Kyste sébacé : causes et symptômes

Les kystes sébacés (ou épidermiques) sont de petites boules sous-cutanées remplies principalement de kératine, qui bien que bénignes, peuvent présenter des complications et devenir douloureuses et disgracieuses. On vous explique dans cet article comment ils se forment, pourquoi et quels sont les symptomes possibles. Le point de vue d'un dermatologue pour en prendre soin.

Par Agathe Aoun
Mis à jour le 12/05/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce qu'un kyste sébacé ou épidermique ?

Un kyste sébacé, ou épidermique, est ce que l'on appelle une "pseudo-tumeur annexielle", développée généralement au dépend d'un follicule pileux ou d'une glande sébacée. C'est en réalité une lésion totalement bénigne mais qui peut devenir gênante, disgracieuse voire se compliquer ou s'infecter. Il se présente sous la forme d'un nodule sous-cutané, allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres, ferme, et souvent centré par un petit canal (ressemblant à un point noir). Il peut parfois prendre une couleur bleutée, surtout s'il est ancien (kératine calcifiée plus ou moins oxydée). Il est constitué d'une coque, formée par des cellules collées entre elles, et au centre un amas de lamelles de kératine (constituant principal des ongles et cheveux). Dans les cas de surinfection, il peut y avoir un écoulement de pus et la taille du nodule double ou triple. Le diagnostic est clinique mais s'il y a un doute une échographie permet généralement d'affiner les hypothèses.

Le point sur les causes possibles

Un kyste sébacé se forme généralement lorsqu’un follicule pileux ou une glande sébacée se bouche, empêchant le sébum (la substance grasse produite par la peau) de s’écouler normalement. Ce blocage entraîne l’accumulation de sébum sous la peau, formant une petite boule ferme, souvent indolore au début.

Plusieurs facteurs peuvent favoriser cette obstruction :

Une peau grasse : la surproduction de sébum augmente le risque d’encombrement des pores et de formation de kystes.

Des frottements répétés : le contact régulier avec des vêtements ou accessoires peut irriter la peau et favoriser l’inflammation des glandes sébacées.

Un excès de kératine : cette protéine peut obstruer les follicules pileux et piéger le sébum sous la peau.

Une mauvaise hygiène locale : un nettoyage insuffisant ou inadapté peut favoriser l’accumulation d’impuretés et l’obstruction des pores.

Des microtraumatismes cutanés : les petites blessures ou griffures peuvent perturber le bon fonctionnement des glandes sébacées.

Certaines personnes y sont aussi plus sujettes en raison d’un terrain génétique, de troubles hormonaux ou de pathologies dermatologiques associées comme l’acné.

Quels sont les symptômes associés ?

Le kyste sébacé se manifeste généralement par  :

  • une petite boule sous la peau, ferme, lisse et mobile au toucher

  • il est le plus souvent indolore, sauf en cas d’inflammation ou d’infection.

  • sa taille peut varier de quelques millimètres à plusieurs centimètres

  • lorsque le kyste s’enflamme, il devient rouge, chaud et douloureux, et peut donner une sensation de tension ou de gêne

  • dans certains cas, il peut s’ouvrir spontanément et laisser s’écouler une substance blanchâtre, pâteuse et malodorante, correspondant au sébum accumulé.

Bien qu’ils soient bénins, ces kystes peuvent récidiver ou s’infecter s’ils ne sont pas correctement pris en charge.

Quelles recommandations ?

Il convient de distinguer deux situations bien différentes :

Le kyste “froid”, c’est-à-dire sans signe d’inflammation (pas de douleur, de rougeur, de chaleur ni d’écoulement purulent). Quelle que soit sa localisation, l'absence de traitement est le plus souvent être envisagée car il s’agit d’une lésion bénigne. Toutefois, pour éviter les complications, il est recommandé de limiter les frottements ou appuis répétés sur la zone concernée — par exemple, un kyste situé sous l’attache d’un soutien-gorge peut s’irriter facilement. Il est également essentiel de ne pas manipuler le kyste, ni tenter de le vider soi-même.

Le kyste enflammé (rouge, douloureux, augmenté de volume) nécessite une prise en charge médicale. Le traitement consiste généralement à soulager la douleur et évacuer le contenu par une incision et un drainage réalisés sous anesthésie locale. Selon les cas, des soins locaux (pansements, méchage) peuvent être nécessaires, avec l’aide d’un professionnel de santé. Une cure d’antibiotiques peut également être prescrite en cas d’infection avérée. Ce n’est qu’à distance de l’épisode inflammatoire que l’on pourra envisager une exérèse complète de la coque du kyste, réalisée par un médecin expérimenté. Cette intervention chirurgicale, également sous anesthésie locale, permet de prévenir les récidives.

Comment prévenir l'apparition de kystes sébacés ?

Pour limiter le risque de formation de kystes sébacés, notamment si votre peau y est sujette, quelques gestes simples peuvent faire la différence :

  1. Réduisez votre consommation de tabac : le tabac perturbe l’équilibre de la peau et favorise l’obstruction des pores, ce qui peut conduire à l’apparition de kystes.

  2. Adoptez une hygiène de peau douce mais régulière : un nettoyage adapté, réalisé matin et soir avec des produits respectueux de votre film hydrolipidique, permet d’éliminer l’excès de sébum, les impuretés et les cellules mortes sans agresser la peau.

  3. Évitez les produits comédogènes : certains soins trop riches ou inadaptés peuvent boucher les follicules. Préférez des formules légères, non comédogènes et adaptées à votre type de peau.

  4. Évitez de manipuler vos comédons (points noirs) : les extractions répétées peuvent fragiliser la peau et favoriser la formation de kystes épidermiques. Mieux vaut adopter une routine douce, purifiante et régulière.

  5. Privilégiez l’épilation au laser dans les zones sensibles aux poils incarnés : lorsque les poils incarnés sont fréquents, notamment au niveau du maillot ou des aisselles, ils peuvent entraîner des inflammations chroniques et des kystes. L’épilation laser est une solution durable pour prévenir ce type de désagrément.

  6. Consultez un dermatologue si vous avez une peau à tendance acnéique ou sujette aux kystes : un suivi médical personnalisé permet de prévenir les lésions profondes et d’éviter les récidives.

Conseil de l'expert

Saviez-vous que certains kystes ressemblants peuvent également se former sur le cuir chevelu ? Ce ne sont pas des kystes sébacés mais il s’agit des kystes trichilemmaux, plus connus sous le nom de « loupes ». Bien qu’ils soient bénins comme les kystes sébacés, ils peuvent devenir gênants s’ils grossissent ou sont nombreux. S’ils ne provoquent aucune douleur, il n’est pas nécessaire de les retirer. Mais si vous souhaitez les faire enlever pour des raisons esthétiques ou de confort, l’intervention est simple et rapide : après une anesthésie locale et un léger rasage de la zone, le médecin retire le kyste dans son intégralité. Une petite suture est réalisée, et la cicatrisation se fait généralement en une semaine. Bonne nouvelle : une fois retiré, le kyste ne récidive pas.

En savoir plus

Un kyste épidermique peut il disparaître tout seul ?

Un kyste sébacé ne disparaît jamais complètement de lui-même. Il peut parfois diminuer de volume, devenir moins visible ou moins gênant, mais sa coque reste présente sous la peau. Cela signifie qu’il peut regonfler ou s’enflammer à tout moment. La seule solution définitive pour s’en débarrasser reste une exérèse chirurgicale complète, réalisée par un professionnel de santé, qui consiste à retirer la totalité de la coque du kyste.

Existe-t-il des maladies qui favorisent leur apparition ?

Oui, certaines affections cutanées peuvent augmenter le risque de développer des kystes sébacés. C’est le cas de l’acné, qui favorise l’obstruction des follicules et l’inflammation de la peau. D’autres maladies plus rares sont également en cause. La sébocystomatose, par exemple, est liée à une mutation génétique affectant la kératine et provoque l’apparition soudaine de petits kystes multiples, souvent superficiels, principalement sur le dos ou le tronc. Lors de leur retrait, on peut parfois observer un duvet au centre de ces kystes. La maladie de Verneuil (hidrosadénite suppurée) est une pathologie chronique inflammatoire touchant les grands plis (aisselles, plis de l’aine…) : elle se manifeste par des abcès, fistules et lésions kystiques douloureuses, et nécessite une prise en charge dermatologique spécialisée. Enfin, certains syndromes génétiques rares, comme les syndromes de Gorlin ou de Gardner, peuvent également prédisposer à la formation de multiples kystes cutanés.

Le Dr Agathe AOUN - COUSSIEU est dermatologue en Martinique, où elle exerce la dermatologie générale, chirurgicale et esthétique.  Sensible au bien être de la peau, elle prodigue également des conseils et soins les plus naturels et adaptés aux peaux sensibles ou à spécificités. Elle a aussi développé un compte Instagram où l’on peut retrouver ses coups de cœur produits, explications sur les pathologies cutanées et conseils peau (@dragatheaoun).

Bibliographie

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Tellechea O, Cardoso JC, Reis JP, Ramos L, Gameiro AR, Coutinho I, Baptista AP.

Benign follicular tumors. An Bras Dermatol. 2015 Nov-Dec;90(6):780-96; quiz 797-8. doi: 10.1590/abd1806-4841.20154114. PMID: 26734858; PMCID: PMC4689065.

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