques dans la rédaction d'articles de blog. Après des études dans le domaine de la naturopathie, il intervient dans des podcasts pour vulgariser la santé et les cosmétiques.

Bibliographie

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