Contraception non hormonale : Quelles solutions ?

De plus en plus de femmes délaissent les contraceptions hormonales à cause de leurs effets secondaires et de leurs risques pour la santé. La contraception naturelle et sans hormones apparaît comme une solution respectueuse de l'organisme et de l'environnement. Quels sont les moyens de contraception sans hormones et fiables, tant pour les femmes que pour les hommes ? Nous vous proposons dans cet article un état des lieux des différentes contraceptions sans hormones.

Par La rédaction Aroma-Zone
Mis à jour le 06/11/2024 Temps de lecture : +4 min.

La contraception c'est quoi ?

La contraception désigne l'ensemble des méthodes visant à empêcher une grossesse non désirée chez les individus en âge de procréer. En France, 92% des femmes de 15 à 49 ans ne souhaitant pas une grossesse utilisent un moyen de contraception selon l'INSERM. 

Certains modes de contraception sont temporaires (préservatif, stérilet...), mais d'autres sont considérés comme définitifs, on peut parler de stérilisation (ligature des trompes pour les femmes et vasectomie chez les hommes). 

Le terme contraceptif a été emprunté de l'anglais contraceptive, composé de "contra" = contre, et du radical "conceptive" = conceptif. Un contraceptif permet donc d'avoir des rapports sexuels sans risquer une grossesse, mais il permet aussi une chose très importante pour certains : la protection contre les infections sexuellement transmissibles. Tous les moyens de contraception ne protègent pas contre les IST, c'est uniquement le cas des préservatifs masculins et féminins, considérés comme contraceptifs "barrière".  

L'efficacité théorique des différents contraceptifs est mesurée par l'indice de Pearl, correspondant au nombre de grossesses accidentelles pour 100 femmes ayant utilisé cette méthode de manière optimale pendant 12 mois. Cet outil statistique est utilisé pour pouvoir comparer la fiabilité des différents moyens de contraception. On peut d'ailleurs retrouver sur le site de l'Organisation Mondiale de la Santé un tableau recensant un grand nombre de moyens de contraception et leur indice de Pearl pour une utilisation optimale et régulière (efficacité théorique), ou pour une utilisation commune, comportant parfois des erreurs et des oublis (efficacité pratique). Par exemple, la pilule a une efficacité théorique de 99,7% et une efficacité pratique de 93%. 

Les contraceptions peuvent être de différentes catégories :

  • Les contraceptions hormonales (pilule, implant, patch, stérilet hormonal...)

  • Les contraceptions mécaniques (préservatif, diaphragme, stérilet en cuivre...)

  • Les contraceptions chirurgicales (ligature des trompes, vasectomie)

  • Les autres contraceptions (méthode MAMA, symptothermie, retrait, méthode Billings...)

De plus en plus de démarches sont faites pour valoriser l'équité contraceptive, par exemple, la plateforme Théorème met en avant la contraception masculine naturelle (anneau andro-switch notamment). Certaines méthodes sont encore en phase de test ou de développement et attendent une validation scientifique officielle.

La contraception non hormonale c'est quoi ?

La contraception non hormonale ne contient aucune hormone de synthèse, son principe est complètement différent de la pilule ou de l'implant. 

Les méthodes barrières comme le préservatif féminin ou masculin, le diaphragme, et la cape cervicale consistent à protéger l'utérus du passage des spermatozoïdes. Le diaphragme et la cape cervicale sont généralement associés à un spermicide ou à un gel contraceptif pour en renforcer l'efficacité. 

Le stérilet au cuivre est un dispositif intra-utérin sans hormones, libérant des ions cuivriques toxiques pour les spermatozoïdes, empêchant la fécondation. Le dispositif en lui-même empêche également l'implantation d'un embryon. Après avoir été mis en place par un médecin ou une sage-femme, il est efficace pendant 5 ans minimum, et peut être retiré à tout moment. 

Les méthodes naturelles alternatives sont assez variables, notamment en ce qui concerne leur fiabilité. Le retrait par exemple (coït interrompu) a une efficacité théorique de 96%, et une efficacité pratique de 80%. Les méthodes symptothermiques en revanche ont une efficacité théorique d'environ 99% (quasiment similaire à la pilule), et une efficacité théorique d'environ 98%.

Les méthodes symptomatiques se basent sur l'observation quotidienne des biomarqueurs de fertilité en associant la prise de la température basale le matin au réveil, à l'observation du mucus cervical qui évolue tout au long du cycle menstruel. Ces observations permettent d'identifier sa fenêtre de fertilité, et de se protéger avec une méthode barrière pendant ces quelques jours, ou de s'abstenir d'un rapport avec pénétration. En effet, la période de fertilité n'est que d'environ 6 jours chez la femme : plus ou moins 5 jours avant l'ovulation, et jusqu'à 24h après. Si le couple utilise une méthode barrière comme le préservatif durant sa fenêtre fertile, l'efficacité de la contraception reposera sur l'indice de Pearl du préservatif dans ce cas. Voir aussi notre article Comprendre les phases du cycle menstruel

La symptothermie peut aussi être utilisée aussi pour la conception, afin d'identifier avec précision son pic de fertilité et d'augmenter les chances de conception.

Pourquoi prendre une contraception sans hormones ?

Nombreuses sont les femmes qui subissent les nombreux effets secondaires des hormones synthétiques au quotidien : troubles de l'humeur, fluctuation du poids, chute de la libido, perte de cheveux, migraines, problèmes digestifs, problèmes d'acné, anxiété etc. La pilule contraceptive est de plus en plus délaissée au profit de contraceptions sans hormones, mieux tolérées par l'organisme.

En 2005, le Centre International de Recherche sur le Cancer a classé la pilule oestroprogestative comme "cancérogène de groupe 1" (agent cancérogène avéré ou certain). Elle augmenterait notamment le risque de cancer du sein. Mais c'est loin d'être son seul risque, comme l'explique le Dr Arnal-Morvan dans son ouvrage Pilule ou pas pilule ? : "il y a des risques à prendre la pilule pendant des décennies". Nous pouvons citer les risques dépressifs, les risques cardio-vasculaires, ou encore la toxicité hépatique. Le Professeur Henri Joyeux met régulièrement en garde les utilisatrices de la pilule sur ses conséquences sur la santé du foie dans ses ouvrages La pilule contraceptive ou encore Votre foie a besoin d'amour

Beaucoup de femmes se demandent également pourquoi leur conseille-t-on de prendre des hormones de synthèse 21 ou 28 jours par mois alors qu'une femme n'est fertile qu'environ 6 jours par cycle, autour de l'ovulation. Ou encore, comment se fait-il que ce soit la femme qui porte la charge mentale de la contraception, son coût financier, mais aussi ses effets délétères... 

Voir aussi notre article sur la phase ovulatoire du cycle menstruel

Les avantages d'une contraception non hormonale ?

Les contraceptions non hormonales comportent de nombreux avantages :

  • Conservation des cycles naturels, de l'ovulation et de la production endogène d'hormones sexuelles, nécessaires à notre bien-être (œstrogènes et progestérone).

  • Absence d'effets secondaires désagréables et de risques pour la santé.

  • Respect de l'environnement (la pilule contraceptive a des effets dévastateurs sur la faune et la flore, puisque les hormones synthétiques sont éliminées par les urines, et déversées dans l'environnement...).

  • Reconnexion à son cycle et meilleure compréhension de celui-ci.

  • Egalité des sexes et partage de la charge contraceptive dans certains cas.

  • prise en charge du coût du préservatif par l'assurance maladie (total ou en partie en fonction de l'âge).

  • Absence de risques d'altération de la fertilité en cas de projet de grossesse (les hormones synthétiques engendrent une atrophie du col de l'utérus, et perturbent le mécanisme de battement ciliaire au niveau des trompes, elles favorisent aussi les carences micro nutritionnelles : tout ceci peut perturber le retour à la fertilité et compliquer les chances de concevoir).

Les inconvénients d'une contraception non hormonale ?

Chaque méthode de contraception possède ses avantages, et ses inconvénients :

  • La fiabilité un peu faible pour certaines méthodes, notamment pour le retrait et la méthode du calendrier (outil statistique prédictif qui se base sur la durée des derniers cycles).

  • Les risques de déchirures pour les préservatifs, les allergies au latex, et les inconforts ressentis dans certains cas (l'utilisation d'un lubrifiant adapté peut aussi limiter les risques des déchirures, et il existe des préservatifs sans latex).

  • La douleur de la pause du stérilet en cuivre, mais aussi ses effets secondaires variables selon les femmes : les règles plus abondantes et douloureuses dans de nombreux cas, l'anémie, les infections vaginales, mais aussi les risques (plus rares) de grossesses extra-utérines, d'expulsion et de migration du DIU.

  • Le fait de devoir garder en place le diaphragme pendant 8 heures après le rapport, mais aussi les erreurs de manipulation lors de sa mise en place (il est recommandé de demander à une sage-femme de déterminer sa taille et d'apprendre à bien le placer avant la première utilisation).

  • Pour les contraceptions définitives, la ligature des trompes nécessite une hospitalisation et la plupart du temps une anesthésie générale, avec les risques associés. Les complications suite à l'intervention chirurgicale sont très rares mais existent tout de même, les douleurs bénignes et inconforts post-opératoires sont en revanche un peu plus fréquentes. La vasectomie se fait sous anesthésie locale et comporte en général moins de risques.

Contraceptions non hormonales : Quelles solutions préconiser ?

Nous conseillons de bien se renseigner sur les différentes méthodes et de demander conseil à un professionnel de santé de confiance afin de faire un choix éclairé. Le choix de la contraception devrait se faire idéalement d'un commun accord entre les deux partenaires. 

Ce choix va aussi dépendre de plusieurs paramètres : par exemple, les femmes sujettes aux règles hémorragiques, ou aux pathologies inflammatoires comme l'endométriose ou l'adénomyose ne seront peut-être pas les meilleures candidates au stérilet en cuivre. 

La symptothermie est une méthode écologique, naturelle et non invasive pouvant convenir à la plupart des femmes, à condition de se former correctement à la méthode et de l'appliquer de manière optimale. C'est une méthode qui permet aussi de mieux comprendre son cycle menstruel, de pouvoir identifier son ovulation et de ne pas être surprise par l'arrivée de ses règles. Les femmes ayant des horaires de réveil très variables ou des insomnies fréquentes devront parfois opter pour des tracker de fertilité capables de prendre leur température basale pendant leur sommeil plutôt qu'au réveil (Temp Drop ou Tackle notamment).

Précautions

Consultez un professionnel de santé (médecin, gynécologue, sage-femme) avant d'arrêter votre contraception hormonale, ou si vous vous questionnez sur les contraceptions définitives.  Nous rappelons que seuls les préservatifs protègent des infections sexuellement transmissibles : la pilule, les stérilets, le diaphragme et les spermicides n'ont aucune action sur ces infections. Pensez à faire un dépistage régulier avec votre professionnel de santé (frottis, prise de sang...).

Conseil de l'expert

L'arrêt de la pilule contraceptive peut engendrer des symptômes désagréables chez certaines femmes. Il peut être intéressant de se faire accompagner dans cette transition par un(e) naturopathe, afin de combler les carences micro nutritionnelles que la pilule favorise, d'aider le foie à éliminer correctement les hormones synthétiques, et d'aider le cycle naturel à se relancer en douceur. Si vous procédez à un sevrage progressif de la pilule, pensez que son efficacité contraceptive n'est plus assurée à 100% : il est recommandé d'utiliser un autre moyen contraceptif en parallèle.

En savoir plus

Quel moyen de contraception après un accouchement ?

Si vous allaitez, la méthode MAMA (méthode de l'allaitement maternel et de l'aménorrhée) est une méthode naturelle et fiable selon l'OMS. Les femmes qui allaitent et qui sont en aménorrhée (absence de règles) durant 6 mois après leur accouchement ont une protection contraceptive d'environ 98%. Au-delà de ces 6 mois, cette protection diminue, même si l'allaitement continue. 

Autrement, les méthodes barrières et la symptothermie peuvent être conseillées si vous ne souhaitez pas vous tourner vers une contraception hormonale.


La contraception masculine est-elle fiable ?

Actuellement, seules deux méthodes sont officiellement validées chez les hommes : le préservatif masculin, et la vasectomie.

La vasectomie, ou stérilisation masculine est très fiable, son efficacité théorique se situe autour de 99,9% après deux à trois mois (son efficacité n'est pas immédiate car des spermatozoïdes sont encore stockés quelques semaines). 

Le préservatif est efficace à 98% à condition de choisir la bonne taille, et qu'il n'y ait pas de déchirure ou de glissement.

La contraception masculine thermique promet une grande efficacité théorique, mais elle ne répond pas encore à toutes les exigences scientifiques...


Le stérilet non hormonal est-il compatible avec la symptothermie ?

Il est tout à fait possible d'apprendre la symptothermie tout en portant le stérilet en cuivre, puisque celui-ci ne bloque pas l'ovulation et que le cycle menstruel est préservé. Toutefois, l'observation de la glaire cervicale peut être un petit peu compliquée par le dispositif qui peut en altérer la qualité. L'efficacité contraceptive correspondra à l'indice de Pearl du stérilet en cuivre. La symptothermie permettra surtout de mieux suivre son cycle, et de se préparer éventuellement à un retrait futur du stérilet.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Marie JEANMOUGIN

Marie Jeanmougin est naturopathe et micro nutritionniste, spécialisée dans la santé hormonale des femmes. Convaincue que l'équilibre hormonal commence dans l'assiette, elle donne régulièrement des conseils de nutrithérapie.

Bibliographie

1

2

3

4

Dr Bérangère Arnal-Morvan : Pilule ou pas pilule ?

5

Pr Henri Joyeux : La pilule contraceptive

6

Pr Henri Joyeux : Votre foie a besoin d'amour

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