Bruxisme : comprendre ce trouble souvent silencieux

Grincements nocturnes, tensions au réveil, mâchoire crispée… Le bruxisme est un trouble fonctionnel courant lié au serrage des dents et des mâchoires la nuit, encore méconnu, qui peut pourtant avoir un impact réel sur le confort quotidien. Bien qu’il soit souvent involontaire, il concerne de nombreuses personnes, parfois sans qu’elles en aient conscience. Cet article propose un éclairage pédagogique et rigoureux sur le bruxisme, ses causes possibles, ses manifestations et les précautions à connaître. Il est destiné à vous aider à mieux comprendre ce phénomène, sans se substituer à un avis médical.

Par La rédaction Aroma-Zone
Mis à jour le 12/07/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce que le bruxisme ?

Le bruxisme désigne une contraction excessive, involontaire et répétée des muscles de la mâchoire, qui se manifeste généralement par un serrement ou un grincement des dents. Ce phénomène peut survenir principalement la nuit (bruxisme du sommeil), mais aussi en journée (bruxisme diurne). Sur le plan fonctionnel, le bruxisme est considéré comme un trouble du système stomatognathique, qui englobe les muscles masticateurs, les articulations temporo-mandibulaires (ATM) et les structures dentaires. Il n'est pas classé comme une maladie en soi, mais plutôt comme un trouble parafonctionnel. Le bruxisme nocturne, souvent lié à une micro-activation des muscles pendant certaines phases du sommeil, peut être inconscient et passer inaperçu. Le bruxisme diurne, quant à lui, se manifeste généralement dans des situations de concentration ou de stress.

Quelles peuvent-être les causes ?

Les causes du bruxisme sont souvent plurielles, et il n’existe pas à ce jour de consensus unique sur ses origines. Ce trouble semble résulter d’un ensemble de facteurs, à la fois physiologiques, psychologiques, neurologiques et comportementaux.

Causes environnementales

Certains facteurs extérieurs pourraient contribuer à l’apparition du bruxisme. Des études ont suggéré un lien entre l’exposition prolongée au bruit nocturne ou à la lumière artificielle et des perturbations du sommeil, pouvant favoriser des épisodes de bruxisme. La consommation de substances excitantes, comme la caféine ou l’alcool, en particulier en soirée, a également été associée à une augmentation du tonus musculaire durant le sommeil. De même, l’usage de certains médicaments psychotropes pourrait favoriser des mouvements involontaires de la mâchoire pendant la nuit.

Causes génétiques ou terrain personnel

Une prédisposition génétique pourrait exister. Certaines recherches évoquent un terrain familial ou une susceptibilité neurologique individuelle, notamment en lien avec l’activation du système dopaminergique, impliqué dans le contrôle moteur. Des anomalies de l’architecture du sommeil, ou une sensibilité accrue aux micro-réveils, pourraient également contribuer à ce trouble chez certaines personnes.

Causes liées au mode de vie et facteurs déclenchants

Le stress est régulièrement cité comme un facteur de déclenchement ou d’aggravation du bruxisme, notamment chez l’adulte. Une tension psychique ou émotionnelle importante pourrait provoquer un réflexe musculaire de crispation involontaire. Chez les enfants, des épisodes de bruxisme transitoires peuvent apparaître en période de poussée dentaire ou lors de changements dans le rythme de vie. Des habitudes comportementales, comme mâcher régulièrement des objets ou adopter des postures mandibulaires rigides, peuvent également entretenir ce phénomène.

Quels sont les symptômes associés ?

Le bruxisme peut se manifester de différentes manières, avec des signes plus ou moins marqués selon les personnes. Ci-dessous les principaux symptômes souvent rapportés :

  • Grincement ou claquement des dents : perçus par un tiers ou parfois entendus par la personne elle-même

  • Douleurs au niveau de la mâchoire ou des tempes : souvent liées à une sollicitation excessive des muscles

  • Usure dentaire : les dents peuvent apparaître aplaties ou fragilisées dans les cas de bruxisme prolongé

  • Maux de tête fréquents : notamment au réveil, ces maux de tête pouvant être liés à la tension musculaire accumulée

  • Troubles du sommeil : certaines personnes évoquent un sommeil agité, entrecoupé de micro-réveils

  • Ces signes ne sont pas systématiques et leur intensité peut varier. Seul un professionnel de santé pourra confirmer une suspicion de bruxisme après un examen adapté.

  • Sensation d’oreilles bouchées ou d’acouphènes : en raison de la proximité de l’articulation temporo-mandibulaire avec le conduit auditif.

Quelles recommandations ?

Seul un professionnel de santé est en mesure d’établir un diagnostic de bruxisme, notamment un chirurgien-dentiste ou un spécialiste du sommeil. En cas de gêne ou de doute, une consultation médicale est recommandée. Des dispositifs comme des gouttières occlusales peuvent être proposés sous prescription, tout comme un accompagnement psychologique ou une prise en charge pluridisciplinaire, selon les cas.

Comment prévenir cette problématique ?

Même si l’origine du bruxisme reste multifactorielle, certaines mesures de bon sens peuvent contribuer à un meilleur confort quotidien :

  1. Créer un environnement de sommeil apaisant : limiter la lumière, le bruit et les sollicitations le soir

  2. Adopter une hygiène de vie équilibrée : éviter la consommation excessive de stimulants (café, thé, alcool)

  3. Gérer son niveau de stress : grâce à des approches douces comme la relaxation ou des activités régulatrices

  4. Éviter les comportements de serrage durant la journée : en prenant conscience de ses habitudes

  5. Favoriser une alimentation facile à mâcher : en période de tension mandibulaire, pour soulager les muscles.

Précautions d’usage

Ce contenu est proposé à titre informatif uniquement. Il ne remplace en aucun cas un avis médical ni un accompagnement professionnel personnalisé.

Le conseil de l’expert

Nous pouvons accorder quelques instants chaque jour à détendre consciemment notre mâchoire, notamment lors de moments calmes ou avant le coucher. Un mouvement simple consiste à ouvrir légèrement la bouche, puis à faire de petits cercles lents avec la mâchoire inférieure, sans forcer, tout en respirant profondément. Ce simple réflexe peut devenir un repère apaisant, aidant à relâcher les tensions accumulées sans s’en rendre compte.

En savoir plus

Comment savoir si on souffre de bruxisme ?

Le bruxisme peut passer inaperçu, surtout lorsqu’il survient la nuit. Certains signes comme une mâchoire tendue au réveil, des maux de tête fréquents ou une usure dentaire peuvent néanmoins alerter. Si vous dormez avec un ou une partenaire, des signes peuvent également être perçus.

Ce trouble est-il fréquent ?

Le bruxisme concernerait entre 8 et 20 % de la population selon les études. Il touche aussi bien les adultes que les enfants, souvent de manière transitoire.

Est-il lié au stress ?

Le stress est souvent cité comme un facteur aggravant du bruxisme. Toutefois, il ne peut expliquer à lui seul l’apparition de ce trouble, qui implique d’autres mécanismes.

Est-il dangereux ?

Le bruxisme n’est pas considéré comme dangereux en soi, mais il peut entraîner une gêne ou des complications s’il persiste. À long terme, il peut notamment fatiguer les muscles de la mâchoire ou fragiliser les dents.

Encart expert

“En naturopathie, le bruxisme est parfois mis en lien avec des parasites intestinaux ou mycoses, notamment en cas de candidose supposée. Si d’autres signes digestifs ou cutanés sont observés, il peut être pertinent d’en discuter avec un professionnel de santé. Ce recoupement d’indices peut aider à affiner la compréhension globale du terrain.”

Lou Dumas - Naturopathe

Bibliographie

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Lobbezoo F, Ahlberg J, Glaros AG, et al. Bruxism defined and graded: an international consensus. J Oral Rehabil. 2013 Jan;40(1):2-4

4

Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) – Dossiers thématiques sur les troubles du sommeil

5

Haute Autorité de Santé (HAS) – Fiches repères sur les troubles musculo-squelettiques.