Anémie Ferriprive : Causes et symptômes

L’anémie ferriprive est la première cause d’anémie dans le monde. Elle traduit un déficit de fer suffisamment marqué pour freiner la production d’hémoglobine, cette protéine transporteuse d’oxygène et constituée en partie de fer. Différents signes, parfois discrets, alertent sur une réserve de fer qui s’épuise. Reconnaître ces signaux précocement peut éviter des complications. Enfin, agir suppose de comprendre les mécanismes biologiques et les solutions existantes.

Par Stéphanie Le Guillou
Mis à jour le 20/05/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce que l’anémie par carence en fer ?

L’anémie ferriprive correspond à un taux d’hémoglobine inférieur aux normes, associé à une ferritine basse (protéine de stockage du fer présente dans le foie, la rate et la moelle). Quand ce « magasin » descend sous 20 ng/ml chez la femme non ménopausée et 30 ng/ml chez l’homme le déficit est avéré.

Quels sont les 3 types d'anémie ?

  • Microcytaires (globules rouges plus petits), typiquement provoquées par la carence martiale ;

  • Normocytaires (taille normale), souvent liées à une maladie chronique ;

  • Macrocytaires (globules rouges plus grands), fréquemment dues à une carence en vitamine B12 ou B9 (testée dans les bilans).

Quelles en sont les causes ?

Pertes sanguines occultes ou visibles : Des saignements digestifs discrets (ulcère, polype colique) ou des règles très abondantes épuisent lentement les réserves. 

Apports insuffisants : Un régime végétarien mal équilibré ou un grignotage répétitif déficitaire en protéines animales peut se solder par une anémie ferriprive.

Malabsorption : Différentes causes sont possibles : maladie cœliaque, inflammation chronique de l’intestin ou suites d’une chirurgie bariatrique freinant l’absorption du fer.

Demandes accrues : Grossesse, croissance rapide ou pratique sportive d’endurance augmentent les besoins.

Quelles sont les maladies faisant baisser le taux de ferritine ?

Certaines maladies inflammatoires chroniques – polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn – piègent le fer dans les macrophages, abaissant la ferritine circulante. Cancers digestifs, hémorragies digestives occultes, insuffisance rénale chronique, hypothyroïdie, infections aiguës ou parasitoses sévères peuvent aussi vider les réserves hépatiques, favorisant l’anémie ferriprive et majoraient fatigue, essoufflement, ongles cassants, chute capillaire.

Quels sont les symptômes associés ?

Les signes ci-dessous ne sont pas spécifiques. Mais, s'ils sont présents tous en même temps, ils orientent vers une anémie ferriprive :

  • Fatigue persistante : sensation d’épuisement malgré le repos.

  • Pâleur cutanée ou conjonctivale : reflet d’un sang appauvri en hémoglobine.

  • Essoufflement disproportionné lors d’un effort modeste.

  • Tachycardie : le cœur accélère pour compenser la baisse d’oxygène.

  • Chute de cheveux et ongles cassants : le follicule pileux est sensible aux variations métaboliques de fer.

  • Syndrome des jambes sans repos : fourmillements nocturnes parfois soulagés par un traitement martial.

  • Glossite : langue lisse, douloureuse, un classique des carences sévères.

Quelles sont les recommandations médicales en cas d’anémie ferriprive ?

La première étape reste le dosage sanguin : hémoglobine, ferritine, indice de saturation de la transferrine (protéine de transport du fer dans le plasma) et hématies microcytaires. Un taux de ferritine < 20 ng/ml chez la femme et < 30 ng/ml chez l’homme est jugé alarmant. En présence d’inflammation, la limite pragmatique passe à 100 ng/ml. Ensuite il convient de : 

  1. Rechercher et prendre en charge la cause des pertes sanguines ou de la malabsorption (endoscopie, bilan gynécologique).

  2. Prescrire un sel de fer per os (exemple : fer II sulfate 100–200 mg/j, toujours éloigné des repas pour optimiser l’absorption).

  3. Contrôler la réponse à six semaines ; si l’hémoglobine ne remonte pas, la voie intraveineuse peut être proposée.

  4. Surveiller la biologie : ferritine après trois mois et poursuite du traitement deux à trois mois supplémentaires pour reconstituer les stocks.

Quelles sont les solutions naturelles pour pallier au manque de fer ?

Il existe des solutions naturelles qui peuvent aider à reconstituer les réserves , en complément d'une prise en charge médicale.

Nutrition : quelles sont les astuces traditionnelles en cas d'anémie ferriprive ?

Les astuces traditionnelles reposent avant tout sur l’assiette : le fer bien absorbé provient surtout d’aliments simples, faciles à intégrer dans les menus quotidiens. Associer systématiquement une source de vitamine C (poivron cru, kiwi, agrumes) augmente la captation intestinale ; à l’inverse, thé et café pris autour du repas brident l’assimilation. Voici une liste d'aliments à privilégier en période de carence :

  • Foie de veau poêlé : environ 10 mg de fer héminique pour 100 g ; une portion hebdomadaire couvre déjà une partie des besoins. 

  • Boudin noir : champion tout terrain ; une tranche de 80 g apporte plus de 15 mg de fer facilement utilisable.

  • Palourdes ou coques vapeur : jusqu’à 24 mg pour 100 g ; prévoir cette entrée iodée une fois par semaine.

  • Viande rouge maigre (rumsteck, steak haché 5 % MG) : 2,5–3 mg pour 100 g, bien tolérée à raison de deux à trois portions hebdomadaires.

  • Lentilles vertes cuites : 3 mg pour 200 g ; arroser d’un filet de jus de citron pour convertir le fer en forme ferreuse, mieux absorbée. 

  • Pois chiches, haricots rouges : bonnes alternatives végétales (≈ 2 mg/150 g) ; marier avec riz complet pour un profil protéique équilibré.

  • Graines de courge grillées : encas riche en fer non héminique (8 mg/100 g) et en magnésium.

  • Épinards et blettes : 3–4 mg/200 g cuits ; accompagner d’un quartier d’orange pour optimiser le rendement.

  • Chocolat noir 70 % : 10 mg/100 g ; deux carrés après le déjeuner constituent un complément agréable sans excès.

En respectant ces choix, la table devient un véritable levier pour soutenir la récupération de l’hémoglobine, renforcer l’énergie et limiter la fatigue propre à l’anémie ferriprive.

Quelle routine adopter ?

Voici une proposition de routine à adopter d'urgence si vous manquez de fer : 

  1. Matin (à jeun) : prise du comprimé de fer avec un verre d’eau tiède, éviter thé ou café durant l’heure suivante.

  2. Petit-déjeuner : fruits frais riches en vitamine C (kiwi, orange). Déjeuner : plat principal contenant une source animale de fer ; accompagnée de légumes.

  3. Collation : poignée de noix et quelques graines de courge.

  4. Dîner : légumineuses + céréales complètes, arrosées de jus de citron.

  5. Avant le coucher : 3 g de spiruline si souhaité, après avis médical.

  6. Hebdomadaire : auto-surveillance des selles ; noires sous fer oral, mais pas sanglantes.

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Précautions d’usage

Toute supplémentation doit être validée par un professionnel de santé pour ajuster la dose à votre bilan ferrique. Les sels de fer colorent les selles et peuvent irriter la muqueuse digestive ; fractionner la prise réduit ces effets.

Conseil de l’expert

Le déficit martial évolue souvent à bas bruit ; surveiller ferritine et hémoglobine une fois par an chez les populations à risque réduit le temps de diagnostic. En parallèle, une alimentation équilibrée et diversifiée préserve durablement vos réserves de fer.

En savoir plus

Quel taux de fer bas est alarmant ?

Un seuil de ferritine < 20 ng/ml chez la femme non ménopausée, < 30 ng/ml chez l’homme, signale une alerte. Au-delà de 100 ng/ml, la carence reste possible si une inflammation majeure fausse le dosage.

Anémie ferriprive chez le bébé allaité : que faire ?

Chez le nourrisson allaité, l’anémie ferriprive—déficit de fer entravant la fabrication d’hémoglobine, protéine porteuse d’oxygène—nécessite une consultation pédiatrique, un dosage sanguin, puis la prise d’un sirop de fer prescrit. Introduire dès 4-6 mois des purées de viande rouge ou céréales enrichies renforce rapidement les réserves et diminue fatigue et risques infectieux.

Anémie ferriprive pendant la grossesse : faut-il s'inquiéter ? Quel est le traitement ?

Lorsqu’apparaît une anémie ferriprive durant la grossesse, le suivi obstétrical s’intensifie : dosage hémoglobine-ferritine (protéine stockant le fer), prescription de fer fumarate 100-200 mg/j associé à vitamine C, contrôle après six semaines. Parallèlement, intégrer viande rouge, légumineuses, fruits riches en acide ascorbique optimise la reconstitution des réserves, réduit fatigue maternelle et risque d’hémorragie.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

Ameli.fr. Comprendre l’anémie par carence en fer. Février 2025.

2

MSD Manuals : Anémie ferriprive. Avril 2024.