Hyperandrogénie : explorer toutes les pistes pour agir

L’hyperandrogénie désigne un excès d’hormones androgènes chez l’humain. Les conséquences varient : pilosité accrue, troubles cutanés ou troubles du cycle menstruel. Cette affection touche majoritairement les femmes, mais certains hommes peuvent aussi présenter un profil hormonal anormal. Ses causes sont multiples – depuis le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) jusqu’aux tumeurs surrénaliennes rares. S’y ajoutent des facteurs environnementaux et métaboliques qui compliquent le tableau. Mieux comprendre les mécanismes permet de mieux s'orienter et de personnaliser la prise en charge.

Par Stéphanie Le Guillou
Publié le 21/07/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce que l’hyperandrogénie ?

L’hyperandrogénie correspond à une production excessive d’androgènes (testostérone, DHEA-S, dihydrotestostérone). Cet excès provoque une virilisation partielle ou complète, caractérisée par la transformation des follicules pileux et des glandes sébacées. Ce déséquilibre est décrit comme la cause principale du virilisme lorsqu’il est d’origine surrénalienne ou ovarienne. Chez la femme, l'hyperpilosité devient préoccupante quand le score de Ferriman-Gallwey atteint ou dépasse huit. Le score de Ferriman-Gallwey quantifie la pilosité terminale sur neuf zones corporelles sensibles aux androgènes, chaque site étant noté de 0 (absence) à 4 (pilosité dense), pour un total maximal de 36. Un résultat égal ou supérieur à 8 définit un hirsutisme cliniquement significatif et motive un bilan hormonal et métabolique à la recherche d’un excès androgénique.

Cette hausse d'androgènes et de testostérone ne survient-elle que chez la femme ?

Non. Les hommes peuvent présenter une hyperandrogénie secondaire (prise de stéroïdes anabolisants ou tumeur productrice d’androgènes), mais les manifestations cutanées restent souvent moins visibles. En revanche, chez la femme, la moindre élévation de testostérone libre modifie rapidement la peau, la pilosité et le cycle ovarien.

Quelles sont les causes chez la femme ?

Voici les principales causes de l'hyperandrogénie :

Syndrome des ovaires polykystiques : le SOPK représente l’étiologie la plus fréquente : 70 % des femmes sujettes au SOPK présentent une hyperandrogénie clinique ou biologique.

Hyperplasie congénitale des surrénales : un déficit enzymatique (21-hydroxylase le plus souvent) accroît la production d’androgènes dès l’enfance.

Tumeurs ovariennes ou surrénaliennes : des tumeurs sécrétantes rares doivent être recherchées face à un tableau brutal et sévère.

Médicaments et expositions exogènes : stéroïdes anabolisants ou progestatifs fortement androgéniques majorent historiquement ces tableaux.

Résistance à l’insuline et obésité : une hyperinsulinémie diminue la SHBG, accroît la testostérone libre et potentialise les symptômes.

Quels sont les symptômes associés ?

Voici les principaux symptômes qui peuvent être présents avec l'hyperandrogénie :

  • Hirsutisme : pilosité épaisse sur le visage, le torse ou l’abdomen

  • Acné inflammatoire sévère : liée à la stimulation des glandes sébacées

  • Alopécie androgénétique féminine : perte de cheveux diffuse au sommet, sans recul marqué de la ligne frontale

  • Séborrhée et peau grasse, parfois kystes sébacés

  • Troubles du cycle : oligoménorrhée ou aménorrhée secondaire

  • Infertilité par anovulation chronique

  • Prise de masse musculaire, voix plus grave ou hypertrophie clitoridienne dans les formes sévères

  • Troubles métaboliques : insulinorésistance, dyslipidémie.

Quel est l’impact sur la fertilité ?

Un excès chronique d’androgènes perturbe la maturation folliculaire et réduit la fréquence ovulatoire. 5 % à 20 % des femmes d’âge fertile présentent un SOPK, première cause d’infertilité anovulatoire. 

Quel lien avec le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ?

Chez la femme, l’alopécie androgénétique est liée à un excès d’androgènes, les hormones dites « masculines » présentes en faible quantité dans l’organisme féminin. Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la cause principale de cette hyperandrogénie. Il se manifeste par au moins deux des trois signes suivants : des ovulations irrégulières ou absentes, un aspect polykystique des ovaires à l’échographie, et un excès d’androgènes visible (acné, pilosité excessive, chute de cheveux) ou mesuré dans le sang. Cet excès hormonal perturbe l’équilibre du cycle menstruel et stimule les récepteurs androgéniques des follicules pileux, ce qui peut freiner la pousse des cheveux, en particulier sur le sommet du crâne. À long terme, l’hyperandrogénie favorise aussi des troubles métaboliques comme la résistance à l’insuline, le surpoids ou l’augmentation du risque cardiovasculaire. En résumé, en France, on estime qu'environ 5–10 % des femmes en âge de procréer présentent une hyperandrogénie et que, parmi elles, 70 % environ sont atteintes du SOPK.

Comment se déroule le diagnostic médical de l’hyperandrogénie ?

Le bilan clinique débute par l’évaluation du score de Ferriman-Gallwey, l’analyse de la distribution des lésions d’acné et la recherche d’anomalies du cycle. En première intention, le médecin prescrit un dosage de testostérone totale, testostérone libre, DHEA-S, LH, FSH et prolactine. Selon le contexte, une échographie pelvienne ou une IRM surrénalienne complète l’exploration pour exclure une tumeur sécrétante.

Précautions d’usage

L’hyperandrogénie, qu’elle soit visible (acné, pilosité, chute de cheveux) ou biologique, justifie toujours un bilan médical approfondi pour en identifier la cause. Un diagnostic précis permet d’écarter une origine rare mais grave, comme une tumeur sécrétante, et d’adapter la prise en charge en cas de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). L’automédication ou l’arrêt de la pilule sans accompagnement peut masquer les symptômes sans traiter le déséquilibre hormonal sous-jacent.

Conseil de l’expert

Une hyperandrogénie bien documentée se prend en charge de façon multidisciplinaire. Une stratégie cohérente associe levée des facteurs favorisants, traitement hormonal individualisé et soutien micronutritionnel ciblé. Surveiller régulièrement les marqueurs métaboliques et ajuster la prise en charge selon l’évolution clinique garantit des résultats durables, tout en préservant la fertilité future.

En savoir plus

Le sucre aggrave-t-il vraiment les symptômes ?

Un apport excessif en glucides rapides entretient une hyperinsulinémie ; l’insuline réduit la synthèse hépatique de la sex-hormone-binding globulin (SHBG, protéine qui fixe la testostérone dans le sang). Lorsque la SHBG diminue, la part de testostérone libre augmente, ce qui accentue l’hyperandrogénie et ses signes cutanés. Des patientes atteintes de SOPK rapportent d’ailleurs une amélioration de l’hirsutisme après la réduction des sucres ajoutés et la normalisation de la courbe glycémique. L’effet bénéfique s’explique en partie par le rétablissement d’un niveau de SHBG suffisant pour « verrouiller » l’androgène et le rendre moins actif.

Les symptômes disparaissent-ils après la ménopause ?

La chute des œstrogènes marque l’arrêt de la fonction folliculaire, mais ni les surrénales ni le stroma ovarien résiduel ne cessent immédiatement de produire des androgènes. L’androstènedione plasmatique est divisée par deux, pourtant la testostérone circulante ne décroît que lentement car ces tissus extra-folliculaires continuent de sécréter. Chez certaines femmes, cette sécrétion résiduelle suffit à maintenir un duvet facial ou une peau grasse légère : on parle alors d’hyperandrogénie « persistante » de la ménopause. Une surveillance clinique reste justifiée pour dépister une tumeur sécrétante tardive si les signes s’intensifient.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

INSERM. Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK).

Septembre 2024

2

ameli.fr. Symptômes, diagnostic et évolution du syndrome des ovaires polykystiques.

Février 2025