Aloe Vera : bienfaits, utilisation, composition

Depuis des millénaires, l’Aloe vera (Aloe barbadensis) -également appelé Aloès- est utilisé par de nombreuses civilisations pour ses propriétés variées et ses vertus médicinales. Des preuves de son utilisation la plus lointaine - en 2 200 av. J.-C. - ont été retrouvées sur des tablettes d’argile en Mésopotamie, à Nippur. Le papyrus Ebers, le traité médical datant de l’Antiquité égyptienne qui a été rédigé au XVIè siécle avant J.-C. fait également mention de l’Aloe vera et de ses vertus laxatives.  D’après la légende, l’Aloe vera faisait partie des secrets de beauté des reines Cléopâtre et Nefertiti.

Au IVe siècle av. J.-C., sur les conseils du philosophe grec Aristote, Alexandre le Grand décide de conquérir l’ile de Socotra, riche en plantations d’Aloe vera. Il souhaite s’approvisionner facilement et bénéficier des vertus cicatrisantes de l’Aloe vera pour soigner les blessures de ses soldats.

C’est autour de 1000-1300 que l’Aloe vera arrive en Europe. Au XVe siècle, la plante fera même partie des expéditions de Christophe Colomb pour soigner les marins. Au XVIIe siècle, ce sont les colons hollandais qui contribueront à faire connaitre la plante dans le monde entier en la cultivant en Afrique et en l’exportant[1].

Les scientifiques commencent alors à s’y intéresser, et découvrent l'un de ses principes actifs, l’aloïne, au milieu du XIXe siècle. C’est le début de nombreuses recherches sur cette plante qui ont abouti aux connaissances actuelles sur sa composition exacte et ses bienfaits.

Selon les sources examinées, l'origine géographique de l'Aloe vera est différente et c'est un sujet de débat chez les scientifiques. Ainsi, on peut lire que l'Aloe vera est originaire d'Afrique du nord, du Soudan, de la Péninsule arabique ou encore des îles Canaries. Des scientifiques du monde entier se sont regroupés pour tenter de résoudre cette énigme. A partir d'analyses génétiques, ils sont arrivés à la conclusion que l'Aloe vera était originaire de la Péninsule arabique[2].  

Cette plante est aujourd'hui largement répandue et cultivée dans des pays au climat chaud. On la trouve sur le pourtour méditerranéen, en Afrique, aux îles Canaries, en Inde ou encore en Amérique du sud.

La feuille d’Aloe vera comporte en son centre une couche mucilagineuse qui correspond au gel d’Aloe vera, translucide et épais. On lui attribue de nombreuses propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, antivirales, antibactériennes et cicatrisantes. Il est constitué essentiellement d’eau, mais il contient également des polysaccharides, des acides aminés, des lipides, des stérols et des vitamines. On trouve également dans la feuille d’Aloe vera, une sève jaune amère -appelé latex ou suc- contenant notamment des anthraquinones dont l’aloïne. Les composants du latex d’Aloe vera ont des propriétés laxatives.

En application externe ou par voie orale, on attribue à l’Aloe vera de nombreux bienfaits. Sont-ils justifiés par des études scientifiques ?

Depuis longtemps, l’Aloe vera est utilisé en médecine traditionnelle comme remède contre le diabète. Les données scientifiques plaident-elles en faveur de cette utilisation ? Plusieurs études mettent en avant les propriétés hypoglycémiantes de l’Aloe vera. Une méta-analyse d’études menées sur des modèles d’animaux diabétiques[3] rapporte un effet bénéfique de l’Aloe vera sur la glycémie et conclut que ce sont notamment les vertus anti-inflammatoires et antioxydantes de la plante qui lui confèrent ses propriétés antidiabète.

Chez l’homme, une méta-analyse de 8 essais cliniques[4] a évalué l’effet de différentes préparations d’Aloe vera sur la glycémie chez des patients diabétiques ou en prédiabète. Selon les résultats obtenus, l’Aloe vera pourrait améliorer le contrôle de la glycémie chez des patients en prédiabète ou diabétiques. Chez les patients atteints de diabète de type 2, l’Aloe vera permet à la fois de réduire le glycémie à jeûn et l’hémoglobine glyquée, un marqueur de la glycémie sur 2 ou 3 mois. Chez les personnes en prédiabète, l’Aloe vera agit uniquement sur la glycémie à jeûn. L’Aloe vera pourrait notamment réduire l’absorption du glucose au niveau du tractus gastro-intestinal après un repas [5]. Toutefois, les auteurs de la méta-analyse restent prudents : il faudra encore des essais de bonne qualité pour confirmer leurs résultats.

Une méta-analyse plus récente[6] réalisée en 2022 suggère également une efficacité de l’Aloe vera pour réduire la glycémie à jeûn chez des patients diabétique ou en prédiabète.  Selon les auteurs, une dose de 200 mg par jour pendant 8 semaines pourrait être plus particulièrement efficace. Toutefois, les études incluses dans la méta-analyse sont très hétérogènes et les conclusions doivent là encore être considérées avec prudence.

Dans un essai contrôlé randomisé incluant 79 personnes, la prise d’un sirop à base de gel d’Aloe vera a permis de réduire les symptômes du reflux gastro-œsophagien dont souffraient les participants[7], notamment grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes. Un article dans lequel l’auteur a répertorié cinq études menées sur ce sujet confirme ces résultats et conclut que le gel d’Aloe vera est aussi efficace que les traitements médicamenteux usuels pour soulager les symptômes du reflux[8].

Une étude menée sur des modèles animaux montre que le jus d’Aloe vera permet de réduire l’ulcère gastrique en diminuant la sécrétion d’acide gastrique et en favorisant la production de mucus, un facteur protecteur[9].

De la même façon, le gel d’Aloe vera peut aider à soulager la colite ulcéreuse, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, comme le montrent les résultats d’un essai contrôlé randomisé[10]. Pris à raison de 100 mL deux fois par jour pendant 4 semaines, le jus d’Aloe vera a eu un effet bénéfique chez les patients qui ont vu leurs symptômes s’améliorer. L’Aloe vera aurait un rôle protecteur et thérapeutique vis-à-vis de la colite ulcéreuse selon les résultats d’une étude menée sur des modèles animaux[11]. La plante réduirait à la fois l’inflammation, les ulcères et les lésions tissulaires[12]. L’Aloe vera pourrait également soulager les symptômes du syndrome de l’intestin irritable, selon les résultats d’une petite méta-analyse[13].

Le latex (ou suc) d’Aloe vera est connu pour ses propriétés laxatives dues aux dérivés hydroxyanthracéniques (aloïne, aloé-émodine, émodine…) qu’il contient. Il est d’ailleurs reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé comme « un traitement de courte durée de la constipation occasionnelle ». Mais la consommation de latex d’Aloe vera pose problème justement en raison de ces composés qui ne sont pas sans risque pour la santé, comme le souligne un rapport de l’Agence nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail[14]. Il s’agit déjà d’un laxatif irritant mais le rapport de l’ANSES indique également que les dérivés hydroxyanthracéniques à l’origine de l’effet laxatif puissant du latex d’Aloe vera doivent être considérés « comme potentiellement génotoxiques -ils peuvent endommager l’ADN- et cancérogènes ». Comme le souligne le rapport de l’EFSA, aloé-émodine et émodine sont les composés responsables de la génotoxicité et la carcinogénicité[15] in vitro. D’ailleurs, les études épidémiologiques suggèrent un risque accru de cancer colorectal associé à l’utilisation régulière de laxatifs, dont plusieurs contiennent des dérivés hydroxyanthracéniques.

L’Aloe vera a la capacité d’améliorer le processus de cicatrisation, en facilitant la régénération des tissus, en augmentant la production de collagène et en réduisant l’inflammation. La plante a également des propriétés analgésiques qui peuvent atténuer la douleur. L’application topique d’Aloe vera permet d’accélérer le processus de guérison des plaies/blessures cutanées liées par exemple à une opération chirurgicale ou à une brûlure.

Les études scientifiques menées sur l’effet de l’Aloe vera sur la cicatrisation des brûlures montrent que l’Aloe vera permet d’accélérer le temps de guérison et est plus efficace que les traitements classiques utilisés dans les groupes de contrôle, notamment pour soigner les brûlures du 1er de 2ème degrés[16],[17]. De plus, l’Aloe vera prévient l’infection dans la zone de la plaie ainsi que les rougeurs et les démangeaisons. Une méta-analyse[18] réalisée en 2022 confirme que le gel d’Aloe vera permet d’accélérer la guérison des brûlures au 2ème degré. L’Aloe vera peut notamment être utilisé pour calmer les coups de soleil, grâce à son action apaisante et anti-inflammatoire[19].

L’Aloe vera sous forme de gel ou de crème est également efficace sur des plaies postopératoires (césarienne, épisiotomie, greffe…)[20],[21],[22]  et réduit notamment la douleur et le temps de guérison par rapport aux autres traitements (bétadine notamment) ou à un placebo.

Une méta-analyse[23] suggère que l’Aloe vera peut réduire douleur et irritation mammaires chez les femmes qui allaitent. Et il pourrait également être efficace pour aider à la cicatrisation des ulcères des membres inférieurs chez les personnes diabétiques notamment[24],[25].

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Le lichen plan est une maladie inflammatoire chronique courante touchant à la fois la peau et les muqueuses du corps, y compris la cavité buccale. Plusieurs essais contrôlés randomisés ont montré un effet bénéfique du gel d'Aloe vera ou de bains de bouche à base d’Aloe vera sur le lichen plan buccal[26],[27],[28].

Le psoriasis est une maladie qui provoque une prolifération des kératinocytes dix fois plus rapide que la normale, entraînant une inflammation chronique de la peau. L’application d’un gel d’Aloe vera permettrait de réduire la sévérité du psoriasis[29]. Toutefois, les études sont peu nombreuses et ne permettent pas d’aboutir à une conclusion claire quant à l’efficacité du gel d’Aloe vera sur le psoriasis[30]. Des résultats prometteurs ont toutefois été obtenus plus récemment avec des hydrogels à base d’Aloe vera[31], capables de contrôler l’hyperkératinisation

L’eczéma ou dermatite atopique est à l’origine d’une inflammation et d’une irritation de la peau. Grâce à son pouvoir hydratant et ses propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes, l’Aloe vera pourrait apporter une aide dans le traitement de l’eczéma. Il permet notamment de réduire la sécheresse cutanée et la desquamation et améliore la qualité de la peau[32]. En cas de petites fissures, l’Aloe vera aidera à la cicatrisation.

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Les escarres sont des lésions de la peau qui apparaissent suite à une pression de la zone atteinte, généralement une proéminence osseuse. C’est notamment le cas chez des personnes immobilisées, en cas d’hospitalisation par exemple. Une étude[33] rapporte que l’application d’un gel d’Aloe vera sur différentes zones du corps de patients hospitalisés dans un service orthopédique a permis de prévenir l’apparition d’escarres.

Quelques études suggèrent que l’Aloe vera pourrait être efficace pour soulager l’herpès génital, une infection sexuellement transmissible due au virus Herpes simplex. Dans une étude[34], 60 hommes ont été traités soit avec une crème contenant 0.5% d’extrait d’Aloe vera soit avec une crème placebo. Les résultats indiquent que la crème à base d’Aloe vera a facilité la guérison de l’herpès génital : le nombre de patients guéris était plus important dans le groupe d’intervention que dans le groupe placebo.

L'Aloe vera est largement utilisé dans l'industrie cosmétique. On le trouve sous de nombreuses formes : gel extrait de la feuille et formulé pour un usage cosmétique, des crèmes à base d’aloe vera, dans des shampoings, des savons….La plante est utilisée pour ses propriétés hydratantes, apaisantes, assainissantes, anti-inflammatoires…

L’Aloe Vera a notamment des effets anti-âge et agit en améliorant l’hydratation de la peau, en la rendant plus douce, en rétrécissant la taille des pores et participant à réduire les taches et les rides[35]. Pour les cheveux, l’utilisation de l’Aloe vera pourrait réduire les démangeaisons et la desquamation du cuir chevelu liées notamment à la dermatite séborrhéique[36]. L'Aloe Vera contient de nombreux ingrédients actifs et minéraux qui peuvent aider à renforcer les cheveux. Il contient notamment des acides gras et des acides aminés et est riche en vitamines A, B12, C et E qui jouent un rôle dans la santé des follicules pileux.

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Une étude[37] a répertorié les effets indésirables survenus avec des extraits de feuilles entières, le gel ou encore le latex d’Aloe vera.

Aucun effet secondaire sérieux n’a été rapporté avec l’utilisation du gel d’Aloe vera, en utilisation orale (si celui-ci est de qualité alimentaire) ou en application cutanée (sous forme cosmétique). Seuls quelques effets indésirables mineurs ont été rapportés tels que l'inconfort, la douleur et le développement de réactions d'hypersensibilité. Les réactions allergiques ou les diarrhées liées à la prise orale ou l’application cutanée sont généralement dues à la présence d’anthraquinones dans le gel. Ce qui peut arriver par exemple avec un gel maison mal préparé.

Un extrait de feuilles entières contient le gel et le latex d’Aloe vera. L'utilisation topique et orale de l'Aloe vera peut provoquer une irritation cutanée, de l'urticaire, des crampes et de la diarrhée notamment chez les personnes allergiques à d'autres plantes de la famille des Liliacées, par exemple l'oignon et les tulipes.

Des cas d’hépatite toxique liée à la consommation de préparation à base d’Aloe vera ont également été rapportés[38],[39],[40]. L’état des patients s’est amélioré après l’arrêt de la prise d’Aloe vera.

L’effet laxatif du latex ou suc d’Aloe est connu depuis longtemps et a été utilisé pour soulager la constipation. Un certain nombre d'effets indésirables résultant de l'ingestion de latex ont été rapportés dans des études cliniques. Une utilisation prolongée a notamment été associée à un déséquilibre électrolytique dû à la diarrhée mais également à des douleurs abdominales, des vomissements, une hypokaliémie (baisse de la concentration de potassium dans le sang) et au développement d'un côlon cathartique - le côlon devient atonique et dilaté. Outre les crampes abdominales et la diarrhée qui peuvent survenir, il existe des risques d’insuffisance rénale aiguë. Enfin, comme nous l’avons vu précédemment, certains composés présents dans le latex d’aloès pourraient être cancérogènes.  L’utilisation à long terme de ce type de laxatifs pourrait accroitre le risque de cancer du côlon[41].

Il n'existe aucune contre-indication à l'application de gel d'Aloe vera de qualité cosmétique sur la peau. 

L’Aloe vera  sous d'autres formes présente certaines contre-indications et doit être évité chez la femme enceinte et allaitante. Il est en effet déconseillé aux femmes enceintes de prendre du latex d'Aloe car ses propriétés cathartiques pourraient stimuler les contractions utérines, augmentant ainsi le risque d'accouchement prématuré ou de fausse couche. De plus, les mères qui allaitent ne devraient pas prendre de laxatifs en raison du risque de diarrhée chez les nourrissons.

Chez les personnes présentant une allergie aux plantes de la famille des Liliacées (ail, oignons, tulipes…), il est préférable d’éviter l’Aloe vera.

Chez les personnes ayant des antécédents de troubles rénaux et cardiaques, le latex d’Aloe vera est contre-indiqué, en raison du risque de déséquilibre électrolytique et d’hypokaliémie.

Enfin, si vous êtes sous traitement médicamenteux, ne prenez pas d’Aloe vera sous forme orale sans l’avis d’un médecin.