Mycose des testicules : le guide complet

Le terme « mycose des testicules » désigne le plus souvent une atteinte fongique des plis de l’aine et de la peau adjacente, qui peut encercler ou côtoyer le scrotum. Dans le langage médical, on parle surtout de teigne inguinale (tinea cruris) quand il s’agit de dermatophytes, et d’intertrigo candidosique lorsque la levure Candida colonise un pli humide. Le tableau est fréquent chez l’homme, favorisé par la chaleur, la transpiration et les frottements. Les démangeaisons dominent, mais des sensations de brûlure, de rougeur et parfois de fissures peuvent s’y associer. Le diagnostic est clinique et peut être confirmé par un prélèvement cutané simple au cabinet. La prise en charge repose d’abord sur des crèmes antifongiques, associées à des mesures d’hygiène précises et à la correction des facteurs favorisants.

Par Stéphanie Le Guillou
Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce qu’une mycose des testicules ?

« Mycose des testicules » est une expression courante qui prête à confusion. Elle recouvre en réalité deux tableaux : la teigne inguinale, liée à des dermatophytes (champignons qui colonisent la couche cornée de la peau), et l’intertrigo candidosique, dû à Candida dans un pli macéré. Un point clé aide à faire la part des choses : dans la teigne inguinale, l’atteinte du scrotum est habituellement absente ou limitée ; à l’inverse, un scrotum rouge et inflammatoire évoque davantage une candidose d’un grand pli.

Quelles sont les causes ?

Infections à dermatophytes (teigne inguinale)

La teigne inguinale correspond à une infection de l’aine par des dermatophytes, le plus souvent Trichophyton rubrum ou T. mentagrophytes. L’éruption typique dessine une plaque annulaire à bordure active et prurigineuse, qui s’étend du pli crural vers la face interne de la cuisse. Les récidives sont fréquentes lorsqu’un « réservoir » fongique persiste au niveau des pieds (tinea pedis) ou des ongles (onychomycose), d’où l’intérêt de prendre en charge ces atteintes en parallèle.

Candidoses des plis (intertrigo candidosique) à Candida albicans

Candida albicans peut proliférer dans un milieu chaud et humide et enflammer un grand pli. Le pli devient rouge, suintant, fissuré, avec parfois un enduit jaunâtre et des sensations de brûlure. Chez l’homme, l’aine et la région sous-scrotale peuvent être touchées lorsque la peau reste macérée (transpiration, sous-vêtements serrés).

Facteurs favorisants

Chaleur, humidité, vêtements serrés, surpoids (accolant les plis), transpiration abondante et frottements répétés entretiennent le terrain. Les hommes sont plus souvent concernés en raison du contact du scrotum avec la cuisse. Toute situation qui maintient la macération (séchage insuffisant après la douche, linge de toilette mal renouvelé) augmente le risque d’une mycose des testicules et ses rechutes.

Quels sont les symptômes d’une mycose génitale chez l’homme ?

Voici les principaux symptômes qui peuvent être présents :

  • Démangeaisons intenses (prurit) de l’aine et des zones adjacentes. Elles s’aggravent souvent avec la chaleur et l’effort.

  • Plaques rouges à bordure nette ou annulaire s’étendant du pli vers la face interne de la cuisse ; desquamation fine périphérique dans la teigne.

  • Sensations de brûlure, irritation, parfois picotements : fréquents dans les candidoses des plis, surtout si la peau macère.

  • Fissures superficielles, suintement, enduit jaunâtre dans un pli très macéré : signes évocateurs d’un intertrigo candidosique.

  • Atteinte du scrotum variable : peu marquée dans la teigne inguinale ; plus volontiers inflammatoire en cas de candidose.

  • Gêne au quotidien : frottements douloureux en marchant, gêne à la pratique sportive, inconfort sexuel.

  • Surinfection possible (bactérienne) ou extension aux cuisses si rien n’est instauré, avec risque de récidives si un « réservoir » fongique persiste aux pieds/ongles.

Comment savoir si on a une mycose au testicule ?

Les lésions de teigne inguinale présentent souvent une bordure active, prurigineuse, qui avance de façon centrifuge, tandis que l’intertrigo candidosique donne un pli rouge, humide, fissuré. Le médecin confirme le diagnostic par un examen clinique et, si nécessaire, par un prélèvement de squames pour examen au microscope après potasse (montage KOH) ; cet examen met en évidence des filaments fongiques et oriente le traitement. Le diagnostic différentiel comprend un eczéma de contact, un psoriasis inversé, un érythrasma (infection bactérienne de pli) ou un simple intertrigo irritatif. En cas de doute, l’avis médical prime, d’autant plus si les lésions s’étendent, récidivent ou s’accompagnent d’une douleur inhabituelle.

Quelle est la prise en charge médicale (crème) pour une mycose du testicule ?

Prise en charge locale

La prise en charge d’une mycose des testicules repose en première intention sur des antifongiques locaux (crème, lotion ou gel), appliqués au-delà de la lésion visible (en débordant sur peau saine). Ils sont prescrits par le médecin. Les classes efficaces sont les imidazolés (econazole, clotrimazole, kétoconazole, miconazole) et les allylamines (terbinafine), ainsi que le ciclopirox ; leur efficacité est globalement comparable en usage cutané lorsque l’indication est bien posée. La durée varie selon la molécule et le terrain ; pour la teigne inguinale, des applications biquotidiennes pendant 10 à 14 jours sont habituellement efficaces, mais un traitement de plusieurs semaines peut être nécessaire selon l’étendue des lésions et la réponse clinique. Respecter strictement la durée, même si l’aspect s’améliore rapidement, afin d’éviter les rechutes. (MSD Manuals)

La notice des spécialités confirme l’indication dans les intertrigos génitaux et précise des durées de 1 à 2 semaines pour l’éconazole en cas de mycoses des plis non macérées ; d’autres situations requièrent des durées plus longues. En revanche, les poudres antifongiques sont déconseillées sur des lésions macérées car elles peuvent agglomérer et entretenir l’humidité.

Prise en charge orale

Si la mycose des testicules est très étendue, inflammatoire, réfractaire aux crèmes bien conduites, ou chez certains patients (immunodépression, comorbidités), un traitement par voie orale peut être prescrit par le médecin (par exemple terbinafine 250 mg/j ou itraconazole), pour 3 à 6 semaines selon l’agent, avec surveillance des interactions et de la tolérance. Une prise en charge conjointe d’un pied d’athlète ou d’une onychomycose est vivement conseillée pour éviter l’auto-contamination et limiter les récidives. (MSD Manuals)

Attention : 

Précision thérapeutique et sécurité : éviter l’automédication prolongée par corticoïdes topiques dans les plis, qui masque et aggrave parfois une mycose (« tinea incognito ») ; en pratique, les corticoïdes locaux ne sont pas indiqués sur des plis humides en l’absence d’inflammation documentée.

Comment prévenir ? Quelle routine adopter ?

Voici une proposition de routine pour éviter les rechutes :

Base lavante neutre sans palme

  • Appliquer la crème antifongique exactement comme prescrit (surface lésionnelle et 1 à 2 cm autour), deux fois par jour si nécessaire, et poursuivre la durée recommandée, même après amélioration clinique.

  • Enfiler des sous-vêtements amples en coton ou fibres respirantes ; changer de sous-vêtements et de pantalon de sport après chaque séance d’activité. Laver le linge à température adaptée et renouveler le linge de toilette très régulièrement.

  • Réduire la macération au quotidien : éviter les vêtements serrés, limiter les frottements prolongés, privilégier des textiles qui évacuent la transpiration.

  • Prendre en charge en parallèle un pied d’athlète ou des ongles mycosés si présents, afin d’éliminer le réservoir de champignons et de diminuer le risque de ré-ensemencement de l’aine.

  • En cas de transpiration abondante : fractionner les douches, prévoir des sous-vêtements de rechange dans la journée et sécher la zone dès qu’elle devient humide.

Précaution d’usage

Éviter d’appliquer des corticoïdes locaux sur des plis humides ou sur une lésion suspecte de mycose sans avis médical : ils peuvent masquer l’infection et retarder la guérison. Dans tous les cas, un avis médical s'impose. Éviter l’usage d’huiles essentielles ou de produits parfumés sur la région génitale : risque d’irritation et d’aggravation. Demander un avis sans tarder si les lésions s’étendent, s’ulcèrent, s’accompagnent de fièvre, ou si vous êtes immunodéprimé.

Conseil de l’expert

La mycose des testicules évolue rarement vers une forme sévère, mais elle récidive volontiers si la peau reste humide ou si un foyer persiste aux pieds ou aux ongles. Trois leviers font la différence : un traitement antifongique bien conduit, la chasse à la macération et l’éradication des réservoirs. Pour échapper aux rechutes, mieux vaut prolonger quelques jours après disparition des signes, maintenir des sous-vêtements respirants et surveiller ses pieds. Au moindre doute diagnostique (atteinte atypique, scrotum très inflammatoire), l’examen direct au cabinet clarifie la situation et oriente la bonne stratégie.

En savoir plus

Ce champignon sur la peau est-il contagieux ?

Oui. Les dermatophytes se transmettent entre humains, via des surfaces contaminées (linge, sols) ou par auto-contamination à partir des pieds et des ongles. Le risque augmente dans les environnements chauds et humides. Mesures barrière : séchage rigoureux, linge personnel, traitement des réservoirs.

Comment différencier mycose cutanée et eczéma de contact dans l’aine ?

La mycose dessine souvent une bordure active, prurigineuse, à extension centrifuge ; l’eczéma de contact est plus diffus, lié à un allergène ou irritant (textiles, lessives), et la topographie dépend des zones de contact. En cas d’hésitation, l’examen direct KOH ou une consultation dermatologique tranchent rapidement.

Quelle place pour les traitements par voie orale ?

Ils sont réservés aux formes étendues, inflammatoires, ou réfractaires aux crèmes bien conduites, et aux terrains particuliers. La terbinafine ou l’itraconazole sont utilisés sous prescription, sur quelques semaines, avec vérification des interactions et de la tolérance. Le spécialiste évalue l’indication au cas par cas. (MSD Manuals)

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

Manuel MSD. Teigne des cuisses (teigne inguinale). Septembre 2023.

2

Manuel MSD. Intertrigo. Septembre 2023.

3

ameli.fr. Reconnaître une mycose cutanée. Février 2025.