Douleur liée à la colique néphrétique : comment la reconnaître ?

Vous marchez quand, soudain, vous vous arrêtez, le souffle coupé. Une douleur foudroyante vous plie en deux et s’étend du dos à l’abdomen. Et si c’était le signe d’une crise de colique néphrétique ? Cette affection urinaire est souvent provoquée par la présence d’un calcul rénal, responsable de douleurs particulièrement intenses. Au-delà d’une alimentation adaptée pour préserver vos reins, il est essentiel de comprendre comment fonctionne cette pathologie et quels gestes adopter pour prévenir les crises. Nous vous expliquons tout dans notre article.

Par Guillaume Renaud
Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce qu'une colique néphrétique ?

La colique néphrétique est une douleur aiguë qui naît dans la région lombaire et irradie vers l’abdomen. Elle est le plus souvent unilatérale, touchant un seul côté du corps (contrairement aux infections urinaires). À l’origine, on retrouve la présence d’un calcul rénal bloqué dans l’un des uretères. Avant d’aller plus loin, faisons un point rapide sur le fonctionnement de l’appareil urinaire.

Les reins, ces organes en forme de haricot, filtrent l’eau, les impuretés et les déchets présents dans le sang. Dans chaque rein, le liquide chargé de déchets passe par les néphrons, véritables unités de tri. Le sang purifié repart ensuite vers le cœur et les poumons pour poursuivre sa circulation.

Les déchets, eux, sont concentrés pour former l’urine. Celle-ci descend vers la vessie par un canal appelé uretère, avant d’être évacuée par l’urètre lors de la miction. Chaque rein possède son propre uretère : un à gauche, un à droite.

Lors d’une colique néphrétique, c’est précisément ce canal (l’uretère) qui se retrouve temporairement obstrué. L’urine s’accumule, la pression augmente dans les voies urinaires et la douleur caractéristique apparaît, brutale et intense.

Le plus souvent, c’est un calcul rénal (ou lithiase rénale) qui bloque le passage. Ce petit « caillou » s’est formé à partir de sels minéraux cristallisés dans le rein. En principe, il descend ensuite vers la vessie via l’uretère pour être éliminé au moment de la miction. Quand il est petit, il peut s’évacuer naturellement. Mais si sa taille est trop importante, un traitement médical devient nécessaire.

On distingue plusieurs types de calculs :

  • Les calculs calciques : les plus fréquents (environ 80 % des cas), souvent liés à une alimentation riche en oxalates ou à un excès de vitamine D.

  • Les calculs d’acide urique : 10 à 15 % des cas. Ils apparaissent plus souvent chez des personnes ayant une alimentation riche en purines (viandes, abats) et peuvent être associés à des maladies comme la goutte.

  • Les calculs de struvite et de cystine : plus rares. Les premiers surviennent dans le cadre d’infections urinaires chroniques, les seconds concernent des personnes atteintes d’une maladie génétique.

Identifier la nature du calcul est essentiel pour adapter la prise en charge et mettre en place des mesures de prévention efficaces.

Pourquoi fait-on une colique néphrétique ?

La formation de calculs rénaux est la conséquence de plusieurs facteurs qui favorisent la cristallisation des sels minéraux présents dans l’urine. Il est essentiel d’en comprendre les mécanismes pour mieux prévenir les récidives de crises douloureuses.

La déshydratation : c’est l’un des facteurs de risque les plus importants. Lorsque nous ne buvons pas assez, l’urine devient plus concentrée en sels minéraux. Cette forte concentration favorise la formation de cristaux, qui peuvent ensuite s’agglomérer pour former des calculs. D'ailleurs on vous livre nos secrets dans ce dossier : nos secrets pour bien s'hydrater.

L’alimentation : elle joue également un rôle important dans l’augmentation du risque. Une alimentation trop riche en sodium (sel) accroît l’élimination du calcium dans les urines, ce qui favorise la formation de calculs calciques. À l’inverse, une consommation excessive d’oxalates (présents notamment dans les épinards, la rhubarbe ou le chocolat) peut contribuer à la formation de calculs d’oxalate de calcium.

La génétique : il existe un lien entre prédisposition familiale et risque de calculs rénaux. Si des membres de votre famille en ont déjà souffert, les statistiques montrent que le risque est multiplié par deux ou trois.

Les pathologies : certaines maladies comme l’hyperparathyroïdie, les pathologies inflammatoires de l’intestin ou encore le diabète favorisent la formation de calculs. Elles modifient la composition chimique de l’urine et accentuent la cristallisation des sels minéraux.

La sédentarité : l’activité physique favorise le transit et l’élimination des petits calculs avant qu’ils ne grossissent. À l’inverse, une vie trop sédentaire ralentit cette élimination naturelle et augmente le risque de formation de calculs plus volumineux.

Quels sont les symptômes associés à des coliques néphrétiques ?

Il est essentiel de reconnaître les symptômes d’une crise de colique néphrétique afin de réagir rapidement. Votre médecin pourra alors mettre en place une prise en charge adaptée. Les crises présentent des signes caractéristiques qui ne trompent pas :

Une douleur intense : c’est le symptôme le plus marquant. La douleur apparaît brutalement dans la région lombaire, le plus souvent d’un seul côté. Elle irradie vers l’abdomen, l’aine et parfois jusqu’aux organes génitaux. Son intensité empêche tout mouvement normal et pousse la personne à adopter une position antalgique, comme se plier en deux.

Une agitation : contrairement à d’autres douleurs qui s’atténuent avec le repos, la crise de colique entraîne une agitation permanente. La personne ne trouve aucune position confortable pour soulager la douleur abdominale.

Des troubles urinaires : ils se traduisent par des envies fréquentes d’uriner (pollakiurie), des mictions difficiles, douloureuses et de faible volume. Les urines peuvent aussi être teintées de sang (hématurie), signe que le calcul a irrité les parois de l’appareil urinaire lors de son passage. Toutefois, ce symptôme n’est pas spécifique : il peut également se retrouver dans d’autres infections urinaires comme la cystite.

Des nausées et vomissements : ils sont plus fréquents qu’on ne le pense. En cause, l’intensité de la douleur, qui stimule certaines terminaisons nerveuses en lien avec le système digestif. Cette réaction réflexe provoque nausées et vomissements, pouvant faire évoquer à tort une gastro-entérite.

De la fièvre : elle n’est pas systématique, mais peut apparaître lorsqu’un calcul provoque une stagnation de l’urine, favorisant une infection urinaire. La fièvre constitue un signe d’alerte majeur : elle doit conduire à consulter en urgence, car la situation peut évoluer vers une infection grave telle qu’une pyélonéphrite.

Quelles recommandations en cas de colique néphrétique et de douleurs ?

Face à une crise de colique néphrétique douloureuse, la première recommandation est de consulter rapidement un médecin. Cette pathologie nécessite un diagnostic précis afin d’éviter tout retard de prise en charge et une éventuelle aggravation des symptômes.

Certains signes doivent alerter : une fièvre supérieure à 38 °C, l’absence totale d’émission d’urine (anurie), des vomissements incoercibles empêchant toute hydratation ou encore une altération de l’état général. Ces situations imposent une consultation médicale immédiate. Elles peuvent nécessiter une hospitalisation pour assurer une prise en charge adaptée et une surveillance rapprochée.

Comment prévenir l'apparition de colique néphrétique ?

Hydratez-vous suffisamment : il est essentiel d’assurer un apport adapté en eau, en fonction de votre activité et des conditions climatiques. Buvez au minimum 1,5 litre par jour. L’objectif est d’obtenir des urines claires ou légèrement jaunes, signe qu’elles sont moins concentrées en sels minéraux, ce qui réduit le risque de formation de calculs. Évitez toutefois les eaux trop minéralisées au quotidien.

Adaptez votre alimentation : réduisez votre consommation de sel (charcuteries, plats préparés, fromages) et limitez les aliments riches en oxalates si vous êtes sujet aux calculs d’oxalate de calcium (épinards, rhubarbe, chocolat noir, thé). Maintenez un apport suffisant en calcium (produits laitiers), car contrairement aux idées reçues, restreindre le calcium favorise la formation de calculs.

Maintenez une activité physique régulière : la sédentarité favorise la stagnation de l’urine et la formation de calculs. Une activité modérée mais régulière, comme la marche ou la natation, facilite l’élimination naturelle des petits cristaux.

Surveillez votre poids : le surpoids modifie le métabolisme et augmente le risque de certains types de calculs. Un poids stable contribue à réduire les récidives.

Précaution d'usage

Attention à l’automédication, notamment à la prise d’anti-inflammatoires sans avis médical. Ces médicaments peuvent masquer certains symptômes ou aggraver une éventuelle insuffisance rénale. Le médecin prescrira des antalgiques et des antispasmodiques adaptés à votre situation et à l’intensité de la douleur.

Conseil de l'expert

En attendant la consultation médicale, certaines mesures peuvent aider à mieux gérer la douleur de la colique néphrétique. Vous pouvez par exemple appliquer de la chaleur sur la région douloureuse à l’aide d’une bouillotte ou d’un bain chaud. Cela procure un soulagement temporaire en relaxant les muscles lisses de l’uretère.

Sauf avis médical contraire, continuez à vous hydrater. L’eau reste le facteur majeur qui favorise l’élimination d’un calcul.

En savoir plus

Quelle position pour soulager les coliques néphrétiques ?

Contrairement à d’autres douleurs abdominales, aucune position ne soulage vraiment une colique néphrétique. Les personnes bougent constamment, alternant entre la position debout, couchée ou accroupie, sans trouver de soulagement durable. Cette agitation est d’ailleurs un signe caractéristique du diagnostic.

Où a-t-on mal quand on a des calculs rénaux ?

La douleur naît dans la région lombaire, au niveau de l’angle costo vertébral, puis irradie vers l’abdomen en suivant le trajet de l’uretère. Elle peut descendre vers l’aine, les organes génitaux et la face interne de la cuisse. L’intensité et la localisation exacte dépendent de la position du calcul dans l’uretère : plus il est bas, plus la douleur irradie vers les organes génitaux.

Quelle est la différence entre une colique néphrétique et des calculs rénaux ?

Les calculs rénaux désignent les « cailloux » formés dans le rein, tandis que la colique néphrétique correspond aux symptômes douloureux qui surviennent lorsqu’un calcul migre et obstrue l’uretère. Il est possible d’avoir des calculs rénaux sans jamais faire de colique s’ils restent dans le rein ou s’éliminent facilement. À l’inverse, certaines coliques néphrétiques peuvent être causées par d’autres obstructions que les calculs.

Zoom sur notre rédacteur spécialisé, Guillaume RENAUD

Guillaume est préparateur en pharmacie et spécialisé en dermocosmétique. Fort de plus de dix ans d'expérience en pharmacie, il accompagne aujourd'hui les marques de santé et cosmétiques dans la rédaction d'articles de blog. Après des études dans le domaine de la naturopathie, il intervient dans des podcasts pour vulgariser la santé et les cosmétiques.

Bibliographie

1

AMELI - Colique néphrétique (calcul rénal ou urinaire)

2

Vidal - Coliques néphrétiques (calculs rénaux)

3

Elsa - Colique néphrétique : définition, causes et symptômes