La rage : causes et symptômes

La rage est une maladie qui a marqué l'Histoire. Elle possède même sa journée mondiale, célébrée le 28 septembre, en hommage à Louis Pasteur, un scientifique français connu pour ses contributions essentielles à la compréhension de cette maladie.  Responsable de nombreuses épidémies, la rage est une pathologie ancienne, mais son étude approfondie a véritablement débuté en 1879. Dans cet article, nous vous expliquons ce qu'est la rage, quels en sont les symptômes et comment s'en prémunir.

Par Guillaume Renaud
Mis à jour le 02/06/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce que la rage ?

La rage est une zoonose, c'est-à-dire une maladie dont le virus peut se transmettre de l'animal à l'Homme et vice-versa. Les scientifiques ont identifié les chauves-souris comme l'un des principales sources de cette pathologie. Certaines peuvent être porteuses saines (c'est-à-dire vivant avec le virus, mais sans en être contaminée) tandis que d'autres peuvent être malades, selon leurs espèces.

Le virus rabique a ensuite muté et a été transmis des chauves-souris aux carnivores. C'est une maladie millénaire, dont les premières traces écrites remontent à 2000 avant J-C en Mésopotamie. Mais c'est Louis Pasteur qui a marqué un tournant majeur dans notre compréhension de cette maladie virale.

Dès 1880, il établit que la rage est une maladie virale infectieuse qui attaque notre système nerveux. C'est là que se loge le virus après sa période d'incubation. C'est une pathologie foudroyante, car une fois les symptômes déclarés, le patient ne survit pas, et aucun traitement n'existe à ce jour. Le lyssavirus, le virus de la rage, est présent dans plus de 150 pays et est responsable de plus de 59 000 décès par an. 

Heureusement, grâce aux travaux de Louis Pasteur, il est possible d'atténuer la virulence de la rage par une forme modifiée du virus. Cette forme de rage est ensuite administrée en intraveineuse chez le patient contaminé. Ce fut le cas en 1880 lorsque Louis Pasteur réalise la première vaccination sur un jeune alsacien de 9 ans mordu par un chien enragé qui survit et ne développe pas la maladie.

Quelles sont les causes de la rage

La rage se transmet par le lyssavirus, principalement par morsure, griffure ou léchage sur une peau lésée ou les muqueuses. Le chien est responsable de 99% des contaminations humaines, mais d'autres animaux, comme les chauves-souris, les renards et les ratons laveurs, peuvent également être porteurs.

La période d'incubation dure généralement de 2 à 3 mois, mais elle peut varier de 10 jours à plus de deux ans selon la charge virale chez l’animal mordeur et la zone de transmission.

Les risques d'être contaminés par la rage peuvent augmenter selon différents facteurs :

Le métier exercé : certaines professions sont plus à risque que d'autres, on peut citer pour exemple les gardes forestiers, les vétérinaires ou même les égoutiers. Ces professionnels se voient appliquer des mesures complémentaires, telles que la vaccination préventive.

Les voyages touristiques : certaines zones du monde sont fortement concernées par la rage. On appelle cela des zones endémiques. C'est-à-dire que la maladie est présente tout le temps dans la région. Cela concerne surtout la faune sauvage des régions suivantes : Europe de l'Est, Afrique, Asie ou encore Amérique.

Quels sont les symptômes associés à la rage ?

Chez l'être humain, on distingue plusieurs stades d'évolution de la rage 

L'incubation

Cette phase dure généralement d'un à trois mois, mais peut varier de 10 jours à plus de deux ans selon la charge virale de l'animal. Pendant cette période, le vaccin antirabique est crucial. Louis Pasteur a découvert qu'en injectant des doses croissantes de virus de la rage moins affaibli, le patient ne développait pas la maladie, garantissant ainsi sa survie. Aujourd’hui, un rappel tous les cinq ans est recommandé, mais des injections supplémentaires peuvent être prescrites en cas de morsure pour réduire les risques.

La phase prodromique

Cette phase, qui dure de 2 à 10 jours, marque l'apparition des premiers symptômes, souvent non spécifiques : fatigue intense, malaise, perte d’appétit et syndrome grippal. Des troubles neurosensoriels peuvent aussi apparaître, tels que l’anxiété, l'agressivité et une hypersensibilité à la lumière, au bruit ou au toucher.

La phase d'excitation

Durant cette seconde phase, qui dure de 2 à 7 jours, les symptômes sont principalement neurologiques : hyperactivité, agitation, hallucinations visuelles ou auditives, ainsi que des peurs irrationnelles comme l'hydrophobie. Cette dernière se traduit par des spasmes de la gorge déclenchés par le contact ou la vue de l'eau, rendant l'hydratation difficile. Une hypersalivation accompagne souvent ce symptôme.

On note également une aérophobie, provoquant des spasmes au visage et au cou en réponse à un courant d'air.

La phase paralytique

À la fin de la phase précédente, le patient souffre d’une hypertonie musculaire, avec des contractions permanentes des muscles, pouvant entraîner des convulsions. Les muscles du diaphragme sont également affectés, rendant la respiration problématique. Cette phase s'achève par un coma, suivi d'une défaillance totale de l'organisme et du décès.

Quels sont les symptômes chez l'animal infecté ?

Il est intéressant de noter certains éléments spécifiques à la contamination de l'animal. On retrouve les symptômes suivants :

  • Changement de comportement : notamment isolement pour les animaux domestiques ou perte de la peur de l'Homme chez les animaux sauvages.

  • Troubles neurologiques : entraînant une agressivité inhabituelle, des morsures injustifiées ou encore un manque de coordination dans les mouvements et petit à petit une paralysie progressive.

Que faire en cas de morsure par un animal porteur de la rage ?

  1. Nettoyage de la plaie : il est important de nettoyer et désinfecter correctement la plaie afin d'éviter une potentielle infection de la plaie et prévenir le développement d'autres maladies.

  2. Il faut consulter un professionnel de santé rapidement  : Votre médecin par exemple sera à même de vous conseiller sur la marche à suivre en cas de situation à risque.

  3. Traitement adéquate : En prévention, votre médecin peut conseiller l'injection d'un vaccin antirabique, seul médicament utile dans cette maladie.

Malheureusement, il n'existe pas pour cette maladie de traitement curatif. Cela veut dire qu'une fois la pathologie déclarée, il est trop tard pour agir. C'est pourquoi le vaccin antirabique est fait en prévention et en cas de doute sur les risques de développer la rage.

Comment prévenir la rage

  1. Pour limiter les risques de contracter la rage, il est conseillé de ne pas s'approcher ou entrer en contact avec des animaux errants ou sauvages.

  2. Notamment lors de tourisme dans des zones plus naturelles, les animaux peuvent être porteurs du virus et une simple morsure ou contact avec des muqueuses ou des fluides peut suffire à être contaminé.

  3. En cas de profession à risque (vétérinaires, etc.), il existe des recommandations vaccinales spécifiques qui permettent d'agir en prévention.

Conseil de l'expert

Il est important de ne pas hésiter. En cas de morsure par un animal (même le vôtre), nous vous conseillons de consulter ou d'obtenir un avis médical rapidement. La rage est une pathologie mortelle, il est important de prendre ces risques au sérieux.

En savoir plus

La rage est-elle toujours présente en France ?

Depuis 2001, aucun décès dû à cette pathologie n’a été enregistré en France à la suite d'une contamination par un animal terrestre. Des cas isolés ont été importés par des chauves-souris porteuses ou des animaux illégalement introduits, engendrant des alertes sanitaires, comme le cas d'importation d'un chien enragé en 2008.

Quelle est la différence entre la vaccination préventive et la vaccination après une morsure ?

La vaccination préventive peut être administrée à toute personne à risque ou souhaitant se protéger, comprenant 3 doses sur un mois et un rappel tous les 5 ans. Le traitement post-morsure associe le vaccin à d’autres anticorps, avec un schéma d’injection à J0 et J7, idéalement réalisé dans les 24 heures suivant la morsure.

Bibliographie

1

Institut Pasteur - Rage

2

Ministère de la Santé - La rage

3

Organisation mondiale de la Santé - Rage

4

Vidal - Vaccin rabique