Phosphate de sodium : rôle, usages et bienfaits au quotidien

Le phosphate de sodium est un sel minéral largement utilisé dans l’alimentation, l’industrie et la cosmétique. Régulateur de pH, agent hydratant et stabilisant, il joue un rôle clé dans de nombreuses formulations. Mais que cache réellement ce composé, souvent mentionné sur les étiquettes ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le phosphate de sodium, ses formes, ses bienfaits et ses précautions d’usage.

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Qu’est-ce que le phosphate de sodium ?

Le phosphate de sodium est une famille de sels minéraux dérivés de l’acide phosphorique (H₃PO₄). Ces composés se présentent sous forme de poudre cristalline blanche, soluble dans l’eau, et sont largement utilisés dans l’alimentation, la cosmétique, la pharmacie et certains secteurs industriels. Leur principale valeur réside dans leur capacité à réguler le pH, stabiliser les formulations et prévenir les réactions chimiques indésirables.

Les différentes formules chimiques et ioniques du phosphate

Différents types existent, selon le nombre d’atomes de sodium associés au phosphate :

  • Phosphate monosodique (NaH₂PO₄) : utilisé comme agent acidifiant ou tampon, disponible en version monohydratée ou dihydratée, il permet d’ajuster légèrement l’acidité des préparations.

  • Phosphate disodique (Na₂HPO₄) : régulateur de pH plus neutre, il stabilise les formulations et évite les variations indésirables d’acidité.

  • Phosphate trisodique (Na₃PO₄) : fortement basique, principalement utilisé comme additif technique, nettoyant industriel ou régulateur de pH dans certaines préparations très alcalines.

  • Phosphate acide de sodium : utilisé pour corriger l’acidité dans certaines préparations alimentaires ou cosmétiques.

Quels sont les usages courants de ce sel minéral ?

  • En alimentation : il agit comme additif (E339) pour stabiliser la texture, conserver les couleurs et réguler l’acidité dans les produits transformés tels que fromages fondus, charcuteries, boissons ou pâtisseries industrielles.

  • En cosmétique : il régule le pH et stabilise les crèmes, lotions, shampooings et sérums, garantissant confort et tolérance cutanée.

  • En pharmacie et médecine : il est utilisé dans certaines solutions injectables pour maintenir un pH compatible avec l’organisme et comme laxatif osmotique pour faciliter le transit ou préparer une coloscopie.

  • Dans l’industrie : le phosphate trisodique est employé comme additif technique ou agent nettoyant, grâce à sa capacité à stabiliser des formulations complexes.

Ces sels minéraux ne sont pas des actifs visibles, mais leur rôle est crucial : ils assurent l’équilibre acide‑basique, stabilisent les formulations et contribuent à la sécurité et à l’efficacité des produits.

Pourquoi utiliser le phosphate sodique en cosmétique ?

Le phosphate de sodium, ou phosphate sodique, n’est pas un ingrédient “star” mais il est indispensable pour que de nombreuses préparations soient stables, confortables et efficaces. Sa mission principale est de réguler le pH et de maintenir l’équilibre acido-basique des formules, ce qui les rend tolérables et agréables à utiliser.

Peau sèche ou qui tiraille (phosphate monobasique monohydraté)

Lorsque le pH d’une crème ou d’un sérum n’est pas correctement équilibré, la peau peut devenir sensible, tirailler ou picoter. Le phosphate monosodique monohydraté intervient comme régulateur discret mais essentiel, maintenant l’acidité de la formule dans une zone adaptée à la peau. Cela permet aux soins de rester doux et confortables, tout en stabilisant les émulsions pour éviter que la crème ne se sépare ou ne perde sa texture agréable à l’application. Grâce à cette action, la peau conserve son confort et sa souplesse, même après un usage répété.

Cuir chevelu sensible et irrité (phosphate disodique dihydraté)

Si le pH d’un shampooing ou d’un soin capillaire est trop acide ou trop basique, le cuir chevelu peut devenir irrité, provoquer des picotements et rendre le lavage inconfortable. Le phosphate disodique dihydraté régule le pH de la formulation, protégeant le cuir chevelu tout en maintenant la texture homogène du produit. Il contribue également à stabiliser certaines formules colorantes, garantissant une couleur uniforme et un lavage agréable, tout en préservant la fibre capillaire.

Émulsions ou crèmes instables (phosphate monosodique dihydraté)

Lorsque le pH d’une préparation maison ou industrielle est mal équilibré, les émulsions peuvent se séparer ou “tourner”, rendant la texture et la répartition des ingrédients inégales. Le phosphate monosodique dihydraté agit comme tampon et stabilisateur, maintenant l’équilibre acido‑basique de la formule. La texture reste homogène, agréable à étaler, et les actifs sont répartis de manière constante, garantissant l’efficacité du soin à chaque utilisation.

Formules associant plusieurs actifs sensibles au pH (phosphate dibasique dihydraté)

Dans les préparations où plusieurs ingrédients aux exigences de pH différentes sont combinés, comme les exfoliants doux ou les colorants capillaires, un déséquilibre peut altérer l’efficacité des actifs ou provoquer des irritations. Le phosphate disodique anhydre stabilise le pH et permet à tous les composants de fonctionner correctement, tout en préservant la tolérance cutanée et la cohérence de la formule.

Contrôle de la texture et de la sensorialité (phosphate trisodique)

Si le pH d’un shampooing ou d’une lotion est trop instable, la mousse peut être irrégulière, le rinçage difficile et la fibre capillaire rugueuse ou difficile à coiffer. Le phosphate trisodique agit comme régulateur plus basique, stabilisant la texture, facilitant la formation de mousse et le rinçage, et aidant à lisser la fibre capillaire. Le produit reste homogène, agréable à utiliser et prévisible d’une application à l’autre.

Quels sont ses bienfaits pour la peau et les cheveux ?

Le phosphate de sodium n’est pas “l’actif coup d’éclat” d’une formule, mais c’est souvent lui qui permet au soin d’être agréable, stable et bien toléré. Ses bienfaits sont les suivants : 

  • Respect du pH physiologique : il aide la formule à rester dans une zone légèrement acide, plus proche de celle de la peau. Résultat : moins de sensations de picotements ou de tiraillements après application

  • Confort d’utilisation au quotidien : en stabilisant l’équilibre acido-basique, il limite les inconforts liés aux soins un peu “vifs” (exfoliants, nettoyants dynamiques) et rend la routine plus douce, plus prévisible

  • Hydratation indirecte mieux préservée : une peau à pH équilibré retient mieux l’eau et “fonctionne” plus sereinement : la barrière cutanée travaille dans de bonnes conditions, ce qui se ressent sur la souplesse

  • Textures stables, sensorialité maîtrisée : moins de risques de crème qui “tourne” ou qui tranche : la matière reste homogène, agréable à étaler, et les actifs sont répartis de façon régulière à chaque utilisation

  • Compatibilité élargie des formules : en jouant son rôle de tampon, il facilite l’association d’ingrédients qui ont, à l’origine, des exigences de pH différentes. On obtient des soins plus faciles à formuler… et plus confortables à porter

  • Cuir chevelu respecté : un shampooing trop basique peut agresser ; trop acide, il peut picoter. Le système tampon aide à viser juste, pour un lavage efficace mais doux

  • Mousse et rinçage plus réguliers : en stabilisant le pH, la formule se comporte de manière plus constante : la mousse se tient mieux, le rinçage est plus net, sans “effet surprise” d’un flacon à l’autre

  • Fibre plus lisse, aspect plus soigné : un environnement légèrement acide favorise la fermeture des cuticules : le cheveu accroche moins, se démêle plus facilement et paraît plus lisse

  • Colorations mieux maîtrisées (pendant l’application) : dans certaines formules techniques, le rôle tampon aide à maintenir la fenêtre de pH visée par le produit, ce qui contribue à une prise plus régulière.

Quelle routine pour intégrer le phosphate comme agent tampon dans mes préparations ?

Le phosphate de sodium est un ingrédient discret, mais essentiel dans vos soins maison. Pour l’utiliser efficacement et en toute sécurité, il est important de suivre ces quelques conseils pratiques : 

  1. Choisissez la bonne forme selon le produit : pour les crèmes et lotions, privilégiez le phosphate monosodique ou disodique qui aide à réguler le pH et stabiliser la formule. Pour les savons ou produits très basiques, il est préférable d'opter pour le phosphate trisodique

  2. Respectez les dosages recommandés : en cosmétique, le phosphate de sodium doit toujours être utilisé à faible concentration, généralement entre 0,1 et 1  %, pour éviter toute irritation cutanée

  3. Veillez à bien dissoudre avant d'incorporer : il est essentiel de bien mélanger le phosphate de sodium dans l’eau ou la phase aqueuse de votre préparation avant de l’ajouter aux huiles ou aux actifs sensibles

  4. Associez à des humectants : utilisez-le avec de la glycérine, de l’acide hyaluronique ou des huiles végétales douces. Ces associations renforcent l’hydratation et la tolérance de la peau

  5. Vérifier le pH final de la formule : après incorporation, mesurez le pH de vos crèmes, sérums ou lotions. L’objectif est d’obtenir un pH proche de 5 à 6, compatible avec la peau et stable pour vos actifs.

Quelles autres solutions naturelles pour des effets similaires ?

Si vous souhaitez stabiliser vos préparations maison sans utiliser de phosphate de sodium, plusieurs alternatives naturelles peuvent jouer un rôle similaire en régulant le pH ou en améliorant la stabilité des formules :

Précautions

Le phosphate de sodium ne doit jamais être utilisé pur, car il peut irriter la peau et les muqueuses. En cosmétique, il doit toujours être correctement dosé et bien dilué dans une crème, un sérum ou une lotion pour éviter tout déséquilibre ou inconfort cutané. En usage médical, son emploi doit rester strictement encadré, notamment chez les personnes présentant une insuffisance rénale, et ses formes pharmaceutiques ne doivent jamais être utilisées sans avis professionnel.

Conseil de l’expert

Dans vos préparations maison, associez le phosphate de sodium avec des humectants comme la glycérine ou l’acide hyaluronique pour renforcer l’hydratation de vos formules. Si vous souhaitez utiliser cet ingrédient pour un usage médical, il est conseillé de demander conseil à un professionnel de santé.

En savoir plus

Le phosphate de sodium est-il sans danger dans les aliments ?

Oui. Autorisé comme additif alimentaire (E339) par l’EFSA, il est considéré comme sûr aux doses prévues par la réglementation. Son rôle est technologique : stabiliser la texture, conserver la couleur ou améliorer la consistance des préparations.

Quelles sont les utilisations du phosphate de sodium ?

Le phosphate de sodium a plusieurs usages au quotidien. Il sert à stabiliser et réguler le pH dans les aliments, les produits cosmétiques et certaines solutions médicales. On le retrouve également comme laxatif osmotique ou comme agent tampon dans des préparations pharmaceutiques.

Quels sont les effets secondaires possibles ?

En cosmétique, il est bien toléré aux concentrations habituelles. En revanche, un excès alimentaire peut entraîner des déséquilibres digestifs ou minéraux, surtout chez les personnes ayant une fragilité rénale.

Comment utilise-t-on le phosphate monosodique monohydraté ?

Le phosphate monosodique monohydraté sert à réguler le pH des préparations, garantissant que les formules restent stables et homogènes. Il aide à prévenir les variations d’acidité qui pourraient altérer la texture ou l’efficacité des produits. Très soluble dans l’eau, il s’incorpore facilement aussi bien dans les cosmétiques que dans certains aliments.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Delphine Duc

Delphine DUC, ingénieure biologiste spécialisée en cosmétologie, le domaine de la cosmétique me passionne depuis presque 10 ans. J'ai commencé à faire mes cosmétiques maison grâce aux produits Aroma Zone pour régler mes problèmes de peau, puis j'ai décidé de me former sur le sujet en tant que cosmétologue et enfin de créer une marque de cosmétiques sur-mesure pour répondre aux problématiques de peau de chacun(e).

Bibliographie

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European Food Safety Authority (EFSA). (2019). Re-evaluation of phosphoric acid–phosphates – di-, tri- and polyphosphates (E 338–341, E 343, E 450–452) as food additives and the safety of proposed extension of use.

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