Une fiche complète pour comprendre et maîtriser la saponification à froid et apprendre à confectionner vos savons maison 100% naturels
Le savon est le produit d’une réaction chimique entre une matière grasse (huile végétale, beurre végétal, matière grasse animale…) et une base forte (soude ou potasse).
Pour la fabrication de savon solide, c’est la soude (hydroxyde de sodium) qui est utilisée. La potasse (hydroxyde de potassium) sert à la production de savons pâteux ou liquides (savon noir, savon de Marseille liquide). Nous ne parlerons ici que de la fabrication de savon solide, à la soude.
Les huiles et beurres sont constitués en majorité de triglycérides d’acides gras. Lors de l’ajout de soude, ceux-ci sont transformés en savon selon la réaction ci-dessous (R représente la chaîne carbonée de l'acide gras, longue chaîne de 12 à 22 atomes de carbones pour les acides gras les plus communs dans les huiles végétales).
Des savons doux et riches en actifs !
Les savons réalisés en saponification à froid sont naturellement riches en glycérine, produite lors de la réaction de saponification. Elle apportera douceur et propriétés hydratantes au savon.
Par ailleurs, en plus des triglycérides d’acides gras, les huiles et beurres végétaux contiennent une fraction insaponifiable, c’est-à-dire des composés qui ne réagiront pas avec la soude. Ce sont par exemple des phytostérols, des tocophérols (vitamine E), des caroténoïdes (vitamine A), des terpènes, du squalène, du squalane, des alcools gras.
Ces substances ont des actions très intéressantes pour la peau : effet antioxydant, nourrissant, émollient, adoucissant, protecteur… Un savon maison, réalisé en saponification à froid, contiendra naturellement la portion insaponifiable des huiles et beurres utilisés, ce qui lui donnera des propriétés uniques.
Le procédé de fabrication des savons industriels au contraire aura souvent dénaturé voire éliminé la fraction insaponifiable.
Taux de surgraissage : Quèzaco ?
Le taux de surgraissage est le pourcentage (du poids total des huiles) qui reste non saponifié dans le savon fini. Le savon est alors "surgras". En saponification à froid, il est essentiel de surgraisser les savons. Il y a 2 moyens de surgraisser le savon :
La "réduction de soude"
Le surgraissage additionnel au moment de la "trace"
1. La réduction de soude
C’est le fait d’utiliser moins de soude que ce qui est théoriquement nécessaire pour saponifier toutes les huiles dans le mélange. De cette façon, la soude sera entièrement consommée par la saponification et il restera une portion d’huiles non saponifiées dans le savon. Cela signifie en fait que l'on réduit la quantité de soude théorique du % choisi.
La réduction de soude est essentielle comme marge de sécurité, car les indices de saponification servant au calcul de la quantité de soude à ajouter sont des moyennes et peuvent varier. Nous vous recommandons de toujours choisir une réduction de soude d'au moins 5% par sécurité.
Une réduction de soude supérieure à 5% permet d'avoir un savon "surgras", donc plus doux. Il restera en effet dans le savon un peu de chaque huile / beurre de votre mélange huileux initial et ces huiles non saponifiées apporteront leurs propriétés sur la peau. Pour cette raison, la réduction de soude est parfois appelée "taux de surgraissage".
2. Le surgraissage additionnel au moment de la trace
Une autre manière de surgraisser le savon est d’ajouter de l’huile végétale (ou un beurre végétal préalablement fondu) au moment de la "trace" , c'est-à-dire en fin de préparation. Cette huile restera en très grande partie (voire totalement) non saponifiée. Cela est particulièrement intéressant avec les huiles onéreuses, sensibles à la température, ou les huiles et beurres dont on souhaite profiter des propriétés en particulier.
L'ajout d'huile en fin de préparation est aussi très utile pour pré-disperser d'autres ingrédients que vous souhaitez ajouter (colorants, huiles essentielles). Cela facilitera leur répartition homogène dans la pâte à savon.
3. Quel surgraissage choisir ?
Taux de surgraissage total (%) = "Réduction de soude (%) + Surgraissage additionnel (%)"
Pour avoir un savon bien doux, nous vous recommandons un taux de surgraissage total entre 8% et 10%. Il est possible d'aller au-delà (jusqu'à 12 voire 15% par exemple), mais sachez qu'un savon très "surgras" risquera d'être mou. Il pourra aussi être plus sensible au rancissement, surtout si les huiles utilisées en surgraissage sont sensibles à l'oxydation. Dans certains cas, un savon "trop surgras" pourra aussi suinter de l'huile. Dans les cas extrêmes, un savon trop riche en huile pourra déphaser à la fabrication.
Nous vous recommandons vivement de cumuler une réduction de soude (d'au moins 5%) avec un surgraissage additionnel "à la trace".
Plusieurs options possibles :
Réduction de soude de 5% comme marge de sécurité et surgraissage additionnel en une huile ou un beurre particulier de 3 à 7%
Réduction de soude entre 6 et 10% pour un surgraissage en toutes les huiles de la base et surgraissage additionnel (2-3%) en une huile ou beurre particulier au moment de la "trace"
Réduction de soude entre 5 et 12% pour un savon simplement surgraissé en toutes les huiles du mélange si vous ne souhaitez pas ajouter d'huile particulière
Réduction de soude de 1 à 4%, et IMPERATIVEMENT dans ce cas surgraissage additionnel de façon à avoir AU MINIMUM 5% (au moins 8% est recommandé pour un savon doux) de surgraissage total (option déconseillée car il y a toujours le risque d'oublier les ajouts en fin de préparation, ou d'avoir trop vite un mélange trop épais pour garantir un mélange homogène des huiles ajoutées)
4. En pratique
Nous vous proposons un calculateur qui vous aidera à déterminer la quantité de soude à utiliser. Vous pourrez choisir la "réduction de soude" et le "surgraissage additionnel" désirés, tout en tenant compte de nos recommandations :
Entrez toutes les huiles de votre mélange de base dans le calculateur. Le calculateur fournit une feuille de résultats, qui comprendra un tableau indiquant les quantités de soude calculées avec des "réductions" de 1 à 12%.
Les huiles de surgraissage additionnel ne doivent pas être entrées dans le tableau du calculateur lors du calcul de la soude. Par contre, vous pouvez entrer le pourcentage de surgraissage additionnel désiré dans la case prévue à cet effet. La feuille de résultats vous donnera le poids d'huile (ou beurre fondu) en grammes, à ajouter au moment de la "trace" pour obtenir ce pourcentage de surgraissage additionnel.
5. Zoom sur... La température de saponification
Nous conseillons de faire votre mélange huiles fondues / solution de soude à une température comprise entre 35 et 50°C, voire jusqu’à 55°C dans certains cas. Choisissez une température plutôt élevée (45-55°C) dans les cas suivants :
si votre formule est riche en gras « durs » (beurres, huiles solides), pour éviter que le mélange ne fige trop rapidement
si vous utilisez de la cire dans votre formule, nous conseillons de faire la saponification à autour de 55°C
si votre formule est sur un petit volume (moules de 100 ml), car ces formules auront moins tendance à monter en température dans le moule.
Une température élevée (45-55°C) va accélérer la saponification, et donc en général favoriser une trace rapide. Par contre, une température trop élevée (au-delà de 60°C) peut casser l’émulsion (qui prend un aspect « caillé »). Choisissez plutôt une température basse (35 à 40°C) dans les cas suivants, si la formule le permet :
si vous utilisez des additifs qui accélèrent la « trace » comme le miel, certaines huiles essentielles ou fragrances pour réaliser des marbrages qui nécessitent une pâte qui reste assez fluide quelques temps
Ils constituent la base du savon. Selon leur composition en acides gras, ils vont apporter différentes propriétés au savon : dureté, pouvoir moussant, douceur, onctuosité...
De préférence déminéralisée, pour diluer la soude et permettre à la réaction de se faire correctement.
Pour colorer, parfumer, ou donner des propriétés ou un "look" particulier au savon. L'ajout d'huiles ou beurres est particulièrement recommandé pour des savons très doux
Hydroxyde de sodium - sous forme solide (pure) ou liquide (diluée dans l'eau) Elle sert à transformer les huiles en savon.
Petit guide des huiles en saponification
En théorie, il est possible de saponifier tous types de corps gras (huiles végétales, beurres végétaux, graisses animales), cependant le choix des huiles va beaucoup influencer l’aspect et les propriétés du savon : dureté, pouvoir moussant, douceur sur la peau...
Selon leur structure chimique (saturé ou insaturé, et longueur de la chaîne carbonée : C12, C14...selon le nombre d'atomes de carbones), les acides gras vont apporter des propriétés différentes au savon. Le tableau ci-dessous donne un guide générique des propriétés liées aux principaux acides gras présents dans les huiles et beurres végétaux.
Les acides gras qui vont apporter de la dureté au savon sont principalement les acides gras saturés, naturellement présents en forte proportion dans les beurres végétaux ou les huiles « solides ». La présence d’une quantité suffisante (30 à 60%) de ce type d’huiles dans votre savon en garantira donc la bonne dureté. Il est aussi possible d’ajouter de l’acide stéarique dans votre recette pour durcir votre savon.
Les acides gras les plus détergents sont ceux à courte chaîne. L’acide gras qui va apporter le pouvoir lavant le plus efficace, ainsi qu’une belle mousse très abondante est l’acide laurique (C12 : chaîne à 12 atomes de carbones), présent en forte quantité dans les huiles de Coprah, Coco et Babassu. Ces huiles sont donc très utiles dans la composition de vos savons, mais il est souvent conseillé de ne pas les utiliser à plus de 30%, à moins de vouloir un savon très détergent. Une proportion de 15-30% de ce type d’huile sera idéale.
Les acides gras insaturés (oléique, linoléique, linolénique) sont intéressants en saponification pour leurs propriétés nourrissantes et adoucissantes sur la peau. Vous les retrouverez dans la plupart des huiles végétales liquides : Olive, noyau d’Abricot, Macadamia, Amande douce, Avocat, Chanvre...
Lorsque vous aurez testé plusieurs recettes et appris à voir l’effet des différentes huiles sur le savon fini, vous pourrez expérimenter avec des recettes plus originales, mais pour débuter, nous vous recommandons de suivre les indications suivantes pour vos mélanges.
Pour avoir une formule de savon équilibrée, nous vous conseillons d’utiliser dans votre mélange d’huiles à saponifier :
20 à 30% d’huile de Coco, Coprah ou Babassu, pour apporter un bon pouvoir moussant et un bon effet lavant (tous les savons peuvent mousser et laver, même sans ces huiles, mais leur richesse en acide laurique favorise une mousse abondante et augmente le pouvoir lavant).
40 à 60% de gras "durs" (beurres, huiles de Palme...), en incluant le % d'huile de Coco, Coprah ou Babassu, qui sont des gras "durs". Cela va apporter de la dureté au savon et de la tenue à l’utilisation. En général, en utilisant en moyenne 50% de gras "durs", la formule aura une dureté satisfaisante.
le reste de la base peut être constitué d’huiles végétales liquides, qui apportent de la douceur et des propriétés sur la peau.
Mention spéciale à l’huile de Ricin, assez atypique mais particulièrement intéressante en saponification. De part sa richesse en acide ricinoléique, elle produit une mousse très crémeuse et stable en association avec une huile "moussante" riche en acide laurique. De plus, elle apporte une grande douceur au savon. Elle s’utilise de préférence à hauteur de 5 à 15% dans le mélange huileux. A trop haute dose, elle aura tendance à produire des savons mous.
L’huile d’Olive, bien que majoritairement composée d’acides gras insaturés (surtout acide oléique), donne des savons très durs lorsqu’elle est utilisée à fort dosage (>60%). Il est même possible de réaliser des savons 100% olive très satisfaisants, appréciés pour leur grande douceur.
L’huile de Jojoba est en réalité une cire liquide car elle est constituée d’esters d’acides gras et non de triglycérides d’acides gras. Sa saponification ne produit donc pas de glycérine. Elle apporte peu de pouvoir moussant et peu d’effet lavant, mais ses acides gras à longues chaînes sont adoucissants et elle a l’avantage d’être stable à l’oxydation. Elle peut être utilisée en saponification à froid, à condition de se limiter à de faibles doses (10%).
Préparer une solution de soude
Pour débuter, il est plus simple d’utiliser de la soude sous forme liquide, en solution (concentration environ 30% de préférence).
Si vous utilisez de la soude sous forme solide, celle-ci devra être dissoute dans l’eau pour la saponification. Le calculateur vous indiquera une fourchette de quantités d’eau acceptables. Pour débuter, prenez la moyenne de la fourchette ou une valeur dans la moitié supérieure de la fourchette.
Préparez votre solution de soude dans un récipient en pyrex ou plastique résistant à la chaleur.
Placez votre récipient contenant la quantité requise d’eau froide sur une surface stable, de préférence dans un endroit bien ventilé, ou dans l’évier de votre cuisine par exemple.
Pesez précisément la quantité de soude dans un autre récipient, puis ajouter la soude dans l’eau (surtout pas l’inverse) en remuant doucement avec une grande cuillère en plastique ou inox. Cela va chauffer et produire des vapeurs. Ne pas respirer ces vapeurs.
Eloignez-vous en laissant le récipient en place. Remuez de temps en temps et attendre la dissolution complète de la soude et le refroidissement de la solution jusqu’à environ 35-50°C avant de l’utiliser.
Attention
Attention à ne pas confondre la soude caustique (hydroxyde de sodium) avec les cristaux de soude (carbonate de sodium) ou le bicarbonate de soude, qui ne peuvent pas être utilisés en saponification. Attention aussi aux produits "déboucheurs" à base de soude, mais qui contiennent d'autres ingrédients. Lisez bien les étiquettes, et en cas de doute, informez-vous auprès du détaillant.
La soude est un produit extrêmement caustique (très corrosif, provoque de graves brûlures) qu’il convient de manipuler avec la plus grande précaution.
A noter
A noter que, à la fin de la saponification, après la période de cure, toute la soude aura réagi avec les huiles pour donner le savon. Le savon fini ne contient plus de soude.
La soude, qu'est-ce que c'est ?
La soude ou hydroxyde de sodium est le réactif qui permet la transformation des huiles en savon. Vous pouvez acheter la soude pour faire vos savons dans les magasins de bricolage ou drogueries. Elle peut se présenter sous forme solide (pure), ou diluée dans l'eau (lessive de soude). Dans ce dernier cas, la concentration de la solution doit être indiquée sur la bouteille, choisissez-la entre 30 et 35%.
Pour débuter, nous vous recommandons l'utilisation d'une solution de soude commerciale (lessive de soude à environ 30%).
Précautions d’utilisation de la soude
Stockez la soude avec les produits dangereux, hors de portée des enfants et séparément des acides.
Préparez bien votre environnement : enlevez tout encombrement et éloignez enfants, animaux...
Protégez-vous : gants de ménage épais et montants, lunettes de sécurité, chaussures fermées, habits « qui ne craignent pas », à manches et jambes longues et si possible un tablier ou une blouse.
Utilisez du matériel résistant : pyrex, verre, silicone, plastique résistant à la chaleur, inox (évitez les autres métaux)
Pour mieux maîtriser vos mouvements, réalisez vos manipulations debout.
Lors de la saponification, versez toujours la solution de soude dans le mélange huileux pas l’inverse.
Attention aux projections de pâte à savon caustique. Choisissez un récipient de taille appropriée et maintenez bien votre mixer au fond du mélange.
En cas de projection de soude ou de pâte à savon, rincez immédiatement et abondamment à l’eau.
La pâte à savon est encore caustique au moment ou elle est coulée dans les moules. Gardez vos gants et tenez vos moules remplis hors de portée des enfants.
Portez encore des gants lors du démoulage de vos savons car ceux-ci pourront encore être caustiques.
Portez des gants aussi pour nettoyer vos récipients et ustensiles. Ne pas jeter de pâte à savon dans l’évier : essuyer l’excédent avec un papier essuie-tout si nécessaire, puis laver abondamment à l’eau.
Respectez une période de cure d’au moins 4 semaines avant de commencer à utiliser vos savons.
Quelle quantité d'eau choisir ?
Si vous utilisez une lessive de soude commerciale (de concentration entre 30 et 35 %), ne rajoutez pas d’eau, la soude est déjà diluée dans une quantité d’eau appropriée.
Si vous utilisez de la soude solide, il est nécessaire de la diluer dans de l’eau. Utilisez de préférence de l'eau déminéralisée, surtout si votre eau est dure. Le calculateur vous indiquera une fourchette de quantités d’eau acceptables.
Le tableau ci-dessous indique les effets d'une quantité d'eau plutôt basse ou plutôt élevée (à l'intérieur de la fourchette recommandée) afin de guider votre choix.
Une faible quantité d'eau
Rapidité de saponification
La saponification est plus rapide et la pâte épaissit plus vite (apparition de la « trace » plus rapide).
Ajouts d’additifs
La pâte pourra devenir rapidement assez épaisse, il faudra donc ajouter les additifs très rapidement (sachant que certains additifs peuvent encore accélérer la réaction) pour bien les intégrer avant que la pâte ne durcisse trop.
Ajouts d’additifs contenant de l’eau (lait, purées de fruits ou légumes...)
Permet d’ajouter une plus grande quantité d’additifs "humides" en fin de saponification.
Réalisation d’effets artistiques
Pour réaliser un marbrage ou autres effets, il faudra être rapide. On pourra par contre réaliser facilement des effets « chantilly » sur le dessus des savons avec la pâte bien épaissie.
Montée en température
Tendance à plus monter en température
"Phase de gel"(voir encart plus bas pour des explications)
On observe moins fréquemment une « phase de gel » dans les formules avec peu d’eau.
Temps de séchage
Temps de séchage réduit (sauf ajouts en fin de saponification d'une grande quantité d’ingrédients contenant de l’eau)
Résultat
Si la quantité d’eau utilisée est très faible et aucun ingrédient « humide » n’est ajouté, le savon pourra être trop sec, et avoir tendance aux craquelures.
Large quantité d’eau
Rapidité de saponification
La pâte épaissit moins vite.
Ajouts d’additifs
Cela laisse plus de temps pour faire des ajouts d’additifs et les incorporer de façon homogène.
Evitez d’ajouter trop d’ingrédients « humides » en fin de saponification car le savon pourra alors contenir trop d’eau (et nécessitera un temps de séchage très long).
Cela laisse le temps de séparer la pâte en plusieurs parties colorées différemment pour réaliser des effets de marbrages.
Montée en température
La montée en température est généralement moins forte.
"Phase de gel"(voir encart plus bas pour des explications)
Les formules avec plus d’eau passent plus souvent par la « phase de gel »
Temps de séchage
Temps de séchage plus long
Résultat
Le savon gardera une texture plus souple et plus élastique pendant plus longtemps.
Pour débuter nous vous recommandons de choisir la moyenne de la fourchette, ou une valeur dans la moitié supérieure de la fourchette, ceci afin d’avoir le temps de bien observer les différentes étapes (épaississement progressif de la pâte) et de faire vos ajouts et manipulations tranquillement.
Si votre recette est très riche en beurres et huiles « solides » (Coco, Babassu), la pâte aura tendance à épaissir rapidement, choisissez donc de préférence une quantité d’eau élevée (valeur dans la moitié supérieure de la fourchette).
Pour un surgraissage additionnel en une huile ou un beurre spécifique, dont vous voulez profiter pleinement des propriétés, ajoutez -les en fin de préparation. La réaction de saponification étant à ce stade bien avancée, l'huile additionnelle ne sera que peu attaquée par la soude.
Selon la "réduction de soude" choisie lors du calcul de la soude, vous pouvez ajouter jusqu'à environ 10% d'huiles en surgraissage additionnel (évitez d'avoir plus de 12 à 15% de "surgraissage total" sinon votre savon risquera d'être trop mou et de rancir plus facilement).
Nourrissantes : huiles d'Avocat, d'Amande douce, d'Olive, de germes de Blé, d'Argan, de Macadamia, de Sésame...
Anti-âge et revitalisantes : huiles de Rose musquée, de Framboise, d'Onagre, de Bourrache...
Apaisantes : macérât huileux de Calendula, huile de Framboise, huile de Cranberry
Purifiantes : huiles de Nigelle, Neem, Calophylle inophyle
Pour un toucher très riche et crémeux : beurres de Karité, Mangue, Cacao, Tucuma, ...
Couleurs
Colorants minéraux : oxydes minéraux, ocres, micas, argiles colorées. Pour une coloration plus homogène, nous vous conseillons de pré-disperser ces colorants insolubles dans une petite quantité d'eau ou d'huile (qui ajoutera alors un surgraissage additionnel). Testez au préalable ce qui les disperse le mieux selon les colorats utilisés. Il est également possible de les ajouter directement dans la pâte à savon au moment de la "trace", en homogénéisant bein au mixeur après pour disperser le colorant. Pour une base bien blanche, incorporez de l'empâtage blanc à la "trace" dans vos savons.
Colorants végétaux : poudre de Garance ou de Manjishta ("rose ancien"), d'Urucum (magnifique orange vif), de Curcuma (rouge-brun), Charbon végétal activé (noir intense, apprécié dans les marbrages), caramel en poudre (marron caramélé, à pré-dissoudre dans l'eau avant ajout), ortie (vert), Spiruline ou Chlorelle (vert foncé), Cacao en poudre (marron chocolat).
Ajoutez les poudres de plantes ou d'algues au moment de la trace et homogénéisez au mixeur. Testez votre poudre en présence d’un peu de soude avant de vous lancer, car certaines couleurs sont altérées par la soude (notamment les tons violets des anthocyanes comme le jus de Betterave ou la poudre d’Hibiscus virent au gris puis brun). Les poudres de plantes peuvent également être utilisées sous forme de macérât aqueux ou huileux (selon la solubilité des pigments) pour un rendu plus doux et sans "grains" : l'Urucum macéré dans l'huile donne une huile orangée qui apportera sa couleur aus savon (utilisez-la dans votre mélange huileux à saponifier pour un résultat intense). La Garance peut être infusée dans l'eau de la soude.
Huiles colorées : l'ajout d'huiles de Buriti, de germes de Blé, de macérâts de Carotte ou de Calendula apportera un surgraissage additionnel tout en colorant légèrement le savon d'une note jaune-orangée.
Parfums
Il est très difficile de prévoir la tenue des odeurs en saponification à froid.
Huiles essentielles : la tenue et le rendu de leur parfum dans le savon varient énormément selon l'huile essentielle. D'une manière générale, les "notes de fond" tiendront le mieux, alors que les notes volatiles, notamment les agrumes seront difficiles à fixer dans le savon (pour améliorer leur tenue, associez-les à des notes de fond tenaces). Ajoutez les huiles essentielles à hauteur de 1 à 5% (par rapport au poids total des huiles) dans votre savon.
Huiles essentielles qui tiennent bien dans les savons :
Notes de fond longue-durée : Patchouli, Vétiver, Cannelle, Muscade, Girofle, Cèdre de l’Atlas, Amyris
Notes de cœur puissantes : Lavande vraie, Romarin à cinéole, Menthe poivrée, Menthe verte, Thym à linalol, Palmarosa, Pin sylvestre, Petitgrain bigarade, Epinette noire, Géranium, Ylang-ylang, Coriandre, Bois de Hô
Notes de tête intenses : Litsée citronnée, Lemongrass, Gingembre, Eucalyptus, Amande amère
Fragrances cosmétiques naturelles : là encore, la tenue de l'odeur est très aléatoire. Il faudra généralement les utiliser en forte proportion (au moins 3-5%). Notamment, les fragrances Douceur d'Orient, Lilas blanc, Body butter, Bee happy, Trésor ambré, Mûre sauvage, Baby doll, Douceur d'ange donnent en général de bons résultats.
Les extraits aromatiques naturels tiennent mal en saponification à froid.
Sachez que généralement, l'odeur des huiles végétales saponifiées disparaît totalement. Il est parfois possible de garder un peu de senteur avec les huiles ou beurres ajoutées en fin de préparation (huile de sésame ou beurre de cacao par exemple).
Autres ingrédients : selon vos envies et votre imagination...
Poudre de miel, miel liquide (hydratant, adoucissant). Attention, le miel tend à accélérer la trace et également à faire brunir le savon. Les savons au miel peuvent aussi chauffer assez fort si vous utilisez un grand moule.
Poudre d'avoine colloïdale : très appréciée par les peaux sensibles, à incorporer au moment de la "trace"
Laits : Nous vous conseillons d'utiliser des laits en poudre pour pouvoir les incorporer facilement à la "trace" sans ajouter trop d'eau dans le savon :
lait de jument ou lait d'ânesse en poudre pour un toucher très doux et crémeux et des propriétés nourrissantes et apaisantes. Les laits tendent à brunir les savons.
Exfoliants
Purées de fruits ou de légumes : carotte, avocat, banane...
Fleurs ou plantes séchées, algues...
Si vous ajoutez des ingrédients liquides ou contenant beaucoup d'eau (lait, purées), veillez à ne pas en mettre trop sous peine d'avoir un savon trop mou ou long à sécher, voire qui se conserve mal. Si vous avez l'intention d'ajouter des ingrédients liquides en fin de préparation, utilisez une quantité d'eau plutôt dans la partie inférieure de la fourchette recommandée pour la dissolution de la soude.
Antioxydants
Si vous réalisez des savons fortement surgraissés en huiles sensibles à l'oxydation, vous pouvez ajouter de la Vitamine E (0.1-0.2%) ou de l'extrait CO2 de Romarin (0.1-0.4%) au moment de la "trace", pour éviter le rancissement et prolonger la durée de vie du savon.
Etape 1 : les calculs
Etape très importante, c’est le point critique car si le calcul n’est pas correct, le savon risquera d’être caustique, c'est-à-dire corrosif sur la peau.
Quelle que soit la source de votre recette, il est recommandé de toujours vérifier la quantité de soude indiquée.
Pour vous faciliter cette étape, nous vous proposons un calculateur ici. Les résultats apparaitront dans une feuille de résultats que vous pourrez sauvegarder ou imprimer.
Le calcul de la quantité de soude permet de déterminer la quantité de soude théoriquement nécessaire pour saponifier les huiles de votre mélange. Cette quantité est ensuite "réduite" pour être sûr de ne pas avoir de soude résiduelle dans le savon fini. La feuille de résultat du calculateur fournit un tableau indiquant les quantités de soude calculées avec différentes "réductions de soude".
Dans le tableau de la feuille de résultats, nous vous conseillons de choisir une quantité de soude avec une réduction d’au moins 5% pour avoir une marge de sécurité.
Si vous choisissez l'option "soude pure (solide)", le calculateur vous indiquera aussi une fourchette pour la quantité d’eau à utiliser pour diluer la soude.
Si vous utilisez une lessive de soude commerciale (solution de soude dans l'eau toute prête), entrez en la concentration (en %, elle doit être indiquée sur la bouteille et être comprise entre 30 et 35%).
Si vous souhaitez ajouter un surgraissage additionnel au moment de la trace, entrez simplement le pourcentage désiré dans la case appropriée (mais n'entrez pas cette huile dans le tableau du calculateur). Le calculateur vous indiquera le poids d'huile à ajouter en fin de préparation.
Si vous substituez une huile par une autre, ou changez vos quantités d’huiles au dernier moment, il faudra impérativement recalculer la quantité de soude à ajouter.
Etape 2 : le matériel nécessaire
Etape 3 : la réalisation
Choix de la recette
Beurres et huiles de la base à saponifier et leurs quantités, et pesée exacte de ces huiles et beurres dans le bol de préparation (ne pas inclure les huiles éventuellement prévues pour un surgraissage additionnel au moment de la "trace").
Calculez la quantité de soude nécessaire
Calcul de la quantité de soude à l'aide du calculateur que nous vous proposons. Entrez les quantités d'huiles que vous avez pesées et lancez le calcul de la quantité de soude.
Préparation de la solution de soude
Avec la soude solide : pesez la soude de façon précise et préparez la solution comme expliqué ci-dessus (« Préparer une solution de soude »).
Avec la soude liquide : pesez de façon précise la quantité de soude liquide (de concentration 30-35%) indiquée par le calculateur. Inutile d’ajouter de l’eau.
Préparation du mélange huileux à saponifier
Chauffez au bain-marie pour fondre les beurres et huiles solides. Une fois le mélange entièrement fondu et bien homogène, laissez-le refroidir un peu jusqu’à environ 35-50°C. Le mélange doit rester complètement liquide.
Versez la solution de soude dans l'huile (pas l'inverse !)
Commencez à mixer avec le mixeur pied plongeant, en alternant avec des phases de repos où vous utiliserez simplement le mixeur comme une cuillère pour mélanger (si vous maintenez votre mixeur allumé pendant de trop longues périodes, vous risquez d’en griller le moteur !).
Ajoutez les additifs
Quand la pâte épaissit et que la « trace » est observée (voir encart ci-dessous), faites vos ajouts d’additifs (huile végétale ou beurre fondu pour surgraissage additionnel, colorants, huiles essentielles ou fragrances, agent exfoliant…).
Coulez la pâte dans les moules
Vous pouvez tapoter légèrement vos moules après remplissage pour répartir la pâte de façon homogène et éviter d’avoir des poches d’air dans vos savons.
Isolez les moules
Nous vous recommandons de les couvrir avec un film alimentaire avant de placer une serviette ou couverture dessus pour garder la chaleur et accélérer la saponification. Laissez les savons durcir pendant 24 à 48 h hors de portée des enfants et animaux domestiques.
Démoulez vos savons
Après ce temps, vous pouvez démouler les savons avec précaution (ils seront souvent encore un peu mous) et en portant des gants. Si vous utilisez un grand moule, découpez vos savons après le démoulage. Si vous souhaitez tamponner vos savons, faites-le aussi à ce moment-là (après la cure, ils seront trop durs).
Laissez sécher vos savons
Placez les savons dans un endroit sec et aéré pour une « cure » d’au moins 4 semaines hors de portée des enfants et animaux domestiques. Les savons vont sécher et seront alors prêts à être utilisés.
Etape 4 : la conservation
Les savons se conservent sans problème à long terme pendant des mois voire des années, en les gardant dans un endroit sec et bien ventilé, à l’abri de la lumière et de la chaleur.
Pour réaliser de jolis motifs dans vos savons, il existe différentes techniques de marbrage. Nous vous en présentons ici quelques-unes parmi les plus connues mais n’hésitez pas à innover avec vos propres idées !
Pour les marbrages, il faut travailler assez rapidement car la pâte à savon épaissit vite. Nous vous conseillons de choisir une formule avec une quantité d’eau assez élevée (haut de la fourchette) pour ralentir un peu la prise. Commencez à ajouter vos colorants dès la trace fine.
La saponification à chaud industrielle
C’est le type de procédé utilisé pour produire les savons de façon industrielle car il permet une réaction rapide et complète de la soude avec les corps gras. La saponification se fait à chaud et en présence d’un excès de soude. La pâte à savon est « cuite », c’est-à-dire chauffée jusqu’à ce que la réaction de saponification soit complète. La pâte est ensuite lavée, généralement avec de l’eau salée pour éliminer l’excès de soude. Lors de cette opération, la glycérine est aussi séparée du savon et enlevée. Ce type de saponification ne peut pas être réalisé sans équipement industriel.
Le procédé traditionnel utilisé pour produire le savon d’Alep ou le savon de Marseille est aussi basé sur une saponification à chaud.
La saponification à chaud à la maison
Le procédé est similaire à la saponification à froid, mais la saponification est accélérée en chauffant la pâte à savon au bain-marie, voire au four.
L’avantage est que la saponification est normalement terminée à la fin du procédé, ce qui réduit le temps de cure. Cependant cela implique de chauffer les huiles, ce qui n’est pas toujours souhaitable. Par contre, les ingrédients ajoutés à la fin du procédé seront mieux préservés (notamment les parfums).
Les méthodes à chaud sont beaucoup plus délicates que la méthode de saponification à froid et demandent une très bonne maîtrise du procédé. Nous vous déconseillons donc de vous lancer dans la saponification à chaud à moins d’avoir une bonne expérience de la saponification à froid et une bonne compréhension du procédé.
Une variante plus simple est de réaliser la saponification à froid, verser la pâte à savon dans des moules, puis « cuire » les savons dans leurs moules au four (1 à 2 h à 80-90°C environ). Cela a l’avantage d’accélérer la saponification et donc de réduire le temps de cure. Cependant, tous vos ingrédients seront chauffés et pourront être détériorés (notamment les parfums ou huiles sensibles ajoutées en surgraissage au moment de la trace). Attention par ailleurs aux effets de « volcans » car la saponification est exothermique (produit de la chaleur) en elle-même, il y a donc risque de surchauffe dans le four…
Les savons « Melt and Pour »
Les savons « Melt and Pour » (littéralement « Fondez & Versez ») sont en fait des savons déjà saponifiés, auxquels d’autres ingrédients ont été ajoutés (notamment la glycérine végétale et un sucre : le sorbitol) pour obtenir une formule qui puisse être refondue très facilement au bain-marie.
La fabrication de savons avec une base « Melt and Pour » est donc très simple et n’implique pas de manipulation de soude. Il suffit de fondre le savon au bain-marie, d’ajouter colorants, parfums, actifs, exfoliants… selon votre imagination, puis de couler vos savons dans des moules. Ils sont prêts à l’usage dès qu’ils ont durci, après quelques heures.
Les savons « sans savon » ou « syndet »
Comme leur nom l’indique, les savons « sans savon » ou pains dermatologiques ne sont pas de vrais savons, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas produits par saponification d’huiles.
Ce sont des mélanges de tensioactifs solides (souvent synthétiques, d’origine pétrochimique, mais certains d’origine végétale) qui sont agglomérés et moulés sous pression pour former des pains ou barres de savon. Leur avantage est d’avoir un pH proche de celui de la peau, contrairement aux vrais savons qui ont forcément un pH basique. Il est cependant regrettable qu’une grande majorité des « syndets » soient fabriqués à base de tensioactifs peu écologiques (et parfois potentiellement irritants aussi).
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The soapmaker’s companion
Susan Miller Cavitch
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The natural soap book
Susan Miller Cavitch
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Crédit photo (cendre de soude): http://www.mdpub.com/