L’acné est une affection cutanée très courante, touchant particulièrement les adolescents, mais aussi les adultes. Il s’agit de la pathologie dermatologique la plus fréquente, qui a un impact non négligeable sur la qualité de vie et la confiance en soi. Nous allons voir dans cet article ce qui se cache derrière cette pathologie, et le rôle que la pilule peut jouer en cas d’acné. Nous aborderons également les solutions naturelles qui s’offrent aux peaux acnéiques.
La première pilule contraceptive, l’Enovid, a vu le jour aux Etats-Unis en 1951. Depuis, de nombreux pays ont adopté ce mode de contraception qui est actuellement remis en question par beaucoup de ses utilisatrices.
La pilule peut être soit « combinée » lorsqu’elle associe de l’éthinylestradiol (œstrogène de synthèse) à un progestatif, ou soit « macroprogestative » ou « microprogestative » lorsqu’une seule molécule, un progestatif, est présent. La pilule combinée reste plus largement prescrite selon l’ONU, puisqu’en 2018, sur 150 millions de femmes sous contraception hormonale, 104 millions étaient sous pilule oestroprogestative.
La pilule oestroprogestative associe deux molécules visant à provoquer :
Un blocage de la commande centrale inhibant les sécrétions d’hormones hypophysaires (GnRH, FSH, LH…), et ovariennes (oestrogènes, progestérone)
Un tarissement de la glaire cervicale, ne pouvant plus conduire les spermatozoïdes jusqu’au col de l'utérus
Une hypotrophie ou atrophie de l’endomètre
Une perturbation de la mobilité des trompes de Fallope
Les doses d’hormones de synthèse contenues dans la pilule sont 20 à 50 fois supérieures à celles qui sont produites par notre organisme. La plupart de ces pilules se prennent sur 21 jours suivis de 7 jours d’arrêt ou de prise de comprimés neutres sans principes actifs. Une hémorragie de privation survient alors suite à la chute du taux d’hormones synthétiques dans le sang : ce sont des règles « artificielles », généralement moins abondantes que les menstruations naturelles.
Pour les pilules dites « monophasiques », le dosage des hormones synthétiques est le même chaque jour et ne varie jamais. En revanche, ce dosage est variable pour les pilules « biphasiques » qui associent deux dosages différents, « triphasiques », qui associent trois dosages différents, et « quadriphasiques », qui associent quatre dosages différents. Dans ces cas-là, il est impératif de respecter l’ordre de prise des comprimés, indiqué sur les plaquettes.
Le développement des pilules triphasiques et quadriphasiques il y a plusieurs dizaines d’années visait à limiter les effets secondaires de la pilule en tentant de reproduire les variations hormonales d’un cycle naturel. Dans les faits, ce n’est pas toujours le cas malheureusement…
L’acné est une pathologie impliquant notre système hormonal, puisque la production de sébum est hormonodépendante. L’acné dite « hormonale » se situe la plupart du temps dans le bas du visage le long des maxillaires, sur le menton, et dans le cou. Ce sont les zones qui contiennent le plus de cellules-cibles sensibles aux androgènes.
Voyons plus en détails comment nos différentes hormones participent au développement de l’acné. La testostérone, hormone mâle présente chez les hommes comme chez les femmes, se métabolise en dihydrotestostérone via une enzyme, la 5 alpha-réductase, présente au niveau des cellules sébacées. Or, la dihydrotestostérone est une hormone très androgénique (bien plus que la testostérone), ayant pour effet d’augmenter la production de sébum. Certaines femmes remarquent très bien le changement de leur peau à certains moments du cycle où la testostérone est fabriquée en plus grande quantité (autour de l’ovulation notamment).
La testostérone peut aussi se transformer on dit qu’elle « s’aromatise » en œstrogène, hormone féminisante, qui est plutôt protectrice pour la peau puisqu’elle inhibe l’activité excessive des glandes sébacées.
Une acné adulte persistante chez la femme doit faire pousser à rechercher d’autres signes d’hyperandrogénie puisqu’elle peut témoigner d’un déséquilibre hormonal (hirsutisme, alopécie, prise de poids, cycles irréguliers ou absents…). En effet, un déséquilibre entre les hormones mâles et les œstrogènes favorise largement l’acné chez la femme.
D’autres hormones sont également impliquées dans la physiopathologie de l’acné : l’hormone de croissance et le facteur de croissance IGF-1, l’insuline, mais aussi le cortisol, notre principale « hormone du stress ». Il est bien connu que le stress favorise et/ou aggrave l’acné : le cortisol modifie le système immunitaire de la peau et dégrade également le collagène. Travailler sur la gestion du stress doit faire partie des stratégies à mettre en place pour combattre efficacement l’acné !
Beaucoup d’adolescentes et de femmes se voient prescrire la pilule pour limiter leur acné. Certaines pilule on été prescrites davantage pour le traitement de l’acné, mais pas en tant que contraceptif.
La pilule est souvent recommandée en cas d’hyperandrogénie qui se caractérise par un excès d’hormones masculines par rapport aux hormones féminines, ce qui contribue à l’acné. En effet, certaines pilules ont un effet anti-androgénique qui peut donc aider à diminuer l’acné s’il est uniquement lié à undéséquilibre hormonal. Toutefois, toutes les pilules n’ont pas de propriétés bénéfiques en cas d’acné et certaines peuvent même l’accentuer.
La pilule met au repos les ovaires, et diminue les taux d’œstrogènes, progestérone, et testostérone. Elle permet aussi de mettre en veille le cycle menstruel en supprimant l’ovulation. De ce fait sous pilule, il n’y a plus de fluctuations hormonales mais une production plutôt linéaire d’hormones. La pilule peut donc temporairement inhiber la production de sébum et soulager certaines formes d’acné, mais il existe tout de même des inconvénients.
Outre les nombreux effets secondaires qu’elle provoque, la pilule ne « traite » pas l’acné, elle met simplement sur pause la production d’hormones sexuelles, ce qui peut soulager de manière temporaire la peau. L’acné peut toutefois revenir sitôt la pilule arrêtée, et parfois de manière plus forte. Elle peut aussi ne pas être améliorée par la pilule, voire même, être aggravée selon la pilule utilisée.
En effet, l’acné figure dans la liste des effets indésirables de nombreuses pilules selon le Vidal, y compris pour celles ayant une AMM pour l’acné. Selon le sondage réalisé par la journaliste Sabrina Debusquat sur 3616 femmes prenant la pilule, 21% d’entre elles ont reporté avoir de l’acné comme effet secondaire. Et 23,7% des femmes ont eu une acné (modérée) à l’arrêt de leur pilule.
Certaines molécules auraient un effet aggravant sur l’acné : il s’agit de certains progestatifs de synthèse dont la structure moléculaire serait plus proche de la testostérone que de la progestérone. On peut classifier les pilules ayant un index androgénique élevé, favorisant potentiellement l’acné, et celles qui ont un index androgénique bas, qui ne devraient pas favoriser l’acné.
Il est possible de souffrir d’un « effet rebond » entre 3 et 6 mois après l’arrêt de la pilule : lorsque les hormones synthétiques ne circulent plus dans l’organisme, les ovaires relancent la production d’hormones androgènes, et le corps recommence à produire du sébum, ce qui peut engendrer une poussée d’acné temporaire. Parfois, cet effet rebond se prolonge car l’acné est le symptôme de plusieurs dysfonctionnements internes qui n’ont pas été solutionnés par la pilule (déséquilibre hormonal, inflammation chronique, carences en micronutriments, dysbiose intestinale…).
Il existe des solutions naturelles pour limiter l’effet rebond de l’acné en post-pilule :
Favoriser une alimentation anti-inflammatoire
Bien équilibrer sa glycémie et faire attention aux aliments à index glycémique élevé
Adopter une routine anti acné (que nous allons voir plus bas)
Prendre un complément à base de bisglycinate de Zinc
Encourager l’élimination des toxines via le foie et les intestins
Travailler sur la gestion du stress chronique
Faire une cure d’Oméga 3 pour aider à diminuer l’inflammation
L’acné est une problématique fréquente, qui peut être améliorée naturellement grâce à une routine IN & OUT adaptée. Comme nous l’avons évoqué, un mode de vie sain peut aider à diminuer les pathologies cutanées comme l’acné (alimentation anti-inflammatoire à faible charge glycémique, gestion du stress, complémentation en Zinc et en Oméga 3…).
De nombreuses études scientifiques s’accordent à dire que l’alimentation joue un rôle prépondérant dans le développement de l’acné. Certaines populations n’ayant pas accès à une alimentation transformée et se nourrissant d’aliments bruts sont préservées de l’acné. Nous recommandons vivement aux personnes souffrant d’acné de limiter les produits ultra-transformés (fast-food, fritures, sodas…) mais également le sucre et les graisses raffinés, qui favorisent l’inflammation chronique de nos cellules.
Voici d’autres recommandations pour aider à réduire naturellement l’acné
Faire la part belle aux aliments riches en antioxydants (fruits et légumes de saison, thé vert, baies, épices…)
S’hydrater correctement (au moins 1,5 à 2 litres d’eau par jour)
Favoriser un sommeil de qualité (7 à 9 heures de sommeil par nuit idéalement)
Conserver une activité physique régulière et modérée
Adopter une routine skincare minimaliste et naturelle : double nettoyage à l’huile de jojoba (non comédogène), eaux florales, actifs et sérums naturels, gel d’aloe vera…
Privilégier le maquillage minéral non comédogène
Nettoyer régulièrement les pinceaux et éponges de maquillage, mais aussi le linge de lit avec lequel la peau est en contact plusieurs heures chaque jour
Penser aux masques à l’argile pour assainir la peau
Hydrolat de Sauge sclarée de Provence : Régulateur de la sécrétion de sébum, il permet d'équilibrer tous types de peaux, surtout en cas de déséquilibre d'origine hormonale. A utiliser en application quotidienne sur le visage comme une lotion tonique, sur un disque de coton ou un coton lavable. Pensez à conserver vos hydrolats au réfrigérateur.
Sérum Niacinamide 10%, Cuivre et Zinc : Ce sérum régule la sécrétion de sébum, resserre les pores, prévient la formation des boutons et atténue les rougeurs et les taches brunes. Véritable élixir pour une "peau zéro défaut", il laisse la peau nette, le teint unifié et le grain de peau affiné.
Sérum concentré Acide azélaïque 10% : Connu pour ses effets kératolytique, anti-comédons et antibactériens, ce sérum agit simultanément sur plusieurs facteurs responsables de l’acné. Il désobstrue et resserre les pores, régule l’excès de sébum et calme les rougeurs de la peau, tout en étant adapté aux femmes enceintes et allaitantes.
La pilule oestroprogestative, qui est souvent prescrite pour l’acné, possède davantage de contre-indications que la pilule progestative. Les antécédents personnels et familiaux d’hypertension, artérielle, de diabète, d’hypercholestérolémie, de migraines, de phlébites et de problèmes vasculaires constituent une contre-indication à la pilule combinée. Le fait d’avoir plus de 35 ans et/ou d’être fumeuse constitue une contre-indication relative à la pilule combinée.
Demandez conseil à un professionnel de santé afin de savoir ce qui pourrait vous convenir (médecin généraliste, gynécologue, dermatologue ou encore sage-femme).
Certaines plantes peuvent aider à diminuer l’acné hormonale en inhibant la production de dihydrotestostérone et en diminuant le sébum. C’est le cas par exemple du Saw Palmetto, de la racine d’Ortie, ou encore du Reishi, un champignon médicinal très populaire en Médecine Traditionnelle Chinoise. Elles comportent toutefois des précautions d’emploi, n’hésitez-pas à vous renseigner auprès d’un professionnel formé à la phytothérapie !
Marie Jeanmougin est naturopathe et micro nutritionniste, spécialisée dans la santé hormonale des femmes. Convaincue que l'équilibre hormonal commence dans l'assiette, elle donne régulièrement des conseils de nutrithérapie.
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https://fr.statista.com/themes/2750/les-francais-et-la-contraception/
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https://jarretelapilule.fr/les-faits/sondage-les-femmes-et-la-pilule-resultats/
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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3408989/
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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7847434/