Acupuncture & migraine menstruelle : de nouvelles preuves d’efficacité ?

Pour de nombreuses femmes migraineuses, jusqu’à 60 %, les crises sont liées aux règles. Et si l’acupuncture devenait une alliée crédible pour réduire leurs douleurs et leur fréquence ?

La migraine menstruelle est une épreuve à part entière : les crises surviennent souvent peu de temps avant le début des règles, s’intensifient durant la phase menstruelle, puis diminuent ensuite. Maux de tête lancinants, nausées, sensibilité à la lumière, fatigue… autant de symptômes qui pèsent sur le quotidien. Or, une étude récente, publiée en octobre 2025 dans Frontiers in Neurology, propose des résultats prometteurs : l’acupuncture pourrait non seulement atténuer l’intensité des douleurs, mais aussi en limiter la fréquence.

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60 % des femmes migraineuses voient leurs crises “calendairement liées” aux règles

Avant d’explorer les données scientifiques, rappelons ce constat clinique fréquemment rapporté : environ 60 % des femmes migraineuses déclarent que leurs crises surviennent en lien temporel avec le cycle menstruel, c’est-à-dire quelques jours avant ou pendant les règles. L’explication tient au fait que les fluctuations hormonales constituent un déclencheur reconnu de migraine d’origine hormonale. Dans ce contexte, les épisodes menstruels de migraine sont souvent :

  • Plus intenses,

  • Plus longs,

  • Moins bien soulagés par les traitements habituels.

Les symptômes associés (nausées, sensibilité sensorielle, troubles de l’humeur) aggravent le fardeau vécu par les femmes pendant cette période.

Une méta-analyse massive : 39 essais randomisés, 2 584 participantes

L’étude de 2025 compile 39 essais randomisés incluant 2 584 femmes souffrant de migraine menstruelle. Voici les résultats clés :

Indicateur

Effet observé avec acupuncture vs contrôle

Intensité de la douleur (échelle VAS)

Réduction significative

Fréquence des crises

Diminution observable

Durée des épisodes migraineux

Réduction modeste mais significative

Taux de réponse (amélioration clinique)

Meilleur en acupuncture

Paramètres de qualité de vie (HIT‑6, MHI)

Améliorés

Sérotonine (5-HT) plasmatique

Hausse observée


Les auteurs signalent aussi que l’acupuncture présente un profil de sécurité favorable, sans effets indésirables graves rapportés dans ces essais. Toutefois, une mise en garde : le niveau de preuve est jugé faible à modéré selon les critères GRADE, en raison de l’hétérogénéité des études (différences de protocoles, points d’acupuncture, designs, populations) et de risques de biais.

Comment l’acupuncture pourrait “agir” ?

L’étude ne se contente pas des chiffres : elle s’efforce de suggérer des pistes d’action :

  • L’acupuncture pourrait stimuler la libération de sérotonine (5-HT), un neurotransmetteur impliqué dans la modulation de la douleur et de l’inflammation. (hausse observée dans les analyses) 

  • Elle pourrait intervenir sur les circuits du système nerveux central, notamment en modulant la sensibilisation centrale (réduction de l’hyperexcitabilité des voies de la douleur).

  • Certaines études de migraine non menstruelle recourent à l’imagerie cérébrale : elles montrent que l’acupuncture affecte les réseaux neuronaux associés à la perception de la douleur (Default Mode Network, Central Executive Network, système de modulation descendante de la douleur).

  • Elle peut également agir sur la réponse vasculaire, l’inflammation locale et systémique, ou sur l’équilibre global des systèmes neuromodulateurs.

Des études antérieures renforcent le propos

Même si l’étude de 2025 est la plus récente et la plus complète à ce jour, d’autres travaux la précédaient :

  • En 2022, un essai multicentrique chinois sur la migraine liée aux menstruations (MRM)* a comparé acupuncture et traitement médicamenteux (naproxène). Il a montré qu’en 3 cycles, le groupe acupuncture réduisait le nombre de jours migraineux menstruels de 0,94 jour en moyenne, contre 0,61 jour pour le groupe médicament, avec effet maintenu jusqu’à 6 cycles. 

  • D’autres revues sur la migraine en général montrent que l’acupuncture pourrait réguler les voies cérébrales de la douleur, influencer les réseaux neuronaux de contrôle sensoriel et émotionnel, et agir à long terme comme traitement prophylactique. 

*https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9459087

Ce que l’on peut en attendre… et ce qu’il faut garder en tête

L’acupuncture s’impose comme une piste prometteuse pour les femmes souffrant de migraines menstruelles : naturelle, bien tolérée, et désormais soutenue par une base de données cliniques. Elle pourrait atténuer la douleur, réduire la fréquence des crises, et ainsi améliorer la qualité de vie durant cette période particulièrement vulnérable du cycle. Mais cette approche n’est pas une solution miracle. Les chercheurs eux-mêmes le rappellent :

  • Le niveau de preuve reste modéré à faible, en grande partie à cause de la diversité des protocoles, des échantillons parfois réduits, et de la qualité inégale des études.

  • Le choix des points d’acupuncture, le nombre de séances et leur fréquence varient énormément d’une étude à l’autre.

  • L’effet placebo et l’influence des attentes jouent sans doute un rôle non négligeable.

Enfin, pour les formes sévères ou résistantes de migraine, l’acupuncture ne pourra pas remplacer une prise en charge médicale complète. Elle peut s’intégrer comme un complément utile, mais ne doit jamais retarder ou remplacer un traitement adapté.

Zoom sur notre rédactrice, Solène Bonnet

Solène Bonnet, ancienne responsable éditoriale de Marie Claire Idées, apporte son expertise pointue en stratégie éditoriale et rédaction. Pendant 8 ans, elle a guidé l’équipe de rédaction, veillant à produire des contenus innovants. Maman de deux enfants, elle accorde une attention particulière aux compositions des produits et à tous ces petits détails qui peuvent améliorer le quotidien. Passionnée par une approche authentique et respectueuse de la santé, Solène privilégie des produits à la composition saine, alignés avec une philosophie écoresponsable.

Bibliographie

1

Wu,Qiqi and al. 2025

2

Liu, L., Tian, L., Zhang, W., Liu, Z., Chen, B., Liu, J., … & Liang, F. (2022).