Migraine hormonale : qu'est-ce que c'est

Les migraines hormonales touchent trois fois plus de femmes que d’hommes, et sont bien souvent influencées par les fluctuations hormonales. On parle de migraines hormonales dites aussi   «cataméniales» pour caractériser les migraines liées au cycle menstruel, qui peuvent être particulièrement intenses. Nous allons passer en revue dans cet article les différentes causes des migraines hormonales, et nous vous dévoilerons les moyens naturels pour les soulager.


Qu'est-ce qu'une migraine hormonale et combien de temps dure-t-elle ?

Les migraines hormonales sont des crises migraineuses survenant entre les deux derniers jours du cycle et les trois premiers jours de règles (de J-2 à J+3, J1 étant le premier jour de saignements francs). Elles concerneraient 20 à 25% des femmes migraineuses selon une étude réalisée en 2021. La plupart du temps, il existe un terrain propice aux migraines chez ces femmes, les crises sont alors accentuées autour des menstruations.

Principalement liées à la chute du taux d’œstradiol, les migraines hormonales cessent généralement lorsque les règles touchent à leur fin et que la FSH (hormone folliculo-stimulante) relance la production d’œstrogènes. Ces migraines peuvent donc survenir tous les mois et impacter le quotidien des femmes qui les subissent.

Elles sont souvent plus fréquentes les premières années qui suivent la ménarche (l’âge des premières règles), en post-partum, et durant la pré-ménopause, puisque ces périodes de transition hormonale sont associées à une dominance en œstrogènes. En revanche, elles sont beaucoup plus rares au troisième trimestre de grossesse, puisque le taux d’œstrogènes est relativement stable et associé à un taux élevé de progestérone aux effets protecteurs.

Quelles sont les causes des migraines hormonales ?

Les mécanismes exacts impliqués dans la survenue des migraines sont très complexes, et font l’objet de nombreuses recherches depuis plusieurs années. Elles seraient liées à une excitabilité neuronale anormale et influencées par de nombreux facteurs : génétiques, hormonaux, environnementaux…

Puisqu’il existe différents types de migraines, il existe également différentes causes.


La chute des oestrogènes

Concernant la migraine hormonale,  la chute brutale des oestrogènes en période prémenstruelle serait un facteur déclenchant. Durant le cycle menstruel, nos oestrogènes chutent une première fois de manière modérée au moment de l’ovulation, et une seconde fois de manière plus franche à la fin du cycle, juste avant le déclenchement des menstruations. C’est cette chute hormonale qui favoriserait l’apparition de migraines.

Les fluctuations des oestrogènes, qu’ils soient naturels ou synthétiques (comme c’est le cas sous pilule), vont avoir plusieurs conséquences au sein de l’organisme :

  • Une augmentation de la production d’histamine, molécule de la réponse allergique qui lorsqu’elle est présente en grandes quantités, favorise les maux de tête

  • Une augmentation de la production de prostaglandines, molécules impliquées dans l’inflammation aiguë et chronique

  • Une perturbation de l’équilibre des neurotransmetteurs comme la sérotonine, communément appelée « hormone du bonheur » et le glutamate, médiateur excitateur du système nerveux

  • Une sensibilisation des cellules situées autour du nerf trijumeau, qui sont connectées aux vaisseaux sanguins au niveau de la tête

 Revenons ensemble sur un mécanisme bien connu : celui de l’inflammation.


L’inflammation

Revenons ensemble sur un mécanisme bien connu : celui de l’inflammation. C'est une réaction naturelle du système immunitaire déclenchée par une agression : une blessure, une infection virale ou bactérienne, une brûlure, une lésion etc. Ce mécanisme s’accompagne bien souvent de douleurs, de rougeurs, de gonflements et de sensations de chaleur.

Au moment des règles, l’organisme libère une grande quantité de prostaglandines afin de favoriser les contractions de l’utérus et d’évacuer le sang menstruel. Ces substances inflammatoires sont plus élevées chez les femmes souffrant de dysménorrhées (les douleurs de règles), et plus généralement, chez les femmes ayant un déséquilibre entre les oestrogènes et la progestérone. Cet état inflammatoire dans le corps participe à la survenue de migraines cataméniales.

Pour aller plus loin, voir aussi l’article : les anti-inflammatoires naturels

Ce que l’on nomme la « dominance en oestrogènes » ou « l’hyperoestrogénie relative » peut donc favoriser les migraines. En effet, la progestérone possède plutôt des effets anti-inflammatoires, et contrebalance les effets néfastes des oestrogènes. Les femmes qui ne fabriquent pas suffisamment de progestérone en phase post-ovulatoire par rapport au taux d’oestrogènes sont prédisposées au syndrome prémenstruel, aux dysménorrhées, et aux migraines hormonales.


Le stress

Il peut bien entendu amplifier les migraines cataméniales, en affectant négativement la production de progestérone, en favorisant l’inflammation, et en perturbant l’équilibre du système nerveux.


La déshydratation

La déshydratation peut aussi déclencher des maux de tête et des migraines, notamment en cas d’activité physique importante où le corps se déshydrate beaucoup. Si l’organisme n’obtient pas suffisamment d’eau et d’électrolytes, les fonctions cérébrales sont perturbées et les mécanismes de la migraine peuvent être amplifiés.

Migraines et pilules : quel lien ?

Les migraines hormonales peuvent aussi apparaître sous pilule oestroprogestative (pilule combinée), souvent accompagnées d’auras. Bien souvent, c’est pendant la semaine de pause ou de prise de comprimés placebo qu’elles apparaissent, au moment des hémorragies de privation. On peut alors parler de « migraines de privation ». Dans ces cas-là, nous recommandons de consulter un professionnel de santé afin d’envisager de changer de type de contraception. La migraine avec aura est une contre-indication à l’utilisation de la pilule oestroprogestative en raison d’un risque accru d’accident vasculaire cérébral, et il en est de même pour les traitements substitutifs à base d’œstrogènes.

Néanmoins, certaines femmes voient leurs migraines hormonales s’atténuer grâce à l’utilisation d’une pilule contraceptive ou de traitements hormonaux substitutifs : chaque cas est différent et il est difficile de prévoir les effets bénéfiques ou négatifs de la pilule, qui peuvent aussi varier selon les molécules utilisées…

Comment diagnostiquer la migraine cataméniale et qui consulter ?

Pour diagnostiquer la migraine cataméniale, il peut être utile de tenir un « journal de bord » des migraines afin de déterminer la fréquence des migraines et de faire des liens avec les différentes phases du cycle menstruel.

Nous recommandons de consulter un professionnel de santé, médecin traitant ou gynécologue, qui pourra, à partir de l’anamnèse, diagnostiquer la migraine cataméniale appelée aussi hormonale.

Selon l’International Headache Society, le diagnostic d’une migraine sans aura se fait à partir de cinq crises répondant aux critères suivants :

  • Crises de céphalées durant 4 à 72h

  • Céphalées unilatérales, pulsatiles, modérées ou sévères (au moins deux critères)

  •  Aggravation des céphalées par l’activité du quotidien

  • Céphalées associées à au moins un de ces symptômes : nausées, vomissements, photophobie, phonophobie

Lorsque la récurrence des migraines se cale sur les périodes de chute hormonale, le médecin peut conclure à une migraine cataméniale. Dans certains cas, il peut recommander un examen neurologique approfondi.

Les symptômes des migraines cataméniales

Les symptômes des migraines cataméniales peuvent être différents d’une femme à l’autre, mais aussi d’un cycle à l’autre. Leur point commun ? Leur impact non négligeable sur la vie quotidienne des femmes…

La durée des crises peut varier de 4 à 72h selon les cas : nous vous invitons vivement à consulter un professionnel de santé si elles persistent au-delà des 72h.

Passons en revue les symptômes habituels de la migraine cataméniale, qui est dite « sans aura » :

  •  Une douleur lancinante à la tête, parfois d’une grande intensité

  •  Une douleur survenant souvent d’un seul côté de la tête

  •  Une sensibilité accrue aux bruits environnants

  • Une hypersensibilité à la lumière, nécessitant de se plonger dans l’obscurité pour soulager les crises

  •  Une forte sensibilité à certaines odeurs (tabac, essence, parfums…), qui peuvent amplifier les crises

  •  Des nausées, et de ce fait, une diminution de l’appétit

  •  Des vomissements dans les cas les plus sévères

Les symptômes listés ci-dessus seront intensifiés par l’activité physique, par l’utilisation des écrans (télévision, smartphone…), par le stress, par une alimentation déséquilibrée, par l’alcool et les aliments riches en histamine, par le manque de sommeil et même par les changements météorologiques.

Comment faire passer une migraine hormonale ?

Selon l’Inserm, il n’existe pas encore à ce jour de traitement médical curatif des migraines cataméniales. Il est possible de se faire prescrire des médicaments anti-symptomatiques, destinés à soulager ponctuellement les symptômes (sans prévenir la récidive), ou des traitements de fond, qui peuvent aider à diminuer la fréquence des crises, mais qui peuvent comporter des effets secondaires.


L’hygiène de vie à adopter en cas de migraine hormonale

 Voici quelques conseils de base pour prévenir la survenue des migraines hormonales :

  •  Penser à bien s’hydrater tout au long de la journée, car la déshydratation favorise les maux de tête (1,5 L d’eau par jour, voir plus chez les personnes sportives)

  • Favoriser une alimentation brute, peu transformée et diversifiée

  • Consommer régulièrement des petits poissons gras riches en Oméga 3, aux propriétés anti-inflammatoires

  • Eviter au maximum l’alcool, et notamment le vin rouge, qui est susceptible d’accentuer les migraines

  • Limiter les aliments riches en glutamate (exhausteur de goût souvent utilisé en restauration rapide) et en tyramine (aliments fermentés, poissons fumés, chocolat…) qui pourraient accentuer les migraines

  • Avoir une activité physique régulière et modérée, surtout en période prémenstruelle où il est conseillé de se ménager

  • Favoriser la relaxation et les techniques aidant à diminuer le stress (cohérence cardiaque, méditation de pleine conscience, yoga etc)

  • Dormir 7 à 9 heures par nuit, avoir des horaires de sommeil bien réguliers et favoriser un sommeil de qualité (attention au jet-lag par exemple si vous voyagez)

 Pour aller plus loin, voir aussi l’article 10 astuces naturelles pour soulager la migraine

Comment solutionner une migraine naturellement ?

Le Magnésium pour éviter les migraines

Plusieurs études [1,2,3] ont démontré que la prise de compléments alimentaires à base de magnésium réduisait la fréquence des migraines de 40%, mais également l’intensité des symptômes lors des crises de migraine. Le déficit en magnésium est très fréquent, et particulièrement chez les femmes. En effet, nos oestrogènes ont tendance à diminuer la magnésémie, ce qui est d’ailleurs amplifié en cas de contraception oestroprogestative. Or, le magnésium est un minéral participant à plus de 300 fonctions métaboliques au sein de l’organisme. Il possède des effets relaxants et anti-stress.

La forme bisglycinate est celle qui offre la meilleure biodisponibilité, vous pouvez la retrouver dans le complément alimentaire Aroma-Zone Magnésium Triple. Le magnésium peut dans certains cas avoir des effets laxatifs. Demandez l’accord de votre médecin en cas de pathologies rénales avant de vous supplémenter en magnésium. Les femmes enceintes ou allaitantes doivent demander l'avis d'un professionnel de santé avant toute complémentation. Ce complément est réservé à l'adulte.


Découvrir le Magnésium triple

Pour aller plus loin nous vous recommandons la lecture de notre dossier : Faire passer naturellement une migraine et de l'article Quelles huiles essentielles choisir pour soulager des maux de tête ?

Les différents types de migraines

Il existe plusieurs formes de migraines. Tout d’abord, il est essentiel de différencier les deux grandes catégories que sont la migraine avec aura, qui est accompagnée ou précédée de troubles neurologiques transitoires, et la migraine sans aura. Les migraines hormonales ou migraines menstruelles seraient la plupart du temps sans aura.

La migraine sans aura est dite "migraine commune" ou "migraine classique", il s’agit de la plus fréquente. La crise de migraine est systématique, et parfois précédée de symptômes annonciateurs ou prémonitoires : fatigue, vertige, confusion, troubles de l’humeur. Par ailleurs,  il existe différents sous-types de migraines avec aura :

  • L’aura sans céphalée : dans ce cas, il y a  tous les symptômes d’une crise de migraine avec aura (troubles neurologiques, nausées…) mais sans mal de tête.

  • La migraine basilaire : elle touche particulièrement les individus jeunes (enfants et adolescents), et se caractérise par des symptômes de migraine avec aura provenant du tronc cérébral : vertiges, mauvaise coordination des mouvements, acouphènes, ou parfois même évanouissements.

  • La migraine hémiplégique : un sous-type beaucoup plus rare qui serait associé à une anomalie génétique. Ce type de migraine avec aura est caractérisé par des troubles moteurs et au moins un autre symptôme : troubles visuels, troubles de la parole, troubles sensitifs). 

  • La migraine rétinienne : aussi appelée migraine oculaire, elle est caractérisée par des troubles visuels sur un œil ou sur les deux yeux, un trouble du champ de vision, voire parfois par une perte visuelle. Elle serait plus rare, et concernerait particulièrement les personnes âgées.



Le conseil de l’expert

En micronutrition, les vitamines du groupe B peuvent être particulièrement intéressantes chez les individus migraineux. La vitamine B6 par exemple est très complémentaire du magnésium puisqu’elle facilite sa pénétration cellulaire. C’est une vitamine anti-stress, qui aide à équilibrer le système nerveux. Par ailleurs, la vitamine B2, la Riboflavine, a été étudiée pour son intérêt en cas de migraines, car elle semblerait diminuer leur fréquence. En effet, la vitamine B2 aide à normaliser la production de sérotonine, et améliorerait le métabolisme énergétique au niveau cérébral.

En dehors des vitamines du groupe B, le coenzyme Q10 a également fait l’objet d’études prometteuses sur le traitement de la migraine. Cet antioxydant puissant permettrait de réduire la fréquence des crises en soutenant les fonctions mitochondriales. Il possède également une fonction anti-inflammatoire et aide à combattre la fatigue.

En savoir plus

Migraine et grossesse

La plupart du temps, les femmes souffrant de migraines cataméniales voient une nette amélioration lors de la grossesse, puisque nos hormones féminines sont à leur plus haut niveau durant les neuf mois. Toutefois, une minorité de femmes peut avoir une aggravation des migraines durant la grossesse et notamment au cours du premier trimestre, lors de la montée du taux d’oestrogènes. Les nausées du premier trimestre peuvent d’ailleurs se confondre avec les nausées dues à la migraine.

Après l’accouchement, il y a une importante chute hormonale qui peut favoriser le retour des migraines hormonales, ou même en déclencher chez des femmes non migraineuses à l’origine.

Il est indispensable de consulter votre médecin si vous souffrez de migraines durant votre grossesse ou durant l’allaitement afin d’obtenir un traitement adapté. Certains anti-inflammatoires sont d’ailleurs formellement interdits durant la grossesse.


Migraine et ovulation

L’ovulation survient entre 12 et 16 jours avant l’arrivée des règles, en l’absence de fécondation. Elle est déclenchée par le pic de LH, l’hormone lutéinisante, grâce à l’importante ascension des oestrogènes en phase folliculaire. Suite à ce pic de LH, le taux d’oestrogènes va subir une première chute environ 12h avant l’ovulation, et c’est la progestérone qui va prendre le relais, fabriquée en grande quantité par le corps jaune. Les oestrogènes remonteront un peu en phase lutéale avant de chuter à nouveau en fin de cycle.

Les oestrogènes font donc les montagnes russes au moment de l’ovulation, et la chute est parfois si brutale qu’elle déclenche une migraine. La libération de prostaglandines est aussi importante au moment de l’ovulation, comme en période de règles, ce qui favorise également le risque de céphalées.

Il est donc tout à fait possible de souffrir de migraines pendant l’ovulation et autour des règles, soit deux fois par cycle. C’est particulièrement fréquent chez les femmes qui présentent une hyperoestrogénie (excès d’oestrogènes et manque de progestérone).


Qu'est-ce qu'une aura migraineuse ?

Chez 20 à 30% des personnes qui souffrent de migraine, la crise s’accompagne d’auras. L’aura se définit par des symptômes neurologiques :

  • Des symptômes visuels comme l’apparition de taches, de vagues, d’éclairs, de scintillements, de flash, ou de points lumineux dans le champ visuel, qui peuvent être très perturbants

  • Des phénomènes sensitifs comme les fourmillements dans les lèvres, ou les picotements dans la bouche, les mains ou les pieds

  • Des troubles du langage et de la confusion : la personne qui souffre d’auras peut avoir du mal à trouver ses mots, elle entend et comprend ce que son interlocuteur lui dit mais elle peine à s’exprimer correctement.

L’aura dure entre 5 et 60 minutes, et précède généralement la céphalée. D’ailleurs, le mal de tête à tendance à faire « disparaître » les symptômes de l’aura.

Etant donné que les symptômes de l’aura migraineuse peuvent ressembler à ceux d’un accident vasculaire cérébral, les crises peuvent susciter énormément d’inquiétude. Toutefois il existe des moyens pour les différencier : dans la migraine, les symptômes évoluent doucement et progressivement, alors que dans l’AVC, les symptômes arrivent brutalement. L’engourdissement et la paralysie sont caractéristiques de l’AVC mais pas de la migraine avec aura. En cas de doute lors d'une crise de migraine, n’hésitez-pas à consulter sans tarder un professionnel de santé !

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Marie JEANMOUGIN

Marie Jeanmougin est naturopathe et micro nutritionniste, spécialisée dans la santé hormonale des femmes. Convaincue que l'équilibre hormonal commence dans l'assiette, elle donne régulièrement des conseils de nutrithérapie.

Bibliographie

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MDPI and ACS Style

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AMA Style

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Chicago/Turabian Style

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