Arthrite réactionnelle : comment la reconnaître et agir ?

Cette pathologie auto-immune touche principalement les articulations des membres inférieurs et peut considérablement impacter la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Contrairement à d'autres formes d'arthrite, l'arthrite réactionnelle a cette particularité de se déclencher suite à une infection qui peut paraître bénigne. Dans cet article, explorons ensemble les mécanismes de cette pathologie.

Par Guillaume Renaud
Mis à jour le 05/08/2025Temps de lecture : +4 min.

Définition

L'arthrite réactionnelle est une forme d'arthrite inflammatoire qui se développe après une infection bactérienne, généralement dans les 1 à 4 semaines suivant l'épisode infectieux. Cette pathologie fait partie des spondylarthropathies, un groupe de maladies inflammatoires qui touchent les articulations et la colonne vertébrale. Le mécanisme à l'origine de cette pathologie est complexe. Suite à une infection, le système immunitaire développe une réaction inflammatoire pour lutter contre l'infection et éliminer l'agent pathogène. Malheureusement, chez certaines personnes prédisposées génétiquement, le système immunitaire s'emballe et cette réaction se poursuit même après l'élimination de l'infection. On parle alors de réaction auto-immune. Cette pathologie était autrefois appelée « syndrome de Reiter » en référence au médecin qui l'a décrite. Elle se caractérise par une triade de symptômes : arthrite, urétrite et conjonctivite. Cependant, cette triade complète n'est présente que chez 30 à 40 % des patients atteints d'arthrite réactionnelle. L'arthrite réactionnelle se distingue des autres formes d'arthrite par son caractère post-infectieux et sa tendance à affecter de manière asymétrique les articulations des membres inférieurs. Contrairement à la polyarthrite rhumatoïde qui touche généralement les petites articulations de manière symétrique, l'arthrite réactionnelle affecte plutôt les grosses articulations comme les genoux, les chevilles ou les pieds.

Quelles peuvent-être les causes ?

L'arthrite réactionnelle résulte de l'interaction entre plusieurs facteurs : une infection déclenchante, une prédisposition génétique et une réaction du système immunitaire qui s'emballe.

Infections déclenchantes

Deux types d'infections sont principalement impliqués dans le développement de l'arthrite réactionnelle :

Les infections digestives représentent la première cause. Parmi les bactéries responsables, on retrouve principalement la salmonelle. Ces infections provoquent généralement une gastro-entérite avec diarrhée, vomissements et fièvre. Dans 10 à 30% des cas, une arthrite réactionnelle peut se développer dans les semaines suivant l'épisode infectieux.

Les infections génito-urinaires constituent le second groupe de causes. Chlamydia trachomatis est l'agent pathogène le plus fréquemment impliqué, mais d'autres bactéries comme le gonocoque peuvent également être responsables. Ces infections peuvent parfois passer inaperçues, notamment chez les femmes, ce qui peut retarder le diagnostic et la prise en charge médicale augmentant ainsi les risques d'arthrite réactionnelle.

Prédispositions génétiques

La prédisposition génétique joue un rôle crucial dans le développement de l'arthrite réactionnelle. Environ 80 % des patients atteints d'arthrite réactionnelle sont porteurs d'un antigène spécifique (HLA-B27), contre seulement 8 % de la population générale. Cette particularité génétique semble favoriser une réaction immunitaire excessive et prolongée suite à une infection. Le système HLA correspond à des marqueurs présents à la surface de nos cellules qui permettent à notre système immunitaire d'identifier ce qui lui appartient de ce qui est externe à notre organisme. Cependant, la présence de HLA-B27 ne suffit pas à elle seule à déclencher la maladie. C'est la rencontre entre cette prédisposition génétique et un agent infectieux qui va déclencher la réaction auto-immune responsable de l'arthrite réactionnelle.

Facteurs environnementaux

D'autres facteurs peuvent favoriser l'apparition d'une arthrite réactionnelle. Le stress chronique, qui affaiblit le système immunitaire, peut favoriser la survenue d'infections et modifier la réponse immunitaire. De même, un terrain inflammatoire préexistant lié à une alimentation déséquilibrée ou à des carences nutritionnelles peut favoriser le développement de cette pathologie.

Quels sont les symptômes d'une crise d'arthrite ?

L'arthrite réactionnelle se manifeste par un ensemble de symptômes qui peuvent varier d'une personne à l'autre et évoluer par poussées et rémissions.

  • Des symptômes articulaires : les articulations douloureuses constituent le symptôme principal de l'arthrite réactionnelle. Ces douleurs touchent préférentiellement les articulations des membres inférieurs. On retrouve de l'arthrite aux chevilles, mais également aux genoux ou aux hanches. Les patients atteints d'arthrite peuvent avoir les pieds gonflés également. L'atteinte est le plus souvent asymétrique, c'est-à-dire qu'elle ne touche pas les mêmes articulations des deux côtés du corps. Les articulations atteintes présentent les signes classiques de l'inflammation : douleur, gonflement, rougeur et chaleur locale. La douleur est particulièrement intense au réveil et après des périodes de repos prolongées. Cette raideur matinale peut durer plusieurs heures, contrairement à l'arthrite où elle se dissipe plus rapidement. Les orteils peuvent également être touchés par une inflammation caractéristique appelée "orteil en saucisse" ou dactylite. Cette inflammation touche l'ensemble du doigt ou de l'orteil et lui donne un aspect gonflé et douloureux.

  • L'atteinte oculaire est fréquente et se manifeste par une conjonctivite avec rougeur, larmoiement et sensation de corps étranger dans l'œil. Cette conjonctivite peut être bilatérale et récidivante.

  • L'atteinte génito-urinaire peut se traduire par une urétrite avec brûlures mictionnelles, écoulements ou douleurs pelviennes. Ces symptômes peuvent persister même après le traitement de l'infection initiale.

Des manifestations cutanées peuvent également survenir, notamment des éruptions cutanées ou des ulcérations buccales. Ces symptômes sont généralement temporaires, mais peuvent être récidivants selon le terrain.

Évolution de la maladie

L'arthrite réactionnelle évolue généralement par poussées et rémissions. La première poussée survient dans les 1 à 4 semaines suivant l'infection déclenchante et peut durer plusieurs mois. Chez 20 à 30 % des sujets, la maladie peut devenir chronique avec des poussées récurrentes. L'intensité des symptômes varie considérablement d'une personne à l'autre. Certains patients présentent des symptômes légers qui disparaissent spontanément, tandis que d'autres développent une forme chronique invalidante nécessitant un traitement de fond.

Comment prévenir cette pathologie ?

Malheureusement, aucun test ne permet de réellement savoir si les symptômes sont liés à une arthrite réactionnelle. Les médecins effectuent souvent une prise de sang afin de confirmer un diagnostic après avoir constaté un tableau clinique évocateur. Le test consiste en une prise de sang à la recherche du HLA-B27 pour évaluer les prédispositions. Les mesures préventives vont majoritairement reposer sur la prévention des infections et le maintien d'un système immunitaire sain et fonctionnel :

  1. Prévenir les infections : les plus faciles à éviter sont les infections digestives. Cela passe par une hygiène alimentaire rigoureuse. Il est important de bien cuire les viandes, de laver soigneusement les légumes et les fruits. Veillez au bon respect de la chaîne du froid et à la durée de conservation des denrées alimentaires. Vous éviterez ainsi les risques d'une infection bactérienne comme la salmonelle qui peut favoriser une arthrite réactionnelle. Pour les infections génito-urinaires, il est important d'utiliser un préservatif lors de rapports sexuels et d'effectuer des dépistages réguliers.

  2. Renforcer le système immunitaire : cela passe par une alimentation équilibrée, un sommeil de qualité, une activité physique régulière et la gestion du stress. N'hésitez pas pour cela à pratiquer des exercices de respiration comme la cohérence cardiaque, etc.

  3. Traiter précocement les infections : en cas d'infection ou de suspicion n'hésitez pas à consulter votre médecin rapidement. Même bénigne. Un traitement rapide et une infection contrôlée réduiront les probabilités d'affoler le système immunitaire. Et de basculer vers une réaction auto-immune qui pourra favoriser l'apparition d'arthrite réactionnelle.

Précautions d'usage

Cette pathologie nécessite un suivi médical rigoureux, notamment pour en identifier la cause infectieuse sous-jacente. Toute automédication, même naturelle, doit être évitée sans avis professionnel afin de ne pas masquer les symptômes ou aggraver l’inflammation.

Conseil de l'expert

N'hésitez pas à utiliser la thermothérapie pour soulager vos douleurs. Vous pouvez ainsi utiliser des compresses ou des poches de chaud / froid. Le chaud permettra de soulager les raideurs articulaires présentes après une longue période de repos. Et le froid peut diminuer les sensations douloureuses et calmer l'inflammation lors des périodes de poussées de l'arthrite réactionnelle.

En savoir plus

Combien de temps dure une crise d'arthrite réactionnelle ?

La durée d'une crise varie considérablement d'une personne à l'autre. La première poussée peut durer de quelques semaines à plusieurs mois, généralement entre 3 et 12 mois. Chez certains patients, la maladie se résout spontanément après la première poussée, tandis que chez d'autres, elle peut évoluer vers une forme chronique. Le nombre de poussées par an varie alors en fonction de l'état de santé général du patient et de l'excitation de son système immunitaire.

Quelle est la différence avec l'arthrite infectieuse ?

L'arthrite infectieuse résulte d'une infection directe de l'articulation par un agent pathogène, tandis que l'arthrite réactionnelle est une réaction auto-immune qui survient après une infection située ailleurs dans l'organisme. Dans l'arthrite infectieuse, l'agent pathogène est présent dans l'articulation, alors que dans l'arthrite réactionnelle, l'infection initiale a généralement disparu quand les symptômes articulaires apparaissent.

Peut-on prévenir les récidives ?

Il n'y a aucune garantie contre les récidives de cette pathologie. Mais la mise en place de mesures hygiéno-diététiques, d'une supplémentation ciblée et d'exercices physiques sont des mesures idéales pour réduire la fréquence des crises. 

Zoom sur notre rédacteur spécialisé, Guillaume RENAUD

Guillaume est préparateur en pharmacie et spécialisé en dermocosmétique. Fort de plus de dix ans d'expérience en pharmacie, il accompagne aujourd'hui les marques de santé et cosmétiques dans la rédaction d'articles de blog. Après des études dans le domaine de la naturopathie, il intervient dans des podcasts pour vulgariser la santé et les cosmétiques.

Bibliographie

1

MSD - Arthrite réactionnelle

2

Elsan - Arthrite réactionnelle définitions causes et traitements

3

CHU Besançon - 30 ans de suivi des arthrites réactionnelles