Chikungunya : causes et symptômes

Le chikungunya est une maladie virale tropicale transmise par les piqûres de moustiques, notamment le moustique tigre. Généralement bénigne, elle est toutefois associée à des douleurs articulaires intenses et handicapantes qui peuvent parfois persister. Savoir reconnaître ses symptômes est essentiel pour limiter sa propagation. Dans cet article, découvrez comment reconnaître le chikungunya et quels sont les moyens efficaces de se protéger contre les moustiques vecteurs.

Par Amandine Granger
Mis à jour le 19/03/2025 Temps de lecture : +4 min.

Le chikungunya, c’est quoi ?

Le chikungunya fait partie des maladies transmises par les moustiques dans les zones tropicales. Plus exactement, il s’agit d’un arbovirus véhiculé par les moustiques du genre Aedes : Aedes albopictus, plus connu sous le nom de « moustique tigre » et Aedes aegypti. Ces deux espèces de moustiques sont également responsables de la transmission des virus de la dengue, de la fièvre jaune et zika.  Une fois dans l’organisme, le virus du chikungunya s’attaque aux muscles et aux articulations, provoquant ainsi d’intenses douleurs. Son nom vient d’ailleurs de la langue Makondée d’Afrique australe, qui veut dire « qui marche courbé » en référence aux douleurs articulaires invalidantes. Malgré l’intensité des symptômes, l’infection reste la plupart du temps bénigne et disparaît en quelques jours.

Comment se transmet le virus ? Est-il contagieux ?

Le virus du chikungunya ne se transmet pas directement entre humains, mais par l’intermédiaire des moustiques. Lorsqu’un moustique pique une personne contaminée, il ingère le virus qui se développe ensuite dans son organisme pendant une dizaine de jours (phase extrinsèque). Le moustique devient alors porteur du virus pour le reste de sa vie et peut infecter chaque nouvelle personne qu’il pique (phase virémique). La période d’incubation chez l’humain est de 2 à 7 jours. Et le virus peut être transmis à de nouveaux moustiques deux jours avant le début des symptômes et jusqu’à sept jours après. Une fois guéri, l’organisme développe une immunité durable contre le virus. Les moustiques vecteurs du virus sont les femelles du genre Aedes, reconnaissables à leurs rayures noires et blanches. Elles sont surtout présentes là où il y a des eaux stagnantes, car ce sont des environnements propices à leur développement.

Ce virus circule-t-il en France ?

Le chikungunya est principalement présent dans les zones tropicales et intertropicales. Après son identification en Tanzanie en 1952, les premières épidémies ont été signalées en Thaïlande en 1967 et en Inde dans les années 1970. Depuis les années 2000, les épidémies sont plus fréquentes et la maladie s’est propagée dans plusieurs pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe. Les principales régions qui connaissent régulièrement des épidémies de chikungunya sont : les îles de l’océan indien (La Réunion, Maurice, Seychelles, Mayotte…), l’Asie du Sud-Est, l’Afrique, les Caraïbes et plusieurs pays d’Amérique latine. En France métropolitaine, aucune épidémie de chikungunya n’a été recensée. Cependant, des cas isolés apparaissent ponctuellement. La contraction du virus peut se faire de deux façons :

Cas importé : une personne voyage dans une zone endémique, se fait piquer par un moustique contaminé, et rentre en France avec le virus. 

Cas autochtone : un moustique sain présent en France pique une personne contaminée de retour d’un voyage et devient porteur du virus. Il peut ensuite le transmettre à d’autres individus. Ce type de transmission n’est possible que durant la période d’activité du moustique tigre en France, entre mai et novembre.

Les cas autochtones en France sont devenus possibles depuis que le moustique tigre, principal vecteur, s’est implanté dans le pays. En effet, celui-ci s’est considérablement répandu ces dernières années en raison des voyages internationaux, du changement climatique et de ses capacités d’adaptation exceptionnelles. Il est d’ailleurs classé parmi les 10 espèces les plus envahissantes au monde.

Pourquoi attrape-t-on le chikungunya ?

En résumé, le chikungunya est une maladie virale transmise par la piqûre d’un moustique infecté, principalement Aedes aegypti et Aedes albopictus (moustique tigre). Ces moustiques deviennent porteurs du virus après avoir piqué une personne déjà infectée, puis le transmettent à d’autres lors de leurs piqûres. La propagation est favorisée par des conditions climatiques chaudes et humides, ainsi que par la présence d’eaux stagnantes, propices à la reproduction des moustiques vecteurs.

Quels sont les symptômes du chikungunya ?

Dans 5 à 25% des cas, l’infection est asymptomatique. Le plus souvent, elle se manifeste par :

  • Une fièvre élevée et soudaine (supérieure à 38,5 °C) : premier signe de l’infection, elle dure généralement de 2 à 5 jours.

  • Des douleurs articulaires invalidantes : elles touchent surtout les petites articulations (poignets, phalanges, chevilles) et peuvent persister plusieurs semaines ou mois.

  • Des gonflements au niveau des articulations : associés aux douleurs, ils traduisent une inflammation articulaire importante.

  • Des douleurs musculaires : fréquentes, elles s’apparentent à des courbatures intenses.

  • Une éruption cutanée sous forme de papules rouges : souvent localisée sur le tronc et les membres, elle apparaît quelques jours après la fièvre.

  • Des maux de tête : ils sont souvent accompagnés d’une sensation de raideur dans la nuque.

  • Une fatigue importante : elle peut persister plusieurs semaines après la disparition des autres symptômes.

  • Plus rares : une conjonctivite (inflammation de l’œil), des nausées (gêne digestive) ou des saignements des gencives (fragilité vasculaire).

Quelles sont les complications possibles ?

Dans la majorité des cas, le chikungunya est une affection bénigne qui disparaît en une dizaine de jours maximum. Dans de rares situations, le virus peut atteindre le système nerveux central et entraîner des méningo-encéphalites ou des atteintes des nerfs périphériques. Les personnes âgées et immunodéprimées sont plus à risque. La transmission du virus de la mère au fœtus est exceptionnelle, lorsqu’elle survient, elle se produit généralement au moment de l’accouchement. Pour cette raison, il est déconseillé aux femmes enceintes de voyager dans des zones endémiques au cours des 3 derniers mois de grossesse. Bien qu’elle reste rare, la persistance des douleurs articulaires est la complication la plus courante de la maladie. En effet, lorsqu’elles sont toujours présentes 3 mois après l’infection, il s’agit d’une forme chronique qui peut durer plusieurs mois ou années. Ce phénomène reste encore mal expliqué. Les personnes ayant déjà des troubles articulaires seraient plus à risque.

Que faire si l’on pense avoir la maladie ?

Si vous présentez une fièvre soudaine accompagnée de douleurs articulaires importantes, vous devez consulter un médecin. C’est d’autant plus le cas si vous avez récemment voyagé dans un pays où le virus circule. Le diagnostic repose sur : un examen clinique et un questionnaire sur les déplacements récents, un test PCR si les symptômes datent de moins de 5 jours (détection du virus), une sérologie si les symptômes sont présents depuis plus de 5 jours (recherche d’anticorps). Lorsqu’un cas de chikungunya est confirmé, les autorités sanitaires essaient de déterminer s’il s’agit d’un cas autochtone ou importé (voyage dans une zone endémique dans les 15 jours précédents les symptômes). Des actions de lutte antivectorielle sont ensuite mises en place. En effet, il existe en France un plan anti-dissémination du chikungunya. Ce dispositif permet de surveiller et de limiter la propagation du virus. C’est pourquoi chaque cas doit être déclaré à l’Agence régionale de santé (ARS).

Il n’existe pas de traitement spécifique contre le chikungunya, mais des médicaments peuvent être prescrits pour soulager les symptômes. En général, ces derniers disparaissent lorsque le système immunitaire a éliminé le virus.

Voici quelques conseils pour aider votre organisme à lutter contre l’infection et à favoriser sa récupération :

  • Reposez-vous un maximum et évitez les efforts physiques pour ne pas accentuer votre fatigue et les douleurs articulaires

  • Retirez vos bijoux, tels que vos bagues et bracelets, pour éviter qu’ils ne vous coupent la circulation si jamais vos articulations gonflent

  • Faites des repas légers pour laisser de l’énergie à votre système immunitaire

  • Buvez de l’eau régulièrement tout au long de la journée pour rester bien hydraté et compenser les pertes hydriques dues à la fièvre

  • Protégez-vous des moustiques pour limiter la prolifération du virus.

Comment se protéger des piqûres du moustique tigre ?

La meilleure façon de se protéger du chikungunya est de se protéger des piqûres de moustique. Cela passe par une protection individuelle, mais aussi collective pour limiter la reproduction des moustiques vecteurs. Que vous prévoyiez de voyager dans une zone tropicale ou que vous habitiez dans une région où le moustique tigre est présent, voici quelques conseils qui pourront vous être utiles.

Protection individuelle : éviter les piqûres

  1. Installez des moustiquaires : simples et efficaces, les moustiquaires aux fenêtres sont un excellent moyen d’empêcher les moustiques de rentrer chez vous. Si vous vivez dans une zone particulièrement infestée, vous pouvez également en installer une au-dessus des lits et berceaux. Lorsque vous voyagez en zone tropicale, prenez le temps de vous renseigner pour savoir si vos logements possèdent ce type d’installation.

  2. Portez des vêtements amples et couvrants : protégez votre peau des moustiques en portant des vêtements longs, amples et de couleur claire. Les moustiques tigres sont actifs surtout en journée, avec un pic d’activité en début et en fin de journée.

  3. Utilisez des répulsifs : appliquez des répulsifs à moustiques sur les parties de votre peau dénudée et sur vos vêtements. Renouvelez l’opération plusieurs fois par jour en fonction des instructions fournies avec le produit.

  4. Faites brûler des serpentins anti-moustiques : lorsque vous êtes en extérieur, installez des dispositifs anti-moustiques. Vous pouvez faire brûler des serpentins ou des bougies répulsives. Il existe aussi des pièges à moustiques. Ces appareils sont conçus pour attirer et piéger les moustiques en reproduisant l’odeur corporelle. Ils doivent donc être placés à distance des humains. Si vous n’avez rien de tout ça sous la main, vous pouvez également utiliser un ventilateur, les moustiques détestent le vent.

Protection collective : éliminer les gîtes larvaires

Les œufs de moustiques ont besoin d’eau pour évoluer en larves. C’est pourquoi les femelles pondent dans tous les récipients susceptibles de recevoir de l’eau. À l’arrivée du printemps, si les conditions sont réunies, les moustiques se développent. Nous vous invitons donc à vider régulièrement vos vases, coupelles de plantes, arrosoirs, gouttières, poubelles de jardin. Accordez également une attention à tous les objets qui peuvent provoquer une rétention d’eau, même minime, comme une bâche, le mobilier de jardin, les jouets, les pneus usagés… En prenant l’habitude de supprimer toutes les eaux stagnantes, vous participerez activement à réduire la prolifération de cette espèce invasive.

Précautions d'usage

Vous trouverez sur le marché plusieurs types d’insecticides et de répulsifs contre les moustiques. Avant de les utiliser, assurez-vous qu’ils sont compatibles avec votre situation. En effet, certains produits peuvent comporter des contre-indications, notamment pour les enfants et les femmes enceintes. Quel que soit le produit choisi, veillez à ne pas en appliquer sur les mains et le visage des enfants. Au moindre doute, n’hésitez pas à demander conseil auprès d’un pharmacien.

Conseil de l’expert

Les moustiques tigres se déplacent très peu au cours de leur vie : ils restent dans un périmètre de 150 mètres autour de leur lieu de naissance. Cela signifie que si vous avez des moustiques tigres chez vous, c’est qu’ils sont nés à côté ! Vous pouvez donc agir facilement pour limiter leur présence. La stratégie la plus efficace consiste à éliminer tous les points d'eaux stagnantes dans votre intérieur, votre balcon ou votre jardin.

En savoir plus

Comment savoir si le moustique tigre nous a transmis une maladie ?

Après une piqûre de moustique tigre, l’apparition de fièvre, de douleurs articulaires, d’éruptions cutanées ou d’une grande fatigue peut indiquer une infection. Ces symptômes apparaissent généralement quelques jours après la piqûre. En cas de doute, consultez un médecin pour avoir un diagnostic.

Quelle est la différence avec la dengue ?

Le chikungunya et la dengue sont deux maladies virales transmises par les mêmes moustiques, mais sont causées par des virus différents. La fièvre et les douleurs articulaires sont plus intenses dans le chikungunya. De plus, la dengue peut parfois évoluer vers une forme sévère avec un risque d’hémorragies internes, ce qui n’est pas le cas du chikungunya.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Amandine GRANGER

Amandine est rédactrice spécialisée en santé naturelle. Passionnée par les médecines alternatives, elle se forme au métier de naturopathe. À travers ses articles, elle souhaite partager ses connaissances au plus grand nombre pour que chacun puisse apporter plus de bien-être et d’équilibre dans son quotidien.

Bibliographie

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Chikungunya. (s. d.).

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Chikungunya. (2025, 6 mars). Institut Pasteur.

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Chikungunya/Maladie de « l’homme courbé » · Inserm, La science pour la santé. (s. d.). Inserm.

4

World Health Organization : WHO. (2022, 8 décembre). Chikungunya.