La lipasémie correspond au taux de lipase dans le sang, une enzyme digestive produite par le pancréas.
Lipasémie : causes et symptômes
Vous avez peut-être rencontré ce terme au cours d’un bilan sanguin ou lors d’une consultation médicale, sans en connaître la signification précise. La lipasémie correspond au taux de lipase dans le sang, une enzyme digestive produite par le pancréas. Indispensable à la dégradation des graisses, cette enzyme peut, lorsqu’elle est trop élevée ou trop basse, signaler un déséquilibre dans le fonctionnement de l’organisme. Pancréatite, troubles digestifs, pathologies métaboliques ou médicamenteuses… Une lipasémie anormale mérite toujours une attention particulière. Dans cet article, nous vous aidons à mieux comprendre ce marqueur, ses variations possibles, et les réflexes à adopter pour protéger votre santé digestive.

Sommaire
La lipasémie : qu'est-ce que c'est ?
La lipasémie correspond à la concentration de lipase présente dans le sang. La lipase est une enzyme digestive produite principalement par le pancréas. Elle intervient dans la dégradation des lipides alimentaires, en les scindant en acides gras et en glycérol afin d’en permettre l’absorption par l’intestin grêle.
Dans des conditions normales, la lipase circule à de faibles concentrations dans le sang. En cas d’atteinte pancréatique ou de certains troubles digestifs, sa libération dans la circulation sanguine peut augmenter (voire, plus rarement, diminuer) de manière significative. Cela en fait un marqueur biologique pertinent, fréquemment utilisé pour détecter une atteinte pancréatique.
Lipasémie : Valeur normale
La valeur normale de la lipasémie varie légèrement selon les laboratoires, mais elle se situe généralement entre 13 et 60 unités internationales par litre (UI/L). Une élévation du taux de lipase (hyperlipasémie) peut traduire une inflammation pancréatique, comme dans les cas de pancréatite aiguë ou chronique. Toutefois, il ne s’agit pas d’un indicateur spécifique, car une hyperlipasémie peut également refléter d’autres atteintes digestives ou abdominales (occlusion intestinale, ulcère gastroduodénal, cholécystite, etc.). À l’inverse, une baisse marquée de la lipase (hypolipasémie), bien que rare, peut être le signe d’un pancréas sévèrement altéré ou de troubles métaboliques particuliers.
Dosage lipasémie
Le dosage de la lipasémie constitue ainsi un examen biologique de référence, notamment en cas de suspicion de pathologie pancréatique. Pour autant, il ne suffit pas à lui seul pour poser un diagnostic. Son interprétation nécessite un contexte clinique global, prenant en compte les symptômes, les antécédents du patient et les examens complémentaires, comme l’imagerie abdominale, le bilan hépatique ou les marqueurs inflammatoires. C’est un indicateur précieux de dysfonctionnement, mais pas une finalité diagnostique.
Quelles peuvent être les causes d'une variation du taux de lipase ?
Plusieurs affections peuvent provoquer une variation du taux de la lipasémie. Elles touchent essentiellement le Pancréas, mais pas exclusivement. Voici les principales causes d’élévation (hyperlipasémie) et les causes de diminution (hypolipasémie) du taux de lipase sanguine :
Les causes d’un taux de lipase élevé (hyperlipasémie)
Pancréatite aiguë : L’inflammation brutale du Pancréas entraîne une fuite d’enzymes digestives dans le sang, dont la lipase. La pancréatite aiguë survient souvent à la suite de calculs biliaires ou d’une consommation excessive d’alcool, mais peut aussi être provoquée par certains médicaments, des infections virales (comme les oreillons ou l’hépatite), des anomalies anatomiques ou des traumatismes abdominaux. Ce tableau s’accompagne souvent de douleurs abdominales intenses, de nausées et de vomissements.
Pancréatite chronique : À un stade plus avancé, la pancréatite devient chronique. Elle résulte d’une inflammation prolongée du pancréas, souvent liée à un abus d’alcool ou à des maladies auto-immunes. Elle se traduit par une élévation plus modérée et fluctuante de la lipasémie.
Obstruction des voies biliaires ou du canal pancréatique : Une obstruction (calcul biliaire, tumeur, sténose) des canaux biliaires ou pancréatiques peut bloquer l’écoulement des enzymes digestives et empêcher la libération normale de la lipase, qui reflue alors dans le sang. Cela provoque une élévation parfois marquée du taux.
Cholécystite : L’inflammation de la vésicule biliaire, souvent liée à des calculs, peut également entraîner une augmentation du taux de lipase.
Pathologies rénales : Les reins participent à l’élimination de la lipase. En cas d’insuffisance rénale, l’enzyme s’accumule plus facilement dans le sang, même en l’absence de souffrance pancréatique.
Kyste pancréatique ou ulcère perforé : Ces pathologies abdominales peuvent irriter ou endommager le pancréas, favorisant la libération de lipase dans le sang.
Traumatisme abdominal : Un choc ou une blessure au niveau de l’abdomen peut endommager le pancréas et provoquer une élévation de la lipasémie.
Médicaments : Certains traitements, comme les corticoïdes, les immunosuppresseurs ou certains antirétroviraux, augmentent la lipasémie de façon non spécifique.
Atteintes tumorales du système digestif : Certaines tumeurs peuvent perturber la production enzymatique pancréatique. Une lipasémie modérément élevée et persistante doit inciter à un bilan approfondi.
Autres causes : Certaines infections (virus coxsackie, cytomégalovirus), maladies métaboliques (hypertriglycéridémie, hypercalcémie), maladies auto-immunes, intoxications (alcool, méthanol), pathologies inflammatoires (comme la maladie de Crohn), diabète acidocétosique, et même certaines interventions médicales (comme la cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique) peuvent aussi expliquer une hyperlipasémie.
Les causes d’un taux de lipase bas (hypolipasémie)
Grossesse (premier mois) : Une baisse physiologique, sans caractère pathologique, peut être observée au début de la grossesse.
Diabète ou tuberculose : Une hypolipasémie légère à modérée peut être retrouvée dans ces pathologies métaboliques ou infectieuses.
Atteinte pancréatique avancée : Lorsque le pancréas est gravement endommagé (stade terminal d’une pancréatite chronique, cancer avancé), la production de lipase chute drastiquement, entraînant une hypolipasémie.
Quelles différences entre amylasémie et lipasémie ?
Amylasémie : C’est le dosage de l’amylase dans le sang, une enzyme qui dégrade les glucides (amidon, glycogène). Elle est produite par le pancréas et les glandes salivaires.
Lipasémie : C’est le dosage de la lipase dans le sang, une enzyme qui digère les graisses (lipides). Elle est produite essentiellement par le pancréas.
Quels sont les symptômes associés ?
Un taux élevé de lipase n’est pas toujours symptomatique en lui-même. Ce sont les causes sous-jacentes qui génèrent les signes cliniques. Voici les principaux signes qui peuvent alerter :
Douleurs abdominales intenses : Localisées dans la partie supérieure de l’abdomen, parfois irradiantes vers le dos, elles sont typiques d’une pancréatite aiguë ou chronique.
Nausées, vomissements, perte d’appétit : Fréquemment associés aux atteintes pancréatiques, ils entraînent souvent une perte de poids, liée à la malabsorption des graisses et à la dénutrition progressive.
Fièvre modérée : Peut accompagner une inflammation pancréatique ou une infection digestive, comme une cholécystite.
Ballonnements et diarrhées : Ils résultent d'une digestion incomplète des graisses et s’accompagnent parfois d’un inconfort post-prandial marqué.
Selles pâles, grasses et volumineuses (stéatorrhée) : Signent une mauvaise absorption des lipides, en lien avec une insuffisance pancréatique exocrine.
Ictère (jaunisse) : Coloration jaune de la peau et des muqueuses, possible en cas d’obstruction des voies biliaires ou d’atteinte pancréatique sévère.
Fatigue persistante : Peut résulter d’une inflammation chronique, d’une maldigestion ou d’une carence nutritionnelle.
Hépatosplénomégalie : Une augmentation du volume du foie et de la rate peut survenir dans certaines pathologies hépato-pancréatiques ou métaboliques.
Autres signes cliniques selon la cause : Insuffisance hépatique, fibrose ou stéatose hépatique, cirrhose, hypotension ou hypertension peuvent également être présents.
Bon à savoir
Une hyperlipasémie peut rester asymptomatique pendant longtemps, en particulier dans les formes chroniques ou latentes. Un bilan sanguin préventif est donc recommandé en cas de symptômes digestifs inexpliqués ou de facteurs de risque pancréatiques.
Quelles recommandations en cas de lipasémie anormale ?
Face à une anomalie de la lipasémie, il est impératif de consulter un médecin, de préférence un spécialiste en gastro-entérologie. Seul un professionnel de santé pourra interpréter correctement votre taux de lipase en fonction de votre contexte clinique, puis vous orienter vers les examens complémentaires nécessaires.
Voici les précautions médicales habituellement proposées :
Précautions particulières : En cas de suspicion de pathologie génétique ou métabolique rare, une orientation vers un centre spécialisé pourra être proposée.
Bilan biologique complet : enzymes pancréatiques et hépatiques, glycémie, fonction rénale, marqueurs de l'inflammation, bilan lipidique, dosage du calcium.
Imagerie médicale : échographie, scanner abdominal, voire IRM ou écho-endoscopie en cas de suspicion de tumeur ou d’obstruction.
Exploration étiologique ciblée : en fonction du contexte, recherche de causes métaboliques, infectieuses, auto-immunes ou génétiques (si suspicion de pathologie rare).
Évaluation du traitement en cours : arrêt ou adaptation d’un médicament suspecté d’être en cause.
Traitement de la cause identifiée : antibiothérapie, drainage, ablation de calculs, chirurgie ou autre prise en charge spécifique.
Hospitalisation : en cas de pancréatite aiguë ou de complications graves.
Suivi régulier : indispensable en cas de pathologie chronique, pour surveiller l’évolution et prévenir les complications.
Il est important de ne pas sous-estimer une lipasémie élevée, même en l’absence de symptômes. Un dépistage approfondi est nécessaire, surtout si elle persiste. Le pronostic dépend beaucoup de la rapidité de la prise en charge. N’essayez jamais de poser vous-même un diagnostic ou de modifier votre traitement sans avis médical.
Pancréas et lipase : quelles habitudes adopter pour les préserver ?
Même si certaines causes de variation de la lipasémie ne peuvent pas être évitées (comme les maladies génétiques ou certaines infections), il existe des gestes simples et efficaces pour prendre soin de son pancréas et soutenir l’équilibre du système digestif. Voici nos conseils :
Limiter la consommation d’alcool : L’alcool est l’un des principaux facteurs de risque de pancréatite aiguë et chronique. Une consommation modérée, voire nulle, est vivement conseillée.
Adopter une alimentation équilibrée : Privilégiez les fruits, les légumes, les céréales complètes, les acides gras de qualité (huiles végétales vierges, poissons gras, graines) et les protéines maigres. Évitez les graisses saturées, les sucres raffinés et l’excès de lipides.
Maintenir un poids santé : Le surpoids et l’obésité augmentent le risque de troubles pancréatiques et métaboliques.
Pratiquer une activité physique régulière : L’exercice physique aide à réguler le métabolisme, à réduire l’inflammation et à préserver le bon fonctionnement du pancréas.
S’hydrater correctement : Une bonne hydratation favorise l’élimination des déchets et soutient le fonctionnement des organes digestifs et rénaux.
Éviter l’automédication : Certains médicaments peuvent nuire au pancréas. Avant d’entamer un nouveau traitement, demandez toujours l’avis de votre médecin.
Être attentif à ses symptômes : Douleurs abdominales, perte d’appétit persistante, troubles digestifs chroniques… ces signes méritent une évaluation médicale.
Surveiller la glycémie : Un diabète mal équilibré peut solliciter excessivement le pancréas. Un suivi régulier est recommandé, surtout après 40 ans.
Connaître ses antécédents familiaux : En présence d’antécédents de pathologies pancréatiques ou métaboliques, un suivi préventif s’impose.
Réduire le stress chronique : Le stress prolongé peut perturber le système digestif, favoriser l’inflammation et affecter indirectement la fonction pancréatique. Des pratiques comme la respiration profonde, la méditation ou la sophrologie peuvent contribuer à un meilleur équilibre global.
Précautions d'usage
Cet article a une visée informative et ne remplace en aucun cas une consultation médicale. Toute variation de la lipasémie doit faire l’objet d’une investigation médicale approfondie. Nous vous invitons à ne jamais modifier ou interrompre un traitement sans l’avis de votre médecin et à consulter systématiquement en cas de symptômes inhabituels ou persistants.
Conseil de l'expert
Ne tirez pas de conclusions hâtives : une lipasémie élevée n’indique pas toujours un trouble grave. Prenez le temps d’en parler avec votre médecin, seul un bilan global permettra d’y voir plus clair.
En savoir plus
C'est quoi la lipasémie ?
C'est quoi la lipasémie ?

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Qu'est-ce qui fait monter le taux de lipase ?
Qu'est-ce qui fait monter le taux de lipase ?

Qu'est-ce qui fait monter le taux de lipase ?
Les pancréatites, les troubles digestifs, l’alcoolisme, les calculs biliaires, certains médicaments ou une insuffisance rénale peuvent provoquer cette élévation.
Quel taux de lipase dangereux ?
Quel taux de lipase dangereux ?

Quel taux de lipase dangereux ?
Un taux de lipase supérieur à trois fois la normale (en général au-delà de 170, voire 180 UI/L) peut indiquer une pancréatite aiguë ou une autre urgence digestive. Toutefois, l’interprétation dépend toujours du contexte clinique, des symptômes associés et des résultats d'autres examens.
Quelle est la différence entre lipasémie et amylasémie ?
Quelle est la différence entre lipasémie et amylasémie ?

Quelle est la différence entre lipasémie et amylasémie ?
La lipasémie mesure le taux de lipase, une enzyme qui dégrade les graisses, tandis que l’amylasémie évalue le taux d’amylase, une enzyme qui digère les sucres (glucides). Toutes deux sont produites par le pancréas, mais la lipase est plus spécifique à une atteinte pancréatique. L’amylase, elle, peut aussi augmenter en cas de maladies des glandes salivaires, de grossesse extra-utérine ou d’insuffisance rénale.
Zoom sur notre rédactrice Naturopathe, Stéphanie Catrysse

Stéphanie Catrysse est naturopathe (certifiée par la FENA), praticienne en massage bien-être et drainage lymphatique et conseillère en développement personnel.
Passionnée de médecine douce, elle exerce avec une approche holistique de la santé.
Bibliographie
1
https://www.ddg-gastro.be/pancreas/
2
https://www.eurofins-biomnis.com/referentiel/liendoc/precis/LIPASE.pdf
3
https://www.elsan.care/fr/pathologie-et-traitement/biologie-medicale/lipase-definition-causes-traitements
4
https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-gastro-intestinaux/pancréatite/pancréatite-aiguë
5
https://biorecos.cerballiance.fr/recommandation/amylase-quelles-sont-les-indications/
6
https://www.qare.fr/sante/prise-de-sang/lipase-elevee/
7
https://www.elsan.care/fr/pathologie-et-traitement/biologie-medicale/lipase-definition-causes-traitements#:~:text=En%20médecine%2C%20le%20dosage%20de,d'une%20maladie%20de%20pancréas.
8
https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=lipasémie
9
https://www.apollohospitals.com/fr/diagnostics-investigations/lipase-test