Mythe ou réalité : le DIY cosmétique est-il forcément moins sûr que les produits formulés en laboratoire ?

La croyance selon laquelle le DIY (Do It Yourself) cosmétique serait plus risqué que les produits de laboratoire n’est pas une vérité absolue. Si un bon laboratoire offre des garanties de sécurité via des contrôles qualité, le respect de la réglementation et de nombreuses étapes de validation, une préparation maison bien guidée et rigoureuse peut aussi être sécure, à condition de connaître ses limites.


Depuis quelques années, la cosmétique maison, ou Do It Yourself (DIY), séduit un nombre croissant de personnes désireuses de reprendre la main sur leurs soins. Préparer soi-même ses produits permet en effet de choisir chaque ingrédient, d’éviter certaines substances controversées et de créer des formules sur mesure. Mais cette liberté s’accompagne souvent d’une question centrale : fabriquer des cosmétiques chez soi, est-ce vraiment sûr ? Le débat divise. On vous propose d’y voir plus clair en confrontant données scientifiques, retours d’expérience et bonnes pratiques.

Temps de lecture : +4 min.

Faire ses cosmétiques soi-même est-il vraiment risqué ?

Réponse courte : pas forcément, mais souvent si l’on néglige les fondamentaux.

Labo vs. DIY en bref

Les produits de laboratoire passent tous par des tests structurés (stabilité, compatibilité, tolérance, contrôles microbiologiques) et une traçabilité documentée.

À domicile, les défaillances les plus fréquentes tiennent à l’absence de validation (pH, activité de l’eau, choix du conservateur), au mauvais dosage des actifs et à une hygiène insuffisante.


Une revue récente souligne, côté produits conventionnels, des défis toxicologiques liés à certains composés et aux effets de mélanges, qui ont sans doute contribué à nourrir la demande pour des alternatives plus sûres. Cela n’absout pas pour autant les erreurs de formulation côté DIY. Autrement dit, la sécurité n’est pas un statut “par essence” : elle se construit par la méthode, en laboratoire comme chez soi (1).

Quels sont les dangers principaux des recettes DIY ?

Trois familles de risques dominent :

  1. Microbiologie et stabilité : tout produit contenant de l’eau (hydrolats, gels, émulsions…) est exposé aux contaminations et aux dégradations si le système conservateur est mal choisi, sous-dosé, ou si le pH n’est pas ajusté. Sans tests de charge microbienne, on peut sous-estimer le risque (6).

  2. Erreurs de formulation : surdosage d’actifs (acides, huiles essentielles), interactions inattendues entre ingrédients, instabilité de l’émulsion (déphasage, oxydation)... Les analyses de blogs DIY montrent un manque fréquent de compétences en chimie et des imprécisions de dosage (2).

  3. Allégations et faux sentiment de sécurité : naturel n’est pas synonyme d’inoffensif. Certaines molécules naturelles sont irritantes et / ou sensibilisantes. Inversement, l’industrie avance sur des substituts mieux caractérisés, testés pour leur efficacité et leur innocuité (3).

Comment évaluer la sécurité d’une recette DIY ?

Par conséquent, la sécurité d’un produit cosmétique ne dépend pas seulement de la qualité des ingrédients, mais aussi de leur association, de leur dosage et des conditions de préparation. Avant de se lancer dans la fabrication, il est donc essentiel de raisonner comme un formulateur. 

Nous vous proposons une grille de repères inspirée des bonnes pratiques des professionnels du secteur pour un raisonnement “like a pro” à la maison :

Domaines DIY

Points de vigilance

Formule

Raisonner en % massiques (exprimer chaque ingrédient en pourcentage du poids total de la formule), vérifier les compatibilités (électrolytes/gélifiants, charges des tensioactifs) et la zone de pH cible de chaque actif. S’aider d’ouvrages de référence sur les ingrédients naturels (4).

Hygiène et matériel

Désinfecter et préparer le plan de travail, utiliser uniquement des contenants stérilisés, tenir une fiche de lot (date, matières, pH, densité).

Conservation

Sélectionner un conservateur adapté à la nature de la formule (émulsion, gel aqueux, lotion), à son pH, et à l’activité de l’eau, intégrer des antioxydants si nécessaire.

Stabilité

Procéder à des mini-tests maison (cycles chaud/froid, lumière, 2–4 semaines) pour observer odeur, visuel, viscosité et pH. Reformuler en cas de dégradation.

Tolérance

Respecter les plages d’usage des actifs, proscrire les huiles essentielles sur les zones sensibles ou en cas de contre-indications, effectuer un patch-test avant un usage large. Prudence accrue sur les populations à risque.

Étiquetage et traçabilité

Noter le nom du produit, sa Date Limite d’Utilisation (DLU), ses conditions de conservation, les éventuelles précautions. Conserver la recette et les calculs pour reproduire ou corriger si nécessaire.

Bon à savoir : l’activité de l’eau désigne la quantité d’eau libre disponible dans une formule : plus elle est élevée, plus la prolifération microbienne est possible, d’où la nécessité d’un conservateur adapté. Le pH, quant à lui, détermine l’équilibre acido-basique du soin : il influence à la fois la tolérance cutanée et l’efficacité du conservateur. Un pH trop haut favorise les bactéries tandis qu’un pH trop bas irrite la peau, d’où l’importance de le mesurer et de l’ajuster avec précision.

Notre conclusion, fondée sur la littérature scientifique

Mythe ou réalité ?

Réalité partielle. Le DIY cosmétique n’est théoriquement pas moins sûr que les produits de labo : il le devient lorsqu’il est pratiqué sans méthode, sans contrôle des paramètres clés et sans connaissances suffisantes (1)(2). Inversement, la filière industrielle reste perfectible sur certains ingrédients et évolue vers des alternatives plus sûres (3).

Ce que le DIY cosmétique peut réellement promettre

  • Une personnalisation fine : textures, actifs, parfums 

  • Une transparence sur la composition associée à la maîtrise d’ingrédients évités (certains conservateurs, colorants, parfums puissants), dans la limite des exigences de stabilité

  • La fraîcheur et le minimalisme des formules, utiles pour les peaux réactives, si la conservation est correctement assurée.

Ce qui est moins sûr

  • La possibilité d’analyses microbiologiques systématiques et de tests de stabilité poussés

  • Le juste dosage des actifs, ce qui peut conduire à un pH hors plage ou à des erreurs d’émulsification

  • L’hygiène et la traçabilité suffisantes.

De quoi nourrir la réflexion

Le DIY cosmétique traduit une évolution profonde du rapport aux produits de beauté. Selon plusieurs études de marché récentes, près d’un tiers des consommatrices françaises déclarent avoir déjà fabriqué un cosmétique maison au moins une fois et plus de 60 % d’entre elles affirment rechercher une composition plus naturelle et transparente. Cet engouement s’inscrit dans un mouvement plus large de sobriété, où l’on valorise la compréhension des ingrédients et la réduction des déchets. Une quête de transparence qui s’inscrit dans une tendance internationale amorcée dès les années 2010 avec la montée du mouvement clean beauty, analysée par O’Connor et Dunn dans No More Dirty Looks (5).

En parallèle, l’industrie cosmétique renforce ses exigences de sécurité et de durabilité : substitution progressive des conservateurs polémiques, recours accru aux ingrédients d’origine naturelle et développement de filières responsables. D’après une revue de 2025, plus de 40 % des nouveaux ingrédients déposés en Europe proviennent aujourd’hui de sources renouvelables ou de procédés de chimie verte (3).

Plutôt qu’une opposition entre DIY et laboratoire, on assiste donc à une convergence des pratiques : la rigueur du laboratoire inspire les formulations maison, tandis que la créativité et la transparence issues du DIY influencent les marques de beauté établies. L’enjeu n’est plus vraiment de choisir un camp, mais d’encourager une maturité partagée : comprendre, tester, documenter et sécuriser chaque étape de fabrication, qu’elle soit artisanale ou industrielle. Dans ce mouvement, Aroma-Zone occupe une place singulière, celle d’un pionnier français du DIY cosmétique, capable de relier savoir scientifique, transparence et plaisir du fait-maison.

Nos meilleures recettes de DIY cosmétique

Pour passer de la théorie à la pratique, voici quelques formules simples et fiables plébiscitées par notre communauté. Ces recettes constituent une excellente porte d’entrée dans l’univers du DIY cosmétique. Faciles à réaliser, elles permettent de se familiariser avec les bons gestes tout en créant des soins naturels très appréciés pour leur efficacité.

Gel nettoyant visage peau nette : un gel rafraîchissant infusé d'huile essentielle de Pamplemousse aux propriétés tonifiantes et enrichi en actifs hydratants pour nettoyer la peau sans la dessécher, idéal pour les peaux mixtes.

Gel nettoyant visage peau nette

Ingrédients (sans balance)

Préparation

1

Mettez l'actif et l'huile essentielle directement dans un flacon 100 ml.

2

Complétez le flacon avec la base lavante neutre.

3

Fermez le flacon et agitez vigoureusement pendant 1 minute.

4

C'est prêt !

Évitez le contact avec les yeux ; En cas de contact, rincez à l’eau claire.

Stockez votre flacon à l'abri de la lumière et de la chaleur.

* Conservation : bien conservé et fabriqué dans des conditions d'hygiène optimales, votre produit pourra se conserver au moins 3 mois.

Lotion tonique peaux grasses : une formule parfaite pour purifier la peau et la libérer des imperfections grâce à l’action assainissante du Tea tree. L’hydrolat d’Hélichryse procure ses effets apaisants et anti-rougeurs pour unifier le teint.

Lotion tonique peaux grasses

Ingrédients (avec balance)

Ingrédients (sans balance)

Préparation

1

2

Fermez le flacon et agitez.

Sérum visage “concentré d’hydratation” : contenant seulement 3 ingrédients (gel d’Aloe vera, Urée et huile essentielle de Citron), cette recette de sérum visage hydratant ultra facile à réaliser chez soi vous permet d'obtenir un soin naturel à la composition maîtrisée.

Sérum visage « concentré d’hydratation »

Ingrédients (sans balance)

Préparation

1

Videz le flacon de gel d'aloe vera dans un petit bol.

2

Ajoutez l'actif urée et l'huile essentielle de citron dans le bol, puis mélangez à l'aide d'une cuillère à café pour homogénéiser.

3

Transvasez le mélange dans le flacon qui contenait le gel d'aloe vera à l'aide de la pipette.

Nota : le pH de cette préparation est d'environ 5,0-6,0.

Stockez votre flacon à l'abri de la lumière et de la chaleur.

* Conservation : bien conservé et fabriqué dans des conditions d'hygiène optimales, votre produit pourra se conserver au moins 1 mois.

Crème visage douce Lavande : une crème onctueuse qui fond sur la peau et lui offre toute la douceur de l’huile d’Amande douce. Reine de ce soin, la Lavande rafraîchissante et apaisante enveloppe la peau de réconfort tout en apportant un parfum d’été en Provence.

Crème visage douce lavande

Conseil

Les cuillères complètes sont arasées : pour cela, passez une spatule ou une lame de couteau sur la cuillère pour éliminer l'excès de produit.

Gommage visage Rose, Framboise et Aloe vera : ce gommage visage délicatement parfumé et hautement sensoriel s'applique sur l'ensemble du visage préalablement humidifié pour le débarrasser des peaux mortes.

Gommage visage rose, framboise & aloe vera

Conseil

La cuillère et la pelle complètes sont arasées : pour cela, passez une spatule ou une lame de couteau sur la cuillère ou la pelle pour éliminer l'excès de produit.

Lait corps hydratant “anti soif” intense : ce lait ultra-nourrissant à l'huile végétale d’Amande douce, enrichi en Urée, désaltère la peau durablement, sans laisser de film gras. Grâce à son odeur suave de Coco, il laisse votre peau souple et toute douce, délicatement parfumée.

Lait corps hydratant "anti-soif" intense

Conseil

Les pelles et les cuillères complètes sont arasées : pour cela, passez une spatule ou une lame de couteau sur la pelle ou la cuillère pour éliminer l'excès de produit.

Pour toutes les recettes Aroma-Zone, pensez à suivre la rubrique Précautions et les indications de pH présente sur chaque fiche recette et à respecter les conseils de conservation indiqués.

Paroles de la communauté

Ces témoignages illustrent le plaisir et la confiance que procure le fait de créer soi-même ses soins, dans un cadre sûr et accessible.

“Je suis cliente depuis plusieurs années maintenant. Comme je suis très réactive aux produits cosmétiques en général, je suis ravie de pouvoir utiliser des produits non allergènes et d’un bon rapport qualité-prix. J’aime beaucoup les fiches recettes qui permettent de faire ses propres produits. Depuis je me suis lancée : lessive, savon, soin cheveux, lotion anti-acné pour mes fils... ”

Loïs

“Aroma-Zone est un très bon guide pour faire ses premiers pas dans le cosmétique Do It Yourself à la portée de tous. Fini les produits chimiques en tous genres, retour au naturel !”

Salimata

Précautions

Pratiquer un DIY sécuritaire impose de commencer avec des ingrédients qualifiés et documentés, de travailler sur une surface propre avec un matériel désinfecté et des contenants stérilisés. Il est aussi important de mesurer en % avec balance au centième, de contrôler le pH et de choisir un conservateur adapté à la formule (nature aqueuse, plage de pH, activité de l’eau), sans improviser les doses. Tenir une fiche de lot (date, ingrédients, fournisseurs, batch, pH, observations de stabilité), réaliser des mini-tests (chaud/froid, lumière) et écarter toute préparation qui change d’odeur, de couleur ou de texture demeure incontournable. Enfin, on recommande de pratiquer le patch-test avant application large et se montrer plus prudent en cas de peau sensible, grossesse ou allaitement et de pathologies cutanées.

Conseil de l’expert

La sécurité requiert de la méthode, elle n’est jamais un accident heureux. Concevez toujours vos recettes en partant du contexte physico-chimique : ciblez d’abord le pH et la texture voulus, puis choisissez les actifs et le système conservateur compatibles. Surveillez l’activité de l’eau (les gels et émulsions riches en phase aqueuse exigent une conservation robuste) et conditionnez en pack adapté (airless, flacons opaques) pour limiter l’oxydation et la contamination. Documentez chaque essai et répétez.

En savoir plus

Le “naturel” garantit-il la sécurité d’un cosmétique ?

Non. “Naturel” ne veut pas dire inoffensif : certaines substances naturelles peuvent être irritantes ou sensibilisantes selon la dose, la voie et la zone d’application. L’enjeu est l’évaluation (pH, pourcentage, interactions) et la conservation de la formule, qu’elle soit naturelle ou non. D’où la nécessité de s’appuyer sur des références et des procédures rigoureuses.

Comment débuter en sécurité sans diplôme de chimie ?

Les conseils d’expert stipulent de choisir des recettes validées par des laboratoires reconnus, de respecter scrupuleusement le pas-à-pas, les dosages et précautions, de toujours tenir une traçabilité et de commencer par des formules simples (gels, baumes anhydres). Vous pouvez ensuite élargir à d’autres produits, sur la base de sources fiables (ouvrages, bases d’ingrédients) et des check-lists d’hygiène et de conservation.

Qu’est-ce qu’un patch test ?

Le patch test consiste à appliquer une petite quantité de produit sur une zone discrète, comme le pli du coude ou l’intérieur du poignet, puis à observer la peau pendant 24 à 48 heures. Il permet de vérifier l’absence de réaction cutanée avant une utilisation plus large du soin. Cette étape simple mais essentielle réduit les risques d’irritation ou d’allergie, notamment dans les formules contenant des huiles essentielles ou des actifs concentrés.

Peut-on formuler une crème solaire maison fiable ?

Des recettes existent avec filtres minéraux (écran solaire naturel, oxyde de Zinc) mais la fiabilité du niveau de protection (SPF/UVA) exige des tests instrumentaux non disponibles à domicile. En pratique, on recommande d’utiliser un écran solaire validé industriellement pour la protection principale et de réserver le DIY à des produits complémentaires (après-soleil, baumes).

Article rédigé par Lou Dumas, Naturopathe

Lou est diplômée de HEC en 2012. Elle a cumulé dix ans d’expérience en marketing dans les produits cosmétiques et parfums avant de prendre son indépendance comme consultante dans ce domaine. Elle a récemment complété son cursus de 3 années de formation en naturopathie au Collège Européen de Naturopathie Holistique (CENATHO, Paris) dans le but de soutenir la santé physique et mentale des individus qu'elle accompagne par un travail global sur l'hygiène de vie.

Bibliographie

1

Alnuqaydan A. The dark side of beauty: an in-depth analysis of the health hazards and toxicological impact of synthetic cosmetics and personal care products.

2

Couteau C. A review of homemade cosmetics based on a study of 150 blogs.

3

Couceiro B. Promoting health and sustainability: exploring safer and innovative replacements for harmful cosmetics ingredients.

4

Modern Cosmetics: Ingredients of Natural Origin, A Scientific View.

5

O’Connor S., Dunn J. No More Dirty Looks

The Truth About Your Beauty Products and the Ultimate Guide to Safe and Clean Cosmetics. 2010

6

DIY Skincare Products Vs Store-Bought (Guide).