La repousse débute par l’apparition de poils très fins, semblables à un duvet, souvent dépigmentés. Ce phénomène est fréquent : les follicules reprennent leur activité mais ne produisent initialement que des fibres fragiles, parfois blanches, en raison d’une production temporairement altérée de mélanine. Au fil du temps, avec la succession des cycles pilo-sébacés, ces poils gagnent en épaisseur, deviennent plus résistants, et retrouvent peu à peu leur couleur naturelle. Ce processus est progressif et peut durer plusieurs mois. Dans certains cas, une repousse pigmentée peut ne jamais se produire, surtout si la pelade est récidivante.
Pelade : Causes et symptômes
La pelade, mieux connue des médecins sous le terme d’alopécie areata, est déroutante. Pourquoi des plaques dépourvues de cheveux apparaissent-elles brutalement ? Comment expliquer des cycles de chute puis de repousse capillaire parfois spontanée ? En l’absence de douleur et d’inflammation visible, le retentissement psychologique reste pourtant majeur. La recherche pharmacologique progresse, mais aucune guérison définitive n’est annoncée. Savoir distinguer les symptômes, identifier les facteurs favorisants et adopter les bons réflexes contribue à restaurer confiance et qualité de vie.

Sommaire
Qu’est-ce qu’une pelade ?
La pelade est une affection auto-immune : les lymphocytes T, cellules de défense, ciblent par erreur les follicules pileux, interrompant la phase de croissance (anagène). Le cuir chevelu se retrouve alors parsemé de plaques glabres, de diamètre variable, à peau lisse et souple, sans cicatrice. D’autres zones pileuses – sourcils, barbe, cils – peuvent être touchées. L’évolution est imprévisible : certaines plaques se recolonisent en quelques mois, d’autres s’étendent jusqu’à une alopécie totale. Le diagnostic est essentiellement clinique, la biopsie n’étant réservée qu’aux formes atypiques pour exclure d’autres alopécies cicatricielles.
Qu'est-ce qui provoque une pelade des cheveux ?
La littérature décrit un modèle multifactoriel.
Déséquilibre immunitaire : Les cytokines pro-inflammatoires (dont l’interféron-γ) activent la voie JAK-STAT au niveau du bulbe pileux, déclenchant la perte des cheveux.
Prédisposition génétique : Des variants sur les loci HLA-DQ et HLA-DR augmentent la susceptibilité ; 20 % des patients rapportent un antécédent familial.
Maladies auto-immunes associées : Thyroïdite de Hashimoto, polyarthrite rhumatoïde ou lupus peuvent coexister, soulignant la composante systémique.
Facteurs déclenchants dont stress : Stress aigu, infection virale ou traumatisme cutané sont souvent rapportés comme éléments déclencheurs, sans être indispensables.
Certains Médicaments : Rares cas après anti-TNFα ou inhibiteurs de point de contrôle immunitaire, avec mécanisme immunitaire paradoxal supposé.
Quelles sont les zones qui peuvent être touchées par la pelade ?
La pelade peut se manifester sur toute surface porteuse de follicules pileux. Le plus souvent, les plaques dégarnies concernent le cuir chevelu, cependant l’atteinte dépasse fréquemment cette zone unique.
Cuir chevelu : plaques circulaires ou ovales, parfois confluentes.
Barbe : joues et menton chez l’homme.
Sourcils et cils : raréfaction partielle ou disparition complète.
Membres et tronc : poils des avant-bras, des jambes ou du thorax.
Aisselles et région pubienne : les zones dites « axillaires » et génitales peuvent devenir glabres.
Ongles : 10-20 % présentent un piquetage (petites dépressions ponctiformes).
Dans la forme dite universalis, l’alopécie concerne l’ensemble du revêtement pileux.
Est-ce que les cheveux repoussent ?
La repousse capillaire après une pelade commence généralement entre le 3ᵉ et le 6ᵉ mois suivant l’épisode aigu. Toutefois, ce délai varie selon l’étendue de la perte, la réponse au traitement et la présence ou non de facteurs aggravants comme un stress persistant ou une maladie auto-immune mal contrôlée. Environ 8 personnes sur 10 retrouvent une densité capillaire satisfaisante dans l’année, notamment dans les formes localisées (pelade en plaques). En revanche, les formes plus étendues — pelade totale ou universelle — peuvent nécessiter une prise en charge plus prolongée, avec des résultats moins prévisibles.
Quels sont les symptômes associés ?
Voici les symptômes couramment décrits :
Plaques alopéciques bien limitées : rondes ou ovales, indolores, à peau intacte.
Cheveux en « point d’exclamation » : fibres effilées à la base, signe d’activité en bordure de plaque.
Atteinte des ongles : les ongles peuvent aussi changer d’aspect : de petits creux donnent parfois une surface évoquant un dé à coudre, ou bien l’ongle devient terne, strié et rugueux ; on appelle ce second tableau une trachyonychie.
Absence de prurit : la perte survient sans démangeaison, différenciant la pelade d’un eczéma.
Récidives imprévisibles : alternance de phases de repousse et de rechute possible durant des années.
Quel est le traitement médical adéquat ?
La pelade ne dispose pas encore de thérapie curative. Les objectifs restent la repousse, le contrôle des poussées et le soutien psychologique.
Corticostéroïdes topiques ou infiltrés pour les plaques localisées ; cycles de 4 à 8 semaines avec diminution progressive.
Tacrolimus 0,1 % topique chez l’adulte, hors AMM mais souvent utile pour le visage.
Minoxidil 5 % solution en adjuvant, afin de stimuler la phase anagène.
Photothérapie UVB-nb pour les formes diffuses.
Immunothérapie de contact par diphencyprone chez l’adulte motivé ; nécessite un suivi hospitalier.
Inhibiteurs de JAK baricitinib (adulte) et ritlécitinib (≥ 12 ans) remboursés en France pour les formes sévères ; bilan cardio-métabolique indispensable avant initiation.
Est-il possible de prévenir la pelade ?
Aucune mesure n’a montré, à ce jour, une efficacité incontestable pour empêcher l’apparition d’une pelade. Cette affection auto-immune — le système immunitaire s’attaque par erreur au follicule pileux — repose sur une prédisposition génétique sur laquelle on ne peut pas agir. Les recherches suggèrent toutefois que certains facteurs « déclencheurs » tels qu’un stress psychologique intense, une infection virale ou un traumatisme cutané peuvent précipiter la poussée. Limiter ces facteurs, grâce à une hygiène de vie équilibrée et des techniques de gestion du stress, pourrait réduire la fréquence des rechutes, sans garantir l’absence d’épisodes nouveaux. Les vaccinations usuelles, l’alimentation variée et l’absence de carence en fer ou en vitamine D jouent également un rôle favorable sur la santé globale du cheveu, sans supprimer le mécanisme auto-immun sous-jacent.
Quelle routine adopter pour prévenir la pelade ou améliorer la repousse ?
Voici une proposition de routine pour limiter la pelade :
Au réveil : petit-déjeuner riche en protéines et en fer biodisponible (ex. œufs, pain complet, fruits rouges) pour soutenir la phase anagène — période de croissance active du cheveu.
Après la douche : séchage à l’air tiède ; bannir chaleur > 60 °C qui altère la kératine, protéine structurale du poil.
Application matinale du traitement médical prescrit. Massage léger de 2 min afin de stimuler la micro-circulation sanguine locale.
Coiffure lâche afin d’éviter les tractions mécaniques prolongées.
Matinée : pauses de cohérence cardiaque (5 min) pour abaisser le stress, facteur déclencheur reconnu.
Déjeuner : repas équilibré intégrant oméga-3 (poisson gras) et vitamine D, micronutriments modulateurs de l’inflammation auto-immune.
Après-midi : exposition solaire contrôlée de 10 min ; la synthèse de vitamine D se fait sans dommage cutané.
Soir : brossage doux à picots souples.
Avant le coucher : séance de méditation ou lecture apaisante ; un sommeil continu ≥ 7 h favorise la régénération folliculaire nocturne.
Précautions d’usage
Tout soin topique, même naturel, peut induire une réaction allergique : effectuer un test cutané 24 heures avant première application. Les compléments alimentaires destinés à la pousse capillaire ne sauraient se substituer à une alimentation équilibrée ni à un suivi médical spécialisé.
Conseil de l’expert
Un suivi dermatologique régulier, associé à une hygiène capillaire douce et à des gestes apaisants, optimise la probabilité de repousse après une pelade. La persévérance s’avère payante : même après plusieurs mois d’alopécie, les follicules demeurent vivants. S’entourer d’un dermatologue formé, d’un pharmacien et d’un psychologue, lorsque l’image corporelle est altérée, permet d’aborder la maladie sous tous ses angles, d’ajuster les traitements et de préserver la qualité de vie.
En savoir plus
Comment sont les cheveux lors de la repousse ?
Comment sont les cheveux lors de la repousse ?

Comment sont les cheveux lors de la repousse ?
Pelade des cheveux : est-ce plus fréquent chez les hommes ou chez les femmes ?
Pelade des cheveux : est-ce plus fréquent chez les hommes ou chez les femmes ?

Pelade des cheveux : est-ce plus fréquent chez les hommes ou chez les femmes ?
La pelade touche hommes et femmes de manière globalement équivalente : sa prévalence est estimée entre 0,1 % et 0,2 % de la population mondiale, sans différence marquée selon le sexe. Toutefois, certaines études cliniques suggèrent une légère prédominance des formes diffuses ou sévères chez les femmes jeunes, notamment en contexte auto-immun. Chez les hommes, les formes localisées (plaques uniques ou multiples limitées) sont souvent plus fréquentes. La pelade peut apparaître à tout âge, mais elle débute classiquement avant 30 ans, souvent dans un contexte de stress aigu ou de prédisposition génétique.
Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.
Bibliographie
1
MSD Manuals. Pelade. Avril 2024.
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-cutan%C3%A9s/troubles-pileux/pelade#Sympt%C3%B4mes_v45110093_fr
2
Reso Dermatologie. La pelade des cheveux. Octobre 2024.
https://www.reso-dermatologie.fr/la-pelade-des-cheveux/