Tout savoir sur les grains de beauté

Le grain de beauté (ou naevus) correspond en fait à l'accumulation et au regroupement en thèques (petits amas) de mélanocytes. Les mélanocytes sont les cellules de la peau, présentes dans l'épiderme (couche la plus superficielle de la peau), qui produisent la mélanine, le pigment conférant à la peau sa couleur, et au naevus également.

Les grains de beauté sont acquis et bénins, c'est-à-dire qu'ils apparaissent dans la majorité des cas pendant la vie et qu'ils sont sans risque. Mais dans de rares cas ils peuvent être présents à la naissance: ce sont les naevi congénitaux. Ce type de grain de beauté peut dégénérer plus facilement, d'autant plus si sa taille est grande.

Il existe un terrain souvent familial expliquant que si les parents ont beaucoup de grains de beauté, les enfants sont aussi à risque d'en avoir plus. De même, certaines mutations génétiques expliqueraient que chez les personnes ayant plus d'une cinquantaine de grains de beauté, et notamment s'ils sont irréguliers, on parle de syndrome des naevi multiples atypiques, ou dysplasiques, syndrome familial héréditaire. Ces syndromes sont plus à risque de dégénérescence en mélanome.

De même, les peaux claires sont plus sujettes à l'apparition de grains de beauté que les peaux foncées.

Les naevi acquis apparaissent dès l'enfance (vers 3-4ans), mais ont tendance, naturellement, à se multiplier au cours de l'adolescence (dès la puberté). Ils vont également croître ou apparaître lors des grossesses, et s'il y a plus d'exposition solaire. Enfin, les peaux claires et les phototypes I ou II (roux, blond, yeux clairs) sont nettement plus à risque de développer des grains de beauté au cours de leur vie que les peaux plus foncées ou phototypes III et au-delà.

C'est tout à fait normal d'avoir une trentaine de grains de beauté. Au-delà de 50 lésions, le risque de développer un mélanome devient plus important.

A noter, que les syndromes des naevi multiples confèrent bien sûr une capacité à "produire" plus de grains de beauté, à phototype équivalent, qu'une personne qui n'en est pas sujette.

Les grains de beauté communs (naevus naevo-cellulaire) : Ils se présentent généralement sous forme de tâche brunâtre de petite taille, millimétrique, rarement plus d'un centimètre, plane ou en relief, et bien limitée.

Les nævi tubéreux (nævi dermiques) : Ils sont quant à eux en relief, colorés (variantes de marrons) ou couleur chair (ils peuvent d'ailleurs se décolorer avec le temps, sans caractère malin), et siègent généralement sur le visage. Il y a parfois un poil qui peut pousser au centre.

Les nævi congénitaux : Ils sont eux visibles dès la naissance, et sont plutôt considérés comme des hamartomes ou dysembryoplasies. Lorsqu'ils sont de grande taille (supérieur à 6cm2), ils sont dits "géants", et le risque de dégénérescence en mélanome est alors plus élevé, bien que restant faible (5%). Ces nævi congénitaux peuvent, au cours de la vie, se modifier en formant des nodules (boules) en relief à la surface de la tâche brune.

Les nævi bleu (coloration bleu voire noirâtre) : Ils sont relativement bénins, ainsi que les mélanoses dermiques (naevus de Ota, de Ito), qui apparaissent généralement aussi dès la naissance. Enfin, certains nævi ont des aspects plus typiques cliniquement et en dermoscopie, que le dermatologue saura reconnaître: le naevus de Reed, le naevus de Spitz, etc...

Naevi atypique (nævus atypique) : C'est un type de grain de beauté qui présente des caractéristiques inhabituelles ou anormales. Les grains de beauté atypiques peuvent être un signe de risque accru de développement de mélanome, un type de cancer de la peau. Mention particulière pour les phototypes plus foncés (peaux noires et métisses), qui peuvent présenter des nævi atypiques voire des mélanomes sur des localisations qui n'ont pas nécessairement été exposées au soleil. Les nævi de l'ongle, se présentent comme une mélanonychie (bande longitudinale brune), qui, si elle se modifie en aspect (couleur, largeur, régularité...) doit faire consulter. Les nævi palma-plantaires, localisés au paumes des mains et plantes de pieds, qui ont un aspect plus particulier en dermoscopie, et doivent alerter s'ils se modifient. A différencier (par un œil expérimenté) des tâches ethniques plantaires.

Selon l'aspect du naevus, sa taille, ou des critères inquiétants, le dermatologue pourra juger de l'indication ou non au retrait du grain de beauté.

Si le naevus est suspect, l'exérèse se fait sous anesthésie locale, en fuseau : avec un bistouri, un losange est tracé tout autour du grain de beauté, pour le retirer avec une petite marge de sécurité afin d'être ensuite analysé en microscopie (anatomopathologie). La peau est ensuite refermée par des points de suture.

Si le naevus est dermique, une exérèse par "shaving" suivie d'une électrocoagulation peut être proposée, voire un traitement par laser CO2: sous anesthésie locale, voire juste crème anesthésiante, le naevus est "rasé" à la lame, puis coagulé. Il n'y aura lors pas de nécessité de points de suture, mais juste une crème cicatrisante à appliquer sur la croute pendant quelques jours. Il es aussi nécessite de protéger du soleil la cicatrice avec une forte protection solaire, afin de la faire disparaître.