Trichotillomanie : Causes et symptômes

Si vous ressentez le besoin irrépressible de vous arracher les cheveux ou d’autres poils sur le corps, il se peut que vous souffriez de trichotillomanie. Ce trouble psychique peu connu du grand public peut avoir d’importantes conséquences sur l’image de soi et la vie quotidienne. Toutefois, des solutions existent pour s’en libérer. En effet, des thérapeutes formés proposent des accompagnements spécifiques à ce trouble. Dans cet article, découvrez les causes et les symptômes de la trichotillomanie et comment réagir si vous ou l’un de vos proches êtes concernés.

Par Amandine Granger
Mis à jour le 12/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Définition : la trichotillomanie, c’est quoi ?

La trichotillomanie est un trouble psychologique chronique qui se manifeste par un besoin incontrôlable de s’arracher les cheveux ou les poils. Le terme vient du grec : « tricho » signifie « poil », et « tillo » veut dire « épiler ». Autrement dit, il s’agit littéralement de la manie de s’arracher les poils. Ce trouble peu connu est pourtant identifié depuis de nombreuses années. En effet, il a été décrit pour la première fois en 1898 par un dermatologue français, le docteur Hallopeau.

Les personnes qui souffrent de trichotillomanie s’arrachent le plus souvent les cheveux. Mais d’autres zones peuvent être concernées, comme les cils, les sourcils ou encore les poils des bras, des jambes, ou d’autres parties du corps. Avec le temps, ces gestes répétitifs entraînent des zones dégarnies, voire une perte de cheveux irréversible. Ce comportement n’est pas lié à une problématique esthétique. Les personnes ne tentent pas de supprimer des imperfections en s’épilant, mais ressentent un besoin compulsif de s’arracher les cheveux ou les poils. Elles essaient d’ailleurs souvent d’arrêter, mais n’y arrivent pas. Dans certains cas, le geste devient tellement automatique que la personne ne se rend même plus compte qu’elle s’arrache les cheveux.

Ce trouble peut disparaître spontanément ou persister toute la vie. Il apparaît généralement à l’adolescence et touche davantage les jeunes filles. La trichotillomanie fait d’ailleurs partie des causes possibles d’alopécie chez la femme.

Est-ce que la trichotillomanie est un TOC ?

La trichotillomanie est aujourd’hui classée dans la catégorie des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et apparentés selon le DSM-5 (le manuel de référence pour la classification des troubles mentaux). Plus précisément, elle fait partie des comportements répétitifs centrés sur le corps (CRCC).

Les CRCC regroupent différents troubles dans lesquels la personne répète de manière compulsive un geste sur son propre corps, jusqu’à provoquer des lésions physiques. En plus de la trichotillomanie, on retrouve également la dermatillomanie (se triturer la peau), l’onychophagie (se ronger les ongles) ou encore l’habitude de se mordre l’intérieur des joues. 

Comme pour les TOC, ce type de trouble est caractérisé par des tentatives répétées d’y mettre fin, mais sans y arriver. Les personnes n’arrivent pas à s’empêcher de répéter ces gestes malgré le fait qu’elles ont pleinement conscience des conséquences néfastes. Cette lutte intérieure engendre souvent une grande détresse et un repli sur soi par peur du jugement des autres.

Qu'est-ce qui provoque ce besoin de s'arracher les cheveux ?

L’origine de la trichotillomanie est complexe et encore mal connue. En effet, les causes de ce trouble psychique sont multifactorielles. Cela signifie qu’il peut être influencé par plusieurs éléments à la fois, sans que l’on puisse les déterminer avec certitude. Certains facteurs semblent toutefois impliqués dans son apparition, tels que :

Des facteurs génétiques : il arrive souvent que plusieurs membres d’une même famille soient atteints de trichotillomanie, ce qui laisse penser à une prédisposition génétique.

Un terrain anxieux : la trichotillomanie est souvent liée au stress. En effet, l’arrachage de cheveux ou de poils peut procurer un apaisement momentané, souvent en réponse au stress ou à une tension intérieure. Ce geste devient alors un mécanisme pour réduire le niveau d’anxiété.

D’autres troubles psychiques : la trichotillomanie peut être associée à d’autres troubles, tels que des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou un trouble de l’attention.

Un événement traumatisant : un choc émotionnel peut contribuer à l’apparition du trouble, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes.

Quels sont les symptômes associés à ce trouble psychique ?

L’intensité des symptômes varie d’une personne à l’autre. Pour certains, la trichotillomanie peut devenir un véritable handicap dans la vie quotidienne et avoir d’importantes conséquences sur la vie personnelle, sociale et professionnelle. Les signes courants qui accompagnent ce trouble sont :

  • Un arrachage compulsif des poils ou cheveux : le geste peut être conscient ou automatique et survenir dans des moments de stress, de concentration ou d’ennui. Les crises durent parfois quelques minutes, parfois plusieurs heures.  

  • Une perte de cheveux ou de poils définitive : la quantité de perte de poils dépend de la fréquence et de la zone d’arrachage. Cela peut aller d’un simple éclaircissement à des plaques entières d’alopécie, sur le cuir chevelu, les sourcils, les cils ou d'autres parties du corps.

  • Un comportement incontrôlable : malgré la volonté d’arrêter, la personne n’y parvient pas. Ce comportement devient envahissant et crée un profond mal-être.

  • Une trichophagie : certaines personnes avalent les cheveux ou poils arrachés, ce qui peut entraîner des trichobézoards. Ce sont des amas de cheveux dans l’estomac ou l’intestin qui peuvent provoquer des troubles digestifs (douleurs, nausées, vomissements…).

  • Des comportements répétitifs centrés sur le corps : beaucoup de personnes concernées ont d’autres CRCC. Elles peuvent également se ronger les ongles (onychophagie), se triturer la peau (dermatillomanie), ou se mordiller l’intérieur des joues. Il arrive, qu’elles arrachent aussi des poils d’animaux, des fils de tissus ou des poils appartenant à d’autres personnes.

  • Un sentiment de honte et un isolement : la perte de cheveux, de cils ou de sourcils peut fortement impacter l’image de soi. Les personnes touchées tentent souvent de dissimuler les zones atteintes avec des foulards, des coiffures ou des perruques. Elles peuvent aussi éviter certaines situations sociales, par peur du regard des autres.

Que faire lorsque c'est un enfant qui s'arrache les cheveux ?

La trichotillomanie débute souvent à l’adolescence et parfois même dans l’enfance. Or, les enfants n’ont pas toujours les mots pour exprimer leur mal-être et l’arrachage de cheveux peut passer inaperçu jusqu’à l’apparition de zones dégarnies visibles. Chez les adolescents, ce trouble s’accompagne souvent de honte, surtout à un âge où l’apparence et l’acceptation sociale occupent une place prépondérante dans leur vie. Détecter ce trouble de façon précoce n’est donc pas évident chez les jeunes. C’est pourquoi il est important de communiquer au sujet de cette pathologie afin qu’elle soit mieux connue de tous. Cela permettra aux parents, enseignants et professionnels de santé d’être plus attentifs aux signes qui pourraient faire suspecter une trichotillomanie.

Lorsqu’un enfant s’arrache les cheveux de manière compulsive, il est avant tout important de ne pas le lui reprocher. Cela ne ferait que renforcer son anxiété et une image négative de lui-même. Si le trouble prend de l’ampleur, consulter un thérapeute qualifié peut être d’un grand soutien. En effet, son accompagnement aidera l’enfant à retrouver une meilleure estime de lui-même et à se libérer de la trichotillomanie.

Je m'arrache les cheveux : que faire pour arrêter ?

Si vous vous reconnaissez dans ce trouble, ou si vous soupçonnez un proche d’en souffrir, il est essentiel de ne pas rester isolé. En effet, la trichotillomanie est une pathologie reconnue et il existe des prises en charge qui permettent de s’en libérer. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont particulièrement efficaces pour soulager ce trouble psychique. Elles permettent dans un premier temps d’identifier les déclencheurs qui provoquent le besoin de s’arracher les cheveux et les émotions associées. Ensuite, le thérapeute aide la personne à mettre en place des stratégies qui visent à remplacer les comportements compulsifs.  En parallèle d’un accompagnement psychologique, vous pouvez également avoir recours à des solutions pour restaurer la perte de cheveux (greffes capillaires, prothèses, volumateurs…). La mésothérapie est aussi une option intéressante pour accompagner la repousse des cheveux.

Pour poser le diagnostic de trichotillomanie, les médecins se basent sur plusieurs critères référencés dans le DSM 5 :  

  • L’arrachage est fréquent et entraîne une perte définitive des poils ou cheveux.

  • Le comportement est source de souffrance psychique et impacte la vie quotidienne (isolement, trouble de l’estime de soi, anxiété sociale…).

  • La personne affectée tente à maintes reprises de stopper ce comportement, mais n’y arrive pas.

  • Le trouble n’est pas dû à une autre maladie de la peau (eczéma, psoriasis…) ou un trouble mental différent, comme la dysmorphophobie.

Quelles solutions pour stopper ce comportement compulsif ?

Voici d’autres pistes à explorer qui peuvent aider à se libérer de la trichotillomanie et à retrouver son bien-être émotionnel :

  1. Faire des séances d’hypnose : l’hypnose est une pratique thérapeutique qui permet d’accéder à l’inconscient pour modifier les comportements qui nuisent au bien-être de la personne. Elle aide à renforcer l’estime de soi, réduire le stress, et diminuer les pulsions.

  2. Gérer son stress et ses émotions : apprendre à identifier et accueillir ses émotions sans jugement est essentiel pour mieux gérer son stress. La méditation en pleine conscience est une pratique qui peut aider à cela. En effet, elle permet de se connecter pleinement à soi et à ses ressentis. Elle aide ainsi à devenir plus attentif aux moments où le besoin d’arrachage survient et à identifier les émotions qui le précèdent.

  3. Pratiquer des activités relaxantes : les activités manuelles et relaxantes, comme le jardinage, le dessin, le tricot ou la musique contribuent à réduire le stress. C’est aussi un bon moyen d’occuper ses mains et de pouvoir ainsi prévenir les crises.

  4. S'informer sur la trichotillomanie : savoir qu’on n’est pas seul à souffrir de ce problème permet de déculpabiliser. Ce peut être aussi un grand soulagement d’apprendre que des solutions existent. Et cela renforce aussi la motivation à demander de l’aide et à en parler à ses proches.

Précautions d'usage

Cet article a pour but d’informer, mais il ne peut pas remplacer un avis médical. Si vous souffrez de comportements compulsifs ou si vous avez l'impression qu’un proche est concerné, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé. Celui-ci pourra vous donner un avis éclairé et vous proposer un accompagnement adapté.

Conseil de l'expert

La trichotillomanie est une maladie peu connue, souvent incomprise et qui peut donc facilement générer un sentiment de honte par peur du jugement de l’autre. Toutefois, c’est un trouble psychique reconnu, pour lequel il existe des thérapeutes formés. Alors, ne restez pas seul avec votre souffrance. N’hésitez pas à vous renseigner et à chercher des professionnels de santé qualifiés pour accompagner ce type de trouble.

En savoir plus

Les cheveux repoussent-ils quand le bulbe du cheveu est arraché ?

Tout dépend de la fréquence de l’arrachage. Si le bulbe est arraché de manière répétée, il peut s’atrophier, ce qui empêche la repousse définitive. Dans d’autres cas, les cheveux peuvent repousser, mais souvent plus fins ou fragilisés.

Qu’est-ce que le syndrome de Raiponce ?

Le syndrome de Raiponce est une complication rare, mais grave de la trichophagie (ingestion de cheveux). Un amas de cheveux s’accumule dans l’estomac, parfois jusqu’à l’intestin. En général, une intervention chirurgicale est nécessaire pour le retirer. La tricophagie est un trouble lié à la trichotillomanie.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Amandine GRANGER

Amandine est rédactrice spécialisée en santé naturelle. Passionnée par les médecines alternatives, elle se forme au métier de naturopathe. À travers ses articles, elle souhaite partager ses connaissances au plus grand nombre pour que chacun puisse apporter plus de bien-être et d’équilibre dans son quotidien.

Bibliographie

1

Alexandra Rivière - Psychologue à Paris 9. (2024, août 14).

2

Phillips, K. A., & Stein, D. J. (2023, 12 juillet).

3

Seznec, J. (s. d.). Comment prendre en charge la trichotillomanie ? Dr Seznec - Wepsee. Wepsee.