Œuf et salmonelle : reconnaître, prévenir et soulager les symptômes

Un simple œuf, généralement symbole d’équilibre nutritionnel, peut devenir le point de départ d’une infection digestive aiguë : la salmonellose. Pourquoi le danger demeure-t-il malgré les contrôles fréquents dans nos pays ? Comment distinguer un œuf sain d’un œuf infecté par la salmonelle ? Que ressent-on lorsque l’on ingère involontairement la bactérie ?

Par Stéphanie Le Guillou
Mis à jour le 04/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce que la salmonelle ?

Lasalmonelle désigne un genre de bactéries pathogènes, principalement Salmonella enterica. Ingérées, elles colonisent l’intestin grêle, libèrent des toxines et déclenchent une salmonellose (infection gastro-intestinale aiguë caractérisée par des diarrhées et de la fièvre). Les bactéries résistent au froid mais sont détruites dès 70 °C. Seule une culture bactériologique de selles confirme le diagnostic.

Quelles sont les causes d’une contamination des œufs par la salmonelle ?

Souillure externe de la coquille

Au moment de la ponte, la coquille peut être maculée de fèces contenant des salmonelles présentes dans l’intestin de la poule. La micro-surface poreuse laisse alors pénétrer les bactéries si l’œuf reste longtemps à température ambiante humide.

Contamination interne avant la ponte

Certains sérotypes migrent depuis l’oviducte jusqu’au jaune ou au blanc avant même que la coquille se forme. Un œuf apparemment intact peut donc abriter un foyer bactérien invisible. Cette voie explique bon nombre d’épidémies de salmonelle par les oeufs.

Multiplication post-ponte

Une conservation prolongée hors réfrigérateur, des chocs thermiques répétés ou une coquille fêlée créent un milieu propice à la prolifération. Plus la charge microbienne augmente, plus l’ingestion d’un seul œuf contaminé à la salmonelle suffit à rendre malade.

Quels sont les symptômes d’une intoxication aux œufs contaminés ?

Voici les principaux symptômes : 

  • Diarrhée liquide abondante : entraîne une perte d’eau et de sels minéraux, source de déshydratation potentiellement sévère chez le nourrisson ou la personne âgée.

  • Douleurs abdominales spasmodiques : crampes liées à l’inflammation de la muqueuse intestinale et à la libération de toxines bactériennes.

  • Nausées et vomissements : réflexe de défense de l’organisme pour expulser la bactérie.

  • Fièvre modérée à 39 °C : signe que le système immunitaire combat l’agent pathogène.

  • Malaise général, frissons, courbatures : symptômes systémiques traduisant la réponse inflammatoire.

  • Rare septicémie (diffusion de la bactérie dans le sang) : urgence médicale, surtout chez sujets immunodéprimés.

Que faire en cas de suspicion d’intoxication ?

Voici les premières actions à mener :

  1. Rechercher d’emblée la réhydratation orale avec de l'eau ou à l’aide de solutions riches en électrolytes pour compenser les pertes hydriques et salines. 

  2. Surveiller la température corporelle ; si elle dépasse 39 °C ou s’accompagne de frissons, consulter rapidement.

  3. Chez l’enfant, la femme enceinte, la personne âgée ou immunodéprimée, contacter sans délai un médecin : une antibiothérapie adaptée peut être nécessaire.

  4. Conserver, si possible, l’aliment incriminé (œuf ou préparation) au réfrigérateur pour faciliter l’enquête sanitaire.

Comment prévenir l’intoxication ?

  1. Pour limiter le risque de contamination, placez les œufs au réfrigérateur dès leur retour à la maison, à une température stable inférieure à 8 °C.

  2. Contrairement aux idées reçues, ne lavez pas les œufs : cela altérerait la fine couche protectrice présente naturellement à la surface de la coquille.

  3. En cas de salissures sur un œuf, nettoyez-le délicatement avec un chiffon sec.

  4. Pour éviter toute prolifération bactérienne, cassez l’œuf au dernier moment, juste avant son incorporation à la préparation.

  5. La cuisson doit être complète : le blanc et le jaune doivent être bien pris, surtout s’il n’y a pas de traitement thermique ultérieur.

  6. En cuisine, n’utilisez jamais les mêmes ustensiles ni les mêmes surfaces pour les préparations crues et cuites.

  7. Pour les personnes les plus sensibles (jeunes enfants, femmes enceintes, personnes âgées ou immunodéprimées), l’œuf dur reste l’option la plus sûre, bien plus que les mousses, crèmes ou mayonnaises maison à base d’œufs crus.

Quelles sont les solutions naturelles pour soulager les symptômes ?

Hydratation maximale La diarrhée et les vomissements causés par la salmonellose entraînent une perte importante d’eau et de sels minéraux. Boire de l’eau, des tisanes (camomille, menthe poivrée) et des bouillons de légumes salés aide à maintenir une bonne hydratation.

Alimentation adaptée : Consommer des aliments faciles à digérer : riz blanc, carottes cuites, bananes mûres (alimentation BRAT). A contrario, éviter les aliments irritants (laitages, aliments gras, épicés, caféine).

Plantes apaisantes

  • La camomille : calme les crampes abdominales et apaise les nausées.

  • La menthe poivrée : aide à réduire les spasmes intestinaux.

  • Le gingembre (en tisane ou râpé dans l’eau chaude) : réputé pour ses propriétés anti-nauséeuses.

User de Probiotiques Les probiotiques naturels (yaourts non sucrés, kéfir, miso) et les compléments probiotiques peuvent aider à restaurer l’équilibre de la flore intestinale, fragilisée par l’infection.

Repos et récupération Accordez-vous suffisamment de repos pour permettre à votre organisme de combattre l’infection.

Quels sont les remèdes de grand-mère pour soulager les symptômes ?

Certaines astuces de grand-mère, transmises de génération en génération, peuvent apporter un réconfort : 

Bouillotte chaude placée sur le ventre : la chaleur relaxe le muscle lisse intestinal, atténuant les crampes.

Eau de riz maison : cuire 100 g de riz dans 1 L d’eau, filtrer, boire 200 ml toutes les quatre heures ; l’amidon forme une barrière protectrice.

Massage abdominal circulaire (sens des aiguilles d’une montre, 5 min) : stimule le péristaltisme physiologique et diminue la douleur.

Précautions d’usage

Les produits cités n’ont pas vocation à diagnostiquer ni traiter une maladie ; ils soutiennent le confort digestif. Respecter les dosages, demander un avis professionnel en cas de grossesse, allaitement ou pathologie chronique.

Conseil de l’expert

La prévention repose sur un triptyque simple : chaîne du froid continue, cuisson homogène, hygiène méticuleuse. La bactérie Salmonella ne survit pas à 70 °C ; elle profite, en revanche, de la moindre négligence domestique. Sélectionner ses œufs, respecter leur date, les réserver rapidement au réfrigérateur et se laver les mains comme les plans de travail après chaque contact réduit drastiquement les foyers d'oeufs contaminés à la salmonelle.

En savoir plus

Comment savoir si un œuf est contaminé par la salmonelle ?

Aucun test maison fiable n’existe pour savoir si un oeuf est contaminé par la salmonelle ou pas. Seule une analyse microbiologique détecte la bactérie. Le consommateur doit donc présumer qu’un œuf cru peut héberger la salmonelle et appliquer systématiquement les mesures de prévention.

Un œuf bio réduit-il le risque ?

Le mode d’élevage biologique améliore le bien-être animal, mais la salmonelle circule aussi dans les élevages plein air. Les contrôles sanitaires restent la clé, quel que soit le label.

La salmonellose guérit-elle sans traitement ?

Chez l’adulte sain, la maladie régresse souvent en moins d’une semaine avec une réhydratation adéquate et du repos digestif. Néanmoins, tout signe de déshydratation sévère ou de fièvre persistante impose une évaluation médicale.

Qu'est qu'un rappel des oeufs contaminés ? Qu'est ce que RappelConso ?

Un rappel d’œufs contaminés correspond à la procédure officielle par laquelle le producteur, en lien avec les autorités sanitaires, retire du marché un lot identifié comme porteur potentiel de salmonelle. L’information, publiée sur le site RappelConso et relayée par la distribution, invite les consommateurs à ne plus utiliser les produits mentionnés, à les rapporter ou à les détruire contre remboursement. Ce retrait vise à stopper immédiatement la commercialisation et à limiter la survenue de nouvelles toxi-infections.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

Institut Pasteur. Salmonellose. Novembre 2024.

2

anses. Qu’est-ce que la salmonellose et comment s’en prémunir ? Mars 2022.