Comprendre les céphalées en grappe pour mieux les appréhender

Les céphalées en grappe ou algie vasculaire de la face sont un trouble neurologique rare. Elles se manifestent par des crises répétées et extrêmement douloureuses qui affectent un côté du visage, en général toujours le même. La douleur occasionnée rend cette maladie très handicapante au quotidien. Comprendre les céphalées en grappe permet de mieux les appréhender et de faciliter ainsi leur diagnostic et la prise en charge médicale.

Par Amandine Granger
Mis à jour le 29/01/2025 Temps de lecture : +4 min.

Les céphalées en grappe, c'est quoi ?

Également appelées algies vasculaires de la face, les céphalées en grappe font partie des maux de tête les plus douloureux. Bien qu’il s’agisse d’un trouble rare, leur impact sur la qualité de vie est considérable. Ce type de céphalée se manifeste par une douleur extrêmement intense au niveau d’un œil, qui peut s’étendre à la tempe, le front et la mâchoire supérieure. Cette douleur n’affecte qu’une seule partie du visage et peut s’accompagner d’autres symptômes, tels qu’un gonflement de la paupière, des larmoiements et une congestion nasale. Les crises peuvent survenir plusieurs fois par jour de manière très rapprochée, d’où leur nom « en grappe ». Les céphalées en grappe ne laissent aucune séquelle physique permanente. Toutefois, l’intensité de la douleur peut engendrer d’importantes conséquences psychologiques. Mieux comprendre ce trouble est donc essentiel pour faciliter le diagnostic et pouvoir mettre rapidement en place une prise en charge de la douleur. 


Comment débute l'algie vasculaire de la face ?

Les céphalées en grappe débutent généralement entre 20 et 40 ans et touchent surtout les hommes jeunes. Lorsqu’une crise se déclenche, il n’y a généralement pas de signes avant-coureurs. La douleur apparaît soudainement et atteint rapidement son paroxysme. Toutefois, certaines personnes ont parfois des nausées ou des auras migraineuses annonciatrices d’une crise.

Il existe deux formes principales de céphalées en grappe :

  • Les céphalées en grappe épisodiques : ce sont les plus courantes, elles représentent 80% des cas. Les crises surviennent quotidiennement (une ou plusieurs fois) sur une période de quelques semaines à 3 mois. S’en suit une période de rémission qui peut durer plusieurs mois ou années

  • Les céphalées en grappe chroniques : dans ce cas, les périodes de rémission sont absentes ou ne durent pas plus d’un mois sur une année.

Bon à savoir : les personnes souffrant d’algie vasculaire de la face constatent souvent une caractéristique cyclique des crises. En effet, celles-ci ont tendance à se répéter toujours aux mêmes heures et aux mêmes saisons, souvent à l’automne et au printemps.

Quelles peuvent-être les causes de l'algie vasculaire de la face ?

L’algie vasculaire de la face appartient à la catégorie des céphalées dites « primaires », ce qui signifie qu’elle n’est pas due à une autre pathologie. Les causes exactes ne sont pas encore identifiées, mais certains mécanismes physiologiques ont pu être mis en évidence :

Un dysfonctionnement de l’hypothalamus : cette région du cerveau, impliquée dans la régulation de nombreux processus physiologiques, pourrait jouer un rôle dans le déclenchement des crises.

Une dilatation anormale des vaisseaux sanguins du cerveau et du visage : cette dilatation pourrait comprimer le nerf trijumeau, le nerf crânien responsable de la transmission des sensations du visage au cerveau.

Une libération d’histamine : une sécrétion soudaine et anormale de cette molécule vasodilatatrice pourrait aussi être en cause.

Certains facteurs de risque ont également été identifiés :

Le tabagisme : 85% des personnes concernées par les céphalées en grappe sont des fumeurs

La consommation d’alcool : boire de l'alcool peut déclencher une crise (en dehors des périodes de rémission)

Des prédispositions génétiques : une composante familiale est parfois observée.

Quels sont les symptômes d'une céphalée en grappe ?

Les symptômes des céphalées en grappe se manifestent sur une seule partie du visage. Les signes cliniques sont :

  • Une douleur unilatérale très intense : une sensation de brûlure ou de piqûre localisée autour ou derrière un œil, qui peut irradier vers le front, la tempe ou la mâchoire supérieure

  • Un gonflement et un affaissement de la paupière dit ptôsis, accompagné de larmoiements

  • Une congestion nasale ou un écoulement de la narine du même côté que l’œil atteint

  • Des rougeurs et une transpiration au niveau du visage

  • Une agitation motrice : la personne ne tient pas en place, déambule, ne peut pas rester allongée

Les crises présentent aussi des caractéristiques particulières :

  • Multiplicité : les crises surviennent au minimum 1 jour sur 2 et jusqu’à 8 fois par jour

  • Durée : elles peuvent durer de 15 minutes à 3 heures. Lorsque la crise se termine, les symptômes disparaissent aussi subitement qu’ils ont commencé

  • Cyclique : elles surviennent souvent à heures fixes.

  • Nocturne : elles se produisent fréquemment la nuit.

L'intensité de la douleur et la fréquence des crises peuvent également avoir d'importantes répercussions sur la qualité de vie :

  • Risque de dépression : ce trouble est associé à un risque accru de dépression, en particulier dans sa forme chronique. Il est essentiel de ne pas rester isolé et de prendre contact avec un psychologue lorsque le moral est affecté.

  • Fatigue extrême : les périodes de crise sont très fatigantes, ce qui peut fortement impacter la vie personnelle et professionnelle.

Quelle est la différence entre migraine et algie vasculaire de la face ?

Plusieurs aspects permettent de différencier les céphalées en grappe des :

La douleur : celle des céphalées en grappe est plus intense et toujours située du même côté, à l’inverse des migraines où le mal de tête peut changer de localisation

La durée : une crise de céphalée en grappe dure de 15 minutes à 3 heures, tandis qu’une migraine peut s’étendre sur plusieurs jours

Le comportement pendant la crise : les migraines incitent au calme et au repos, alors qu’en cas de céphalée en grappe, il est difficile de tenir en place

La périodicité : les céphalées en grappe suivent souvent un cycle précis, avec des périodes de rémission, contrairement aux migraines

Les facteurs aggravants : les migraines peuvent être déclenchées ou aggravées par certains facteurs, tels que le stress, l’alimentation ou les fluctuations hormonales. L’algie vasculaire de la face, quant à elle, ne semble pas influencée par des facteurs externes

Comment prévenir la dépression liée à l'algie vasculaire de la face ?

L’algie vasculaire de la face n’est pas une maladie grave, dans le sens où elle n’altère pas l’état de santé physique. Toutefois, elle est à l’origine de douleurs très intenses et invalidantes et peut donc avoir de lourdes répercussions psychologiques. Un accompagnement médical, mais aussi thérapeutique, permet de prévenir les risques de dépression.

  1. Ne pas rester seul face à la maladie : l’isolement est le principal facteur de risque qui mène à la dépression. L’une des premières étapes pour prévenir la détresse émotionnelle est de chercher du soutien pour ne pas affronter seul la maladie. Il ne faut pas hésiter à en parler à ses proches, à un médecin ou à un groupe de soutien. Partager son expérience contribue à éviter le sentiment d’isolement et à prévenir les baisses de moral.

  2. Suivre son traitement médical : de nos jours, de nombreux traitements permettent une prise en charge efficace de la douleur. Avec un traitement adapté, les crises peuvent être mieux maîtrisées. Une prise en charge rapide est donc un facteur clé pour limiter les répercussions psychologiques.

  3. Solliciter un accompagnement psychologique si nécessaire : si une baisse de moral persiste ou s’intensifie, un accompagnement thérapeutique peut être d’une grande aide. En effet, les psychologues et psychiatres peuvent aider à gérer l’impact émotionnel des crises. La thérapie cognitive et comportementale, par exemple, est particulièrement efficace pour accompagner les personnes souffrant de maladies chroniques.

  4. Se tourner vers les associations de soutien : l'Association Française Contre l'Algie Vasculaire de la Face (AFCAVF) est une ressource précieuse pour les personnes malades et leur famille. Elle permet de trouver des réponses à ses questionnements et d’être accompagné dans le processus de diagnostic. Il est également possible d’être mis en contact avec d’autres personnes atteintes du même trouble et de créer ainsi une véritable communauté de soutien.

Comment est diagnostiquée l’algie vasculaire de la face ?

Le diagnostic de l’algie vasculaire de la face repose principalement sur un examen clinique réalisé par un spécialiste, généralement un neurologue. Les symptômes de ce trouble sont très caractéristiques et leur description permet souvent au médecin d’identifier rapidement la maladie. Pour vérifier le diagnostic, une IRM est systématiquement prescrite. Cet examen complémentaire permet d’exclure d’autres causes possibles des symptômes, telles que des pathologies cérébrales.

Quels sont les traitements de l'algie vasculaire de la face ?

Le traitement des céphalées en grappe dépend de la fréquence et de l’intensité des crises.  Les traitements proposés n’ont pas une visée curative, mais permettent d’améliorer considérablement la qualité de vie des personnes concernées.

L'accompagnement des crises aiguës

Pour soulager rapidement la douleur lors d’une crise, plusieurs traitements peuvent être proposés :

  • Les triptans en injection : ce traitement est particulièrement rapide et efficace pour atténuer les symptômes en pleine crise.

  • L’oxygénothérapie : l’inhalation d’oxygène pur par masque facial peut réduire l’intensité de la douleur. Ce traitement est souvent privilégié en raison de son absence d’effets secondaires.

  • L’anesthésiant local en spray nasal : cette option permet un soulagement des symptômes chez certains patients.



Les traitements de fond

Pour les patients souffrant de formes épisodiques sur de longues périodes ou de formes chroniques, des traitements de fond sont proposés. Ces derniers visent à réduire la fréquence et l’intensité des crises à long terme. Lorsque les traitements médicamenteux classiques s’avèrent inefficaces, des techniques de neuromodulation peuvent être envisagées. Celles-ci consistent à utiliser des électrodes pour stimuler des zones spécifiques : stimulation du nerf occipital et stimulation cérébrale profonde.

Précautions d'usage

Nous vous déconseillons vivement de tenter de gérer les céphalées en grappe par automédication. En effet, ce trouble nécessite une prise en charge spécifique par un professionnel de santé pour garantir un traitement adapté et efficace. Si de tels symptômes apparaissent, il est indispensable de consulter un médecin.

Conseil de l'expert

Si vous souffrez de céphalées en grappe, tenez un journal des crises. Notez les heures, la durée, les symptômes associés et tout événement déclencheur possible. Ces précieuses informations pourront aider votre médecin à mieux comprendre votre situation et à adapter votre prise en charge.

En savoir plus

Quand s'inquiéter des céphalées ?

Voici les principaux signaux qui doivent conduire à une consultation médicale en urgence : une douleur soudaine et intense à la tête, jamais ressentie auparavant, des maux de tête accompagnés d'autres symptômes inquiétants : raideur de la nuque, fièvre, confusion, convulsions ou difficulté d'élocution, une céphalée survenant après un choc à la tête ou des maux de tête qui s’aggravent avec le temps ou qui ne sont pas soulagés avec les traitements habituels.

Est-ce que l'AVF est héréditaire ?

Les algies vasculaires de la face peuvent parfois avoir une composante génétique. En effet, des recherches montrent que certaines personnes ayant des antécédents familiaux de céphalées en grappe sont plus susceptibles d’être touchées. Toutefois, ce n’est pas parce qu’un parent souffre de ce trouble que nos descendants seront aussi concernés. De plus, d'autres facteurs environnementaux et physiologiques jouent également un rôle clé.

Comment arrêter les algies vasculaires de la face ?

Il n'existe pas de méthode définitive pour arrêter les céphalées en grappe, mais une prise en charge médicale adaptée permet de mieux gérer les crises et de réduire leur fréquence. Si vos traitements actuels ne sont pas efficaces, n’hésitez pas à solliciter l’accompagnement de spécialistes pour qu’ils trouvent la prise en charge qui vous convient le mieux.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Amandine GRANGER

Amandine est rédactrice spécialisée en santé naturelle. Passionnée par les médecines alternatives, elle se forme au métier de naturopathe. À travers ses articles, elle souhaite partager ses connaissances au plus grand nombre pour que chacun puisse apporter plus de bien-être et d’équilibre dans son quotidien.

Bibliographie

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Soigner l&rsquo ; Algie vasculaire de la face ou céphalée en grappe. (s. d.). Centre Céphalée Migraine À Paris 16.

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Donnet, A., Demarquay, G., Ducros, A., Geraud, G., Giraud, P., Guegan-Massardier, E., Lucas, C., Navez, M., Valade, D., & Lanteri-Minet, M. (2014). Recommandations pour le diagnostic et le traitement de l’algie vasculaire de la face. Revue Neurologique, 170(11), 653‑670.