Bifidobacterium longum module l’immunité en stimulant certaines cellules régulatrices (comme les cellules T régulatrices) et en réduisant la production de cytokines pro-inflammatoires. Elle participe ainsi à l’équilibre entre tolérance et défense immunitaire au niveau de la muqueuse intestinale.
Bifidobacterium longum : quels bienfaits pour le microbiote ?
À première vue, Bifidobacterium longum pourrait passer pour un simple nom latin parmi tant d'autres sur les étiquettes de probiotiques. Pourtant, cette souche fait partie des piliers du microbiote intestinal humain depuis la naissance. Présente naturellement dans le côlon, elle joue un rôle déterminant dans le maintien de l’homéostasie intestinale, la modulation de l’inflammation et même la santé mentale. Face à la recrudescence des troubles digestifs chroniques, des inflammations silencieuses et des perturbations du lien intestin-cerveau, il est temps de mettre la lumière sur cet acteur clé de notre écosystème intérieur.

Sommaire
Qu’est-ce que Bifidobacterium longum ?
B. longum est une bactérie à Gram positif, non pathogène, anaérobie, appartenant à la famille des Actinobacteria. Elle est l’une des premières bactéries à coloniser l’intestin du nourrisson allaité. Classée parmi les probiotiques de type « commensal protecteur », elle est aujourd’hui utilisée en supplémentation sous différentes souches (ex. : B. longum BB536, B. longum 35624, B. longum NCC3001), dont les effets ont été largement étudiés. Sa présence dans le microbiote est influencée très tôt par notre mode de naissance : les enfants nés par voie basse sont colonisés plus rapidement par des souches de bifidobactéries que ceux nés par césarienne. L’allaitement, riche en oligosaccharides spécifiques, va aussi favoriser la croissance de Bifidobacterium dans les premiers mois de vie.
Quels sont ses bienfaits scientifiquement prouvés ?
Un effet anti-inflammatoire intestinal
Plusieurs études montrent que B. longum inhibe la production de cytokines pro-inflammatoires (IL-6, TNF-α) tout en favorisant la sécrétion d’IL-10, cytokine régulatrice essentielle. Une étude en double aveugle contre placebo a révélé que la souche B. longum 35624 permettait une réduction significative des symptômes chez les patients atteints de syndrome de l’intestin irritable avec composante inflammatoire.
La restauration de la barrière intestinale
B. longum soutient l’intégrité des jonctions serrées ("tight junctions"), réduisant la perméabilité intestinale ("leaky gut"). Des recherches in vitro et in vivo ont montré que certaines souches renforcent l’expression des protéines occludine et zonula occludens-1, fondamentales pour l’étanchéité de l’épithélium intestinal.
Une modulation de l’axe intestin-cerveau
Le microbiote communique avec le cerveau via le nerf vague, des métabolites bactériens et des signaux immunitaires. Une étude canadienne randomisée a démontré que la souche B. longum NCC3001 réduit significativement les symptômes d’anxiété chez des patients souffrant de SII. L’effet est comparable à celui d’un anxiolytique léger, sans les effets secondaires.
Un soutien du métabolisme et du stress oxydatif
Certaines souches produisent des métabolites comme le lactate et l’acétate, qui nourrissent les cellules du côlon et soutiennent la production d’acides gras à chaîne courte (SCFAs), essentiels à la régénération intestinale. En parallèle, B. longum exprime des enzymes antioxydantes, telles que la superoxyde dismutase.
Pourquoi le microbiote peut-il être fragilisé et cette bactérie vient à manquer ?
Parmi les nombreuses espèces bénéfiques naturellement présentes dans notre intestin, Bifidobacterium longum occupe une place essentielle, notamment dès les premiers mois de vie. Pourtant, sa présence tend à diminuer fortement à l’âge adulte. Deux causes majeures expliquent cet appauvrissement du microbiote en B. longum : nos habitudes alimentaires modernes et certains traitements médicamenteux courants.
Le rôle clé de l'alimentation moderne
L’appauvrissement du microbiote intestinal moderne est en grande partie lié à nos choix alimentaires : alimentation pauvre en fibres fermentescibles, excès de sucres rapides, additifs alimentaires (notamment les émulsifiants comme le carboxyméthylcellulose ou le polysorbate 80), absence de consommation de produits fermentés (choucroute crue, kimchi, miso, etc.). Tous ces facteurs contribuent à la baisse de la diversité microbienne, à la disparition de certaines espèces, dont B. longum. Les carences en prébiotiques (fibres d’inuline, FOS, amidon résistant) limitent également le substrat nécessaire à la survie de ces bactéries. En conséquence : une augmentation de la perméabilité intestinale, une activation immunitaire chronique et une altération du métabolisme hépatique.
Les effets secondaires de certains médicaments
En parallèle, plusieurs classes de médicaments très courants impactent directement la présence et la fonction de B. longum :
Les antibiotiques à large spectre : leur utilisation répétée détruit des espèces protectrices comme B. longum, parfois pour plusieurs mois voire années (Dethlefsen L. et al., PNAS, 2008).
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : perturbent la barrière intestinale et favorisent la translocation bactérienne (Rogers MAM et al., Gut, 2013).
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : modifient le pH digestif, favorisent les bactéries pathogènes au détriment des bifidobactéries (Imhann F. et al., Gut, 2016).
Ces altérations rendent la recolonisation par B. longum plus difficile sans une stratégie ciblée de réparation du microbiote.
Se supplémenter en bifibobacterium longum : est-ce une bonne idée ?
Le cas clinique de Françoise D, 38 ans
Patiente : 38 ans, souffrant depuis 2 ans de troubles digestifs fonctionnels (alternance diarrhée/constipation, ballonnements, douleurs post-prandiales) et d’anxiété persistante. Microbiote appauvri au test de dysbiose, perméabilité intestinale augmentée (dosage LBP), antécédents d’antibiothérapies à répétition et naissance par césarienne avec lumbago à répétitions et prise d'AINS de manière répétés
Stratégie : éviction temporaire des irritants (produits ultra-transformés), introduction progressive de fibres solubles et de prébiotiques naturels, supplémentation ciblée en Bifidobacterium longum 35624 pendant 8 semaines, en synergie avec Lactobacillus plantarum.
Résultats : nette amélioration des troubles digestifs dès la 3ème semaine de prise, réduction de l’anxiété et du brouillard mental, amélioration du sommeil et normalisation du transit. Test de perméabilité normalisé à 3 mois.
Comment et quand se compémenter ?
Choisir des souches documentées : B. longum 35624 (Visbiome®), BB536, NCC3001
Intégrer une dose efficace : au moins 10^9 UFC/jour, pendant 4 à 8 semaines
En synergie avec les prébiotiques : fibres de racine de Chicorée, résistant starch, FOS
En association éventuelle à d’autres souches : Lactobacillus rhamnosus, B. breve ou Lactobacillus plantarum
Voie de prise à privilégier : gélules gastro-résistantes, poudre ou sachets
Précautions d'usage
En cas de terrain inflammatoire ou digestif sensible, l’introduction doit se faire progressivement pour éviter les réactions de fermentation excessive.
Conseil de l’expert
Bifidobacterium longum est l’un des rares probiotiques à agir simultanément sur l’inflammation, la perméabilité intestinale et la régulation émotionnelle. Dans un monde où nos intestins sont trop souvent agressés – par l’alimentation ultra-transformée, le stress ou les perturbateurs environnementaux – restaurer cette espèce bienfaitrice, c’est comme remettre un chef d’orchestre au centre de la symphonie microbienne.
En savoir plus
Comment cette souche interagit-elle avec les cellules immunitaires intestinales ?
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Quelles différences entre les souches longum, infantis et breve ?
Quelles différences entre les souches longum, infantis et breve ?

Quelles différences entre les souches longum, infantis et breve ?
Ces trois sous-espèces appartiennent au genre Bifidobacterium, mais elles diffèrent par leur profil enzymatique et leur capacité d’adaptation. Infantis est dominante chez le nourrisson, breve est spécialisée dans la dégradation de certains oligosaccharides, tandis que longum est présente à tous les âges de la vie et joue un rôle central dans la modulation immunitaire.
Peut-on l’utiliser chez l’enfant, la femme enceinte ou l’adulte immunodéprimé ?
Peut-on l’utiliser chez l’enfant, la femme enceinte ou l’adulte immunodéprimé ?

Peut-on l’utiliser chez l’enfant, la femme enceinte ou l’adulte immunodéprimé ?
Oui, Bifidobacterium longum est généralement bien tolérée par ces publics sensibles, sous réserve d’un avis médical. Sa sécurité d’usage est soutenue par plusieurs études cliniques, notamment en cas de troubles digestifs ou d’immunité affaiblie.
Zoom sur notre rédacteur spécialisé, Dr Yoni Assouly

Médecin formé en médecine préventive et nutritionnelle, le Dr Yoni Assouly accompagne ses patients en cherchant les causes profondes de leurs troubles : alimentation, stress, carences, environnement, microbiote, sommeil, dérèglements hormonaux, etc.
Il croit en une approche globale, personnalisée et ancrée dans la science, pour agir en amont des maladies chroniques et redonner au corps sa capacité naturelle d’équilibre.
Bibliographie
1
Whorwell PJ et al., "Efficacy of an encapsulated probiotic in IBS".
Gastroenterology, 2006.
2
Pinto-Sanchez MI et al., "Probiotic therapy reduces anxiety and improves quality of life in IBS patients".
Gastroenterology, 2017.
3
Anderson RC et al., "Probiotic modulation of epithelial tight junction integrity in the human gut".
Appl Environ Microbiol, 2010.
4
Turroni F et al., "Bifidobacteria and the infant gut: An example of co-evolution".
Trends Microbiol, 2014.
5
Dethlefsen L. et al., "Incomplete recovery and individualized responses of the human distal gut microbiota to repeated antibiotic perturbation."
PNAS, 2008.
6
Imhann F. et al., "Proton pump inhibitors affect the gut microbiome."
Gut, 2016.
7
Rogers MAM et al., "NSAID use and gut barrier dysfunction."
Gut, 2013.