La douleur aiguë décroît dès le troisième jour ; une hypersensibilité persiste parfois jusqu’à trois mois. Au-delà, un bilan cicatriciel s’impose.
Épisiotomie : de quoi s'agit-il ?
Trois femmes sur dix subissent aujourd’hui une épisiotomie en France ; le geste reste donc fréquent malgré une tendance à la baisse. Les questions sur la douleur, les suites et la cicatrisation reviennent systématiquement en consultation. Peut-on voir la plaie se rouvrir ? Quels risques menacent le périnée ? Existe-t-il des alternatives naturelles pour atténuer les tiraillements ?

Sommaire
Qu’est-ce qu’une épisiotomie ?
Une épisiotomie est une incision chirurgicale contrôlée du périnée — zone musculaire s’étendant du pubis au coccyx — réalisée au moment de la naissance pour élargir l’orifice vaginal. Cette incision est le plus souvent médio-latérale, orientée à 45 °, afin de réduire le risque de lésion du sphincter anal. Après expulsion, la plaie est suturée en trois plans à l’aide de fils résorbables. Les fils disparaissent vers le dixième jour ; la peau cicatrise généralement en une semaine, mais la consolidation musculo-aponévrotique demande trois à six semaines.
Est-ce systématique ?
Non ! L’épisiotomie n’est absolument pas réalisée de façon systématique lors d’un accouchement. Les recommandations internationales la réservent à des situations précises : souffrance fœtale aiguë, dystocie d’épaule imminente, extraction instrumentale difficile ou périnée déjà très rigide. De vastes études ont montré qu’un usage restrictif réduit le risque de douleurs chroniques, de saignements et de troubles sexuels sans augmenter les déchirures sévères. En France, le taux est passé d’environ 50 % en 1998 à moins de 20 % aujourd’hui grâce aux programmes de formation des sages-femmes et à la préparation périnéale prénatale. Le choix final se fait au moment de la naissance, en évaluant la sécurité de la mère et du nouveau-né.
Pourquoi faire ce geste lors d’un accouchement ?
Détresse fœtale (anomalies du rythme cardiaque)
La détresse fœtale survient quand le cœur du bébé ralentit anormalement, signe qu’il manque d’oxygène. Pour libérer rapidement sa tête, l’obstétricien pratique parfois une épisiotomie. Ce geste détend le passage en quelques secondes et raccourcit la fin de l’accouchement. Le bébé bénéficie ainsi d’une respiration efficace plus tôt, et la mère évite les tractions prolongées qui peuvent provoquer des déchirures plus larges ou des douleurs supplémentaires.
Extraction instrumentale
Lorsqu’un accouchement s’éternise ou que le bébé se place mal, l’équipe peut utiliser des instruments : forceps, deux cuillères articulées, ou ventouse, petit dôme souple fixé sur le crâne. Ces outils réclament un espace supplémentaire pour se positionner sans blesser. L’épisiotomie élargit alors l’ouverture vaginale de façon contrôlée. Le passage devient franc, la traction mieux répartie, le risque de déchirer les tissus en profondeur diminue nettement. Mère et nouveau-né profitent d’une sortie plus rapide et moins traumatisante pour leurs corps respectifs.
Dystocie des épaules ou présentation complexe
Parfois, la tête passe mais l’une des épaules reste bloquée : on parle de dystocie des épaules. Dans d’autres cas, le bébé arrive en position occipito-sacrée — dos tourné vers le dos de la mère — ou même en siège, fesses en premier. Le périnée, déjà tendu, résiste. Inciser légèrement grâce à l’épisiotomie offre quelques centimètres décisifs. La traction diminue, les muscles profonds restent intacts, et l’accouchement se conclut sans arrachement des fibres qui stabilisent le plancher pelvien pour la mère.
Périnée cicatriciel, peu extensible
Si la future mère a déjà subi une déchirure périnéale profonde, si son périnée est très gonflé (œdème) ou a été fragilisé par une excision – autant de situations qui rendent les tissus moins souples –, l’équipe obstétricale peut proposer une épisiotomie. Cette ouverture supplémentaire donne juste assez de place pour que la tête du bébé passe sans arracher le muscle circulaire qui ferme l’anus ; on évite ainsi une déchirure grave du sphincter.
Quelles peuvent être les conséquences ?
Périnée : tonus et fonction
Le périnée est un hamac musculaire soutenant vessie, utérus et rectum. Après une épisiotomie, une faiblesse transitoire peut favoriser l’incontinence urinaire d’effort ou la sensation de pesanteur. La rééducation périnéale, débutée vers la huitième semaine, rétablit la force musculaire.
Cicatrice et risque de réouverture
Dans 1 à 3 % des cas, les berges peuvent se désunir ; on parle de déhiscence. La reprise chirurgicale n’est pas systématique ; un suivi quotidien, une hygiène douce et parfois une résuture différée sont proposés. La résuture précoce réduit la douleur et accélère la cicatrisation par rapport au laisser-faire.
Infection possible
Toute plaie périnéale s’expose à la flore digestive. Les signes d’alerte : fièvre > 38 °C, écoulement purulent, rougeur diffuse, douleur pulsatile. Un prélèvement local et une antibiothérapie adaptée préviennent l’abcès profond.
Douleur aiguë et chronique
La douleur post-épisiotomie culmine dans les 48 h. Elle cède ensuite avec des antalgiques compatibles l'allaitement. Il est possible d'appliquer de la glace localement pendant quinze minutes, trois fois par jour. Certaines positions d’assise sont aussi plus adaptées. Chez 10 % des patientes, une hypersensibilité cicatricielle persiste au-delà de trois mois ; la désensibilisation manuelle et les injections de corticoïdes sont alors envisagées.
Quelle routine de soins adopter après l'accouchement ?
Voici une proposition de routine à mettre en place après une épisiotomie :
Au réveil : douchette tiède + savon à pH neutre, tamponner (sans frotter) ; enfiler une culotte filet respirante.
Après chaque miction : rincer à l’eau tiède, tapoter avec une compresse stérile, changer la protection.
Milieu de matinée : marche douce 5-10 min ; stimule la circulation et limite l’œdème.
Avant le déjeuner : bain de siège tiède 15 min – bassin propre, périnée (zone entre vulve et anus) immergé, séchage à l’air libre.
Milieu d’après-midi : compresse fraîche 10 min puis repos allongée jambes fléchies pour soulager les points résorbables (fils qui se dissolvent).
Soir : respiration diaphragmatique 5 min et un verre d’eau pour soutenir la cicatrisation.
Dès la 3ᵉ semaine : massage périnéal léger 2 min/j et coussin « bouée » lors des assises prolongées.
Surveillance : visite sage-femme J 10-15 puis médecin à 6 semaines pour contrôler la cicatrice et le plancher pelvien.
Précautions d’usage
Ces conseils complètent, sans s’y substituer, le suivi médical et obstétrical. Toute fièvre, douleur croissante ou saignement abondant justifient un avis médical rapide.
Conseil de l’expert
La majorité des épisiotomies cicatrisent sans incident. Une hygiène simple, des soins locaux adaptés et une rééducation précoce optimisent la récupération fonctionnelle du périnée. Les approches naturelles pour la toilette intime offrent un confort supplémentaire tout en limitant les risques allergiques. Restez attentive à votre corps ; la prudence et l’observation restent vos meilleurs alliés.
En savoir plus
Combien de temps la douleur peut-elle durer ?
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Quand reprendre les rapports sexuels ?
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La reprise est envisageable après la visite post-natale, lorsque la cicatrice est souple et la patiente à l’aise ; lubrifiant hydrosoluble conseillé.
Quand consulter en urgence ?
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Fièvre supérieure à 38 °C, écoulement purulent, déhiscence visible ou hémorragie : consultez sans délai votre maternité ou votre médecin.
Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.
Bibliographie
1
Collège national des gynécologues et obstétriciens français. Episiotomie. 2005
https://cngof.fr/app/uploads/2023/06/rpc_episio2005.pdf?x60010