Éducation positive : comment l’appliquer avec son enfant ?

L’éducation positive revient de plus en plus dans les discussions autour de la parentalité. Entre bienveillance, fermeté et respect mutuel, elle invite à repenser notre posture. Non, ce n’est pas dire oui à tout, ni se laisser marcher sur les pieds : il ne s’agit pas de céder, mais d’accompagner l’enfant avec justesse, en posant un cadre clair et sécurisant. Loin d’un modèle permissif, cette approche valorise la relation, l’écoute et la coopération plutôt que la punition. Inspirée de grands courants pédagogiques et soutenue par la psychologie du développement, elle repose sur des bases solides. Mais concrètement, en quoi consiste l’éducation positive ? Et comment l’adopter au quotidien sans se perdre dans la théorie ?

Par Eloise Dubois-Gaché
Mis à jour le 01/08/2025Temps de lecture : +4 min.

Définition et théorie

L’éducation positive est une approche qui vise à élever un enfant dans un cadre à la fois bienveillant et structurant, en tenant compte de ses besoins émotionnels, de son rythme, et de son développement. Elle repose sur une idée simple, mais puissante : un enfant n’apprend pas mieux sous la menace ou les reproches, mais lorsqu’il se sent compris, soutenu et guidé. Cette approche est née de plusieurs courants pédagogiques. Elle s’inspire notamment des travaux du psychiatre autrichien Alfred Adler, pionnier de la psychologie individuelle, et de ceux de Rudolf Dreikurs, qui a largement diffusé l’idée que le comportement d’un enfant est avant tout une forme de communication. L’éducation positive s’appuie aussi sur la communication non violente (Marshall Rosenberg), la discipline positive développée par Jane Nelsen, et les avancées des neurosciences affectives, notamment portées en France par Catherine Gueguen. Ce qu’on appelle aujourd’hui éducation positive est donc le fruit d’un croisement entre savoirs scientifiques et observations de terrain. Elle ne nie pas l’autorité, mais elle la repense : il ne s’agit plus d’imposer par la peur ou par le chantage, mais de faire autorité en créant du lien, de la confiance et un sentiment de sécurité. C’est une autre manière d’accompagner l’enfant dans sa croissance, en l’aidant à développer des compétences sociales, émotionnelles et relationnelles solides.

Les grands principes de l'éducation positive

Non, l’éducation positive, ce n’est pas dire oui à tout ou laisser son enfant grimper sur la table en se disant "il a besoin de s’exprimer, c'est ok". Ce n’est pas non plus éviter les frustrations à tout prix ni ignorer les règles. Beaucoup de parents la confondent avec du laxisme… alors qu’elle repose sur des bases solides : écouter, guider, poser un cadre ferme et juste, sans jamais humilier ni punir pour faire obéir. Pour mieux comprendre cette éducation, voici ses grands principes :

Valoriser la relation plutôt que la domination

L’éducation positive considère l’enfant comme un être à part entière, digne de respect, et non comme un être à modeler ou à faire obéir à tout prix. Il ne s’agit pas d’imposer son autorité coûte que coûte, mais de construire une relation basée sur l’écoute, la coopération et la confiance. Cela ne veut pas dire tout accepter, mais faire respecter les règles en tenant compte de l’émotion de l’enfant.

Accueillir les émotions sans les juger

Un enfant qui pleure, crie ou se met en colère n’est pas forcément "capricieux" ou "mal élevé". Il traverse simplement une vague émotionnelle qu’il ne sait pas encore apprivoiser seul. Longtemps, les générations précédentes ont occulté ces débordements, les jugeant excessifs ou inutiles. On entendait souvent “arrête de pleurer”, "c’est rien, arrête ton cinéma”. Mais les enfants ne parlent pas notre langage d’adulte : ils s’expriment avec leurs émotions, leur corps, leur intensité. L’éducation positive propose un autre regard : accueillir ce qui est là, sans minimiser ni dramatiser. Un simple “je vois que tu es en colère” ou "tu as le droit d’être triste" permet à l’enfant de se sentir compris, soutenu, et peu à peu d’apprendre à nommer ce qu’il ressent. C’est en reconnaissant l’émotion qu’on l’aide à passer, pas en l’étouffant.

Poser un cadre sécurisant

Être bienveillant ne signifie pas renoncer à toute forme de limite. Au contraire, les enfants ont besoin de repères stables pour se sentir en sécurité. Ce cadre clair, posé avec fermeté mais sans violence, les aide à comprendre ce qui est attendu d’eux et à grandir avec confiance. Bien sûr, ils testeront les limites, c’est leur manière d’apprendre et d’explorer. Et c’est là que réside tout l’enjeu pour les parents : cultiver la patience, garder le cap, et ne pas céder à l’énervement inutile. Car hausser le ton ou punir à chaud n’apporte pas plus d’efficacité, au contraire : cela génère du stress chez l'enfant et épuise les parents.  Mais soyons honnêtes : personne n’est parfait, et il arrive à tout le monde de perdre patience, surtout après une journée difficile ou quand les limites sont repoussées un peu trop loin. L’éducation positive ne demande pas d’être un parent idéal, juste un parent conscient, qui essaye de faire au mieux, dans un cadre clair et cohérent.

Encourager plutôt que punir

L’éducation positive repose sur un principe fondamental : renforcer ce que l’on souhaite voir grandir. Plutôt que de pointer du doigt ce qui ne va pas, on choisit de valoriser les efforts, les intentions, les petits progrès. Dire "Je vois que tu as essayé de ranger tes jouets tout seul" aura bien plus d’impact que "c'est encore le bazar, tu n'as pas bien rangé". L’encouragement, quand il est sincère et ciblé, nourrit l’estime de soi et donne à l’enfant l’envie de recommencer. À l’inverse, la punition, surtout lorsqu’elle est automatique ou humiliante, génère souvent de la peur, de la colère ou de la honte. L’enfant peut obéir sur le moment, mais sans comprendre ni intégrer ce qu’on attend de lui. Il agit pour éviter la sanction, pas parce qu’il en a saisi le sens. En misant sur l’encouragement, on soutient l’autonomie, le sens des responsabilités… et on construit une relation de confiance durable.

Accompagner l’autonomie

Favoriser l’autonomie, c’est croire en les capacités de son enfant, le laisser expérimenter, faire des erreurs et apprendre par lui-même. C’est lui dire “Tu peux essayer, je suis là si tu as besoin”, plutôt que de faire à sa place. L’enfant devient alors acteur de son développement.

Quels sont les bienfaits de cette approche éducative ?

Mettre en place une éducation positive ne transforme pas tout du jour au lendemain. Mais, au fil du temps, cette posture bienveillante et structurée porte ses fruits, tant pour l’enfant que pour les parents.

Pour l’enfant :

  • Renforce l’estime de soi et la confiance en ses capacités ;

  • Favorise une meilleure régulation émotionnelle ;

  • Développe l’autonomie et le sens des responsabilités ;

  • Encourage la coopération plutôt que la soumission ;

  • Permet de mieux comprendre le cadre et les règles ;

  • Renforce le lien de sécurité avec les figures parentales.

Pour les parents :

  • Diminue les rapports de force et les conflits quotidiens ;

  • Crée une relation plus complice et apaisée avec l’enfant ;

  • Permet de mieux comprendre les besoins derrière les comportements ;

  • Réduit la culpabilité souvent ressentie dans la parentalité ;

  • Aide à poser des limites sereinement, sans crier ni punir ;

  • Renforce le sentiment de faire équipe avec son enfant.

Quelles bonnes pratiques pour réussir cette éducation ?

Adopter l’éducation positive au quotidien, c’est cultiver une posture bienveillante et cohérente. Mais concrètement, comment faire ?

Miser sur la communication non violente

Plutôt que de réagir sous le coup de l’énervement ou de l’incompréhension, on apprend à reformuler avec calme, à mettre des mots sur ce que l’on ressent, et à accueillir les émotions de son enfant. Dire "C'est difficile pour moi quand tu cries comme ça" plutôt que "Tu es insupportable" permet d’instaurer un dialogue plus respectueux et constructif.

Créer des rituels rassurants autour des règles

Le cadre peut aussi rimer avec plaisir. Par exemple, transformer le moment du brossage de dents en rituel amusant ("C’est l’heure de la danse des dents !"), parler de moment de câlins au lieu d'heure de coucher, ou inventer une petite chanson pour ranger les jouets aide l’enfant à intégrer les règles sans conflit. Quand les limites sont posées avec constance et créativité, elles sont mieux acceptées.

Lire ensemble des livres sur les émotions

La lecture partagée est un excellent moyen d’aborder les émotions, les conflits ou les comportements du quotidien. Des livres éducatifs sur les émotions permettent à l’enfant de s’identifier, de mieux comprendre ce qu’il ressent, et d’en parler avec ses parents. C’est aussi un moment de lien précieux, propice à l’échange. Des travaux scientifiques montrent d’ailleurs que la lecture partagée parent-enfant influence positivement les compétences socio-émotionnelles des jeunes enfants.

Parler avec des affirmations positives

L’un des réflexes clés en éducation bienveillante consiste à formuler des consignes de manière positive, claire et encourageante. Plutôt que de dire "Ne cours pas !", on peut dire " Marche doucement" , ce qui oriente l’enfant vers le comportement attendu sans insister sur l’interdit. De même, au lieu de dire "Tu vas tomber !", on peut proposer "Regarde bien où tu mets les pieds". Ces tournures, plus douces, mais aussi plus efficaces, évitent de focaliser l’attention de l’enfant sur ce qu’il ne doit pas faire (et donc, paradoxalement, sur ce qu’il risque de faire). Elles permettent aussi de réduire l’angoisse ou le sentiment d’échec. C’est une gymnastique au début pour les adultes, mais ces ajustements dans le langage transforment en profondeur le lien avec l’enfant. On ne parle plus pour contrôler, mais pour guider. Si vous n'y arrivez pas encore, pas de culpabilité : on le sait, cela demande du temps et de la patience.

Offrir de vrais temps d’écoute

Il ne s’agit pas d’être disponible 24h/24, mais de créer des moments où l’on écoute vraiment son enfant, sans jugement, sans écran, sans multitâche. Un temps d’échange après l’école, durant une activité commune (jardinage par exemple), pendant le bain ou juste avant le coucher peut suffire à renforcer la relation, prévenir les débordements, et permettre à l’enfant de se sentir compris. Éduquer, c’est accompagner. Et ce sont souvent les petites choses répétées chaque jour qui laissent les plus grandes empreintes.

Conseil de l'expert

Adopter une éducation bienveillante demande parfois de changer de regard sur l'éducation que l’on a soi-même reçu. Pour mieux comprendre les besoins de son enfant (et ses propres réactions de parent), n'hésitez pas à vous informer régulièrement. Lire des livres sur l'éducation positive, prendre le temps d’écouter des podcasts sur la parentalité (disponibles sur les plateformes d’écoute), ou regarder des vidéos de professionnels de l’enfance, permet d’affiner sa posture et de trouver des clés concrètes pour le quotidien.

En savoir plus

Quelles sont les critiques de cette approche ?

Certains reprochent à l’éducation positive de mettre trop de pression sur les parents ou d’être mal comprise, au point de confondre bienveillance et laxisme. D’autres soulignent qu’elle ne convient pas à tous les enfants ou que c'est une éducation privilégiée car elle demande un temps et une disponibilité que tous les parents n’ont pas toujours. Les critiques émanent souvent d’une méconnaissance de l’éducation positive ou d’une peur qu’elle mène à une absence de cadre.

Qu'est-ce que l'éducation positive Montessori ?

C’est une approche qui combine les principes Montessori (autonomie, respect du rythme de l’enfant) avec ceux de l’éducation positive. L’objectif : accompagner l’enfant avec douceur, sans punition, en favorisant la confiance et l’exploration.

Zoom sur notre rédactrice naturopathe, Eloïse Dubois-Gaché

Eloïse est certifiée « praticien naturopathe » par l’institut supérieur de naturopathie (ISUPNAT) et exerce la naturopathie depuis plus de 5 ans. Grâce à sa solide expérience au sein de différentes herboristeries, Éloïse inclut, si nécessaire, des conseils complets et précis en phytothérapie, aromathérapie, gemmothérapie et micro-nutrition lors de la mise en place d'un programme d'hygiène de vie personnalisé et adapté à chacun.

Bibliographie

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Spf. (s. d.). Développement de l’enfant : l’apport des neurosciences.

3

Tomoda, A., Sheu, Y., Rabi, K., Suzuki, H., Navalta, C. P., Polcari, A., & Teicher, M.

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