Qu'est-ce que la cyprine ?

Également appelée fluide d’excitation, la cyprine reste un sujet peu exploré, souvent tabou, alors même qu’elle joue un rôle clé dans la santé intime des femmes. Sécrétée lors de l’excitation sexuelle, elle assure la lubrification naturelle du vagin, favorise le confort pendant les rapports et contribue à l’équilibre du microbiote vaginal. Dans cet article, nous faisons le point sur la composition et les fonctions de la cyprine, les facteurs qui influencent sa production, les signes à surveiller en cas de déséquilibre, ainsi que les solutions naturelles pour soutenir une lubrification optimale à chaque étape de la vie.

Par Stéphanie Catrysse
Publié le 11/08/2025Temps de lecture : +4 min.

La cyprine : de quoi parle-t-on ?

Un fluide naturel produit lors de l'excitation

La cyprine désigne les sécrétions vaginales produites spécifiquement lors de l’excitation sexuelle. Elle résulte de l’action conjointe des glandes de Bartholin, situées de part et d’autre de l’orifice vaginal, et d’un phénomène de transsudation des parois vaginales, lié à l’augmentation de l’afflux sanguin dans la région pelvienne. Ce mécanisme physiologique permet la libération rapide d’un fluide incolore à légèrement blanchâtre, filant ou légèrement visqueux, souvent décrit comme glissant, fluide et inodore. Il peut apparaître en quelques secondes à quelques minutes après le début de l’excitation et joue un rôle clé dans la facilitation des rapports sexuels.

Cyprine et lubrification vaginale : quelles différences ?

Le terme « cyprine » est souvent utilisé comme synonyme de lubrification vaginale, mais il ne désigne en réalité qu’un type spécifique de sécrétion, produit exclusivement lors de l’excitation sexuelle. Elle est sécrétée par les glandes de Bartholin, sous l’effet de la stimulation nerveuse et hormonale, et contribue à réduire les frottements lors des rapports. À l’inverse, la lubrification vaginale basale regroupe l’ensemble des sécrétions produites tout au long du cycle, indépendamment de l’excitation. Ces pertes blanches, ou leucorrhées physiologiques, sont plus épaisses et blanchâtres, riches en glycogène et en Lactobacilles, et participent activement à l’auto-nettoyage du vagin ainsi qu’au maintien de son équilibre microbiologique.

De quoi est-elle composée ?

Les éléments clés qui composent ce fluide

La cyprine est un fluide majoritairement composé d’eau (environ 90 %), ce qui lui donne sa texture fluide et facilite l’hydratation des muqueuses. Elle contient également :

  • des enzymes, protéines et acides aminés, impliqués dans la protection des tissus ;

  • des électrolytes (Sodium, Potassium, Calcium), qui participent à l’équilibre cellulaire ;

  • des acides organiques (acide lactique, acide acétique), qui maintiennent un pH légèrement acide, protecteur ;

  • des composés azotés (urée, peptides, traces d’ammoniaque), qui contribuent à la régulation locale ;

  • de très faibles quantités de lipides (squalène, alcools gras), formant un film protecteur contre les irritations ;

  • des vitamines et minéraux hydrosolubles, utiles au renouvellement cellulaire et à l’immunité locale.

La cyprine n’est pas un fluide stérile. Elle abrite également naturellement une population de micro-organismes, principalement des Lactobacilles, qui soutiennent l’équilibre du microbiote intime et limitent le développement de micro-organismes indésirables.

Les facteurs pouvant faire varier son apparence ou son odeur

La couleur, la consistance et l’odeur de la cyprine peuvent varier en fonction de nombreux paramètres : le niveau d’excitation, le cycle hormonal, l’alimentation, l’hygiène, mais aussi certains traitements médicamenteux. Une légère odeur, différente d’une femme à l’autre, est normale. En revanche, un changement brutal d’odeur, de texture (aspect mousseux ou grumeleux) ou de couleur (jaunâtre, verdâtre) peut traduire une perturbation locale.

À quoi sert-elle ? Pourquoi les femmes en produisent-elles ?

La cyprine remplit plusieurs fonctions essentielles pour la santé intime et la sexualité.

Produite en réponse à l’excitation sexuelle, elle joue d’abord un rôle mécanique : elle lubrifie naturellement le vagin, et réduit ainsi les frottements pendant la pénétration. Cette lubrification protège les muqueuses en limitant les microtraumatismes, les brûlures et les petites déchirures, ce qui rend alors les rapports plus confortables et agréables. Une cyprine abondante favorise également le plaisir sexuel, tandis qu’une lubrification insuffisante peut entraîner des douleurs (dyspareunies) et une gêne, sans pour autant refléter un manque de désir. La production de cyprine dépend de nombreux facteurs, notamment hormonaux, émotionnels ou environnementaux.

Sur le plan biologique, la cyprine participe activement à la défense de la sphère intime. Elle contient des enzymes et des molécules antibactériennes, comme les lysozymes, qui renforcent la barrière naturelle contre certains agents pathogènes. En maintenant un pH légèrement acide, compris entre 3,8 et 4,5, grâce notamment à l’acide lactique et à la présence de Lactobacillus, elle freine la prolifération de micro-organismes opportunistes. Ce pH peut légèrement varier pendant l’orgasme, mais revient rapidement à son niveau normal. La cyprine soutient ainsi l’équilibre du microbiote vaginal, en nourrissant la flore de Döderlein (flore vaginale) et en prévenant les infections. Elle pourrait aussi jouer un rôle mineur dans le transport des spermatozoïdes vers le col de l’utérus, bien que cette fonction revienne principalement à la glaire cervicale.

Qu'est-ce qui peut influencer sa production ?

Les facteurs hormonaux et psychologiques

Le principal moteur de la lubrification vaginale reste l’activité hormonale, en particulier les œstrogènes. Ces hormones stimulent la vascularisation vaginale, ce qui favorise une lubrification efficace. Leur baisse, notamment en préménopause, ralentit cette réponse naturelle. La progestérone, quant à elle, peut épaissir les sécrétions et rendre la cyprine légèrement plus visqueuse en phase lutéale. C’est pourquoi certaines périodes de la vie (ménopause, post-partum, prise de contraceptifs hormonaux) peuvent entraîner une diminution de la production de cyprine. Mais les hormones ne sont pas les seules en jeu. Le désir, le bien-être émotionnel, la qualité de la relation à soi et à l’autre ont également un impact direct. Une excitation entravée par le stress, la peur ou un contexte inadapté peut inhiber cette réponse physiologique, même en l’absence de trouble organique.

L’impact du stress, de l’hydratation et de l’alimentation

Le stress chronique agit comme un inhibiteur majeur de la réponse sexuelle, en réduisant notamment la vasodilatation pelvienne nécessaire à la lubrification. Une mauvaise hydratation peut également contribuer à une moindre fluidité des sécrétions. Enfin, une alimentation déséquilibrée, pauvre en acides gras essentiels, en Zinc ou en vitamines du groupe B, peut perturber indirectement la fonction hormonale, et donc la lubrification. Une alimentation pauvre en oméga-3 et en antioxydants favorise l’inflammation, altère le microbiote vaginal et augmente le stress oxydatif, autant de facteurs susceptibles d’impacter la qualité et la quantité de cyprine.

Les médicaments, contraception et autres influences

Certains médicaments, comme les antidépresseurs, les antihistaminiques, les anticholinergiques ou certains traitements hormonaux, sont connus pour réduire la lubrification vaginale. De même, certaines pilules contraceptives peuvent entraîner une baisse des œstrogènes circulants, réduisant la production de cyprine. Le tabac, l’alcool ou encore une hygiène intime trop agressive sont d’autres facteurs susceptibles de perturber cet équilibre délicat.

Quand faut-il s'inquiéter ?

En cas de sécrétions inhabituelles ou de douleurs

Certaines modifications de la cyprine doivent alerter, notamment si elles s’accompagnent de symptômes désagréables. Il est essentiel de consulter si l’un ou plusieurs des signes suivants apparaissent :

  • Sécrétions soudainement abondantes, d’aspect mousseux ou bulleux

  • Odeur forte et inhabituelle (notamment odeur de poisson)

  • Changement de couleur persistant : jaune, verte ou brune

  • Sensation de brûlure, démangeaisons ou douleurs pelviennes

Ces manifestations peuvent signaler une infection (mycose, vaginose bactérienne, IST…) ou une inflammation locale. Même si les symptômes sont intermittents, il ne faut pas les banaliser.

Bien distinguer la cyprine, les pertes vaginales et les infections

Pour bien distinguer cyprine, pertes vaginales et infections, nous devons observer plusieurs critères spécifiques. La cyprine est un fluide sécrété uniquement lors de l’excitation sexuelle. Elle est généralement transparente, filante, à l’odeur légère et musquée.  Elle se distingue des pertes vaginales physiologiques (ou leucorrhées), qui s’écoulent quotidiennement en dehors de toute stimulation sexuelle. Ces pertes normales sont plus épaisses, crémeuses ou filantes, inodores ou légèrement odorantes, varient au cours du cycle menstruel et résultent de l'activité naturelle du vagin et du col utérin. En revanche, certaines modifications doivent alerter : couleur anormale (jaune, grise, verte), texture mousseuse ou grumeleuse, odeur forte (notamment de poisson) ou encore sensations de brûlure et de démangeaisons. Ces signes peuvent évoquer une infection : vaginose bactérienne (pertes grisâtres, fluides, odeur de poisson accentuée après les rapports), mycose vaginale (pertes blanches, épaisses, grumeleuses, odeur de levure), ou trichomonase (pertes verdâtres, mousseuses et malodorantes). Observer l’aspect, l’odeur et le moment d’apparition de ces sécrétions permet souvent d’orienter le diagnostic et de savoir quand consulter un professionnel de santé.

Quand consulter un professionnel de santé ?

En cas d’inconfort persistant, de sécheresse vaginale gênante, de douleurs, de saignements après les rapports, d’odeur inhabituelle ou de changement de couleur des sécrétions non lié au cycle, nous vous recommandons de consulter un professionnel de santé : sage-femme, gynécologue ou médecin généraliste. Un simple examen clinique, complété si besoin par un prélèvement vaginal, permet souvent d’identifier une vaginose, une candidose ou toute autre cause, et de rétablir l’équilibre intime avec des gestes ou traitements adaptés.

Quelles solutions naturelles pour soutenir la lubrification féminine ?

Certaines solutions naturelles peuvent contribuer à améliorer la lubrification intime, en agissant sur plusieurs leviers : équilibre hormonal, santé des muqueuses, alimentation, hygiène ou encore bien-être émotionnel.

Les plantes et compléments utiles

Certaines plantes et compléments nutritionnels soutiennent efficacement le confort intime en favorisant la lubrification naturelle, grâce à leurs effets hormonaux, hydratants ou revitalisants.

La poudre de Maca BIO: la Maca est reconnue comme une plante adaptogène et aphrodisiaque. Elle est particulièrement bénéfique pour stimuler la libido et soutenir l’équilibre hormonal féminin, notamment en cas de variations hormonales, comme en préménopause. Elle permet également de renforcer l’énergie globale et la vitalité, ce qui peut indirectement améliorer le bien-être intime. Idéale en smoothie, salade ou yaourt, elle se consomme à raison de 1 à 2 cuillères à café par jour. La consommation de Maca est déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes. En cas d'hypertension, demander l'avis de votre médecin.

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La poudre de Fenugrec BIO : riche en mucilages et en saponines, le Fenugrec est traditionnellement utilisé pour soutenir les sécrétions naturelles, notamment la lubrification intime. Ses composés hydratants et phytohormonaux en font une alliée douce du confort féminin. Ne pas utiliser par voie interne pendant la grossesse (favorise l’accouchement), chez les enfants, en cas de mastose ou de cancer hormono-dépendants (sein, ovaire, endomètre) ou en cas de traitement anticoagulant, hypoglycémiant ou hypolipémiant. Pour les effets en phytothérapie par voie interne, demandez conseil à votre médecin.

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Les omégas-3 vegan : présents dans les poissons gras, l’huile de Lin ou de Bourrache, favorisent la souplesse et l’élasticité des tissus. Hautement dosées en DHA et EPA issus de microalgues Schizochytrium sp., ces capsules d’Oméga-3 vegan sont un complément alimentaire naturel incontournable. Prendre 1 capsule par jour, à avaler avec un verre d'eau. Femmes enceintes ou allaitantes : demander l'avis d'un professionnel de santé.

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Une hygiène intime douce et adaptée

Une hygiène adaptée est essentielle au confort vaginal. Privilégiez un lavage externe uniquement, à l’eau tiède et avec un soin lavant doux, sans parfum ni antiseptique. Les douches vaginales, les lingettes parfumées ou les produits agressifs sont à proscrire : ils perturbent le pH physiologique (environ 4,5 à 5,5 en zone vulvaire externe) et fragilisent la flore protectrice.

L'alimentation, l'hydratation et la gestion du stress

Le bien-être intime passe aussi par l’assiette et l’hygiène de vie. Une alimentation variée et colorée, riche en fruits et légumes, en acides gras essentiels (oméga-3) et en probiotiques naturels (yaourt, kéfir, choucroute crue) nourrit les muqueuses et le microbiote vaginal. Boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour contribue à une bonne hydratation des muqueuses. Enfin, la gestion du stress joue un rôle clé. Le stress chronique perturbe les hormones sexuelles, notamment par l’élévation du cortisol. Des pratiques comme la cohérence cardiaque, la sophrologie, le yoga ou la méditation peuvent soutenir une lubrification naturelle en favorisant la détente et une meilleure circulation pelvienne.

Les lubrifiants, une aide ponctuelle

Lorsque la lubrification naturelle fait défaut, utiliser un lubrifiant externe peut grandement améliorer le confort lors des rapports sexuels. Privilégiez des produits à base d’ingrédients naturels, sans parfums ni agents irritants, et adaptés à votre sensibilité. Les lubrifiants à base d’eau sont généralement recommandés car ils respectent le pH vaginal et sont faciles à nettoyer. Évitez les lubrifiants contenant des parfums, parabènes ou autres substances agressives qui peuvent perturber l’équilibre intime.

Précautions d'usage

Avant d’utiliser des plantes ou des compléments pour soutenir la lubrification féminine, nous vous recommandons de toujours demander l’avis d’un professionnel de santé, notamment en cas de traitement médical, de déséquilibre hormonal connu ou de pathologie hormono-dépendante. Par ailleurs, un test de tolérance est conseillé pour les produits à usage externe.

Conseil de l'expert

La qualité et la quantité d’eau que vous consommez impactent directement la lubrification naturelle. Optez pour une eau faiblement minéralisée, qui favorise une hydratation optimale des cellules et une cyprine fluide. À l’inverse, une légère déshydratation peut épaissir les sécrétions vaginales et diminuer le confort intime.

En savoir plus

Est-ce que la cyprine tache ?

La cyprine est généralement translucide ; elle peut laisser une auréole claire mais ne contient pas de pigments, donc ne tache pas durablement les tissus.

Cyprine acide : quelles en sont les causes ?

La cyprine peut parfois paraître acide, en particulier lors des rapports oraux. Cela s’explique par le pH naturellement acide de la vulve, compris entre 3,8 et 4,5. Ce pH protège l’équilibre de la flore intime. Toutefois, si cette acidité devient inhabituelle ou gênante, elle peut refléter un déséquilibre de la flore vaginale, lié par exemple à une infection, un excès de toilette intime, une alimentation trop sucrée ou un stress chronique. Si l’acidité s’accompagne d’une odeur forte, de pertes anormales ou d’irritations, une consultation s’impose.

Pourquoi certaines femmes en produisent-elles peu ?

Les variations hormonales, le stress, certains médicaments ou l’âge peuvent expliquer une lubrification insuffisante. Cela n’est pas anormal, mais il peut être utile d’explorer les causes avec un professionnel.

Cyprine qui sent fort ou mauvais : est-ce normal ?

La cyprine a normalement une odeur légère et musquée. Une odeur désagréable peut révéler un déséquilibre intime, comme une vaginose bactérienne, une hygiène excessive, une alimentation déséquilibrée ou une altération de la flore vaginale. Si l’odeur s’accompagne d’autres signes (brûlures, démangeaisons, pertes anormales), il est conseillé de consulter.

Zoom sur notre rédactrice Naturopathe, Stéphanie Catrysse

Stéphanie Catrysse est naturopathe (certifiée par la FENA), praticienne en massage bien-être et drainage lymphatique et conseillère en développement personnel. 

Passionnée de médecine douce, elle exerce avec une approche holistique de la santé.

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