L'endométriose : Causes et symptômes

Depuis quelques années, on entend de plus en plus parler de l’endométriose. Cette maladie gynécologique, encore méconnue il y a peu, touche pourtant une femme sur dix en âge de procréer. Derrière ce nom technique se cachent des douleurs parfois invalidantes, des troubles digestifs ou urinaires, et dans certains cas, des difficultés à concevoir. Qu'est ce que l’endométriose ? Comment se manifeste-t-elle ? À quel moment consulter ? Mieux comprendre ce phénomène permet d’agir plus tôt, de soulager les symptômes, et de vivre avec un peu plus de sérénité. 

Par Stéphanie Le Guillou
Publié le 27/03/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose est un trouble gynécologique dans lequel des cellules semblables à celles de l’endomètre (la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus) se développent en dehors de la cavité utérine. À chaque cycle menstruel, l’endomètre dans l’utérus s’épaissit, se prépare à une éventuelle grossesse, puis se désagrège au moment des règles lorsqu’il n’y a pas de fécondation. Dans le cas de l’endométriose, des tissus similaires à l’endomètre se logent sur d’autres organes : ovaires, trompes, voire la vessie ou l’intestin.

Ce phénomène peut être responsable d’adhérences (zones où les tissus s’imbriquent anormalement) et d’inflammations diverses. On considère que l’endométriose affecte un nombre non négligeable de femmes menstruées, souvent de manière chronique. Cette présence anormale de tissus endométriaux peut engendrer des douleurs intenses, en particulier lors des règles. Il arrive également que certaines femmes souffrant d’endométriose présentent peu ou pas de symptômes, ce qui complique le diagnostic précoce.

Par ailleurs, ce trouble est souvent associé à des perturbations de la fertilité. Toutes les femmes concernées ne vivent pas systématiquement une infertilité, mais les difficultés pour concevoir sont plus fréquentes quand l’endométriose est avancée. Malgré sa complexité, de nombreuses prises en charge existent aujourd’hui, permettant aux patientes de bénéficier de traitements hormonaux, chirurgicaux, ou de solutions de confort.

Quelles sont les causes de l'endométriose

Les causes exactes de l’endométriose ne sont pas complètement élucidées par la communauté scientifique. Plusieurs hypothèses cohabitent pour expliquer ce phénomène, et il est probable que plusieurs facteurs s’additionnent pour favoriser l’apparition de ces lésions à l’extérieur de l’utérus. Ci-dessous, quelques pistes fréquemment évoquées :

Hérédité

Un terrain génétique serait susceptible d’influer sur la survenue de l’endométriose. En d’autres termes, si votre mère ou vos sœurs ont reçu un diagnostic d’endométriose, vos probabilités de développer ce trouble augmenteraient. Cela ne signifie pas que l’affection se manifeste forcément, mais la vigilance est de mise.

Règles rétrogrades

Certains spécialistes évoquent la possibilité de menstrues rétrogrades, c’est-à-dire un reflux de sang menstruel dans les trompes, puis dans la cavité pelvienne. Ce sang contient des cellules endométriales qui pourraient s’implanter en dehors de l’utérus et continuer d’évoluer sous l’influence des hormones cycliques.

Dysfonction immunitaire

Le système immunitaire joue un rôle clé dans la détection et la destruction des cellules “indésirables”. Des perturbations immunitaires pourraient empêcher l’organisme de détruire ces cellules endométriales situées hors de l’utérus, favorisant ainsi leur prolifération.

Facteurs hormonaux

L’endométriose est reconnue comme une affection hormono-dépendante, principalement sous l’influence des œstrogènes. Un déséquilibre hormonal, une hypersensibilité des récepteurs œstrogéniques, ou une production excessive d’œstrogènes pourraient être liés au développement et à la progression de cette pathologie.

Environnement

Certaines recherches pointent vers l’impact potentiel de facteurs environnementaux : perturbateurs endocriniens, polluants ou exposition prolongée à certaines substances chimiques. Ces agents pourraient interférer avec la régulation hormonale et favoriser la prolifération de tissus endométriaux en dehors de l’utérus.

Quels sont les symptômes associés ?

Les manifestations de l’endométriose varient grandement d’une personne à l’autre. Certaines femmes ressentent de violentes douleurs, tandis que d’autres ignorent même qu’elles sont concernées. Voici une liste des principaux symptômes rapportés :

  • Dysménorrhée (douleurs menstruelles intenses)

  • Douleurs pelviennes chroniques (persistantes en dehors des règles)

  • Douleurs lors des rapports sexuels (appelées dyspareunie)

  • Troubles digestifs (ballonnements, constipation, diarrhées pendant les règles)

  • Fatigue inexpliquée

  • Douleurs lombaires récurrentes

  • Infertilité ou difficultés à concevoir

  • Saignements abondants ou irréguliers

Chaque personne éprouve des intensités et des fréquences de symptômes différentes. Lorsque les douleurs ou les règles inhabituelles se répètent, il peut être pertinent d’en parler à un professionnel de santé et d’envisager des examens d’imagerie (échographie, IRM).

Comment soulager les douleurs ?

La prise en charge de l’endométriose s’appuie généralement sur la médecine conventionnelle. Toutefois, des approches complémentaires peuvent contribuer à un meilleur confort, notamment en réduisant la gêne ressentie durant les cycles.

  1. Massage abdominal doux : Réaliser de légers mouvements circulaires sur le bas-ventre à l’aide d’une huile végétale neutre. Ce contact peut aider à décontracter les muscles et à diminuer les spasmes.

  2. Tisanes à base de camomille : Les infusions chaudes sont souvent associées à une sensation de confort. Des études montrent que la camomille en particulier atténue les douleurs liées aux menstruations, en limitant la production de prostaglandines (molécules à l’origine de contractions utérines) et de leucotriènes (1). Plusieurs essais cliniques montrent qu’elle constitue une option thérapeutique complémentaire intéressante pour les douleurs de règles (1).

  3. Application de chaleur : L’usage d’une bouillotte placée sur la région pelvienne permet de relaxer les muscles et de calmer les crampes.

  4. Relaxation : Les exercices de respiration et de relaxation peuvent atténuer la tension ressentie dans la région pelvienne. Par exemple, la respiration profonde, appelée aussi respiration diaphragmatique, consiste à inspirer lentement par le nez, en gonflant l’abdomen, puis à expirer en douceur par la bouche. Cette technique, pratiquée quelques minutes chaque jour, réduit la contraction des muscles et favorise un sentiment de calme. Certains préfèrent associer ces respirations à un exercice de visualisation : imaginer une vague de détente parcourant le bassin, puis s’échappant lors de l’expiration. Le yoga ou la méditation guidée peuvent également constituer des pratiques efficaces pour diminuer la perception douloureuse.

Quelles sont les recommandations liées à l'endométriose ?

Le diagnostic d’endométriose repose sur une évaluation clinique, des examens d’imagerie et parfois une cœlioscopie (intervention chirurgicale légère qui permet de visualiser directement la cavité pelvienne). Une prise en charge adaptée peut ensuite être proposée :

  • Traitements hormonaux : Des médicaments bloquant ou modulant la production d’œstrogènes (pilule contraceptive en continu ou progestatifs) sont fréquemment proposés. Ils visent à limiter la stimulation des lésions par les hormones et à réduire l’intensité des douleurs.

  • Anti-inflammatoires : Dans certains cas, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont prescrits pour apaiser la douleur, surtout lors des règles.

  • Chirurgie : Lorsque les lésions sont étendues ou responsables de douleurs invalidantes, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Le chirurgien retire alors, dans la mesure du possible, les tissus endométriosiques, libère les adhérences et essaye de restaurer l’anatomie normale (2,3).

  • Suivi régulier : Des consultations de contrôle, souvent annuelles, permettent d’évaluer l’évolution de l’endométriose, de surveiller l’efficacité des traitements et d’ajuster la stratégie thérapeutique au besoin.

Parallèlement, un accompagnement psychologique ou une orientation vers des associations de patientes peuvent aussi apporter un soutien moral. L’endométriose étant parfois source de souffrance psychique, la parole et l’échange restent des atouts pour mieux vivre cette réalité.

Précaution d’usage

Tout d’abord, il convient de rappeler que l’avis d’un professionnel de santé reste essentiel dans la prise en charge de l'endométriose. Les thérapies naturelles et les remèdes traditionnels doivent s’inscrire en complément d’un diagnostic et d’un suivi médical approprié. Si vous êtes enceinte, allaitez ou suivez un traitement médicamenteux, discutez avec votre médecin ou votre pharmacien avant d’avoir recours à des produits supplémentaires.

Conseil de l’expert

Pour mieux vivre avec l'endométriose, il est souvent bénéfique de combiner plusieurs approches : un suivi médical sérieux, une écoute attentive de ses ressentis, et des gestes quotidiens qui procurent un mieux-être. Chacune peut expérimenter différents modes de soulagement. Les massages doux, l’utilisation des hydrolats, ou encore la pratique régulière d’exercices de relaxation s’inscrivent dans une stratégie globale d’accompagnement. Lorsque la douleur prend trop de place, n’hésitez pas à consulter, à en parler, et à demander un accompagnement spécialisé.

En savoir plus

L’endométriose peut-elle disparaître d’elle-même ?

Dans quelques cas, les symptômes de l’endométriose peuvent s’estomper après la ménopause, grâce à la chute des œstrogènes. Cependant, la disparition complète des lésions demeure plus incertaine. Certaines femmes ressentent un soulagement spontané, d’autres conservent des séquelles. Il est recommandé de rester attentive à l’évolution et de garder un contact régulier avec son gynécologue ou son médecin traitant.

Pourquoi l’endométriose affecte-t-elle parfois la fertilité ? Une grossesse est-elle possible ?

Lorsque des lésions se forment sur les ovaires ou les trompes, elles peuvent entraver le cheminement naturel des ovocytes ou des spermatozoïdes. De plus, l’inflammation associée à l’endométriose modifie l’environnement pelvien, ce qui peut rendre la conception plus difficile. Il existe cependant des traitements de soutien, comme la stimulation ovarienne ou la fécondation in vitro, offrant la possibilité de mener un projet de grossesse.

À qui s’adresser pour un diagnostic fiable ?

En premier lieu, un gynécologue ou un médecin spécialiste en médecine de la reproduction constitue un interlocuteur privilégié. Les sages-femmes peuvent également orienter et conseiller. Il est possible que des examens d’imagerie (échographie, IRM pelvienne) soient prescrits, afin de confirmer ou d’infirmer la présence de lésions endométriosiques. Certains centres spécialisés en endométriose proposent une expertise plus pointue dans l’exploration et la prise en charge de ce trouble.

Peut-on avoir une sexualité épanouie ?

Pouvoir vivre une sexualité épanouie malgré l’endométriose est envisageable, même si des défis existent. Ce trouble gynécologique peut entraîner des douleurs pendant les rapports, appelées dyspareunies. Toutefois, la communication au sein du couple se révèle essentielle pour instaurer un climat de confiance. Adapter certaines positions ou recourir à des lubrifiants spécifiques diminue la gêne et favorise le plaisir partagé. Consulter un professionnel de santé, comme un gynécologue ou un sexologue, peut aider à déterminer des approches thérapeutiques ciblées. Parallèlement, des exercices de relaxation, un suivi psychologique et des massages doux encouragent la détente corporelle. Avec une prise en charge adaptée et un dialogue dans le couple, beaucoup de personnes confrontées à l’endométriose parviennent à construire une vie sexuelle épanouie. Des ajustements réguliers, comme un exercice physique modéré, contribuent à un équilibre sexuel.

Quelle est la différence avec les symptômes de l'adénomyose ?

L’endométriose désigne la présence de tissus semblables à l’endomètre en dehors de la cavité utérine, comme sur les ovaires ou le péritoine. Elle engendre des douleurs pendant les règles et parfois des difficultés à concevoir. L’adénomyose, en revanche, implique l’implantation de ces mêmes cellules au sein du muscle utérin, nommé myomètre. Cette infiltration peut provoquer des menstruations abondantes et des crampes intenses. Si les deux affections partagent quelques symptômes, elles diffèrent par leur localisation précise. Le diagnostic s’appuie sur l’imagerie (échographie ou IRM) et un suivi gynécologique régulier. Des traitements adaptés existent pour soulager la douleur et améliorer le quotidien.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

ameli.fr. Endométriose : définition et facteurs favorisants.

2

(1) Niazi A, Moradi M. The Effect of Chamomile on Pain and Menstrual Bleeding in Primary Dysmenorrhea

3

(2) Haute Autorité de santé. Prise en charge de l'endométriose.

4

(3) ameli.fr. Le traitement de l'endométriose.