Mélanodermie : Comprendre les différentes Causes et symptômes ?

Taches brunes, pigmentation irrégulière, visage foncé : la mélanodermie est une forme d’hyperpigmentation cutanée fréquente. Elle peut révéler un déséquilibre ou une réaction de défense de la peau. Découvrez comment elle se manifeste, pourquoi elle apparaît, et les bons gestes pour en prendre soin au quotidien.

Par Delphine Duc
Mis à jour le 04/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce que la mélanodermie ?

La mélanodermie est un terme dermatologique désignant une coloration brunâtre anormale de la peau. Elle résulte d’une surproduction de mélanine, le pigment naturel responsable de la couleur de la peau, des cheveux et des yeux. Cette pigmentation excessive peut être localisée (zones précises) ou diffuse (plus étendue), et toucher aussi bien le visage que d’autres zones exposées.

Dans la peau, les mélanocytes (cellules situées dans la couche basale de l’épiderme, qui est la couche la plus profonde de l’épiderme, juste au-dessus du derme) synthétisent la mélanine en réponse à divers stimuli comme l’exposition solaire, l’inflammation ou certaines hormones. Lorsque ce processus est dérégulé, la mélanine peut s'accumuler et créer des zones plus foncées : c’est le principe de l’hyperpigmentation, dont la mélanodermie est une des manifestations les plus visibles.

Il existe plusieurs formes de mélanodermie selon leur origine :

  • Endocrine ou hormonale : liée à des variations d’œstrogènes ou de progestérone (grossesse, contraception)

  • Toxique ou médicamenteuse : déclenchée par certains composés chimiques ou médicaments

  • Post-inflammatoire : survenant après une blessure, une brûlure ou une affection cutanée comme l’acné

  • Actinique : causée par l’exposition excessive au soleil ou aux UV artificiels.

Historiquement, on a aussi parlé de “mélanodermie des vagabonds”, une forme ancienne décrite chez des personnes vivant dans des conditions d’hygiène précaires, où les dépôts externes, la macération et l’inflammation chronique contribuaient à l’apparition de zones sombres sur la peau.

Melasma ou lentigos

Bien que souvent confondue avec d’autres troubles pigmentaires comme le mélasmaou les lentigos, la mélanodermie n’est pas une maladie en soi, mais un état réactionnel de la peau. Elle nécessite donc une évaluation attentive pour en comprendre l’origine.

En effet, le mélasma apparaît surtout chez les femmes et est très lié aux hormones, notamment pendant la grossesse ou avec certaines contraceptions. Les lentigos, eux, sont des petites taches brunes dues au vieillissement de la peau et à une exposition répétée au soleil. La mélanodermie, en revanche, peut avoir des causes plus variées : exposition solaire, inflammation, médicaments ou dérèglements internes. Elle peut apparaître à tout âge, même sans soleil ni changement hormonal marqué. C’est ce qui la rend parfois plus difficile à identifier ou à prévenir.

Quelles en sont les causes ?

Exposition solaire excessive

L’exposition chronique aux rayons ultraviolets (UVA et UVB) est l’une des premières causes d’hyperpigmentation, notamment chez les personnes ayant une peau foncée ou phototype élevé. Les UV activent la production de radicaux libres dans la peau, ce qui stimule l’enzyme tyrosinase, un acteur clé de la synthèse de la mélanine.

Plus les UV sont intenses ou fréquents, plus la peau produit de mélanine pour se défendre. Cette surproduction peut devenir désorganisée et entraîner une pigmentation irrégulière ou localisée, notamment sur le visage, le décolleté, les épaules ou les mains.

Chez certaines personnes, une exposition même modérée peut suffire à déclencher une mélanodermie dite actinique (=hyperpigmentation induite par l’exposition solaire ou aux UV artificiels). Cela concerne aussi bien les expositions naturelles (soleil) que les sources artificielles comme les cabines UV.

Certains terrains prédisposent davantage à ce type de réaction : antécédents d’hyperpigmentation, traitements photo-sensibilisants, peau récemment exfoliée ou irritée. C’est pourquoi l’exposition solaire reste un déclencheur majeur à surveiller dans tous les cas de mélanodermie. 

Facteurs hormonaux

Les hormones ont une influence directe sur le fonctionnement des mélanocytes, les cellules pigmentaires de la peau. Ainsi, des fluctuations hormonales peuvent suffire à déséquilibrer la production de mélanine, notamment chez les femmes.

Ce phénomène est particulièrement observé lors de la grossesse, de l’utilisation de contraceptifs oraux, ou au moment de certaines phases du cycle menstruel. Dans ces cas, il s'agit généralement d’un mélasma, une forme bien particulière d’hyperpigmentation hormonale, souvent symétrique, localisée sur le visage, et bien délimitée. 

Le mélasma est parfois désigné comme une forme de mélanodermie dans certaines classifications anciennes ou généralistes, mais il constitue une entité distincte par sa présentation clinique et ses causes. 

Chez certaines personnes, même une variation ponctuelle du taux d’œstrogènes ou de progestérone suffit à provoquer des taches persistantes. Ces facteurs rendent le lien hormone-mélanine particulièrement instable et difficile à anticiper. 

Inflammations ou lésions cutanées

La peau garde parfois la mémoire d’un traumatisme sous forme de tache. C’est le principe de la mélanodermie post-inflammatoire, une hyperpigmentation qui survient après une lésion, une brûlure, une coupure, un bouton d’acné ou une maladie inflammatoire de la peau.

Lorsqu’une zone cutanée est agressée, le corps déclenche une réaction de réparation qui inclut souvent une production de mélanine. Cette réaction est parfois déséquilibrée, laissant une tache brune à l’endroit de la lésion, même après guérison complète.

Ce type de pigmentation est fréquent après :

  • Des brûlures superficielles ou thermiques

  • Des poussées d’eczéma, de psoriasis ou d’acné inflammatoire

  • Des interventions esthétiques mal tolérées (épilation, peeling, laser, etc.)

A noter

La mélanodermie post-inflammatoire peut être plus foncée sur les peaux mates à foncées, et mettre plusieurs mois à s’atténuer naturellement. Elle peut aussi être confondue avec des taches solaires si elle survient sur une zone exposée.

Médicaments ou substances photosensibilisantes

Certaines substances chimiques peuvent sensibiliser la peau à la lumière, et provoquer une pigmentation anormale après exposition aux UV. C’est ce qu’on appelle une mélanodermie toxique ou médicamenteuse.

Elle peut être déclenchée par :

  • Des médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires, psychotropes)

  • Des huiles essentielles ou extraits végétaux photosensibilisants (bergamote, citron, millepertuis…)

  • Des parfums ou cosmétiques contenant des molécules réactives à la lumière

Des cas de mélanodermie ont été décrits au début du XXe siècle après un usage prolongé du salvarsan, un médicament à base d’arsenic utilisé pour traiter la syphilis. D’autres formes ont été rapportées dans des contextes de pathologies chroniques, notamment liées à des carences sévères.

Aujourd’hui encore, certaines formes de mélanodermie peuvent apparaître à la suite d’un usage combiné : une substance photosensibilisante (comme un parfum ou un médicament) et une exposition au soleil. Les taches sont souvent bien délimitées, localisées sur les zones exposées (visage, cou, bras).

Quels sont les symptômes associés ?

La mélanodermie se manifeste avant tout par une modification visible de la pigmentation de la peau. Elle se présente sous forme de taches ou zones plus foncées, mais son apparence, sa localisation et son intensité peuvent varier selon la cause, le phototype de la personne et les facteurs déclenchants.

La mélanodermie se traduit par :

  • Des taches brunes, brun-noir ou brun-gris, de forme variable

  • Une pigmentation irrégulière, parfois diffuse ou mal délimitée

  • Un aspect poudré, poussiéreux ou sale dans certains cas (notamment historique, avec la "mélanodermie des vagabonds")

  • Une accentuation visible en lumière naturelle ou au soleil

A noter

La couleur peut aller du brun clair au brun très foncé, selon la quantité de mélanine produite, la profondeur à laquelle elle est stockée (épiderme ou derme), et la nature de l’agression.

Quelles zones sont concernées

Les localisations les plus fréquentes sont :

  • Le visage (joues, front, lèvres, tempes)

  • Le cou, notamment dans les plis ou sur les côtés

  • Le dos des mains, les avant-bras, les épaules

  • Parfois les aisselles ou les zones de friction (mélanodermie des plis)

Quelles peuvent être les évolutions dans le temps

La mélanodermie peut :

  • Apparaître progressivement, après plusieurs expositions ou événements

  • Etre transitoire, si l’origine est supprimée rapidement (ex : arrêt du médicament, fin de l’exposition)

  • Au contraire persistante, notamment lorsqu’elle est profonde (dépôt de mélanine dans le derme) ou non traitée.

A noter

Dans certains cas, elle s’accentue après chaque nouvelle exposition au soleil, ou sous l’effet de changements hormonaux.

Cas particuliers et formes atypiques

Historiquement, la littérature médicale évoque la “mélanodermie des vagabonds”, une forme très pigmentée observée chez des personnes ayant peu accès à l’hygiène. Elle était décrite comme une hyperpigmentation brun-gris sale du visage, du cou et du thorax, pouvant être confondue avec un dépôt externe. 

D’autres formes décrites incluent :

  • La mélanodermie médicamenteuse, aux contours nets et couleur grisâtre ou bleuâtre

  • La mélanodermie endocrinienne, qui accompagne certaines pathologies hormonales

  • La mélanodermie toxique, visible après contact ou ingestion de substances chimiques

Ce qu’elle n’est pas

La mélanodermie ne s’accompagne pas de douleur, de démangeaison, ni de desquamation (peau qui pèle). Elle est strictement pigmentaire. Si d’autres symptômes sont associés (rougeurs, chaleur, irritation, gonflement…), il est possible que ce soit une autre affection cutanée ou une réaction combinée.

Quelles recommandations ?

La mélanodermie, bien qu’elle soit souvent bénigne, peut avoir des causes multiples et parfois complexes à identifier. Pour cette raison, la première recommandation est de consulter un professionnel de santé, idéalement un dermatologue, dès l’apparition de taches inhabituelles, persistantes ou évolutives.

Le rôle du professionnel est d’établir un diagnostic différentiel précis, en distinguant la mélanodermie d'autres troubles pigmentaires comme le mélasma, les lentigos, ou des taches post-inflammatoires.

Selon le cas, plusieurs actions peuvent être envisagées :

Identifier les facteurs déclencheurs, qu’ils soient :

  • Externes : exposition solaire répétée, contact avec des substances photosensibilisantes (parfum, huile essentielle, médicament)

  • Internes : dérèglement hormonal, inflammation chronique, antécédents médicaux ou prise de traitements prolongés.

  • Réaliser des tests d’allergènes ou de sensibilité cutanée, lorsque la mélanodermie semble liée à une réaction de contact ou à un agent topique. Cela permet d’identifier les éléments à éviter dans la routine ou l’environnement.

  • Envisager une désensibilisation si un allergène spécifique est identifié comme cause potentielle (ce qui est rare mais possible dans les formes de mélanodermie d’origine immunologique).

  • Prescrire des antihistaminiques ou des traitements dermatologiques adaptés, si une composante inflammatoire est présente (eczéma, dermatite). Ces traitements permettent de limiter l’inflammation et d’éviter l’apparition de nouvelles taches post-inflammatoires.

Dans tous les cas, l'automédication ou l'utilisation de produits dépigmentants sans encadrement médical sont déconseillés, car certains peuvent aggraver l’irritation ou provoquer une dépigmentation inesthétique, surtout sur les peaux foncées.

Comment la prévenir ou en prendre soin ?

Adopter des gestes simples au quotidien peut prévenir l’apparition de la mélanodermie ou en limiter l’intensité :

  1. Protection solaire quotidienne avec un SPF 50+, même en hiver ou par temps nuageux.Cela limite l’activation de la mélanine par les rayons UV, principal déclencheur de l’hyperpigmentation.

  2. Éviter les substances photosensibilisantes avant exposition. Ces substances peuvent réagir à la lumière et provoquer une pigmentation excessive sur les zones exposées.

  3. Hydrater et apaiser la peau régulièrement, surtout après une exposition solaire ou une inflammation. Une peau bien hydratée est plus résistante aux agressions et moins sujette aux réactions pigmentaires.

  4. Opter pour des soins formulés avec des actifs comme la niacinamide ou l’extrait de réglisse. Ces actifs sont reconnus pour leur capacité à réduire la production ou le transfert de mélanine, tout en apaisant la peau, ce qui en fait des alliés précieux dans la prévention des taches liées à l’inflammation, aux UV ou aux déséquilibres hormonaux.

  5. Surveiller toute évolution ou modification d’une tache, notamment en cas de changement rapide de couleur, de forme ou d’étendue.Cela permet de consulter rapidement en cas de doute et d’éviter toute aggravation.

Précautions

La mélanodermie peut avoir des origines multiples. Avant d’envisager tout soin ou traitement, il est impératif de : 

  • Éviter l’autodiagnostic

  • Demander l’avis d’un professionnel de santé

  • Ne pas utiliser de produits éclaircissants non autorisés, parfois dangereux pour la peau

Conseil de l’expert

La mélanodermie est souvent mal comprise ou minimisée. Pourtant, ce type d’hyperpigmentation mérite une vraie attention, sans dramatiser. Il ne s’agit pas de tout “corriger”, mais de comprendre que la peau exprime quelque chose. La régularité dans les gestes de protection, la douceur dans les soins, et la patience dans les résultats font toute la différence. Il n’existe pas de solution miracle, mais il existe des solutions adaptées à chaque peau.

En savoir plus

Qu’est-ce que la mélanodermie des vagabonds ?

C’est une forme ancienne de mélanodermie, décrite chez des personnes vivant dans une grande précarité, sans accès à l’hygiène régulière. La peau présentait une teinte brun-grisâtre, avec un aspect poussiéreux ou sale, surtout au niveau du cou, du visage et du thorax.

Elle serait due à un mélange de dépôts externes incrustés, de transpiration acide et d’irritation cutanée chronique. Cette forme n’est plus décrite aujourd’hui, mais elle reste une référence historique en dermatologie.

Quelle est la cause de la mélanodermie ?

Elle peut avoir plusieurs origines : exposition répétée aux UV, variations hormonales, inflammations cutanées, usage de substances photosensibilisantes, ou terrain génétique. Ces facteurs peuvent se combiner, rendant chaque cas unique.

Certaines formes superficielles peuvent s’atténuer avec le temps si les facteurs déclenchants disparaissent, mais d’autres restent persistantes. Une consultation médicale reste essentielle pour poser un diagnostic fiable et envisager un accompagnement adapté.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Delphine Duc

Delphine DUC, ingénieure biologiste spécialisée en cosmétologie, le domaine de la cosmétique me passionne depuis presque 10 ans. J'ai commencé à faire mes cosmétiques maison grâce aux produits Aroma Zone pour régler mes problèmes de peau, puis j'ai décidé de me former sur le sujet en tant que cosmétologue et enfin de créer une marque de cosmétiques sur-mesure pour répondre aux problématiques de peau de chacun(e).

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