Quelques questions à Sylvie Hampikian


Pouvez-vous nous raconter votre parcours en quelques phrases ?

Mon parcours est assez atypique, voire sinueux, bien que j’y voie une certaine continuité ! Docteur vétérinaire de formation, je me suis très vite orientée vers la recherche fondamentale (à l’Institut Pasteur entre autres), puis vers les affaires réglementaires pharmaceutiques. Cette activité d’expert consistait à analyser des documents scientifiques et d’en rédiger la synthèse. C’est sans doute ce qui m’a aidé à écrire, depuis 2005, sur un sujet qui me passionnait depuis l’adolescence : les plantes et leurs usages.

Pourquoi cette passion pour la cosmétique maison et BIO ?

Une de mes grands-mères, née sur l'Aubrac, m’a transmis son intérêt pour les plantes et quelques recettes naturelles qu’elle employait dans sa jeunesse. La seconde, très parisienne, usait de fards et de parfums qui me fascinaient. Faites la synthèse des deux, et vous comprendrez mon intérêt pour les cosmétiques en général, et les soins naturels en particulier. Intérêt qui n’a fait que croître au fur et à mesure que je constatais la réelle efficacité des préparations « maison ».

Vous êtes très populaire auprès de la communauté web notamment, vous considérez-vous comme avant-gardiste ? Militante ?

Je me situe plutôt dans la « transmission ». Je me vois comme un maillon de la chaine qui a permis aux femmes de conserver leur savoir-faire séculaire. Mes grands-mères, nées en 1908, ont connu une époque « préindustrielle », en terme de beauté, surtout à la campagne. Mais les jeunes générations ont toujours vu leurs propres grands-mères, nées dans les années 30 ou 40, employer des crèmes, des shampooings, des colorations issues de l’industrie chimique. Leur références ne sont pas les mêmes ! Or, je pense que l’héritage du passé peut aider jeunes et moins jeunes à retrouver la liberté de « faire soi-même » et de résister à la pression de la publicité.

Vous dénoncez souvent les risques des ingrédients chimiques et défendez la cosmétique « maison » face à ses détracteurs. En quelques phrases, quelles sont vos convictions concernant ce domaine ?

« Souffrir pour être belle », cela n’est pas nouveau ! L’histoire justement nous apprend que l’on a toujours employé des produits toxiques dans les cosmétiques (à base de sels de plomb ou d’arsenic par exemple). Mais en ces temps reculés, la toxicologie n’était pas encore née ! Le danger des cosmétiques actuels est bien moindre, mais les connaissances scientifiques nous éclairent bien davantage sur leurs risques potentiels. En outre, leur diffusion à grande échelle conduit nécessairement à une grande vigilance. Actuellement, de nombreux ingrédients douteux sont « dans le collimateur » des observateurs, en raison de leur pouvoir irritant, voire de leur risque cancérigène : sodium laureth sulfate, sels d’aluminium, parabens… Or, aucun de ces ingrédients n’est utile à la peau, ils n’ont d’intérêt que pour les industriels, en raison de leur faible coût et/ou de leurs facilités d’emploi dans les formulations. Par conséquent, ils contribuent à une triple tromperie :

  1. noyer les éventuels ingrédients utiles dans un excipient que je qualifie de « soupe chimique »

  2. faire passer pour luxueux des produits dont les composants sont issus majoritairement de l’industrie pétrochimique ou des déchets de l’industrie agro-alimentaire

  3. présenter comme inoffensives des formules qui contribuent à l’intoxication sournoise de l’organisme par les xénobiotiques (produits chimiques mal éliminés).

En pratiquant la cosmétique maison, on peut sélectionner des ingrédients qui seront tous utiles à la peau (car on échappe aux contraintes techniques des industriels), on maitrise et on connaît parfaitement la composition de ses produits. Quant aux soit disant dangers de surdosage ou de mauvaise conservation, n’importe quelle personne qui cuisine (ou prépare des biberons) comprendra qu’il est parfaitement à sa portée  de préparer un masque ou une crème de soin dans les conditions garantissant leur bonne qualité.

Citez-nous quelques-unes de vos astuces et formules pour avoir une belle peau ? De beaux cheveux ?

Pour la peau, je suis une fan absolue des huiles végétales, que j’aime mélanger à 50% avec du gel d’aloe vera (mélange hydratant et nourrissant qui convient au visage comme aux corps). Une fois par semaine, j’effectue un masque visage à base de levure de boulanger et de pétales de rose en poudre réhydratés. J’y ajoute quelques gouttes d’huile végétale riche, et 2-3 gouttes d’huile essentielle (souvent ciste ladanifère). Le résultat est à la fois exfoliant, nourrissant et tonifiant. L’effet sur le teint est spectaculaire ! Quant aux cheveux, j’essaie de passer à la coloration 100% végétale, mais n’y suis pas encore parvenue (j’emploie une coloration « allégée » vendue en magasins bio…). Aussi je répare mes cheveux avec un masque hebdomadaire à base d’huile de coco et de gel d’aloe vera  (pour favoriser le rinçage). Par ailleurs, en alternance avec mon shampooing moussant (bio), je réalise un shampooing au shikakai, une plante indienne en poudre. D’ailleurs, les plantes indiennes, c’est un peu mon dada, et je suis contente de voir qu’Aroma-Zone en commercialise de plus en plus !

Quels sont vos trois ingrédients cosmétiques fétiches ?

Sans hésitation, pour leur polyvalence et leur grande utilité au quotidien : le gel d’aloe vera (Aloe barbadensis) et l’huile essentielle de lavande vraie (Lavandula angustifolia). Le premier est un hydratant et calmant hors pair. La seconde, à raison de 1 ou 2 gouttes est toujours là pour soigner un petit bobo, ou comme déodorant de secours. Quant au troisième, c’est mon « coup de cœur anti-âge » : l’huile de rose musquée (Rosa rubiginosa).

Votre plus belle histoire en cosmétique maison …

La cosmétique maison m’a permis de faire de belles rencontres et de nouer de réelles amitiés. Mais une de mes plus grandes satisfactions, c’est de recevoir des messages de femmes qui ont travaillé sur mes livres (correction, photos, maquette, promotion…) m’annonçant qu'elles se sont totalement converties à la cosmétique maison ! L’une d’elle, qui était initialement réfractaire à la cosmétique, est devenue une réelle passionnée : elle visite les producteurs, cultive des plantes de beauté ou récolte des sauvagines, et convertit à son tour ses propres amies, en organisant des séances d’initiation chez elle !

Avez-vous des projets de nouvelles publications ? D’autres projets ?

Actuellement, en terme d’écriture, je travaille plutôt sur la nutrition, un autre aspect des plantes qui me passionne. Mais j’aimerais consacrer un ouvrage aux soins capillaires. Ce serait aussi un hommage à mon amie Pierrette Nardo, dont c’était une de ses spécialités, qui nous a quittés au printemps dernier.

Nous remercions chaleureusement Sylvie Hampikian pour cette interview.

Retrouvez sur notre site Aroma-Zone.com le dernier livre de Sylvie Hampikian, Je fabrique mes cosmétiques.

Sylvie Hampikian, docteur vétérinaire et expert pharmaco-toxicologue

Sylvie Hampikian, docteur vétérinaire et expert pharmaco-toxicologue pratique la cosmétique naturelle depuis une vingtaine d'années. Son activité professionnelle l'a amenée à travailler notamment sur les plantes et les actifs naturels. Elle est aujourd'hui reconnue par la communauté web pour son engagement pour la cosmétique "maison". A l'occasion de la sortie de son livre Je fabrique mes cosmétiques ! sur notre site www.aroma-zone.com, Sylvie Hampikian répond à nos questions.

Découvrir les interviews de nos experts

stars
Cet article vous a plu ?
Dites-nous ce que vous en pensez.