Mal de mer : tout savoir sur les mécanismes et gestes préventifs

Vous aviez prévu une promenade en bateau, mais voilà, dès les premiers instants votre cœur se soulève, votre front se couvre de sueur froide : c'est le mal de mer. Un moment agréable qui se transforme en cauchemar bercé par des nausées persistantes. Le mal de mer est une sensation désagréable qui touche près d'une personne sur trois lors de ses premières navigations. Comprendre ses mécanismes vous permettra de mettre des solutions simples et efficaces en place pour profiter du temps passé en mer.

Par Guillaume Renaud
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De quoi s'agit-il ?

Le mal de mer aussi appelé naupathie est un trouble de l'équilibre lié aux déplacements en bateau. Cette pathologie appartient à la famille des cinétoses, c’est-à-dire qu'elle est provoquée par le mouvement. On retrouve dans ce type de troubles le mal des transports comme la voiture, le mal de l'air en avion ou encore des manèges dans les parcs d'attractions. C'est le même mécanisme physiologique mis en cause même si les manifestations peuvent être légèrement différentes. Une cinétose maritime, c'est le résultat d'un conflit sensoriel qui a lieu au niveau du cerveau. Lorsque l'on est à bord d'un bateau, notre corps reçoit simultanément des informations contradictoires qui proviennent de nos organes du sens. Nos yeux perçoivent un environnement immédiat stable (pont, cabines, passagers, etc.). Et dans le même temps, l'oreille interne, qui abrite le système vestibulaire responsable de l'équilibre, détecte le roulis de la mer et les mouvements de tangage induits par le milieu maritime. Cette incohérence entre l'oreille interne et ce que voient nos yeux crée un conflit qui perturbe le cerveau.

Sommes-nous tous égaux face au mal de mer ?

Il est important de savoir que le mal de mer ne touche pas tout le monde de la même manière. Certains n'en ressentent aucun symptôme tandis que d'autres sont immédiatement malades après les premiers mouvements du bateau. Cette sensibilité varie selon plusieurs facteurs comme l'âge, des expériences antérieures de navigation ou encore l'état de fatigue ou les niveaux de stress. Par exemple, les enfants entre 2 et 12 ans y sont particulièrement sensibles, car leur système vestibulaire est encore en développement. Paradoxalement les bébés de moins de deux ans sont rarement touchés : leur cerveau n'a pas encore développé les connexions sensorielles complexes à l'origine du conflit sensoriel.

À quoi est dû le mal de mer ?

Comprendre les causes du mal de mer permet d'identifier les situations à risques et d'adapter son comportement pour limiter les symptômes. Plusieurs mécanismes s'entremêlent pour créer cette sensation désagréable.

Le confit sensoriel

L'oreille interne contient le système vestibulaire, composé de canaux circulaires remplis de liquide. Ces structures sont sensibles à la gravité. Cet organe détecte avec précision les mouvements de la tête et du corps dans l'espace. À bord d'un bateau, le système vestibulaire enregistre constamment les oscillations du navire, même les plus subtiles. Comme en parallèle nos yeux se fixent sur un point fixe, il y a donc un conflit entre la vision (fixe) et les sensations (du tangage). Le cerveau est donc bloqué et ne sait pas quel comportement adopter. Un troisième système intervient également : la proprioception. C'est l'ensemble des muscles et tendons qui renvoient des informations sur la position du corps. Selon les conditions météo, le tangage oblige notre corps à s'adapter sans cesse à notre position sur le sol mobile. Cela ajoute des informations contradictoires à traiter par notre cerveau.

Des facteurs aggravants

Les conditions de navigation : la nature des mouvements du bateau influence directement l'intensité du mal de mer. De lentes oscillations amples sont mal tolérées, alors que des mouvements rapides et courts permettent à notre cerveau de s'accoutumer plus facilement, car il les identifie mieux et s'adapte.

La localisation à bord : tous les emplacements ne nous exposent pas à la même sensibilité face à la naupathie. Le centre du navire subit moins les mouvements de la houle que les extrémités du bateau. De même que les cabines situées en profondeur sans visibilité sur l'horizon accentuent les sensations, car elles privent le cerveau de repères.

L'environnement sensoriel : les odeurs fortes comme les fumées de gazole, les effluves de cuisine ou de poisson stimulent directement le centre du vomissement situé dans le cerveau. Ces odeurs habituellement peu gênantes deviennent insupportables lorsque le système vestibulaire est perturbé. De même que la température : une chaleur excessive dans un environnement confiné peut accentuer cette sensation de malaise.

L'état physique et psychologique : la fatigue accumulée, un stress élevé fragilise l'organisme et diminue sa capacité à réagir aux informations contradictoires. Par exemple, l'anxiété à l'idée d'avoir le mal de mer crée un cercle vicieux, car la peur de vomir augmente le stress, ce qui favorise également l'apparition de ces symptômes.

Un facteur alimentaire : partir l'estomac vide ne protège pas du mal de mer et peut même l'aggraver. Les contractions à vide amplifient les nausées. À l'inverse, un repas trop copieux, riche en graisse ou épicé, surcharge le système digestif et augmente l'inconfort. De même que l'alcool, qui perturbe l'équilibre et aggrave les symptômes.

Des prédispositions individuelles : certaines personnes sont plus sensibles que d'autres aux naupathies. Par exemple, les femmes sont plus touchées que les hommes, particulièrement pendant les règles ou la grossesse. Cela s'explique par les fluctuations hormonales qui influencent le système vestibulaire.

Les migraineux connaissent également un risque accru de mal de mer. Le cerveau des personnes migraineuses étant prédisposé à réagir fortement aux stimulations sensorielles. Certains troubles de l'oreille interne, même mineurs, augmentent également la vulnérabilité aux cinétoses.

Quels sont les symptômes associés à la naupathie ?

Les manifestations du mal de mer suivent généralement une progression caractéristique débutant par des signes discrets avant de s'intensifier si aucune mesure n'est prise. Reconnaître ces symptômes précoces permet d'intervenir rapidement et d'éviter l’aggravation de la naupathie :

  • Des signes précurseurs : une pâleur progressive au niveau du visage est le résultat de la diminution du flux sanguin causée par le système nerveux autonome. Des bâillements répétés traduisent le besoin en oxygène du cerveau. Une sensation de malaise diffus s'installe, accompagnée d'une légère anxiété. Ces premiers signes annoncent l'arrivée des symptômes plus marqués

  • Les nausées et vomissements : c'est caractéristique du mal de mer. Les nausées débutent par une simple gêne au niveau de l'estomac, une sensation désagréable qui s’installe progressivement. La salive devient plus abondante et la sensation d’écœurement s'intensifie. Lorsque les vomissements surviennent, on observe une légère amélioration avant une répétition du cycle

  • Des vertiges et des troubles de l'équilibre : les sensations ressenties par le système vestibulaire provoquent une sensation de tournis persistant. La sensation que tout bouge autour de soi. La marche devient difficile, chancelante, comme si le sol se dérobait sous nos pieds. Cette perte de repères spatiaux accentue l'anxiété, ce qui alimente le mal de mer

  • Les sueurs froides : de la transpiration froide apparaît sur le front, la nuque et les mains. Cette sudation, déclenchée par l'activation du système nerveux sympathique, s'accompagne d'une sensation de froid intérieur malgré une température ambiante normale. Les vêtements deviennent moites, ajoutant un inconfort physique au malaise général.

  • Les maux de tête : une douleur sourde s'installe progressivement, généralement localisée au niveau des tempes. Cette céphalée, conséquence de la tension nerveuse et de la perturbation des systèmes sensoriels, augmente avec l'intensité du mal de mer. Elle peut persister plusieurs heures après le débarquement

  • La fatigue intense : une sensation d'épuisement s'étend progressivement à tout le corps. Cette fatigue n'est pas celle d'un effort physique. Elle résulte de l'énergie considérable que le cerveau dépense pour tenter de résoudre le conflit sensoriel. L'organisme tout entier semble vidé de ses forces, rendant difficile la concentration et l'accomplissement des tâches les plus simples

  • La somnolence paradoxale : malgré le malaise, certaines personnes ressentent une envie irrépressible de dormir. Cette somnolence constitue en réalité un mécanisme de défense de l'organisme. Le sommeil permet de diminuer les stimulations sensorielles et offre au cerveau un répit dans sa tentative de réconcilier des informations contradictoires.

Quelles recommandations en cas de mal des transports ?

En cas de troubles réguliers, il est utile de consulter son médecin pour vérifier qu'il n'y a pas de problème au niveau de l'oreille interne et de faire le point sur son état de santé.

Que faire ?

Face au mal de mer déjà installé, plusieurs gestes simples peuvent atténuer les symptômes et rendre la situation plus supportable.

  1. Choisissez le bon emplacement : rejoignez le pont extérieur ou le milieu du bateau où les sensations contradictoires sont moindres. Essayez de garder la tête aussi immobile que possible et fixez l'horizon du regard. La vue d'une ligne stable entre ciel et mer fournit au cerveau un repère visuel utile pour réconcilier nos sens

  2. Respirez profondément : une respiration abdominale lente et régulière active le système nerveux parasympathique qui contrebalance la réaction au stress. Inspirez par le nez en gonflant le ventre pendant 4 secondes. Expirez lentement par la bouche pendant six secondes. Répétez ce cycle plusieurs fois jusqu'à ressentir un apaisement

  3. Hydratez-vous : par petites gorgées, l'eau fraîche, les boissons légèrement sucrées ou les tisanes tièdes aident à maintenir l'hydratation et à calmer l'estomac. Évitez les grandes quantités de liquides qui distendent l'estomac et peuvent déclencher des vomissements. Si besoin, grignotez quelque chose de léger et sec. Ces aliments neutres occupent l'estomac sans le charger

  4. Adaptez vos gestes : rafraîchissez-vous la nuque avec de l'eau fraîche ou un linge humide. Cette stimulation cutanée détourne l'attention du cerveau de la contradiction visuelle et soulage instantanément. Desserrez vos vêtements s'ils sont trop serrés, particulièrement au niveau de la ceinture ou du col, pour faciliter la respiration et la circulation sanguine.

Précautions

Le mal de mer est sans gravité, mais certaines mesures permettent d’en limiter l’intensité. Il est conseillé d’éviter les repas copieux, l’alcool et les mouvements brusques avant ou pendant la traversée. En cas de sensibilité particulière, on peut se placer au centre du bateau, là où les mouvements sont moindres, et garder le regard fixé sur l’horizon.

Conseil de l'expert

Vous pouvez également prendre des compléments alimentaires à base de Gingembre qui possède de nombreuses vertus. Parmi celles-ci, une action antiémétique qui agit directement sur le centre du vomissement situé au niveau du cerveau. Les bracelets d'acupression sont également une option. Ils exercent une pression aux poignets sur un point précis qui aide à réduire les nausées. Une solution simple et accessible à tous.

En savoir plus

Combien de temps dure-t-il ?

La durée du mal de mer varie selon les personnes et les conditions de navigation. Pour une première sortie en mer, les symptômes peuvent apparaître dans les 30 minutes suivant l'embarquement et persister pendant plusieurs heures, voire toute la traversée si aucune mesure n'est prise. La bonne nouvelle, c'est que le processus d'adaptation se met généralement en place après 48 à 72 heures de navigation continue. Le cerveau apprend progressivement à réinterpréter correctement les signaux contradictoires. Après le débarquement, certaines personnes ressentent un phénomène inversé appelé "mal de terre" : une sensation de tangage qui persiste quelques heures sur la terre ferme, le temps que le cerveau réajuste ses références sensorielles.

Quelle homéopathie en prévention ?

Plusieurs souches homéopathiques sont traditionnellement utilisées en prévention et en traitement du mal de mer. Cocculus indicus est souvent recommandé lorsque les vertiges s'accompagnent de nausées et d'une sensation de faiblesse. Tabacum convient davantage aux personnes qui présentent une pâleur marquée, des sueurs froides et une amélioration au grand air. Petroleum s'adresse particulièrement aux situations où les symptômes s'aggravent en regardant des objets en mouvement. Ces traitements homéopathiques se prennent généralement la veille du départ et se poursuivent pendant la navigation. Consultez un pharmacien ou un médecin homéopathe pour déterminer la souche et la posologie les plus adaptées à votre situation personnelle.

Zoom sur notre rédacteur spécialisé, Guillaume RENAUD

Guillaume est préparateur en pharmacie et spécialisé en dermocosmétique. Fort de plus de dix ans d'expérience en pharmacie, il accompagne aujourd'hui les marques de santé et cosmétiques dans la rédaction d'articles de blog. Après des études dans le domaine de la naturopathie, il intervient dans des podcasts pour vulgariser la santé et les cosmétiques.

Bibliographie

1

Patricia Péron-Vieu - Conseils pharmaceutiques associés à une demande spontanée.

(Edition le moniteur des pharmacies 2022)

2

National Health service. Motion sickness.

3

Centers for Disease Control and Prevention. Travelers’ Health – Motion Sickness.