Le foie est un organe maître. Ses fonctionnalités sont multiples et son déséquilibre est retentissant sur bon nombre d’aspects de la santé. Les mauvaises influences sont nombreuses : stress, sucres, graisses, médicaments, alimentation industrielle, virus… Le contexte économique de surconsommation et de pression dans la vie quotidienne ne le ménage pas, de la petite paresse à l’insuffisance hépatique, en passant par l’humeur irritable ou la lithiase biliaire ou encore l’intoxication. Quels sont les moyens naturels dont nous disposons pour soutenir ses nombreuses fonctionnalités, pallier tous ces désagréments et faire rayonner l’état de santé ? Quels sont les réflexes aromatiques associés, les huiles essentielles à privilégier et celles à éviter ? Voici un dossier complet en deux parties traitant des problèmes hépatiques les plus communs et offrant des réponses aromatiques pour préserver le capital hépatique ou bien tenter de réparer un foie abîmé.
Bien souvent en naturopathie, le foie est la cible des intentions thérapeutiques alors que les symptômes peuvent être divers et variés : fatigue, ballonnement, œdèmes des membres inférieurs, hématomes disséminés sur tout le corps, ou encore gastrites, teint jaunâtre, ongles cassants, tendinites chroniques ou fatigue à l’effort… La fonction hépatique rayonne sur tous les plans de la personne, tant au niveau physique, qu’organique, digestif, circulatoire, métabolique ou encore émotionnel. Un foie trop tendu peut même s’exprimer par une humeur irritable ou « soupe au lait », chargée d’impatience voire même de colère. L’équilibre hépatique semble donc être primordial et c’est bien pour cela que la naturopathie, mais aussi la médecine chinoise y portent toujours une attention particulière. La prévention, l’entretien et le soutien du foie sont des maîtres-mots pour espérer maintenir un bon état de santé général.
Le foie peut être assimilé à une grosse éponge de sang pesant jusqu’à 1,6 kg. Il le filtre et le purifie. Le sang lui arrive, d’une part par la veine porte - c’est le sang issu du système digestif fraîchement assimilé et chargé en toxines à métaboliser - et, d’autre part, par l’artère hépatique, qui apporte l’oxygène dont il a besoin pour fonctionner. Il lui est associé un serviteur, la vésicule biliaire, une grosse poche qui stocke la bile qu’il fabrique. Le sang de la veine porte parvient au foie chargé de très nombreuses substances issues de la digestion et de l'activité des organes du système digestif. Ces molécules sont absorbées par les cellules du foie qui sont dotées d'enzymes spécifiques (les transaminases) qui assurent leur transformation chimique. Ces modifications effectuées par le foie sont vitales pour l'organisme. Elles participent à l’élimination des molécules toxiques, à la bonne répartition des nutriments, à la synthèse de certaines protéines et aussi à la production de la bile. Le foie a donc plusieurs rôles très importants : un rôle métabolique (en rapport avec l’assimilation et le stockage de nutriment), un rôle détoxifiant, un autre encore digestif (la bile digère les graisses et solubilise aussi certaines toxines pour les envoyer directement vers les intestins).
L’ « éponge hépatique » se gorge de sang, le traite, en tire des synthèses de nutriments et le purifie. Ensuite elle « s’essore » pour le redistribuer dans l’ensemble de l’organisme. Du foie dépend donc la chaleur globale de l’organisme et la libre circulation de l’énergie dans l’ensemble du corps. Les extrémités froides parlent souvent d’un foie en vide d’énergie. Il assiste également la rate et le pancréas dans leur rôle digestif. S’il est tendu, il empêchera la descente du bol alimentaire occasionnant des remontées gastriques, des aphtes, des ballonnements ou des selles molles. D’un point de vue énergétique, il est associé aux ongles, aux tendons, aux yeux et aux muscles, qui se retrouvent nourris par le même principe énergétique, celui du bois. Si ce principe est dans son ensemble déséquilibré, tous ces éléments pourront alors aussi exprimer des troubles. Si tel est le cas, une séance d’acupuncture par un praticien en médecine chinoise s’impose en complément des huiles essentielles. Il est évident que la santé du foie passe avant tout par une hygiène alimentaire adaptée puisqu’il a en charge une lourde responsabilité de détoxification et de métabolisation du sang.
Avant de se tourner vers les huiles essentielles ou l’acupuncture, la première intention pour être en cohérence, est de veiller à ce que l’alimentation au quotidien soit hypotoxique pour le foie. Il y a quelques restrictions impératives à faire lorsque la sphère hépatique commence à montrer des signes de faiblesse :
Supprimer tous les desserts et les aliments à index glycémique rapide (gâteaux, viennoiseries, pain, pâtes blanches, riz blanc, miels, confitures). Le sucre consommé en excès est transformé et stocké en graisse au niveau du foie. Cela contribue petit à petit au syndrome de « foie gras » ou stéatose.
Supprimer l’apport de mauvaises graisses, à savoir toutes les graisses cuites, toutes les margarines solidifiées, les produits laitiers et les viandes rouges. Elles sollicitent beaucoup la fonction biliaire et détoxifiante. Privilégier l’apport d’huile de lin ou de colza sur les crudités.
Supprimer la prise de boissons alcoolisées, qui tracent le chemin vers la cirrhose hépatique, l’étape suivant la stéatose.
Certains signaux tirent la sonnette d’alarme. Lorsque le foie devient gras, il peut se mettre à stocker des graisses au niveau de la poitrine chez les femmes, autour des hanches et du ventre chez l’homme. La fibrose hépatique amène une fatigue générale teintée de pulsions alimentaires portées vers le sucre ou l’alcool. En général, les analyses montrent des niveaux enzymatiques élevés pour les gamma GT et/ou les transaminases. L’état de souffrance hépatique est installé, on parle de stéatose ou de syndrome du « foie gras ».
L’ingestion d’huiles essentielles associée aux mesures diététiques est en général salvatrice lorsque les choses sont prises en mains à un stade précoce. Parmi toutes les HE, celles qui viennent de plantes alimentaires ont des bienfaits tout particulièrement digestifs et hépatiques.
L’Huile essentielle de Menthe poivrée est sûrement la plus stimulante du foie. Elle est très efficace pour relancer les foies un peu paresseux, suite à des excès alimentaires passagers. Par contre, elle peut être aussi mal perçue, car trop violente, sur un foie abîmé (hépatite par exemple). Elle est donc à tester au préalable selon l’état de la sphère hépatique. Sa bonne tolérance sera perçue rapidement dans les instants qui suivent son ingestion par voie sublinguale. Dans tous les cas, en regard de sa puissance de stimulation, on évitera de l’utiliser tous les jours, à chaque repas. Elle est par ailleurs contre-indiquée chez les sujets hypertendus ou cardiaques, les femmes enceintes/allaitantes, les enfants de moins de 6 ans et déconseillée en cas d’ablation de la vésicule biliaire. Pour ces sujets n’ayant plus de vésicule biliaire, l’ingestion d’HE connotées «stimulante digestive» entraîne des risques de diarrhées très inconfortables.
En usage ponctuel, pour un excès alimentaire, un problème passager ou encore en prévision d’excès alimentaires incontournables, déposer une goutte d’HE de Menthe poivrée ou de Citron ou bien le mélange des deux (comme proposé ci-dessous) sur le dos de la main et laper progressivement du bout de la langue permet de dégager tout le haut du tube digestif, de souffler les nausées, dans les minutes qui suivent.
L’éternel duo Menthe/Citron a fait ses preuves, il apporte un confort digestif inégalé, une tonification des fonctions stomacales, une stimulation de la synthèse des sucs hépatiques et pancréatiques et rafraîchit l’haleine durablement.
Pour des problèmes hépatiques plus installés, la synergie peut être un peu plus élaborée et prise de manière régulière sous forme de cure. Celle-ci peut retenir toujours le Citron, très doux et très dépuratif des hépatocytes qui retrouveront un élan d’activité à son contact, additionné d’une pointe de Basilic tropical (ou d’Estragon sur les terrains à tendance allergique) qui permet de relaxer l’organe foie, de le détendre par les propriétés antispasmodiques de ses dérivés anisés. La présence d’une HE de Romarin est incontournable dans une synergie à visée hépatique, car le Romarin est LA plante au plus fort tropisme hépatique, mais encore faut-il ne pas se tromper entre celui qui a plutôt une cible respiratoire (le Romarin à cinéole), et le Romarin camphré qui est contre indiqué par voie interne car hautement neurotoxique. Retenons dès lors l’HE de Romarin à verbénone. Cette dernière molécule a des propriétés solubilisantes des graisses. Elle permet de vider le foie des excès de graisses accumulés, elle le draine et nettoie par la même occasion le sang de ses lipides en excès.
Voilà donc une remise en forme à prendre sous forme de cure, en fin de repas, pour rétablir toute la sphère hépatique (comme recommandé ci dessous). Les effets seront largement étendus, de la sensation « décharge digestive » jusqu’à celle de légèreté dans la tête, et même de teint clair et frais.
Aude Maillard, praticienne et diplômée en aromathérapie scientifique, réflexologie plantaire et olfactothérapie, elle approche les huiles essentielles de façon très complète, alliant visions scientifique et énergétique. C’est une passionnée des huiles essentielles, avide de transmettre son savoir. Aude Maillard anime aujourd’hui des ateliers d’Aromathérapie chez Aroma-Zone et est également à votre disposition pour des consultations personnalisées.