Le placenta praevia : Quelles peuvent-être les causes et symptômes?

Sixième mois, échographie de routine : le médecin annonce un « placenta praevia ». Cela signifie que le placenta, cet organe d’échanges vitaux entre la mère et le fœtus, s’insère trop bas dans l’utérus. Ce positionnement particulier peut entraîner des saignements et nécessite une surveillance accrue. Comprendre les causes, connaître les symptômes et anticiper les mesures de prise en charge permet de maitriser ses craintes légitimes.

Par Stéphanie Le Guillou
Mis à jour le 05/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce qu’un placenta praevia ?

Le placenta est un disque vasculaire qui assure l’oxygénation et la nutrition du fœtus. Dans la majorité des grossesses, il s’implante sur le fond de l’utérus, loin de l’orifice cervical. Lorsque son insertion se situe sur le segment inférieur — parfois en recouvrant partiellement ou totalement le col — on parle de placenta praevia.

Quelles sont les différentes formes ?

Il existe plusieurs formes, classées selon la proximité ou le recouvrement de l’orifice cervical interne (l’entrée du col de l’utérus).

  • Placenta praevia marginal : le bord inférieur du placenta atteint la limite de l’orifice interne sans le recouvrir.

  • Placenta praevia partiel : le placenta chevauche partiellement l’orifice cervical.

  • Placenta praevia total : le placenta recouvre entièrement l’orifice interne, empêchant toute naissance par voie basse.

On parle également de placenta bas inséré lorsque l’implantation se situe à moins de 2 cm du col, sans le recouvrir. Ces classifications sont établies par échographie, notamment à partir de la 20e semaine de grossesse. Le type de placenta praevia détermine la conduite obstétricale, notamment la nécessité ou non d’un accouchement par césarienne programmée.

Quelles en sont les causes ?

Les mécanismes précis restent débattus, mais plusieurs facteurs favorisent cette pathologie placentaire :

Antécédents obstétricaux

Les césariennes ou chirurgies utérines antérieures altèrent la muqueuse interne, offrant un site d’ancrage anormalement bas au trophoblaste.

Multiparité et grossesses multiples

Chaque grossesse modifie la vascularisation utérine ; chez les femmes ayant eu plusieurs enfants ou portant des jumeaux, la probabilité d’implantation basse augmente.

Tabagisme maternel et âge > 35 ans

Ces facteurs influencent la perfusion placentaire et perturbent la migration physiologique du placenta vers le haut de l’utérus lors de la croissance du segment inférieur.

Comment le diagnostic est-il réalisé ?

L’échographie transabdominale de la deuxième échographie morphologique (22-24 SA) dépiste souvent le placenta praevia. Lorsque le placenta semble bas, l’examen transvaginal affine la distance col-placenta avec une précision millimétrique, sans déclencher d’hémorragie. Une majorité de placentas bas « remontent » durant le troisième trimestre, mais si le chevauchement dépasse 25 mm après 32 SA, le risque de persistance devient significatif. Toute exploration digitale du col est proscrite hors bloc opératoire pour éviter une hémorragie massive.

Quels sont les symptômes associés ?

Voici les symptômes rapportés :

  • Métrorragie indolore de sang rouge vif : signe d’alerte majeur survenant souvent après 22 SA. Elle peut être unique, mais sa récidive impose l’hospitalisation pour surveillance hémodynamique.

  • Contractions utérines discrètes : parfois perçues comme un simple durcissement de l’abdomen ; elles accompagnent ou suivent le saignement.

  • Présentation fœtale haute ou transverse : le placenta occupant l’orifice interne repousse la tête du bébé, visible à l’échographie et au toucher abdominal.

  • Anémie maternelle progressive : provoquée par des pertes sanguines répétées, elle se manifeste par fatigue, pâleur, essoufflement à l’effort.

  • Signes d’hypovolémie sévère (pouls rapide, chute de la tension) : urgences vitales requérant transfusion et césarienne immédiate.

Quelles sont les recommandations médicales de prise en charge ?

La stratégie dépend de la gravité des saignements, de l’âge gestationnel et de la topographie placentaire.

Les patientes asymptomatiques restent à domicile sous réserve d’un accès rapide à une maternité de niveau II ou III. L’activité physique est réduite ; les rapports sexuels sont suspendus pour limiter le risque d’hémorragie. Un contrôle échographique à 32 SA, puis à 35 SA, évalue la migration placentaire. 

En cas de saignement, l’hospitalisation s’impose. Une voie veineuse de gros calibre, bilan sanguin complet et disponibilité de concentrés érythrocytaires conditionnent la sécurité. Tocolyse (atosiban) et maturation pulmonaire par corticoïdes sont envisagées avant 34 SA si le travail débute. L’équipe décide du terme optimal de la césarienne — souvent entre 37 + 0 et 38 + 0 SA — afin de limiter le risque hémorragique sans accroître la morbidité néonatale liée à la prématurité. 

Dans les formes antérieures sur utérus cicatriciel, l’invasion placentaire profonde (placenta accreta) doit être anticipée : bilan par IRM, plan de césarienne avec chirurgiens et radiologues, disponibilité d’un plateau transfusionnel.

Quels sont les risques pour la mère et pour l’enfant à naître ?

Pour la mère, le danger principal reste l’hémorragie sévère pré- ou per-partum, cause possible de transfusion massive, voire d’hystérectomie d’hémostase. Le risque thrombo-embolique augmente également, notamment en cas d’alitement prolongé. 

Côté fœtal, le placenta praevia se complique d’une prématurité induite, d’un retard de croissance intra-utérine ou d’une présentation anormale imposant une extraction instrumentale délicate. Dans les situations extrêmes, l’hypoxie aiguë peut survenir si le placenta se décolle partiellement.

Précautions d’usage

Ce document vise l’information pédagogique ; il ne remplace pas une consultation individuelle. Toute perte de sang pendant la grossesse justifie une évaluation urgente en maternité.

Conseil de l’expert

Surveiller, anticiper, organiser : telles sont les trois lignes directrices en présence d’un placenta praevia. Le suivi échographique régulier détecte les placentas qui « remontent » et rassure la patiente. L’identification précoce des facteurs de risque aiguise la vigilance de l’équipe obstétricale. Enfin, planifier la naissance — souvent par césarienne — dans un centre disposant d’un bloc d’urgence limite la morbidité materno-fœtale. Une communication claire entre soignants et futurs parents transforme la surveillance en parcours collaboratif.

En savoir plus

Le placenta praevia disparaît-il toujours avant l’accouchement ?

Pas systématiquement. Lorsqu’une insertion placentaire basse est identifiée à l’échographie du deuxième trimestre (autour de 22 semaines d’aménorrhée), une migration spontanée vers le segment utérin supérieur survient dans environ 90 % des cas. Ce déplacement résulte de la croissance de l’utérus et du remodelage naturel des zones d’implantation. Toutefois, si le placenta recouvre l’orifice cervical interne de plus de 25 mm après 32 SA, le risque de persistance est élevé. Dans ce contexte, une césarienne programmée devient l’option la plus sûre pour prévenir les hémorragies au moment de l’accouchement.

Peut-on voyager en avion avec un placenta praevia diagnostiqué ?

Le voyage en avion est généralement déconseillé à partir de la 28e semaine en cas de placenta praevia. Cette restriction vise à limiter les risques en cas d’hémorragie brutale, qui nécessiterait une prise en charge obstétricale d’urgence difficilement accessible en vol ou à l’étranger. La position assise prolongée majore également la stase veineuse, augmentant le risque de thrombose. Si un déplacement est incontournable, il doit être validé par l’équipe médicale. Un certificat d’aptitude au vol rédigé par l’obstétricien et une assurance couvrant le rapatriement sanitaire sont alors indispensables.

L’accouchement par voie basse est-il envisageable ?

L’accouchement vaginal peut parfois être envisagé si le placenta est dit marginal ou bas inséré, c’est-à-dire situé à plus de 2 cm de l’orifice cervical interne. Cette distance permet un passage fœtal sans obstacle anatomique majeur. Toutefois, même dans cette configuration, l’équipe obstétricale opte pour une surveillance continue pendant le travail. Le risque hémorragique persiste, notamment au moment de la dilatation ou de l’expulsion. En cas de saignement, même modéré, ou de signes de souffrance fœtale, la césarienne d’urgence reste la conduite à tenir pour sécuriser la naissance.

Le repos peut-il prévenir cette implantation du placenta ?

Le repos ne prévient pas l’apparition d’un placenta praevia, car cette anomalie résulte d’une implantation initiale trop basse du placenta, généralement indépendante du mode de vie. Aucune mesure comportementale ne permet d’en éviter la survenue. En revanche, le repos relatif, voire strict dans certains cas, peut être recommandé une fois le diagnostic posé. L’objectif est alors de limiter les contractions utérines et les risques de saignements, en particulier au troisième trimestre. Il s’agit donc d’une mesure de précaution face aux complications possibles, mais non d’une stratégie de prévention primaire du placenta praevia.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

MSD Manuals. Placenta praevia. Avril 2024.