Jeûne intermittent : que ne faut-il surtout pas manger ?

Le jeûne intermittent connaît un engouement croissant pour ses effets potentiels sur l’énergie, la digestion, le bien-être global et la perte de poids, à condition d’être bien mené. Mais pour en tirer pleinement les bénéfices, certaines erreurs sont à éviter. Dans cet article, nous vous guidons pour comprendre les principes du jeûne intermittent et identifier les aliments à éviter pour ne pas perturber ses effets.

Par Marion Alves de Oliveira
Publié le 17/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce que le jeûne intermittent ?

Le jeûne intermittent est une pratique alimentaire qui consiste à alterner, sur une base quotidienne ou hebdomadaire, des phases de prise alimentaire et des phases de jeûne (sans apport calorique). L’objectif n’est pas de restreindre drastiquement l’apport en calories, mais de laisser au corps un temps de pause digestif suffisamment long pour qu’il puisse activer certains mécanismes physiologiques favorables à l’équilibre métabolique.

Quel protocole est le plus répandu ?

Le protocole le plus répandu est le 16/8 : qui consiste à jeûner pendant 16 heures et à consommer ses repas sur une plage de 8 heures. Par exemple, une personne peut choisir de ne pas prendre de petit déjeuner et de manger entre 11h et 19h.

Certaines personnes préfèrent commencer en douceur avec un jeûne intermittent 12h, plus facile à mettre en place au quotidien, avant d’évoluer vers un rythme 14/10 ou 16/8.

Comment structurer sa journée ?

Il n’existe pas un seul programme de jeûne intermittent, mais plusieurs façons de structurer ses journées. L’essentiel est de créer un programme adapté à votre rythme, vos contraintes et vos ressentis. Il est aussi possible d’adopter un jeûne intermittent le soir, en dînant tôt ou en supprimant le repas du soir. Ce protocole convient bien à celles et ceux qui se sentent plus en forme le matin.

Au-delà de la fenêtre horaire, l’intention centrale n’est pas de manger moins, mais de manger mieux, en privilégiant la qualité nutritionnelle des aliments. L’idée est de favoriser une alimentation riche en fibres, en micronutriments, en bonnes graisses et en protéines de qualité, tout en réduisant les sucres rapides, les produits transformés et les grignotages.

A noter

Le jeûne intermittent s’inscrit dans une démarche globale : revenir à une alimentation plus consciente, plus rythmée, plus respectueuse du fonctionnement naturel de l’organisme.

Pourquoi faut-il éviter certains aliments en pratiquant un jeûne intermittent ?

Le jeûne intermittent vise à offrir à l’organisme des périodes de repos digestif, propices à des mécanismes bénéfiques comme la détoxification, la régulation de la glycémie, la mobilisation des réserves énergétiques ou encore l’autophagie (un processus naturel de nettoyage cellulaire). Mais certaines habitudes alimentaires peuvent compromettre ces bienfaits :

  • Interrompre brutalement les processus métaboliques enclenchés par le jeûne : une reprise alimentaire trop brutale, riche en sucres ou en graisses saturées, peut désorganiser les ajustements physiologiques mis en place pendant le jeûne. Le corps, qui s’était mis en mode "repos digestif", est soudainement sursollicité.

  • Générer des pics glycémiques néfastes : manger rapidement des aliments à index glycémique élevé (viennoiseries, pain blanc, boissons sucrées…) entraîne une hausse rapide du taux de sucre dans le sang. Cela stimule une sécrétion d’insuline importante, souvent suivie d’une hypoglycémie réactionnelle qui provoque une sensation de fatigue et de faim précoce.

  • Entretenir des fringales ou des compulsions : si le corps est privé trop longtemps, puis confronté à une alimentation déséquilibrée, cela peut favoriser une relation perturbée à la nourriture : envies irrépressibles de sucre, compulsions alimentaires ou alternance de privation et d’excès.

  • Altérer la digestion ou le sommeil : des repas trop lourds ou trop riches en fin de journée peuvent perturber la digestion, provoquer des ballonnements ou des reflux, et nuire à la qualité du sommeil. Un système digestif surchargé ralentit l’endormissement et peut entraîner des réveils nocturnes.

Quels sont les aliments interdits pendant la phase de jeûne ?

Pendant la phase de jeûne, l’objectif est de ne pas déclencher de réponse métabolique liée à l’ingestion de calories. Même de petites quantités d’aliments ou de boissons peuvent interrompre les processus recherchés (repos digestif, baisse d’insuline, activation de l’autophagie). Voici les catégories à éviter strictement :

Les boissons sucrées

Même un petit verre de jus de fruit ou une boisson végétale sucrée contient suffisamment de glucides pour rompre le jeûne. Ces boissons stimulent la production d’insuline, relancent le travail digestif et bloquent les bénéfices liés au jeûne. Exemples à éviter : jus d’orange, lait d’amande sucré, boissons pour sportifs, thés glacés sucrés.

Le bouillon de légumes concentré ou gras

S’il peut sembler anodin, le bouillon de légumes, surtout lorsqu’il est issu d’un cube, peut contenir du sel, des matières grasses et des calories. Il est préférable de l’éviter ou

Les snacks légers même “sains”

Une poignée d’oléagineux, un fruit, un carré de chocolat noir sont souvent perçus comme des en-cas légers. Pourtant, ils apportent des calories, des glucides ou des lipides qui suffisent à relancer les mécanismes digestifs et métaboliques. Même si l’on n’a pas la sensation de vraiment manger, le jeûne est rompu.

Les boissons contenant des calories cachées

Certaines boissons dites “santé” comme les smoothies, les kombuchas, les jus ou les boissons enrichies en super-aliments peuvent paraître compatibles avec le jeûne. Pourtant, elles contiennent souvent du sucre, des fibres solubles ou des protéines végétales qui activent la digestion.

Quels sont les aliments à éviter pendant les repas ?

Bien que le jeûne intermittent repose principalement sur la gestion des horaires de prise alimentaire, le contenu des repas reste fondamental. Certains aliments peuvent perturber la digestion, déséquilibrer la glycémie ou contrecarrer les effets attendus du jeûne. Voici ceux à éviter ou à limiter, en particulier au moment de la rupture du jeûne, lorsque l’organisme est plus sensible :

Les sucres rapides et raffinés

Pain blanc, viennoiseries, céréales soufflées, confitures industrielles ou jus de fruits sucrés sont rapidement absorbés par l’organisme. Résultat : un pic de glycémie suivi d’une chute brutale qui peut entraîner fatigue, irritabilité et fringales précoces. À terme, cette alternance peut déséquilibrer la régulation de l’insuline et générer une forme de “montagnes russes énergétiques”.

À privilégier à la place : des sources de glucides à index glycémique bas ou modéré, comme les flocons d’avoine, les fruits entiers ou les légumineuses.

Les produits ultra-transformés

Snacks salés, plats préparés, sodas light, barres protéinées industrielles… Ces produits contiennent souvent des additifs, des édulcorants artificiels, des exhausteurs de goût et des graisses de mauvaise qualité, peu bénéfiques pour l’organisme. Ils peuvent aussi créer une forme de dépendance alimentaire et altérer les signaux naturels de faim et de satiété.

L’astuce : lire la liste des ingrédients. Plus elle est longue et incompréhensible, plus le produit est à éviter.

L’alcool, même à faible dose

Une coupe de vin ou une bière peut sembler anodine, mais l’alcool ralentit le métabolisme, fatigue le foie déjà mobilisé après le jeûne, et stimule la sensation de faim. Il altère aussi la qualité du sommeil, ce qui nuit aux effets régénérants du jeûne.

En période de jeûne intermittent, il vaut mieux éviter l’alcool, ou le réserver à des occasions très ponctuelles, idéalement éloignées de la rupture du jeûne.

Les aliments très gras ou frits

Fritures, charcuteries, fromages riches, plats en sauce... Ces aliments demandent un effort digestif important, surtout après une période de repos digestif. Ils peuvent provoquer ballonnements, nausées ou lourdeurs, ce qui va à l’encontre du confort et des effets attendus du jeûne. Il vaut mieux privilégier les bons gras : avocat, huile d’olive vierge, graines, petits poissons gras…

Le café à jeun

Le café, surtout pris à jeun, peut irriter la muqueuse digestive, accentuer les palpitations ou provoquer une nervosité excessive. Cela concerne particulièrement les personnes anxieuses ou sujettes aux troubles digestifs. Vous pouvez le remplacer par une infusion tiède (romarin, fenouil, camomille), de la chicorée ou simplement de l’eau chaude avec du gingembre et quelques gouttes de citron.

Quelle routine adopter pour bien vivre son jeûne intermittent ?

  1. Bien s’hydrater pendant la période de jeûne : boire régulièrement de l’eau, des tisanes sans sucre ou un bouillon filtré sans matière grasse. Cela soutient le métabolisme et prévient la déshydratation.

  2. Bouger selon ses capacités : une activité physique douce comme la marche, le yoga ou un sport modéré peut soutenir les effets métaboliques du jeûne. Écoutez toujours votre corps.

  3. Prendre le temps de se reposer : le jeûne s’inscrit dans une logique de recentrage et d’équilibre. Accordez-vous des temps calmes, notamment si vous ressentez de la fatigue.

  4. Rompre le jeûne avec un repas doux pour la digestion : aliments simples, riches en fibres, protéines légères, bons gras.

  5. Éviter les excès en fin de journée : favoriser la régularité et l’écoute des signaux de satiété.

Précautions pour suivre un jeûne intermittent

Le jeûne intermittent n’est pas recommandé pour les femmes enceintes, les enfants ou adolescents, les personnes ayant des troubles du comportement alimentaire et toute personne avec des pathologies chroniques sans avis médical.

Le jeûne intermittent ne doit jamais devenir une contrainte rigide ou une nouvelle forme de restriction. Si vous ressentez une fatigue excessive, des vertiges ou des maux de tête, de l'irritabilité, des compulsions alimentaires. Il est alors essentiel de réajuster la pratique, voire de l’interrompre.

Un jeûne mal calé sur votre rythme naturel peut perturber votre sommeil, vos performances ou votre humeur. Si vous êtes très active tôt le matin, par exemple, sauter le petit déjeuner peut être inadapté. Il est important de choisir une fenêtre alimentaire compatible avec votre quotidien (travail, activité physique, parentalité…).

Conseil de l'expert

Le jeûne intermittent n’est pas une solution miracle ni le nouveau régime à la mode. Il peut être un outil intéressant si on le pratique en conscience, dans le respect de ses besoins et sans chercher la performance. Prenez le temps d’observer vos ressentis, vos niveaux d’énergie et d’ajuster selon ce qui vous fait du bien.

En savoir plus

Quel aliment ne rompt pas le jeûne intermittent ?

Aucun aliment ne peut réellement être consommé pendant un jeûne sans en interrompre les effets. En revanche, certaines boissons non caloriques comme l’eau, les infusions sans sucre ou le bouillon très clair (sans matière grasse ni féculents) sont généralement bien tolérées et considérées comme compatibles avec le jeûne. Il convient toutefois d’être à l’écoute de ses ressentis et de ne pas se forcer à jeûner si cela génère de l’inconfort.

Quel plat manger pendant le jeûne intermittent ?

Il est recommandé de privilégier des plats simples, complets et digestes. Par exemple : une assiette de légumes cuits avec des céréales complètes et une source de protéines légères (œufs, tofu, légumineuses).

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Marion ALVES DE OLIVEIRA

Marion est Docteure en pharmacie, naturopathe et coach. Après douze ans dans l’industrie cosmétique, elle accompagne aujourd’hui ses client·es vers un équilibre global et un mode de vie plus conscient, avec une expertise sur les enjeux de l’alimentation durable. Également créatrice d’un podcast, elle partage ses réflexions pour promouvoir une philosophie de vie respectueuse de la santé et de l’environnement.

Bibliographie

1

Institut Pasteur, Jeûne intermittent : un nettoyage cellulaire pour une meilleure santé,

Journal de la Recherche, 2023.

2

INSERM, Les régimes intermittents plus efficaces pour la perte de poids, vraiment ?,

Canal Détox, 2022.

3

Observatoire de la prévention, Jeûne intermittent : sauter le petit déjeuner ou souper plus tôt ?,

Institut de Cardiologie de Montréal, 2024.